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sans doute; elle jouit du moins de sa corruption, elle 33. Mais les dieux, que peuvent-ils faire de l'or? pontifes, je vous le demande : ce que fait Vénus de la poupée que lui consacrent nos jeunes filles 34.

Que n'offrons-nous aux Immortels ce que jamais ne pourra leur offrir dans ses bassins magnifiques la postérité dégoûtante de l'illustre Messala 35? une âme sagement réglée par les lois du ciel et de la terre 36, un cœur pur jusque dans ses derniers replis, un caractère trempé dans les généreux principes de l'honneur 37? Puissé-je apporter au temple cette offrande, et l'orge suffira pour faire agréer ma prière 38!

Perse

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NOTES

DE LA DEUXIÈME SATIRE.

Le sujet de cette satire est un des plus graves qui aient occupé la philosophie. L'ignorance du culte divin, la sottise ou la perversité des hommes dans leurs prières, sont des vices communs à tous les temps, à tous les peuples. Déjà, dans la haute antiquité, les sages de la Grèce s'étaient occupés de les détruire; mais, de tout ce qu'avaient écrit à cet effet Pythagore, Zénon, Épicure et la plupart des chefs d'école, il ne nous reste absolument rien aujourd'hui que deux dialogues de Platon, l'un intitulé Eutyphron ou de la Sainteté, l'autre intitulé le second Alcibiade ou de la Prière (si toutefois ce dernier ouvrage est bien réellement de Platon). Le poëme de Lucrèce, plusieurs traités de Cicéron et de Sénèque, tous les ouvrages des satiriques prouvent que sur ce point, comme sur beaucoup d'autres, les Romains ont imité ou copié les Grecs. Perse semble avoir voulu réunir ici ce qui avait été écrit de plus sage sur la matière avant lui. Comme Horace, il ôte le masque à l'hypocrisie, qui demande saintement au ciel des infamies et des crimes; comme Platon, il frappe de ridicule la perversité qui veut trafiquer avec le ciel et duper Dieu par son zèle affecté; comme Juvénal l'a fait depuis, il attaque les pratiques superstitieuses et les vœux insensés; comme les stoïciens, il blâme le luxe des sacrifices et les profusions dans les temples; mieux que Platon, mieux que Cicéron et Sénèque, il fait sentir combien il est difficile à l'homme d'entendre le culte divin et de comprendre la Divinité; enfin, moins absolu et moins tranchant qu'Aristote et Épicure, il ne pense pas qu'il faille supprimer toute espèce de culte, il représente seulement que l'offrande la plus digne des dieux est celle des vertus. On trouverait difficilement chez les chrétiens, chez les philosophes modernes même, des préceptes

sur les relations de l'homme avec la Divinité, plus élevés, plus simples et plus complets.

Il règne généralement dans la pièce un mépris des superstitions populaires et même des cérémonies du culte public, qui indique que depuis long-temps à Rome la religion de l'état n'était plus celle des esprits cultivés; car Perse, comme Sénèque et Tacite, est un philosophe pieux, très-pieux la plupart des stoïciens l'étaient. Voyez le Discours d'Introduction.

L'ouvrage est un tableau des mœurs de l'homme en matière de religion et des superstitions romaines en général, plutôt qu'une satire des pratiques absurdes ou infâmes de quelques particuliers. Cependant plusieurs traits semblent dirigés, comme dans la satire qui précède, contre la cour et les grands:

At bona pars procerum tacita libavit acerra.

Ebullit patrui præclarum funus!.

.....

O si

Pupillumve utinam, quem proximus hæres
Impello, expungam! namque est scabiosus et acri
Bile tumet.... Nerio jam tertia conditur uxor!

Selon toute apparence, ces vers sont une allusion aux vœux sacrilèges d'Agrippine et de son fils contre Claude, contre Britannicus et contre Octavie. Ce qui nous persuade que Perse attaque ici la famille impériale elle-même, c'est qu'il ne craint pas de nommer en toutes lettres des personnages d'autres grandes familles....magni Messalæ lippa propago;... vis Staio; etc.

Les manuscrits donnent différens titres de l'ouvrage; et cela prouve que ces titres sont des éditeurs ou des copistes, et non de l'auteur lui-même. Le titre le plus convenable serait de Sanctitate, que Cicéron et Sénèque définissent colendorum deorum scientia. J'ai donc intitulé cette satire dans ma traduction : La Religion.

1. Marquez ce jour, Macrin, avec la pierre favorable. Quel était ce Macrin auquel Perse dédie son ouvrage? Pline le Jeune (Lettres, liv. 1, lett. 14) fait mention « d'un Minutius Macrinus, né à Brixia, dont le père Minutius Macrinus, prince de l'ordre équestre, ne fut rien de plus, parce qu'il ne le voulut pas, et que

D. Vespasianus choisit pour faire partie du prétoire. » Les époques permettraient de croire que ce Macrinus honorablement cité par Pline est le même auquel Perse s'adresse dans le début de cette satire : il n'y a que trois ans du règne de Néron à celui de Vespasien. Mais le scoliaste de Perse dit en note : « Il s'adresse à Plotius Macrinus, homme fort instruit et qui l'aimait tendrement; ils avaient étudié ensemble chez Servilius Numanus ; il acheta de lui une petite terre dont il lui fut fait bon marché. » Minutius Macrinus est-il le même ou de la même famille que Plotius Macrinus? ·Ce jour; c'est le jour de naissance de Macrin, comme le prouve le vers qui suit. Il était d'usage parmi les Romains de célébrer le jour de naissance de ses amis par l'envoi de quelques présens, comme chez nous; et, comme chez nous encore, les gens instruits se souhaitaient leur fète en s'adressant les uns aux autres quelque ouvrage. Voyez la préface du livre de Censorinus de Die natali. — Avec la pierre favorable, c'est-à-dire avec la pierre blanche; c'est-à-dire, « Puisse ce jour être heureux pour vous! » Le blanc a été pris très-anciennement pour l'emblème du bonheur, du bien; le noir, pour l'emblème du malheur, du mal. De là les jours blancs pour dire les jours heureux. Martial, liv. 1x, épigr. 53 : Felix utraque lux, diesque nobis Signandi melioribus lapillis.

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Mos erat antiquus niveis atrisque lapillis,

His damnare reos, illis absolvere culpa.

Quelle était l'origine de cet usage? Quel peuple a donné en cela l'exemple? Pline (Hist. Nat., liy. vii, ch. 40) dit que les Thraces sont les premiers qui aient marqué les jours heureux avec

des cailloux blancs, les jours malheureux avec des cailloux noirs. D'autres prétendent que les Crétois avaient cet usage, d'où cressa nota, dans Horace; mais cressa signifie blanc, et non pas seulement de Crète. Plutarque, dans la Vie de Périclès, atteste que le même usage était établi chez les Athéniens.

C. I :

2. Arrosez votre Génie d'un vin pur. Censorinus, de Die natali, « Genio potissimum per omnem ætatem sacrificamus. » C'était sur la tête de l'image du Génie que l'on faisait les libations. Tibulle, liv. 1, élég. 7, v. 49 et suiv. :

Huc ades, et centum ludos, geniumque choreis
Concelebra, et multo tempora funde mero.

Le même, liv. 1, élég. 1:

His ego pastoremque meum lustrare quotannis,
Et placidam soleo spargere lacte Palem.

Sur le culte du Génie, voyez HORACE, Odes, liv.

v. 14 et suiv.; Épít., liv. 11, ép. 2.

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V. 187:

Scit Genius, natale comes qui temperat astrum
Naturæ Deus humanæ, mortalis in unum-
Quodque caput, vultu mutabilis, ater et albus.

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ode 17,

PERSE, Sat. v v. 45-51; sat. vi, v. 18 et 19; SENEQUE, lett. cx; PLUTARQUE, de Oraculorum defectu; APOLLON., de Deo Socratis; MARTIAL, liv. VI, épigr. 60. Vid. Heynii notas ad locum priorem TIBULLI citatum, et JOANN. BOND, in locum HORA

TII cit.

3. Pour obtenir des dieux ce qu'on n'oserait confier aux hommes. Le seductis du latin présente deux sens sur lesquels les commentateurs sont partagés. Seducere signifie au propre détourner; d'où les dieux corrompus corrompre. Quelques-uns donc entendent : « par des présens, des sacrifices, des offrandes; » c'est le développement ou la répétition de l'idée exprimée déjà par emaci. J'aime mieux entendre seductis, tirés à l'écart, pour leur parler en secret, comme dans ce passage de Sénèque (lett. x), ex Athenodoro : « Tum scito te esse omnibus cupiditatibus solutum, quum eo perveneris, ut nihil Deum roges, nisi quod rogare possis palam. Nunc enim quanta dementia est hominum! turpissima vota diis insusur

"

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