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IV.

ARGUMENT.

DE LA TROISIÈME SATIRE.

Un gouverneur entre vers midi dans la chambre de son élève,

et, le trouvant encore au lit, le tance sur sa paresse et sur ses dérèglemens. Le jeune homme, tout malade encore des excès de la veille, s'emporte contre ses valets; il se lève; mais, ne voulant rien faire, il s'en prend à sa plume, à l'encre et au papier. Qu'a-t-il besoin d'étudier? il a de la naissance et du bien. Le maître le reprend et le sermonne avec les lieux communs d'usage: la nécessité de renoncer avec l'âge aux niaiseries de l'enfance et de songer à l'avenir, le supplice d'une conscience qui n'est pas tranquille, le besoin indispensable de s'instruire pour bien vivre ; il faut soigner la santé de l'âme, comme celle du corps; or, les dogmes du Portique sont les véritables remèdes de l'âme et sa nourriture la plus convenable : résumé rapide de ces dogmes. En vain la populace et de stupides soldats méprisent la philosophie; ce mépris conduit aux maladies de l'âme et à la mort morale, comme le mépris de la médecine et les excès du corps conduisent à la maladie et à la mort physique.

Il faut se rappeler que ce sermon satirique a été écrit à l'époque où le stoïcisme était le plus en vogue chez les Romains, et où tous les fils de famille étaient élevés par des maîtres de cette école : Sénèque faisait alors l'éducation du jeune Néron, et il est probable que cet ouvrage n'est que le tableau de cette éducation.

SATIRA TERTIA.

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NEMPE hæc assidue? jam clarum mane fenestras

Intrat, et angustas extendit lumine rimas.
Stertimus, indomitum quod despumare Falernum
Sufficiat! Quinta dum linea tangitur umbra,

En quid agis! siccas insana Canicula messes

Jam dudum coquit, et patula pecus omne sub ulmo est. »

UNUS ait comitum. « Verumne? itane? ocius adsit
Huc aliquis! nemon'?... » Turgescit vitrea bilis;
Finditur.......... Arcadiæ pecuaria rudere dicas.

JAM liber, et bicolor positis membrana capillis,
Inque manus chartæ, nodosaque venit arundo.
Tum queritur crassus calamo quod pendeat humor,
Nigra quod infusa vanescat sepia lympha ;
Dilutas queritur geminet quod fistula guttas.

<< O MISER, inque dies ultra miser! huccine rerum Venimus? at cur non potius, teneroque columbo Et similis regum pueris, pappare minutum

SATIRE TROISIÈME.

« Ce sera donc toujours de même1? Déjà un soleil écla– tant entre dans votre chambre, et allonge de ses rayons les fentes étroites des volets2. Voilà un somme à cuver le plus indomptable Falerne3. L'ombre du cadran va toucher la cinquième ligne4; et voilà où vous en êtes! Il y a long-temps que la Canicule en fureur 5 dessèche et brûle les moissons; et déjà tous les troupeaux ont cherché le frais sous les ormes 6. >>

Ainsi-parle un gouverneur 7. «Est-il vrai? répond l'élève; se peut-il? Holà! quelqu'un bien vite. Il ne viendra personne?... » Sa bonne bile alors s'échauffe3; il éclate, et l'on croirait entendre braire tous les roussins de l'Arcadie.

Enfin le voilà avec son livre, avec la membrane bicolore dont le poil est tombé, avec les cahiers et le roseau noueux entre les mains. Nouvelles plaintes alors : tantôt c'est l'encre trop épaisse qui ne veut point quitter la plume, ou qui, trop délayée, ne marque plus sur le papier; tantôt c'est la plume qui laisse deux traces au lieu d'une 9.

«Que vous êtes à plaindre, et que, chaque jour, vous devenez plus à plaindre encore! Où en sommes-nous? Eh! que ne demandez-vous que, comme au tendre tourtereau ou à l'enfant gâté des rois, on vous mâche les mor

Poscis, et iratus mammæ lallare recusas?

« An tali studeam calamo? — Cui verba? quid istas
Succinis ambages? tibi luditur : effluis, amens!
Contemnere. Sonat vitium percussa, maligne
Respondet viridi non cocta fidelia limo:

Udum et molle lutum es, nunc nunc properandus, et acri
Fingendus sine fine rota.... Sed rure paterno

Est tibi far modicum, purum et sine labe salinum (Quid metuas?), cultrixque foci secura patella.

<<< Hoc satis? an deceat pulmonem rumpere ventis,
Stemmate quod Tusco ramum millesime ducis;
Censoremne tuum vel quod trabeate salutas?
Ad populum phaleras! ego te intus et in cute novi.
Non pudet ad morem discincti vivere Nattæ?
Sed stupet hic vitio, et fibris increvit opimum
Pingue: caret culpa; nescit, quid perdat; et alto
Demersus, summa non rursum bullit in unda.

<< MAGNE pater Divum, sævos punire tyrannos
Haud alia ratione velis, quum dira libido
Moverit ingenium, ferventi tincta veneno :
Virtutem videant, intabescantque relicta!
Anne magis Siculi gemuerunt æra juvenci,
Aut magis auratis pendens laquearibus ensis

ceaux 10? Que ne battez-vous la maman pour ne pas répéter les lon là du berceau11?

Puis-je travailler avec cette plume? Qui trompez-vous? à qui contez-vous ces sornettes? Le jeu vous regarde, insensé! la vie s'écoule, et le mépris vous attend 12. Quand l'argile est mal cuite et toute verte encore 13, le vase trahit le défaut sous le doigt qui l'interroge vous êtes cette argile humide et molle encore; il n'y pas un moment à perdre; il faut que la roue vous façonne et tourne sans s'arrêter........ Mais vous avez un héritage qui rapporte quelque grain; vous avez conservé pure et sans tache la salière de famille, et la marmite fidèle est tranquille au foyer 14 : avec cela on n'a rien à craindre 15.

«Est-ce assez? et faut-il que votre cœur s'enfle et crève d'orgueil, parce que vous comptez mille aïeux sur l'arbre généalogique de Toscane 16, ou parce qu'en passant la revue vous saluez un censeur qui est votre parent17? Au peuple tout ce clinquant 18! moi, je vous connais et à fond. N'êtes-vous pas honteux de vivre comme un Natta 19? Mais lui, il est abruti par le vice, il ne sent rien sous la lèpre épaisse qui le couvre 20: Natta n'est pas coupable; il ignore ce qu'il perd, et, du fond de l'abîme où il est plongé, il ne peut plus remonter à la surface de l'onde 21.

«Les tyrans, dans leur fureur 22, s'épuisent en inventions cruelles pour assouvir la passion qui fermente dans leur sein gonflé de noirs poisons: Puissant maître des dieux, pour punir les tyrans eux-mêmes, montre-leur la vertu, et qu'ils sèchent de regret de l'avoir abandonnée! Les gémissemens affreux du taureau d'airain, le glaive qui des lambris dorés pendait sur les têtes couronnées 23,

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