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NOTES

DE LA TROISIÈME SATIRE.

On n'a pas, sur l'éducation de la jeunesse chez les anciens, de relations historiques spéciales; la Cyropédie de Xénophon et l'ouvrage de Plutarque sur l'Éducation des enfans sont des traités philosophiques, et plutôt des critiques de l'éducation ancienne que l'exposé de ce qu'elle était. C'est donc çà et là, dans les écrits des auteurs sur toute espèce de sujets, qu'il faut recueillir les documens que l'on voudrait avoir sur cette importante matière. On en trouve de précieux sur les institutions des Grecs dans la République de Platon et dans la Politique d'Aristote, dans le petit dialogue d'Eschine le socratique, intitulé Axiochus, dans plusieurs dialogues et écrits de Lucien, surtout dans les Vies des hommes illustres de Cornelius Nepos et de Plutarque, particulièrement dans celles de Lycurgue et de Solon par ce dernier. Les Anglais et les Allemands, dans leurs ouvrages sur les antiquités grecques, ont recueilli la plupart de ces faits épars.

Quant à l'éducation de la jeunesse romaine, c'est aussi çà et là, dans les divers écrits des Latins, qu'il faut chercher ce qu'elle était; aucun de leurs historiens n'a donné là-dessus des renseignemens bien précis. Tite-Live et Denys d'Halicarnasse n'en disent que quelques mots, et de loin en loin; Valère Maxime et Tacite n'en parlent point d'une manière plus explicite. Cornelius Nepos, Suétone et Plutarque offrent des documens utiles et assez nombreux, mais plutôt sur l'éducation privée que sur l'éducation publique. Cicéron, dans plusieurs de ses ouvrages, mais particulièrement dans son traité de Claris oratoribus, l'auteur du dialogue de Causis corruptæ eloquentiæ, et enfin Quintilien dans ses Institutions oratoires, sont les auteurs qui offrent le plus de renseignemens sur l'éducation, mais seulement sur l'éducation littéraire. Enfin,

Horace et Perse nous ont rendu compte de leurs études. Qu'on nous permette de nous étendre ici un peu sur ce sujet, en faveur du haut intérêt qu'il inspire.

par

Dans l'histoire de l'éducation chez les Romains, il faut distinguer différentes époques; car elle changea avec les temps. A l'origine, cette éducation était purement physique, comme devait l'être celle de pâtres belliqueux. C'était par les travaux champêtres, les exercices de la chasse et les dures fatigues ou les jeux grossiers de la vie pastorale, que se formait cette jeunesse guerrière qui luttait sans cesse contre tous les petits peuples du Latium. Tous les écrivains l'attestent, les poètes surtout. Voyez les premiers livres de Tite-Live, les odes et les épîtres d'Horace, les poésies fugitives d'Ovide et des poètes érotiques; voyez VIRGILE, dans plusieurs passages de son Énéide, surtout dans celui-ci du v. 603-610:

liv.

IX,

Durum ab stirpe genus, natos ad flumina primum
Deferimus, sævoque gelu duramus et undis :
Venatu invigilant pueri, silvasque fatigant :
Flectere ludus equos, et spicula tendere cornu.
At patiens operum parvoque assueta juventus,
Aut rastris terram domat, aut quatit oppida bello.

Aux exercices champêtres se joignirent, dans la suite, les exercices militaires, empruntés la plupart aux Sabins et aux Samnites, nations guerrières formées sur les institutions de Sparte et de la Crète. Les Romains prirent d'elles leurs armes, leurs jeux de gladiateurs, et cette gymnastique du Champ-de-Mars, dont on trouve une description assez exacte dans cette ode d'Horace :

Lydia, dic, per omnes

Te Deos oro, Sybarim cur properes amando

Perdere; cur apricum

Oderit campum, patiens pulveris atque solis;

Cur neque militaris

Inter æquales equitet; Gallica nec lupatis

Temperet ora frenis.

Cur timet flavum Tiberim tangere ? cur olivum

Sanguine viperino

Cautius vitat? neque jam livida gestat armis

Brachia, sæpe disco,

Sæpe trans finem jaculo nobilis expedito?

( Carminum lib. 1, ode 8.)

C'est dans Végèce qu'il faut lire la description des exercices et de la discipline militaire chez les Romains.

Quant à l'éducation morale, c'était surtout dans l'intérieur de la famille que la recevaient les jeunes Romains; l'état s'en occupait peu il se reposait de ce soin sur la sollicitude des parens, auxquels il confiait une autorité illimitée sur leurs enfans. Le législateur n'avait prescrit aucune règle générale sur l'éducation morale; il s'était contenté de déterminer jusqu'à quel âge s'étendraient les années de l'enfance, et de marquer ceux de cet âge par des vêtemens particuliers et des insignes qui leur interdisaient l'entrée des lieux où ils ne devaient point aller, la vue des choses qu'ils ne devaient point voir, et qui rappelaient sans cesse au public le respect qui leur est dû. La bulle et la prétexte représentaient à tous les yeux la maxime de Juvénal :

Maxima debetur puero reverentia; si quid

Turpe paras, pueri ne tu contempseris annos.

Les enfans portaient la bulle et la prétexte jusqu'à quinze ans, et la quittaient alors pour prendre la robe virile. C'est aussi à cette époque qu'ils cessaient d'avoir des gouverneurs ou gardiens, custodes; ils prenaient des accompagnateurs ou suivans, comites, monitores, à peu près ce que les Anglais appellent fellows. Avec ceux-ci ils pouvaient aller et venir en toute liberté dans les lieux dont jusque-là l'entrée leur avait été interdite. L'âge militaire commençait à la fin de la dix-septième année et durait jusqu'à quarante-six ans.

Ces classifications par áges, comme celles par ordres, tendaient en même temps à maintenir la subordination et à entretenir l'esprit d'égalité : deux choses très-nécessaires dans toute espèce de gouvernement, mais surtout dans une république militaire, qui ouvrait à l'ambition un champ sans limites. Tout dans l'éducation et dans les mœurs des Romains semblait imprimer ces mots dans les âmes inter æquales; la constitution républicaine périt quand ils en furent effacés.

L'instruction de la jeunesse romaine se borna pendant long

temps à des notions pratiques d'agriculture et d'art militairé, à
la connaissance des cérémonies du culte public et des pratiques
du culte domestique, aux traditions orales des dits et gestes, aussi
bien que des coutumes des ancêtres. Quand la loi des Douze-
Tables fut écrite, les enfans la lisaient sur des poteaux de bois
placés dans le Forum, l'apprenaient par cœur et la chantaient ;
comme les enfans des Grecs celles de leurs législateurs. Tout cela
formait de bons citoyens plutôt que des hommes éclairés. On voit
par les succès rapides de Pyrrhus et d'Annibal sur les Romains,
par la lutte si longue avec Carthage, par la résistance prolongée
de Syracuse, d'Athènes, de Rhodes et d'Alexandrie, quels avan-
tages donnaient sur eux à des peuples d'ailleurs beaucoup plus
faibles, les lumières de la civilisation. Mais le patriotisme de
Rome et la discipline de ses armées triomphèrent enfin de tout.
Quand les arts de la Grèce et les richesses de l'Orient eurent
pénétré dans le sein de la ville, l'instruction de la jeunesse y
prit de grands développemens. Les langues et la grammaire,
oratoire et le droit, la philosophie morale, la musique et les
beaux-arts, les sciences abstraites même furent étudiées. Ces
études se faisaient d'abord dans la maison paternelle ou par les
soins des parens eux-mêmes, ou, sous leur surveillance, par les
soins d'affranchis et de maîtres particuliers. Cela durait ainsi jus-
qu'à onze ou douze ans ; alors les enfans commençaient à fré-
quenter les écoles publiques, où ils étaient conduits et surveillés
par les gouverneurs, naidaɣwyo, custodes, quand le père ne pouvait
le faire lui-même, comme le père du bon Horace (Sat., liv. 1,
sat. 6, v.
71 et suiv.)

:

Causa fuit pater his, macro qui pauper agello

Noluit in Flavi ludum me mittere, magni

Quo pueri MAGNIS e centurionibus orti,
Lævo suspensi loculos tabulamque lacerto,
Ibant octonis referentes idibus æra.

docendum

Sed puerum est ausus Romam portare,
Artes, quas doceat quivis eques atque senator
Semet prognatos; vestem servosque sequentes
In magno ut populo si quis vidisset, avita
Ex re præberi sumptus mihi crederet illos.
Ipse mihi custos incorruptissimus, omnes
Circum doctores aderat...

l'art

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Souvent, dans les grandes maisons, le personnage le plus considéré et le plus éclairé de la famille réunissait chez lui les enfans de sa race et les faisait élever sous ses yeux. Les oncles et les beaux-pères étaient chargés plus particulièrement de ce soin; on leur trouvait pour cela un caractère plus impartial et plus sévère que celui du père, qui est toujours faible; d'où le proverbe Ne sis mihi patruus. Voyez les vies de Caton et de César Auguste, dans Plutarque et dans Suétone.

-

Les écoles publiques étaient tenues par des maîtres qui ouvraient leurs cours et donnaient leurs leçons, comme ils l'entendaient, sans autre surveillance que celle du préteur et de l'opinion. Ce ne fut que fort tard, sous la seconde dynastie des empereurs, que quelques-uns de ces maîtres, comme Quintilien et Lucien, furent nommés et salariés par le prince lui-même. Ces maîtres, venus pour la plupart de la Grèce, enseignaient la grammaire, la rhétorique, la philosophie, les mathématiques, etc. Tous les jeunes Romains suivaient ordinairement ce cours d'études, quelle que dût être ensuite leur carrière. Il ne paraît pas que ce cours d'études durât plus de trois ou quatre ans; car les enfans ne sortaient guère de la maison paternelle avant l'âge de onze ou douze ans, et ils y rentraient à quinze, époque à laquelle ils prenaient la robe virile, changeaient le custos pour les comites, et commençaient des études spéciales pour une profession.

Ces nouvelles études se faisaient dans d'autres écoles d'un ordre plus relevé, où l'on enseignait la jurisprudence, la médecine, le commerce, les arts du dessin, l'astronomie et les sciences, l'histoire et les antiquités, la philosophie transcendante et la théologie. Ce n'était guère qu'à Rome, à Syracuse, à Byzance, à Rhodes, à Alexandrie, à Autun, à Marseille, et surtout dans Athènes, que l'on trouvait ce haut enseignement; mais toutes les villes un peu considérables de l'empire avaient des écoles secondaires, des écoles de grammaire, de rhétorique et de philosophie: les meilleures, comme l'on peut penser, étaient ordinairement celles des capitales. L'éducation des fils de famille se terminait le plus souvent par un voyage et un séjour de quelques années 'dans la Grèce. Toutes ces hautes études étaient subordonnées aux devoirs de citoyen, tant que fleurit le gouvernement républicain; alors il fallait avant tout fréquenter le Champ-de-Mars et le Forum,

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