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suivre les assemblées publiques et passer l'âge militaire dans les camps; mais ces obligations devinrent beaucoup moins pressantes dans les derniers temps de la république et sous l'empire.

Tout, dans l'instruction comme dans l'éducation des Romains, tendait à la politique et à la guerre; on voit, par les noms mêmes qu'ils donnaient aux études qui n'avaient pas spécialement pour objet de former des soldats, des citoyens et des hommes d'état, qu'ils regardaient ces études comme des bagatelles et des jeux : nuga, ludus, nugari, ludere, græcari, etc. ; à quoi étaient opposées ce qu'ils appelaient les occupations d'un Romain : artes Romanæ. Il y eut même pendant long-temps, il y eut toujours dans la nation des préjugés barbares contre les arts, les sciences et la philosophie, dont les plus grands hommes ne furent pas exempts, témoin Caton et Tacite lui-même. Voyez CICERON, passim, et spécialement pro Archia poeta, pro Murena, et in Epist. ad Atticum et Famil.; HORACE, passim, et spécialement Epist. lib. 11, ep. 1; in Arte, etc.; PERSE dans toutes ses satires, et particulièrement sat. III et vi. De là la phrase qui revient si souvent dans les auteurs Erant in eo satis multæ, UT IN HOMINE ROMANO, littera. Ce ne fut que dans les derniers temps de la république et sous l'empire que l'on sentit à Rome le prix des lettres et des arts de la paix. Quand cette nation essentiellement militaire eut tout conquis, quand elle eut tourné contre elle-même ses armes victorieuses et se fut déchirée de ses propres mains, quand elle eut à gémir elle-même sous le despotisme, alors elle commença à comprendre que la guerre et les armes ne sont pas tout, que les arts sont aussi quelque chose; alors quelques-uns de ses plus beaux génies entreprirent de diriger son activité vers la culture des lettres et des sciences, et de lui faire goûter les arts de la paix. Cette noble tâche, commencée sous la république par les Scipion et leurs illustres amis, par Lucrèce, par Atticus et Cicéron, fut continuée sous l'empire par les meilleurs des Césars, par les Horace, les Sénèque, les Pline et les Quintilien.

L'époque de l'éducation que Perse a choisie pour en faire le sujet de ce sermon satirique, est celle où les jeunes Romains, sortis de l'enfance et des premières études, n'étaient plus sous la gouverne d'un gardien, et commençaient à vivre en toute liberté, n'ayant de censeurs que leurs comites ou monitoros et de guides

qu'eux-mêmes. C'est cette époque de la jeunesse qu'Horace a caractérisée par ces vers (Art poét., v, 161-165) :

Imberbis juvenis, tandem custode remoto,

Gaudet equis canibusque et aprici gramine campi;
Cereus in vitium flecti, monitoribus asper,

Utilium tardus provisor, prodigus æris,

Sublimis, cupidusque, et amata relinquere pernix.

C'est encore à cette époque de la vie que Perse fait allusion par ces vers de sa ve satire :

Quum primum pavido custos mihi purpura cessit,
Quum blandi comites, totaque impune Suburra
Permisit sparsisse oculos jam candidus umbo.

Par tout pays et dans tous les temps, le travail, l'étude et la culture de l'esprit sont peu du goût des jeunes gens, qui, sentant les forces de leur âge, veulent en user, et recherchent les plaisirs du corps plutôt que le calme de l'âme : que sera-ce si à ce penchant naturel se joignent les préjugés nobiliaires, les avantages de la fortune et les habitudes militaires, toutes choses qui nourissent l'orgueil et qui conspiraient dans Rome contre les études philosophiques dont Perse se fait ici le défenseur? Sous le sonnage d'un comes ou monitor passionné pour la sagesse, il fait une mercuriale à un jeune patricien voluptueux et paresseux, et soutient contre lui, par une argumentation vigoureuse et mordante, la nécessité d'étudier la sagesse.

.

paresse,

per

les

Au temps où cette satire a été écrite, le stoïcisme était en vogue chez les Romains: tous les fils de famille étaient élevés par des maîtres de cette école, et Sénèque, le plus célèbre d'entre eux, faisait l'éducation de l'empereur. On sait par Suétone et Tacite que Néron préluda à son horrible tyrannie par la orgies et la débauche, et que les passions de ce monstre ne furent qu'avec peine enchaînées pendant quelque temps par les principes sévères de son précepteur. Ce n'est donc pas sans raison que l'on a conjecturé que les deux interlocuteurs de cette satire pourraient bien n'être autres que Sénèque et Néron lui-même. Beaucoup de traits paraissent convenir parfaitement au caractère connu du maître et de l'élève, à la sagesse à la fois enjouée et

pédantesque de l'un, à la démence à la fois lâche et suffisante de l'autre :

Hoc satis? an deceat pulmonem rumpere ventis,
Stemmate quod Tusco ramum millesime ducis,
Censoremne tuum vel quod trabeate salutas?

Ad populum phaleras! ego te intus, et in cute novi.

Ces vers s'appliqueraient difficilement à un autre qu'au descendant et à l'héritier de la famille Claudia. La tirade sur les tyrans :

Magne pater Divum, sævos punire tyrannos
Haud alia ratione velis, quum sæva libido
Moverit ingenium, ferventi tincta veneno :
Virtutem videant, intabescantque relicta!
Anne magis Siculi.

cette tirade, si belle en elle-même, paraîtrait ici un peu déclamatoire et hors d'œuvre, si elle ne s'adressait qu'à un simple particulier et non pas à un homme qui lui-même ne s'adressait qu'à un tyran aussi cruel que les Denys et les Phalaris. Enfin, le tableau du repas dans le bain, et surtout celui du convoi funèbre qui attend le débauché :

Hinc tuba, candelæ; tandemque beatulus alto
Compositus lecto, crassisque lutatus amomis,
In portam rigidos calces extendit : at illum

Hesterni, capite induto, subiere Quirites ;

ce tableau nous représente des habitudes et des cérémonies qui n'étaient guère en usage que dans les premiers rangs de la société et aux funérailles des princes du sang impérial. Tout porte donc à croire qu'ici, comme dans ses autres ouvrages, Perse fait la satire des mœurs de la cour et de Néron lui-même.

On lit, dans les notes du scoliaste, que le sujet de cette satire est emprunté du iv livre de Lucile, où ce poète s'élève contre la mollesse et les vices de la jeunesse romaine. Le seul vers des fragmens de Lucile qui confirme cette assertion du vieux scoliaste, est celui-ci :

E somno pueros quum mane expergitu' clamo.

Perse a pu imiter plusieurs passages de Lucile dans cette satire; mais la différence des temps, des hommes et des choses a dù donner à son ouvrage une physionomie toute nouvelle.

La liaison des idées n'est pas toujours facile à saisir dans ce dialogue satirique si rapide; j'aurai soin, dans mes notes, de la faire sentir aux passages où cela sera nécessaire.

:

1. Ce sera donc toujours de méme? Il y a deux manières de lire et d'interpréter ce premier vers. Quelques éditeurs, comme Koenig, ont lu Nempe Hос assidue. J'ai préféré lire avec Casaubon et d'autres Nempe нEC, leçon qui indique que le comes reprend le jeune homme non-seulement sur sa paresse à rester au lit, mais encore sur ses excès de la veille et tous ses dérèglemens. C'est d'après cela que j'ai traduit: Ce sera donc toujours de méme? et non pas, comme Sélis: Vous dormirez donc toujours? traduction qui me paraît restreindre plus qu'il ne doit l'être le sens de ce début. Clarum mane; le mot mane n'est point ici pris adverbialement; c'est un nom, comme dans ce passage de Virgile (Géorg., liv. 111, v. 325): «Dum mane novum. »

2. Et allonge de ses rayons les fentes étroites des volets. J'ai conservé l'hypallage du latin: extendit angustas rimas. Au vrai, ce ne sont pas les fentes des volets que le soleil allonge, ce sont ses rayons qui s'allongent à travers les fentes; mais les poètes aiment à conserver les illusions optiques que la science détruit. Virgile a dit (Enéide, liv. III, v. 152 et suiv.):

Qua se

Plena per insertas fundebat luna fenestras.

3. A cuver le plus indomptable Falerne. Quand le vin bout après la vendange, il rejette de l'écume; de là l'expression despumare, appliquée par les poètes aux buveurs eux-mêmes, qu'ils considèrent comme des tonneaux où le vin fermente. Notre expression française cuver répond très-exactement au despumare des Latins. - Indomitum est une épithète consacrée dans les poètes latins pour désigner la force des vins les plus généreux. Virgile, Géorg., liv. IV, V. 102:

Durum Bacchi domitura saporem.

Lucain, liv. x, v. 162 :

Indomitum Meroe cogens spumare Falernum.

Quelques commentateurs prétendent que celui auquel est adressé

ce vers n'est point lui-même ivre, et que celui qui le reprend ne lui reproche point son ivresse, mais seulement un sommeil aussi prolongé que le serait celui d'un homme ivre; en un mot, qu'il ne faut pas prendre ces expressions au propre, mais au figuré. La preuve du contraire se trouve plus bas, aux vers 58 et 59:

Stertis adhuc, laxumque caput compage soluta

Osciat hesternum, dissutis undique malis.

4. L'ombre du cadran va toucher la cinquième ligne. C'est-àdire à peu près onze heures du matin; car cette cinquième ligne est la cinquième à partir de celle qui marque six heures du matin, ou la dernière des heures de la nuit, dans le jour civil. Voyez, sur les différentes manières de diviser le jour civil, ou la révolution diurne, les Tables de l'Anglet-Dufresnoy et la Chronologie du père Petau. Voyez, sur les cadrans solaires des anciens, PLINE LE NAT., liv. 11, ch. 76, 77; liv. vi, ch. 39; MACROBE, Saturn., liv. 1, ch. 3, etc. On attribue l'invention des cadrans solaires à Anaximène de Milet; d'autres l'attribuent à Anaximandre, maître d'Anaximène. Voyez DIOGENE LAERCE, liv. II; VITRUVE, etc.

5. La Canicule en fureur, etc. Ce n'est point la Canicule ellemême, ou la constellation du Chien, de Sirius, qui est cause de la grande chaleur des jours dits caniculaires; c'est le soleil qui, tandis qu'il est dans cette constellation, est alors plus rapproché de la terre, ou, pour parler scientifiquement, à son périgée. Mais les poètes, les poètes anciens surtout, suivent l'erreur du vulgaire, qui attribue les vicissitudes de chaud et de froid qui forment les saisons, non pas à la marche des planètes elles-mêmes, mais aux constellations vers lesquelles passe le soleil. La constellation de Sirius ou du Chien se lève quand le soleil est dans le Lion, d'où Horace l'appelle vesani stella Leonis.

6. Et déjà tous les troupeaux ont cherché le frais sous les ormes. Pendant la grande chaleur du milieu du jour, on abrite les troupeaux ou dans la campagne même sous les arbres, ou en les rentrant à l'étable. Virgile, Buc., égl. 11, v. 8:

Nunc etiam pecudes umbras ac frigora captant. Horace, Odes, liv. 111, ode 29, v. 17 et suiv. : Jam clarus occultum Andromedes pater

Ostendit ignem; jam Procyon furit,

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