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superstitieuses', sur leur dédain ́stupide pour les sciences et leurs préventions contre la sagesse d'outre-mer 2, sur leur lésinerie et leurs profusions, sur leur âpre amour du gain 3, sur leurs rigueurs envers leurs esclaves et leurs marchés de chair humaine4, des renseignemens que les historiens ne donnent point, tout occupés qu'ils sont des éternels détails de la politique et de la guerre. Perse lui-même n'en dit que quelques mots, mais qui semblent d'un homme supérieur aux préjugés de son pays et aux vices de son temps: la philosophie du Portique plaçait son sage au dessus des ténèbres et des faiblesses de l'esprit humain, dans une sphère idéale de vertus et de lumières.

QUATRIÈME PARTIE.

PHILOSOPHIE DU LIVRE DE PERSE.

Cette philosophie, avant que Perse s'en fit le chantre, avait déjà trouvé, parmi les écrivains romains, plusieurs interprètes, mais la plupart avaient rejeté une grande partie du dogme pour ne conserver

1. Sat. II.

2. Sat. 1, V. 127-134; sat. III, v. 77-89; sat. v, v. 189-191, et passim. 3. Sat. II, v. 52-70; sat. III, v. 73-76, 100-106; sat. IV, v. 25-32; sat. vI,

V. 19-24.

4. Sat. v, v. 132-139; sat. vi, v. 75-80.

que la morale', et encore l'avaient-ils modifiée par les restrictions de l'éclectisme. Perse, qui a écrit fort jeune, et qui ne se sépara jamais de son maître Cornutus, professa le stoïcisme à peu près dans toute sa pureté et son austérité primitives 2. Il en adopte les dogmes comme la morale, et, s'il n'en expose point tous les principes, il est certain qu'ils servent de fondement à ses préceptes et de règle à ses jugemens. Il est donc indispensable, pour disposer à la lecture de son livre, de rappeler quels étaient ces principes.

I. Méthode des stoïciens.

Et d'abord, la méthode des stoïciens est d'établir toute doctrine par la logique, et de fonder la logique sur ce qu'ils appellent l'aperception cataleptique et l'assentiment spontané; ou, pour parler comme les modernes, sur la perception et le sens intime, deux choses que plusieurs de leurs auteurs, comme Perse, comprennent sous un seul mot, conscience. C'est la conscience qu'ils regardent comme la dernière raison de nos connaissances et le fondement de toute certitude. C'est à elle qu'ils

1. Voyez CICERON, de Nat. deor., lib. 1 et 11; de Finibus Bon. et Mal.; Academ. Quæst.; Tusculan.; de Officis. HORACE, Sat., liv. 1, sat. 3, V. 113-142; liv. SENEQUE, Epist. ad Lucilium, et passim.

II,

sat. 3 et 7, etc.

2. Nil tibi concessit ratio : digitum exere, peccas;

Et quid tam parvum est? sed nullo thure litabis,
Hæreat in stultis brevis ut semuncia recti.

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en appellent toujours, comme à l'incorruptible témoin de la vérité, comme au juge souverain de toutes nos actions, de toutes nos pensées 1.

Les vérités constatées par la conscience, les stoïciens les réduisaient en dogmes ou axiomes 2. Tandis que d'autres écoles, et surtout celle d'Arcésilas, se proposaient des questions, celle de Zénon établissait des dogmes, des axiomes: rien ne caractérise mieux la tendance de cette secte vers l'absolu et l'unité. C'est sur ces axiomes ou vérités premières que le stoïcisme élevait ensuite tout l'édifice de ses raisonnemens.

A la théorie du syllogisme, qu'ils avaient empruntée d'Aristote, les stoïciens grecs avaient ajouté plus d'une forme d'argumentation; ils affectaient surtout celle du sorite, imitée de l'induction socratique. Chrysippe en est, dit-on, l'inventeur, et c'est par elle qu'il présentait ses arguties captieuses3. Le stoïcisme avait aussi recueilli soigneusement

1.

Nec te quæsiveris extra.

(Sat. 1, v. 7.)

Ut nemo in sese tentat descendere, nemo!

(Sat. iv, v. 23.)

Tecum habita, et noris, quam sit tibi curta supellex.

(Sat. Iv, v. 52; et alibi passim ac sæpius.)

2. Δόγματα, ἀξιώματα, thèses.

3.

Inventus, Chrysippe, tui finitor acervi,

dit Perse, sat. vi, à la fin, faisant allusion à l'un des sorites les plus célèbres de Chrysippe, et qui avait nom le tas de blé (acervus); un autre était appelé le chevelu (cæsaries), etc. Le sorite d'Aspasie, qu'on trouve dans les livres de Cicéron sur la Rhétorique, est un des plus heureux exemples de cette sorte d'argumentation. Diogène Laërce prétend que Chrysippe avait écrit quatre livres sur le Sorite.

l'héritage dialectique de l'école d'Élée', et se plaisait à en reproduire toutes les formules sophistiques. Enfin, il avait emprunté au péripatétisme ses catégories; mais il en avait réduit le nombre, et classait sous quatre chefs seulement toute la connaissance humaine 2.

II. Opinion des stoïciens sur l'âme.

:

Cette lumière naturelle et intérieure qui éclaire tous nos actes moraux et intellectuels, et qu'on appelle esprit, âme, intelligence3, les stoïciens en reconnaissaient la présence sous huit facultés spécifiques, savoir les cinq sens, la génération, la parole, et une dernière qu'ils nomment tò yeμovixòV, le guide, et qui n'est autre que le sens intime. En d'autres termes, les stoïciens distinguaient quatre modes d'existence de l'âme : la sensibilité, les appétits etles passions, la partie rationnelle, et enfin le modérateur souverain de toute l'économie intellectuelle, la conscience. Quelle est la nature de l'âme? les stoïciens gardaient là-dessus une opinion moyenne entre le spiritualisme de Platon et le matérialisme d'Épicure 5. Voulant donner au principe de la pen

1. Zénon d'Élée, troisième chef de cette école, passe pour le fondateur de la dialectique.

2. Ces quatre catégories du Portique sont : 1° substances, 2° modes ou qualités, 3o absolu, 4o relatif.

3. Πνεῦμα, ψυχή, νοῦς. Σῶμα, ψυχὴ, νοῦς ̇ σώματος αἰσθήσεις, ψυχῆς ὅρμαι, νοῦ δόγματα. (M. AUREL. ANTON, lib. III, c. 16.)

4. Αἰσθήσεις, γενέσις, λόγος, τὸ ἡγεμονικόν. Voyez M. AURÈLE, ARRIEN, DIOGENE LAERCE.

5. Voyez DE GÉRANDO, art. Stoïciens; M. AURÈLE, liv. II, II et iv.

sée quelque chose de plus positif que le premier et de moins grossier que le second, ils faisaient de l'âme une substance d'une matière subtile et parfaite, semblable à celle qui anime le monde. Notre génie la détache de l'âme universelle pour la déposer dans nos corps au moment où ils se forment, et à la mort elle s'en sépare pour retourner à sa source, d'où elle émanera de nouveau. Ces dernières idées étaient particulières aux stoïciens de Rome, qui paraissent les avoir renouvelées ou conservées de la secte italique; et l'on voit combien elles ont profité au christianisme : les fondateurs du Portique s'étaient bornés à distinguer la nature de l'âme de celle du corps, admettant plutôt deux substances que divers degrés d'une même substance, ainsi que le faisaient Aristote, Épicure et les empiristes en général. Cependant cette âme, telle que la concevaient les stoïciens, n'étant pas précisément immatérielle, ils ne pouvaient affirmer son immortalité; mais ils croyaient à sa transmigration dans d'autres corps, et, par conséquent, aux châtimens et aux récompenses d'une vie à venir.

I. Funde merum genio.

(Sat. 11, v. 3.)

Geminos, horoscope, varo

Producis genio.

(Sat. vi, v. 18, 19.)

Συζῆν θεοῖς συζῇ δὲ θεοῖς ὁ συνεχῶς δεικνὺς αὐτοῖς τὴν ἑαυτοῦ ψυχὴν ἀρεσκομένην μὲν τοῖς ἀπονεμομένοις, ποιοῦσαν δὲ ὅσα βούλεται ὁ δαίμων ὃν ἑκάστῳ προστάτην καὶ ἡγεμόνα ὁ Ζεὺς ἔδωκεν, ἀπόσπασμα ἑαυτοῦ ̇ οὗτος δὲ ἐστὶν ὁ ἑκάστου νοῦς καὶ λόγος. (Μ. ΑσκέLE, liv. v, ch. 27.) Voyez encore SÉNÈQUE, de Providentia.

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