DE MOEURS ET DE CRITIQUE SUR LES POÈTES LATINS DE LA DÉCADENCE; PAR M. D. NISARD. Il faut compter comme une des causes Cujus maligna perpetuaque in (SENÈQUE, Controv. I, præf. 7.) * TOME PREMIER. BRUXELLES, LOUIS HAUMAN ET COMP, ÉDITEURS. 1834. PRÉFACE. Ce livre a deux buts, ainsi que son titre l'indique : l'un d'histoire et de biographie, l'autre de théorie et de critique. Je demande à expliquer brièvement cette double pensée. En étudiant les prosateurs latins de l'époque de la décadence, j'ai toujours été frappé d'une chose; c'est que, sauf quelques exceptions, il n'y est presque jamais question de la vie intérieure et domestique des Romains. Dans les moralistes et les critiques, la plus grande place est consacrée, soit à l'exposition et à la discussion des systèmes de philosophie, soit à des subtilités de dialectique, soit à des théories littéraires, soit à des prescriptions pour la pratique des lettres ou du barreau. Dans les historiens, les révolutions de gouvernement, les séditions des armées, la constitution de l'empire, les mœurs politiques des hommes de pouvoir, les portraits des princes, le peuple et la T. I. 1 cour considérés comme deux abstractions, toutes ces choses, qui sont de pure politique, occupent exclusivement la sagacité de l'historien, et se disputent les pages de son livre. Ni dans les uns, ni dans les autres, on ne trouve d'études de mœurs proprement dites, ni cette curiosité de petits détails domestiques, qui est un des goûts les plus sérieux et les plus vifs de notre époque, et qui s'est presque élevée à l'état de science. Ils restent sur les hauteurs, et ne descendent point dans le foyer; ils spéculent sur les généralités, et ne s'embarrassent pas des individus, si ce n'est quand ces individus sont des Césars, ou seulement des agens supérieurs dans la politique générale. Ce n'est pas le lieu de rechercher les causes de ces omissions; je veux seulement constater un fait qui, sans doute, n'a pas frappé que moi, et qui laisse un certain vide dans l'esprit, quand on a lu les prosateurs romains. Au contraire, en étudiant les poètes de la même époque, et ceux particulièrement qui ont fait des vers de fantaisie, des poèmes, des silves, des épigrammes, toutes poésies qui, pour être soumises à des règles de composition et de goût, ne sont pourtant pas des ouvrages d'art proprement dits, comme pourraient l'ê |