Obrázky na stránke
PDF
ePub

céder, par exemple: ployer sous le faix1. Il n'y a suivant lui qu'une seule exception, c'est dans une phrase comme: La Cavalerie a plié (II, 132-133). Patru repoussa cette doctrine : tout le monde dit plier, « sauf quelques personnes que ces remarques ont embarrassé [es] >> ([b.). Ménage était aussi formel: « Cette remarque est nulle de toute nullité. On dit toujours plier » (Obs. s. Math., II, 13). Pour Richelet, plier était aussi préférable, l'autre verbe « étant si vieux qu'il n'en peut plus ».

Marg. Buffet, seule (V. O., 134), et Furetière faisaient les mêmes distinctions que Vaugelas. L'Académie considérait ployer comme peu usité (dans Vaug., 1. c., et Dict.). Dans sa seconde édition, elle le qualifia de poétique. Ainsi, dans ce cas, l'analogie triomphait, mais pour peu de temps.

En réalité, on trouve ployer là où on l'attend en vers ou en prose: Le vendangeur ravi de ployer sous le faix (Boil., Ep., XI, v. 144, éd. B. S. P., II, 82; cf. A. P., IV, v. 213, Ib., 269); C'est lui qui, devant moi refusant de ployer, Les a livrés au bras qui les va foudroyer (Rac., III, 495, Esth., v. 467-468); pour peu qu'ils eussent de docilité, ne trouveroient-ils pas dans ce seul passage de quoy ployer sous l'autorité des coustumes de l'Eglise? (Boss., Tr. de la Comm., 433; cf. Apoc., 672); tout ploye,... tout est souple quand Dieu le commande (Id., Rec. Or. fun., Reine d'Angl., 57)2.

[ocr errors]

ALLER. JE VAIS ET JE VAS. Rien de décisif dans la lutte entre je vais et je vas. Bérain conjugue je vais (Nouv. Rem., 161). Mais Ménage (O., I, 16), Bouhours (Rem., 580), Andry (Refl., 698) acceptent les deux formes. Racine a employé je vas dans Mithridate (III, 67, v. 1006) et dans Phèdre (II, 361, v. 1004). Le premier passage a été corrigé en 1667, le second en 1680. La même forme est commune chez Molière (voir Lex., Intr. gram., 6), chez la Fontaine et chez tous les écrivains Moi je vas bien plus loin (Dial. s. les Plais., 32); je m'en vas donner téte baissée dans l'avenir (Menagiana, I, 233); Car enfin depuis que je vas au Cours, je ne me souviens point (Perrault, Rec., 39); comme je va tácher de faire (S' Réal, De la crit., 110)3.

4. A la Cour on prononçait plaier, plier.

2. Je noterai ici la grande fréquence des formes balient, balier pour balaie, balayer : Et de leurs cheveux épars elles balient les autels (Bayle, Dict., art. Torquato, 388); Les oiseaux... s'étoient mouillé les ailes, et afin de balier le Temple avec leurs ailes (Id., 1b.. art. Archillea, 89; cf. art. Pyrrhon, 673); Une queue avec laquelle elles ballient les Eglises (S' Evremoniana, 270); cf. Jilodrad, D. sur l'Orth., 83-84; S-Sim,, IX, 202.

3. Cf. au contraire: sans trop le ménager, Sur ce ton un peu haut je vais l'interroger (Boil., Sat., V, v. 27); De tous ceux que j'ai faits je vais vous éclaircir (Rac., II, 310,

Histoire de la langue française. IV. 2.

VOISE. Ce subjonctif avait fait l'objet d'une remarque posthume de Vaugelas. Alemand le signale comme un mauvais mot qu'on dit à Paris, mais qui n'est pas usité à la Cour et que les bons « Autheurs » n'écrivent jamais (Nouv. Rem., 235). C'est safin.

RADICAUX CONSONANTIQUES.

SOUDRE1.

Il « a fort peu de tems en usage », dit Richelet. Furetière ne cite que l'infinitif. L'Apotheose du Dictionnaire reproche à l'A. de n'avoir pas fait d'observation sur les personnes usitées (105). Le verbe n'est plus

dans A2.

Les composés dissoudre et résoudre sont d'usage courant. Leur conjugaison faisait toujours difficulté (cf. t. III, 313). Visiblement on continuait à dire : nous dissoudons. Richelet constate que c'est encore le grand usage. Et Andry de Bois-Regard, après avoir hésité, opte pour cette forme (Refl., 180). Dans A. il n'y a pas d'exemple du pluriel. Au contraire Furetière et A ont dissolvent : Les eaux fortes dissolvent les metaux (A2).

Pour résoudre, Richelet donne tous les temps de l'indicatif et le participe présent. Il préfère, avec Vaugelas et « ceux qui écrivent », la forme nous résolvons. Quant à nous résoudons, il le prend pour une nouveauté : « Cette derniére maniére de conjuguer n'est pas encore généralement reçue, mais il est certain que le peuple parle de la sorte». Ici encore Furetière et l'Académie sont pour les formes à la latine résolvez, résolvent.

Au subjonctif, absoudre fait absolve. A dit que la formule que Dieu absolve vicillit. Ce n'est pas le subjonctif sans doute qui est en

cause.

VENIR, TENIR.

Vindrent et tindrent sont définitivement exclus

par Ménage (O., I, 518; cf. Ale. de St-Maur., 102).

PAÎTRE. Il perd le passé simple et le passé composé dans Richelet. Furetière dit que peu n'est guère d'usage qu'avec le réduplicatif : Il a peu et repeu. A. et A ne donnent a pú que comme terme de fauconnerie, et l'Apotheose du Dictionnaire exclut tous les temps composés (106).

TRESSAILLIR.

Suivant Richelet, ce verbe n'aurait pas les trois premières personnes de l'indicatif. C'est un indice des hésita

Brit., v. 1118); Je m'y en vais par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là (Perrault, Contes, 98).

1. Ce verbe ne se rencontre guère que dans La Fontaine : Les rois d'alors s'envoyoient les uns aux autres des problèmes à soudre (La Font., I, 46-47, note 4).

2. Andry a ébauché une distinction; il accepte résoudent quand il s'agit de la résolution d'une chose: les nuages se résoudent en pluye (Refl., 80); au contraire, au sens de prendre une décision, on dit nous résolvons, ils résolvent (Ib., 592).

tations de l'usage, où les formes analogiques n'ont pas encore pénétré.

FAILLIR. — Il ne se trouve plus guère au singulier présent, sauf à la 3 personne faut. C'est sous cette forme qu'il est cité dans les Lexiques Le cœur luy faut (Fur.); Au bout de l'aune faut le drap (A.; cf. Tall., Décis., 170). L'Apotheose du Dictionnaire dit formellement qu'il n'est plus en usage aux trois personnes du singulier de l'indicatif (106). De même dans les textes: il s'en faut plus d'un grand demi-pied que leurs hauts-de-chausses ne soient assez larges (Mol., II, 65, Préc. Rid., sc. 4); à ses pieds peu s'en faut prosternée (Rac., III, 348, Phèd., v. 778)'.

VALOIR. Au subjonctif, il s'agissait de choisir entre vale et vaille. Vaille est meilleur, dit Tallemant, mais vale n'est pas condamnable, surtout dans prévaloir, équivaloir; on dit au subjonctif prévale, équivale (Décis., 72-76). Sous cette forme, la remarque induirait en erreur. En réalité, vale se trouve très rarement dans les textes: De bien des gens il n'y a que le nom qui vale (La Bruy., I, 151, Du mér. pers.). Le Censeur lui reproche vivement cette faute (Sent. crit. s. les Caract., 182; cf. 141).

En revanche, les composés ne présentent guère que la forme vale : quoi que leur suffrage ne prevale pas (Fur., Fact., I, 227); Ne craignez pas que je me prévale de cette offre (Le Pays, Am., am. et amour.. 30). Regnier cite le Dictionnaire de l'Académie (444).

La distinction, qui dure encore, peut donc être considérée comme de cette époque.

Vaillant. La forme acceptée par Vaugelas : cent mille écus vaillant (cf. t. III, 315), est acceptée aussi, quoique moins bonne, mais parce qu'elle est plus en usage, par Marg. Buffet (V. O., 64), Richelet, Th. Corneille (dans Vaug., I, 99) et Ménage (O., I, 557). A l'Académie, on n'osa pas non plus condamner une locution reçue de tous (Tall., Décis., 72 et suiv.). Seul, Chevreau s'en prend à cet archaïsme et voudrait que là comme ailleurs on restituât valant (Euv. mesl., 465-467). En tout cas, l'exception est propre à cette locution. Ailleurs le participe est valant.

1. La Fontaine a dit: Jamais ne faux (IV, 164, Cont., note 2; cf. IV, 214, v. 103; V, 206, v. 292; ib., 410, v. 7); et aussi : Je faille (VII, 163, v. 305). L'impératif se trouve bien rarement: ne faillez pas de venir (La Rochef., III, 283).

2. Pour Furetière, vaillant n'est que substantif: Voilà tout mon vaillant. Ce substantif était très usité: une maison qui estoit tout son vaillant (Sorel, L'Orph. de Chrys., liv. I, 450-131); Si c'est tout mon vaillant, Monsieur, ay-je grand tort De sentir cette perte (D'Ouv., Coif, à la mode, act. III, sc. 5); vous dire de me donner tout ce qu'il a de vaillant (Perrault, Contes. 152; cf. Loret, 7 juin 1659, v. 150; La Font., V, 494, v. 68). A. donne ce substantif sous la forme valant, en ajoutant: On dit ordinairement vaillant. Je ne doute pas que ce substantif n'ait contribué à maintenir vaillant dans la locution étudiée.

VOULOIR. Au subjonctif, les hésitations sont grandes entre voulions et veuillons.

Ceux qui s'attachent à la règle générale, constate Regnier, disent: « Nous veüillions, vous veüilliez, ils veüillent. Quant à la troisiéme personne, il n'y a point de partage mais la pluspart du monde forme autrement les deux autres, et dit : Nous voulions, vous voulies; Quorque ce soit que nous voulions Pourveu que vous le vouliez » (444).

BOUILLIR. Je bous, tu bous, il bout sont devenus vieux, constate Chevreau,... l'on ne se sert que de boüillir, boüilli, boüilloit, boüillant (Ms. Niort, dans Boiss., 81).

DIRE. Le subjonctif die, quoiqu'il eût les préférences de Vaugelas, ne put se maintenir (cf. t. III, 311). Seule Marguerite Buffet acquiesca (N. O., 130). Mais Bérain lui-même, si peu indépendant, fut pour dise (Nouv. Rem., 38). Andry acceptait que die fût plus digne du style soutenu, mais dise était plus usité (Refl., 176). A la fin du siècle la question est jugée. Th. Corneille ne souffre die qu'en vers, l'Académie déclare que c'est une forme d'autrefois (dans Vaug., II, 29; cf. L. de Templ., Gen. et Pol., 246)'.

La forme du passé simple est incertaine dans les composés de dire comme de duire.

Ménage est pour interdit (O., I, 384); Andry condamne interdisit (Refl., 270); Tallemant le considère comme abominable (Décis., 78), ainsi que prédisit.

SUFFIRE.

logues.

Ce verbe souffrit un moment d'hésitations ana

L'auteur de l'Apotheose recommande, pour éviter la confusion avec le présent, de se servir de la périphrase avec l'adjectif: cela fut suffisant (105)

TRANSIR.

Il perd son passé. A. et A2 donnent bien : Cette nouvelle luy transit le cœur, mais Vaugelas raconte que l'Académic préféra, dans un passage de son Quinte-Curce, demeurérent transis à plusieurs en transirent (Nouv. Rem., 327)3.

1. On trouvera dans Livet, Lex. de Mol., une masse d'exemples. Il est à noter que Racine, qui avait encore employé die dans Iphigénie, en 1674: vous auriez vu, sans que je vous le die (III, 203, v. 1041), a modifié en 1697 le passage, qui a été rétabli par les éditeurs après sa mort. Bossuet l'avait employé dans ses Sermons: quoi qu'il die (Char. frat., Ar p., éd. Leb., V, 89).

2. Le Menagiana emploie les deux formes: Il le traduit en Latin, et fit passer cel Ouvrage (11, 101); Ce fut aussi dans ce temps-là que l'on introduisit cet abus (II, 218).

3. SECOURIR. Je noterai ici une remarque singulière. Andry de Bois-Regard défend contre St Réal la conjugaison de l'indicatif présent (Suite. 340). Celui-ci avait prétendu qu'on ne disait pas : il secourt (De la crit.. 232). On croirait à quelque méprise, si l'Apotheose du Dictionnaire n'était de l'avis de S1 Réal (105).

[merged small][ocr errors]

FUTUR ET PRÉSENT. La chute de › final à l'infinitif des verbes de la première conjugaison a eu, entre autres effets, celui d'obscurcir à jamais le sentiment du rapport entre cet infinitif et le futur. Tant qu'on avait dit chanter, le lien entre cette forme et l'infinitif était facile à saisir. L'addition d'une désinence tonique faisait changer le timbre de la voyelle chanter, chanterai. C'était là une apophonie commune dans la langue, tout à fait semblable à celle de berger, bergerie'.

Mais, quand chanter fut devenu chanté, le lien fut brisé : r, qui ne s'expliquait plus par un infinitif désormais dépourvu de cette consonne, parut faire une syllabe avec ai: rai; chante sembla être désormais le présent de l'indicatif; et, dès lors, chanterai apparut bien plus près de je chante que de chanter. L'e des deux formes est dans une situation sensiblement pareille, qu'on considère j'aime, j'aimerai, ou je joue, je jouerai, ou j'observe, j'observerai. On eut le sentiment que le futur était apparenté à l'indicatif présent.

J'ai déjà fait allusion à ce phénomène (cf. t. II, 364, et t. III, 335). Il est définitivement accompli au milieu du xvn siècle. Après l'âge des futurs contractes, puis l'âge des futurs tirés de l'infinitif, s'ouvre l'âge des futurs tirés du présent par addition de l'r de l'infinitif et de la flexion ai, as, a, agglutinée à cet ».

Quelques futurs des conjugaisons en s s'en sont trouvés atteints (vendrai, tendrai, orrai, etc.). Mais c'est à la première conjugaison seulement que la nouvelle formation est devenue régulière. Elle ne pouvait pas le devenir ailleurs, puisque finir, rendr(e), recevoir conservaient l'r de l'infinitif.

A la première conjugaison les conséquences de ce changement furent considérables. Le radical du futur se trouva modifié. Mettons à part des verbes comme seller, étrenner, etc. lei, c'est tout le verbe qui a pris un radical en è sous l'influence de selle, étrenne. Considérons seulement des verbes tels que acheverai, leverai, creverai, caqueterai, menerai, semerai. Tous autrefois faisaient entendre. deux e() féminins. Au contraire, Oudin enseigne que « en quelques verbes où l'e feminin se rencontre, principalement en ceux cy crever, lever, mener, et leurs composez, il se prononce ouvert... au futur et au temps qui en sont formez... ie leueray » (5). Hindret

4. On objecterait en vain qu'ici la relation s'est conservée. Berger a un féminin, bergère, où r s'entend, bergerie reste donc en rapport étroit avec le simple.

« PredošláPokračovať »