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Fléchier' et Segrais, tout en rapportant aussi deux textes où sa règle est méconnue (Rem., 459). On trouve en fait assez souvent ouvrage d'esprit au sens de composition littéraire l'on fait autant de fautes, que de démarches, dans les ouvrages d'esprit, quand on ne s'assujettit pas à des regles (Refl. s. la Poet. d'Arist., 24); Cette vérité n'est pas bornée aux seuls Livres de ces M, elle s'étend generalement à tous les Ouvrages d'esprit, jusqu'aux pieces de Theatre et aux Sermons (De la crit., 336-337). Mais il faut se souvenir que La Bruyère a écrit contrairement à ce que voulait Bouhours: Des ouprages de l'esprite.

Andry de Bois-Regard, ne voulant pas être en reste avec un si illustre confrère, a examiné: les biens de fortune, et sa conclusion est que l'expression convient mieux ainsi dans un discours chrétien, elle semble donner une idée moins réelle de la fortune (Suit., 29). Furetière, homme peu poli, écrivait: il ne se faut soucier ny des honneurs mondains ny des biens de la fortune (Par. de l'Evang., 77). Mais La Bruyère a intitulé son chapitre : Des biens de fortune.

Dans d'autres expressions il n'y a point de distinction de sens à chercher. L'article est toujours nécessaire; c'est ainsi que l'on dit président au mortier, qui est mieux que président à mortier (Bouh., Suit., 300, et A. de B., Suit., 421; Bouhours s'appuie du témoignage du président de Lamoignon, de Ménage et de Patru)3. On dit semblablement Huissier à la chaisne, Gentilshommes au bec de corbin (Suit., 301), chien au grand collier, Cordelier à la grand’manche. (Ib.), etc. Arrivé aux grammairiens logiciens, on commence à trouver des théories générales : « l'article indéfini se met devant les noms régis par un autre nom substantif, duquel ils marquent l'espece, le caractere, la cause, la matiere, la qualité, la nature, le pays: comme gens de merite : proces de consequence... maladie de langueur... chevaux de Barbarie ...l'esprit de parti est de cabaler... parti est pris ici pour caractériser une sorte d'esprit : mais si le second nom n'est pas mis pour caractériser le premier, et qu'au contraire le premier soit pour marquer une partie, une production, une proprieté, une dépendance, un éfet du second; alors on mettra l'article défini avant le second: ainsi on dira le toit de la maison, une faute de l'Imprilieu si le deuxième nom étoit mis que pour caracteriser le premier, on diroit : un toit de maison : une faute d' Imprimeur....

mer',... au

4. Un autre passage de Fléchier peut être cité: Il n'y a que les ouvrages de l'esprit qui puissent donner une véritable gloire (OEuvres mêlées. 9).

2. Cf. Mais comme dans les Ouvrages de l'esprit il y a d'autres choses encore à observer (Perrault, Rec., 302).

3. La Charge d'un Président au Mortier dans une maison (Menagiana, II, 205).

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«Par cette réflexion on peut remarquer que certaines expressions qui paroissent les mêmes, ne le sont pas entiérement en éfet.... un coup de la providence ou un coup de providence: c'est un vice de jeunesse ou un vice de la jeunesse: d'un côté on marque ici le caractere du coup ou du vice dont on parle de l'autre côté on marque l'éfet de la providence ou de la jeunesse (Bullier, § 335-336). L'adjectif ne peut pas se joindre avec le substantif dépendant qui pas d'article, surtout si l'adjectif précède le substantif. «< (Ils) leur estropioient les mains à grands coups de pierres et de gros bastons » est mal dit, suivant Bouhours. Il faut et de bastons. Cependant, en certaines occasions, l'adjectif, quand il suit, peut être employé Il fut blessé d'un coup de fléche empoisonnée (Suit., 295296)'.

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ARTICLE DANS LES LOCUTIONS VERBALES FORMÉES D'UN VERBE ET DE SON COMPLÉMENT. On discute un grand nombre d'expressions: haïr à mort ou haïr à la mort (A. de B., Suit., 133); Mettre des paroles en bouche, employé par Bouhours, est blàmé par Ménage (O., II, 387); passer une rivière à nage, qui est, d'après Ménage meilleur que à la nage (Ib., I, 419); Andry (Refl., 13) et Bouhours (Suit., 374) tiennent au contraire que l'un et l'autre peuvent se dire également3.

La vieille expression aller du pair change de forme. Malgré l'autorité de Vaugelas, de Patru, de Sarasin, Bouhours se prononce en faveur d'aller de pair (Suit., 18-19).

Seuls des gens ignorants de la langue comme MM. de Port-Royal, dit Bouhours, pouvaient confondre ramener à bord et ramener au bord, qui signifie ramener au vaisseau (Suit., 322-323). Suivant un pamphlet, l'Académie a tort d'écrire se défaire d'une chose pour en prendre une autre en la place. Il faut : en place (Enterr1, 288).

On ne met point d'article, observe à son tour Buffier, devant les noms qui suivent immédiatement certaines prépositions, avec les

1. Sur l'emploi du relatif après un nom sans article, voir aux Pronoms.

2. Cf. dont les uns (juges) la condamnerent à la premiere vue avec un peu trop de précipitation... (Palaprat, Le Grondeur, Préf., 5).

3. Etant entré dedans à nage (Loret, 2 sept. 1636, v. 149); Comment diantre voulezvous qu'on passe cette rivière à nage ? (Sév, IX, 338).

4. Le premier desir que les richesses inspirent dans les personnes d'une basse naissance, qui ont fait une grande fortune, est de vouloir aller de pair avec les plus grands Seigneurs (Belleg., Refl. sur le ridicule, 257); Quand l'esprit ne va pas de pair avec les charmes (Regn., Ménech., act. III, sc. 8).

5. Mais cette syntaxe est encore indécise. On trouve dans Perrault: il me sembla que les forces de l'armée s'accrurent tout à coup de la moitié, et que chaque soldat avoit le double du courage qu'auparavant (Rec., 99); un Vénitien se mit au fonds de cale (Menagiana, I, 112); La temperance de Ramus fut exemplaire: il se contentoit du bouilli; il mangeoit peu à diner (Bayle, Dict., art. Ramus, K).

quelles «< ils forment une espece d'adverbe pour marquer la maniere dont se font les choses, par dépit, avec ardeur, sans conduite » (§ 337).

Les expressions verbales juxtaposées à complément d'objet sont aussi examinées de près. Ménage prend la défense de ouïr Messe, entendre Vespres, dire Vespres, chanter Messe, surtout de la première, qui était discutée (O., I, 20). Ici encore Bouhours cherche à marquer des distinctions: entendre raillerie, c'est prendre bien les railleries qu'on nous adresse; entendre la raillerie, c'est entendre l'art de railler. Cependant on ne dit guère entendre la raillerie, sans épithète (Rem., 489-490). Suivant Furetière, l'Académie avait passé une séance à examiner si on devait dire éviter oisiveté ou bien éviter l'oisiveté (Fact., I, 187, 2o pagin.). On voit apparaître des catalogues de ces expressions. Il y en a un dans Buffier (§ 1005).

Je citerai seulement quelques exemples où l'article est exprimé : ayant láché le pied sans combattre (La Rochef., II, 187); l'áge d'airain donna la naissance aux passions (Id., I, 310); Ce pauvre enfant étoit le souffre-douleurs de la maison, et on lui donnoit toujours le tort (Perrault, Contes, 141).

Nous verrons plus loin avec quelle sévérité on interdit de construire une proposition relative en dépendance du nom contenu dans ces locutions. Mais on ne veut pas non plus d'un autre complément, comme ici: Le peuple estoit ravi en admiration de sa doctrine (Bouh., Suit., 331). Sacy écrit encore: Leurs yeux estoient encore appesantis de sommeil que leur causoit la tristesse. Bouhours critique cette phrase (D., 168).

ARTICLE AVEC TOUT. Avec tout, au pluriel, la non-expression de l'article défini est devenue une élégance, c'est-à-dire une rareté. Voici des exemples: Sa latinité n'a rien de celle du temps d'Auguste,... toutes pointes, toutes imaginations qui sentent plus la chaleur d'Afrique ou d'Espagne que la lumière de Grece ou d'Italie (S' Evrem., Jugem. s. Sén., dans A. de B. Refl., 604-605); avec vous tous chemins nous sont aises, tous fleuves gayables, tous païs fertiles (Perrot d'Abl., Retr. des Dir mille, dans A. de B., Refl., 602); toutes choses suivent exactement la Loi que Dieu leur a une fois imposée, pendant que l'homme qui est doüé de raison, s'en écarte incessamment (Dial. sur les Plaisirs, 235-236).

CHAPITRE III

L'ARTICLE INDÉFINI

GÉNÉRALITÉS.

-

Il n'est pas admis dans toutes les grammaires. Et, malgré l'autorité de Port-Royal, Regnier-Desmarais conteste qu'il soit un article (154 et suiv.). Buffier, lui, démêle avec beaucoup de finesse comment le même mot est tantôt un nom de nombre, tantôt un vrai article. Tout en refusant de s'engager à fond dans cet examen, il voit que, comme article, «< il ne signifie souvent qu'une unité indéterminée et vague, qui n'exclut pas la pluralité; mais plutôt qui la supose,... comme quand on dit : un livre ennuieux est bon pour endormir » (§ 345).

Ces discussions théoriques n'empêchent du reste nullement la syntaxe de se fixer. Désormais elle est à peu de chose près celle de la langue actuelle; les exceptions à la règle générale sont les mêmes, quoique peut-être plus fréquentes. La présence de l'article est tellement d'usage que les grammairiens notent surtout les cas où il peut et doit s'ellipser,

ARTICLE DANS L'ATTRIBUT DE C'EST, IL Y A. L'emploi de l'indéfini avec l'attribut de c'est est devenu réglementaire. Reprenant une remarque de Vaugelas, Chifflet écrit: On dit aujourd'hui : c'est une chose glorieuse; c'est veut toujours un article aprés lui (Gram., 1700, 47). L'unique exception que Th. Corneille et l'Académie aient notée est l'expression: c'est dommage (Vaug., I, 353). Ce n'est d'ailleurs pas la seule qui ait survécu; nous disons encore: c'est folie, c'est pitié, etc. Andry a examiné la phrase: Que faut-il penser de la vanité? A un certain point c'est vice; un peu en deça c'est vertu, et il a trouvé ce tour plus vif que le tour régulier (Suit., 394). Bien rares sont les textes qui fournissent encore des exemples de l'ancienne construction, qu'on trouve surtout dans des notes ou des écrits négligés: Quand on s'aime comme nous, C'est agréable martyre (Rac., IV, 206, Chans., VI, v. 5-6)'.

1. Le cas n'est pas le même dans une phrase comme celle-ci il ne peut concevoir ce

La syntaxe est la même avec il y a, qui peut passer pour un substitut de c'est. Cependant Ménage veut qu'on dise : Il y a marché tous les Samedis en ce lieu-là : il y a aujourd'huy bal au Louvre : et non pas, Il y a un marché (O., I, 279). Et Bouhours, commentant Balzac, approuve : Il y a ici force, au lieu de : de la force (Suit., 272273).

ARTICLE DANS LES COMPLÉMENTS D'OBJET. LES LOCUTIONS VERBales. II semble que l'article devienne également obligatoire ici, au moins dans la syntaxe courante. On trouve encore de nombreux exemples où il n'est pas exprimé : mais ce sont là des expressions juxtaposées, dont beaucoup d'ailleurs vont bientôt disparaître. Voici quelques exemples des plus remarquables: Celui-ci fait voyage, et va de Rome en Grèce (Montfl., Com. Poet., act. II, sc. 2); Ah! que cela est beau de venir ainsi chercher les gens pour leur faire insulte! (Subligny, La Folle Quer., act. III, sc. 4); Au siécle perverti sa Muse fait querelle (Regn., Tomb. de Desp., t. V, 233, chez P. Ribou, 1731); Et je sais, par des gens qui m'en ont fait rapport, Que depuis très-longtemps mon frère me croit mort (Id., Ménech., act. I, sc. 2); il a relation avec des savants (La Bruy., I, 166, Du mér. pers.); Henry de Lorraine... qui m'envoya faire compliment et une espèce d'excuse (Bussy-Rab., Mem., I, 29); vous commencez par donner bal, pendant que je me meurs (Dancourt, Le gal. jard., sc. 23; on pourrait sous-entendre le aussi bien que un); Ma fille a donc pour toi des passions secrettes? Tu viens la débaucher et lui conter fleurettes? (Quin., Am. ind., act. IV, sc. 8)'.

Le P. Bouhours connait et commente plusieurs de ces expressions avoir grand esprit naturel, faire lecture, tirer copie, recevoir lettres (Suit., 273-274). Suivant lui, avoir nouvelles n'a que le sens de apprendre, tandis que avoir des nouvelles signifie recevoir des récits détaillés sur quelqu'un (Rem., 472). Pour donner une idée des subtilités auxquelles on arrive, je citerai cette imagination de Bouhours: « Il a un bon esprit se dit fort depuis quelque temps; mais il marque la solidité et le bon sens, plustost que la vivacité et la penetration. Il a bon esprit, va plus aux sciences et à ce qui regarde l'étude. Il a un bon esprit, va plus aux affaires et à la conduite » (Suit., 157).

Désormais le nombre de ces expressions tend à se fixer strictement c'est une des caractéristiques de la langue moderne. Si un

que c'est que corps, et encore moins ce que c'est qu'esprit (Pasc., Pens., I, 1, éd. Havet,

1. La Rochefoucauld corrige reçut nouvelles en reçut des nouvelles (Lex., Préf., XXXII).

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