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besoin du sens oblige l'écrivain à mettre une qualification ou une détermination quelconque, l'article est réintroduit: mais il luy fait une remise entiere de sa dette (Fur., Par. de l'Evang., 105); des desirs de vengeance... déguisez d'un zele du bien du public et de la charité (Id., Ib., 205); Les autres estoient les Prestres, les Scribes, et les Pharisiens, qui faisoient une profession publique d'observer exactement la Loy; et cependant ils ne l'avoient point gardée (Id., Ib., 169); et de luy envoyer mon Amour pour la servir en guise d'øn Laquais Basque (Le Pays, Am., am. et amour., 4).

Rien de plus bizarre que la théorie par laquelle Richesource condamne la phrase: faisoient un grand feu. Mais le sentiment qui l'inspire est juste faire feu, locution toute faite, peut recevoir l'adjectif grand sans se décomposer, et être obligée de prendre l'article. Au contraire on ne pourrait y mettre violent. C'est exactement notre syntaxe d'aujourd'hui '.

Je suppose comme chose certaine, pour comme une chose certaine, est déclaré provincial par Andry (Suit., 325 et suiv.).

1. « Faisoient un grand feu. Le Relateur ne prend pas garde, pour la deuxième fois, que, grand feu, est un adverbe, ou façon d'adverbe, synonyme en cet endroit de, grandement, ou beaucoup, pour dire, tiroient grandement, tiroient beaucoup, ce qui fait voir que la particule numerale, un, jointe à, grand feu, fait une expression barbare ou étrangere, pour dire, tiroient un grandement, ou, un beaucoup; au lieu de dire tout simplement et absolument, les Ennemis tiroient furieusement, qui est le synonyme de, faisoient grand feu, tiroient de la belle maniere » (Riches., Prise de Fribourg, 177).

CHAPITRE IV

L'ARTICLE PARTITIF

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GÉNÉRALITÉS. On avait, avant l'époque où nous sommes parvenus, posé en règle que le partitif était nécessaire. Il n'y avait plus rien à ajouter sur ce point. Au contraire Tallemant juge bon d'avertir ceux qui abusent de cet article, quand il ne s'agit point d'une matière divisible, et qui disent: d'autre motif ne me peut engager. Cela est bon derrière un verbe accompagné d'une négation : je ne me suis proposé d'autre motif... que (Décis., 35-37).

Un autre cas analogue inquiétait les puristes. On connait cette phrase de Molière: De cette façon donc, un homme, sans avoir du cœur, est sûr de tuer son homme (VIII, 73, Bourg. Gentilh., act. II, sc. 2).

Pouvait-on parler de la sorte? M. Girin, de Grenoble, écrivit à La Fontaine pour lui soumettre un rondeau qui se terminait: Sans de l'esprit, c'est peu de chose, Que d'étre beau. La Fontaine répondit en plaisantant:

Si sans de l'esprit étoit bon,

Voici l'unique occasion

Où je pourrois lui trouver place :

Sans de l'esprit, dirois-je, on ne peut faire un pas.
Mais par malheur, quoi que l'on fasse,

Sans de l'esprit ne se dit pas.

L'idiome gascon souffriroit cette phrase;

Sans esprit paroît foible aux gens du Dauphiné ;
Sans de l'esprit a plus d'emphase,

Mais tout Paris l'a condamné.

Cependant tout Paris n'est pas toute la France.

(IX, 214, v. 19-29.)'

4. Le tour s'est malgré tout conservé, au moins dans la langue parlée dans des circonstances pareilles, on ne vivrait pas sans du dévouement.

ARTICLE DANS LES LOCUTIONS VERBALES. Comme avec les autres articles, la question se posait de savoir si le partitif pouvait être omis dans les locutions juxtaposées. Bouhours préfère donner cœur à donner du cœur, quoique le second se dise aussi (Rem., 399; cf. Al., Guer. civ., 381-382). Avoir peine ou avoir de la peine à faire quelque chose sont également bons (Bouh., Suit., 217). De même lácher prise, donner prise, avoir prise sont comme il faut dire; ce sont « des manières de parler absolues », où le mot prise ne peut être accompagné d'une épithète (Enterr', 26). Au contraire avoir esprit est incorrect pour avoir de l'esprit (Marg. Buff., N. O., 30; cf. Sorel, Loix de la galant., 1644, 37, et Conn. des b. livres, 1671, 383).

Il ne peut être question de dénombrer ici les expressions de cette sorte. Il en est que nous n'avons plus expedier besogne (Fur., Rom. bourg., I, 191); gagner temps (Bussy-Rab., Corr., IV, 17), etc.

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L'important est de marquer que dans des phrases négatives les locutions se décomposent encore et que de s'y introduit: je vous les pardonnai, parce que vous n'y entendiez point de finesse (Le Gr. Alc. frustré, 120); Il en veut tirer une vengeance cruelle, et il ne luy veut point faire de grace, quelque soúmission qu'on luy puisse faire (Fur., Par. de l'Evang., 106).

Dans les phrases négatives, où entrent ces locutions, quand pas était accompagné d'un adverbe de quantité, le de restait tout à fait commun: C'est une Piéce d'un caractére si nouveau, que jamais homme n'a eu tant de peur que j'en eus pendant les trois premiéres réprésentations (Bours., Lett. nouv., 1, 255); Je n'ay pas, interrompit le Roy, tant de tort que vous pensez (Menagiana, II, 281-282); les pauvres enfans n'eurent pas moins de peur que quand il tenoit..... (Perrault, Contes, 152).

Même en phrase positive, l'introduction d'un adverbe de quantité amène la décomposition du juxtaposé, mais c'est plus rare: La guerre me feroit d'ailleurs assez d'envie (Regn., Ménech., act. III, sc. 8).

ARTICLE AVEC AUTRES, CERTAINS. Il convient de noter l'emploi de l'article de devant des adjectifs, tels que certains, divers : J'ai mesme ouy dire..... qu'il y avoit de certains pays où estoient esta

1. Au xvne siècle, on rencontre ainsi fort souvent avoir d'envie (cf. Perrot d'Abl., Apopht., 328); faire d'état (Id., Ib.. 74); avoir de besoin (Id., Ib., 365); faire de peur (Montfl.. Gentilh. de Beauce, act. III, sc. 8). Ce sont aujourd'hui des locutions verbales figées et immobiles où de n'entre pas.

blis de certains officiers (Fur., Rom. bourg., I, 55); N'étoit-il pas présent à de certaines paroles qui furent dites ? (La Bruy., I, 167, Du mérite pers.)'.

Quand dans la phrase négative le nom complément est accompagné de l'adjectif autre, la vieille syntaxe se conserve. Il n'y a ni point ni de: et n'avoit autre foiblesse que (Fur., Rom. bourg., II, 46); n'eut autre remede (Id., Ib., I, 192); Charroselles... ne sçavoit autre chicane (Id., Ib., II, 34). Chevreau accepte même: Je ne scaurois brûler d'autre feu que du sien. On peut écrire, d'un autre feu, et d'autre feu, mais ce dernier lui « paroit plus grand, et le paroîtra si l'on consulte l'oreille, surtout dans le stile noble » (Ms' Niort, 128, dans Boiss.).

RENCONTRE DE PLUSIEURS DE. Par souci d'harmonie on évite en général un article partitif suivi ou précédé de la préposition de : Lucrèce... avoit beaucoup d'amis de gens de robbe (Fur., Rom. bourg., I, 79). C'est se perdre dans les de. « On souffriroit peutêtre, dit le P. Daniel, ceux de mon côté parlent ainsi; mais je doute fort qu'on puisse dire, il y a de ceux de mon côté qui parlent ainsi cette maniere de parler me semble dure » (Entret. de Cl. et d'Eudoxe, 209).

DE, DU ET DES.

Nous avons vu la règle se préparer. A la fin du XVIIe siècle, elle est faite, confondant indéfini et partitif de l'eau pure, de pure eau, de modestes ignorans sont plus suportables que des savans orgueilleux (Buffier, § 338-340)2.

Il ne restait plus que des cas particuliers à résoudre. Mais ils étaient nombreux, en raison des mots composés et des locutions qui leur ressemblent.

1. AVEC LES NOMS JUXTAPOSÉS. Bouhours reproche à de Sacy d'écrire ils seroient... comme des faux-Prophetes (D., 170; cf. Ross., o. c., 140). C'était généraliser un peu témérairement. Faux prophète n'est-il pas un mot unique?

Dans jeunes gens, la soudure n'était-elle pas faite? En tout cas on emploie souvent de, et non des: Léonidas ayant renvoyé de jeunes

1. Ne pas confondre avec des phrases où l'adjectif a un tout autre sens, si bien qu'il suffit de le faire passer derrière le substantif pour retomber dans le cas ordinaire: La nature... Dans chaque âme est marquée à de différens traits (Boileau, A. P., III, v. 369370, éd. B. S. P., II, 243); Vous donnez de divers conseils, suivant les diverses personnes (Le Pays, Am., am. et amour., 59).

2. Des ne sortit jamais d'usage: le College des Grassins est fondé pour des pauvres Ecoliers du Diocese de Sens (Menagiana, II, 274-272).

gens (Perrot d'Abl., Apopht., 281); ce sont pour la plupart des femmes ou de jeunes gens qui n'ont point de rapport avec un homme de cinquante ans (Boil., Lett. à Rac., 26 mai 1687, éd. B. S. P., IV, 154)1.

On rencontre aussi de avec bonnes fortunes : il avoit eu avec elles de bonnes fortunes, et plusieurs galanteries (Le Gr. Alc. frustré, 17); avec bonnes œuvres : il promet de faire de bonnes œuvres (Fur., Par. de l'Evang., 105).

Fallait-il la préposition

2. APRÈS UN ADVERBE DE QUANTITÉ. seule? Il a infiniment d'esprit ou il a infiniment de l'esprit ? Quoique le premier soit meilleur, l'un et l'autre se disent, reconnait Bouhours (Rem., 1), et après lui Tallemant (Décis., 156). Andry hésite à condamner il a extrêmement de l'esprit (Refl., 266; cf. De la crit., 266-268). Mais l'Académie jugeait que il a extrêmement d'esprit était seul recevable, et que il a extrêmement de l'esprit ne valait rien. Si la phrase était négative, point de doute, il fallait toujours de et non de l' (Tall., Décis., 156; cf. Reg. de l'A., IV, 93). Toutefois, Boileau, dans une lettre à Brossette, se raillait de ce purisme (18 janv. 1701, éd. B. S. P., IV, 338).

J'ai rencontré plusieurs fois dans les textes l'expression condamnée C'est une agreable personne qui a infiniment de l'esprit (de La Forge, Le Cercle des F. savantes, Clef, Egistrate); c'est un homme qui a extrémement de l'esprit et du merite (Ambass. de Siam, 105) ; Les Grecs en general avoient extremement de l'esprit (Fontenelle, Hist. Or., 67).

3. APRÈS NÉGATION. - Dans une phrase négative, les mots négatifs pas, point se faisaient suivre de de et plus de des (cf. t. III, 433).

On rencontre cependant pas suivi de du, de la: Cyrus avoit acoútumé de dire Que ceux qui ne se font pas du bien à eux mêmes sont contraints d'en faire aux autres (Perrot d'Abl., Apopht., 1); S'il n'y a pas de la solidité, du moins y a-t'il de l'esprit dans les raisons que vous venez d'alleguer (Le Pays, Am., am. et amour., 60).

Et, en réalité, il semble difficile de changer, sans en altérer le sens, l'article du dans la phrase suivante: ces Reflexions peuvent choquer ceux qui n'ont pas du genie, ausquels elles seront incommodes (Refl. s. la Poet. d'Arist., Avertiss., 10).

Mais, si la phrase était double, si au lieu de pas, point on mettait

1. Cf. D'ailleurs,... on reçoit de jeunes gens au Barreau encore tout couverts de la pous siere des Ecoles (Parn. ref., 53); bien de braves gens est dans Bayle (Dict., art. Pyrrhus, K).

2. Le sens est: qui ont autre chose, ce qu'ils ont n'est pas du génie. Nous disons de même: Il n'a pas montré de la complaisance, mais de la bienveillance.

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