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(Id.); les Connoisseurs le preferent aux autres thés (S., art. ThéBou).

3o Parmi les noms de matières diverses:

Air (M., B., Alc. de S'-Maur., 51), beurre (B.), bile (Id.), bouillie (Ch.), crasse (M.), fiel (Id.), fumée1 (B.), huile' (Id.), yvoire (Ch.), lait3 (B., Ch.), laque (Ch.), lard (B.), liège (Ch.), marne (Ch.), miel(M., Ch.), pituite (B.), pus (Id.), sang (M., B., Ch.), son (Ch.), sucre (B.), suye (Ch.), suif (B.), venin (Id.), vinaigre (M., Ch.).

Voici des exemples de pluriels: elle le croit et que les airs et les pays chauds donnent la mort (Sév., III, 529); Les Beurres en mottes sont envoyez d'Isigny (S.); Les huiles d'amandes douces, de noix... sont extraites... par un Epicier qui demeure rue Montmartre (Liv. des adr., I, 175); On a fait son possible pour n'obmettre dans ce Dictionnaire aucune des Huiles de l'une ou de l'autre espece (S.); L'Yvoire de Ceylan est estimé le meilleur de tous (Id.); Les lards de toutes sortes payent en France (Id.); Il y a encore des mannes d'Afrique, de Mexique, de Perse, mais qui sont peu connuës en France (Id.); Les anciens mettoient le sucre et la manne au nombre des miels (Id.); Les sucres qui se vendent chez les Epiciers de Paris (Id.); Les suifs de mouton et de brebis... sont estimez les meilleurs de tous (Id.); La cure de ces venins dépend de la correction de l'acide (Th. Corn., Dict.); De tous les vinaigres de vin qui se font en France, celui d'Orleans est estimé le meilleur (S.); C'est ce qui est cause que l'on a tant de Vinaigres besoardiques (Th. Corn., Dict.).

4° Parmi les noms de couleur :

Azur (Ch.), carmin (Id.), pourpre (M., Th. Corn., dans Vaug., I, 133; Ch.).

5° Parmi les noms de vents: Bise (Ch.), galerne (Id.).

6° Parmi les noms divers :

Aiguade (Ch.), alibi* (M., B.), butin (Ch.), carnaval (Ch.), cavalerie (Ch.), code (Ch.), credit (Ch.), dot (Ch.), fiévre (M., B., de Callières, Du b. et mauv. us., 46), goutte (de Call., Du b. et mauv. us., 46)3, infanterie (Ch.), retour (Id.), réveil (Id.), scorbut (Id.), seuil

1. La fumée du feu et non pas les fumées. Cf. A. de B., Refl., 235. Au figuré fumées est reçu: fumées d'amour (Regn., Ser., sc. 11; cf. Id., Hom. à b. fort., act. III, sc. 4). 2. On dit cependant: les saintes Huiles.

3. On dit cependant deur laicts d'amande (A. de B., Refl., 282). 4. Alibis est déjà étudié aux formes.

5. J'ai cité ailleurs le mot de Malherbe rapporté par Racan: « Quand on lui disoit que quelqu'un avoit les fievres en plurier, il demandoit aussitôt : « Combien en a-t-il de fièvres?» (Doctr., 354); les fièvres, les gouttes sont déclarés bourgeois par de Callières, mais les médecins ne laissent pas de s'en servir: Je veux... de bonnes fievres

(Id.), soif (B., Ch.), souil (Ch.), tic (Id.), tous (B.), vulgaire (Id.). Les théoriciens se trompaient donc, en présentant des catégories entières de noms comme inusités au pluriel. Mais ils ne se trompaient pas tout à fait. Les pluriels ne servaient qu'à désigner diverses espèces de ces matières, des objets faits avec elles, comme aujourd'hui. Au sens ordinaire, ce ne sont pas seulement les classiques qui les évitent, mais tous ceux qui écrivent. C'est d'une part Racine ou Bossuet', de l'autre le Livre commode des adresses. Donc tout ce qu'on peut reprocher aux théories que nous avons vues, c'est d'avoir été présentées sans nuances, comme des règles absolues, qui se sont imposées comme telles à la tradition grammaticale.

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La réaction contre le pluriel des noms abstraits continuait. Ménage rapporte, d'après Pellisson, que l'Académie eût préféré le singulier bonté au pluriel bontés dans le vers célèbre de Malherbe : 0 Dieu, dont les bontez de nos larmes touchées. Il note l'affection que le poète avait pour ces pluriels « hyperboliques» passions, courroux, merites, absinthes, mais ne réprouve pas ce tour, d'une façon générale (Rem. s. Malh., II, 61, 142, 152, 199, 303, 354). Alemand, lui, sans admettre propretés, ne le condamne pas (Nouv. Rem., 53); Andry de Bois-Regard soutient contre Ménage les santés. On dit fort bien: il y a des santez foibles qui (Refl., 627). Ainsi les principales autorités ne mènent point la campagne.

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En revanche les hommes et les femmes de second ordre s'en sont donné à cœur joie. Marguerite Buffet conteste qu'on puisse dire: des obéissances (N. O., 71); « Les noms de quelques vertus, les noms comme santé, bonheur, sagesse, avarice, courroux, patience, peur, renommée, pair, ne s'emploient qu'au singulier »

continues... de bonnes fièvres pourprées (Mol., IX, 419, Mal. imag., act. III, sc. 10); cf. il est certain que je n'ay pas les goutes; je saute (Bours., Sat. des sat., sc. 3); La pierre, la colique et les gouttes cruelles (Boil., Ep.. XI, v. 97); retours est dans Corneille (VI, 270, Tois., v. 335); dans Molière (IV, 405, Tart., v. 131, etc.); dans Bossuet (Est. d'Or., 392).

1. une belle forêt pleine d'arbres verts, d'aune, de peuplier et de cyprès odoriférant (Rac., VI, 97, Rem. s. l'Od.). On comparera Bossuet: Etre éternel, immense, “infini, exempt de toute matière. libre de toutes limites, dégagé de toute imperfection (Serm. s. la Mort, 2e point, éd. Rébell., 300). Les auteurs préfèrent considérer l'espèce et non les

unités.

2. Ce « Bottin» parle de même, en usant du singulier collectif: Le Plomb est fort rencheri depuis la déclaration de la guerre (II, 456); La Soudure... vaut quatorze à quinze sols la livre (lb., 157). Le Tarif des entrées de 1664, l'Ordonnance sur les Fermes du 21 août 168] font ainsi. C'est évidemment une tendance générale.

3. Cf. t. III, 461.

(L. de Templ., Entr. à Madonte, 98). Bellegarde doute qu'on doive accepter: des éruditions', des modérations (Eleg., 371); il lui faut l'autorité de Fléchier pour tolérer des vivacités (lb., 372-373).

Chevreau a dressé, après Bérain et Ménage, une liste des abstraits qui n'ont pas de pluriel:

Adolescence (Ch.), charité (B.), colére (Id.), courroux (M., B., Ch., Rem. s. Malh., I, 263, et Ms. Niort, 34-36 bis, dans Boiss.), deüil (Ch.), dictame (Id.), enfance (Id.), espérance (B.), faim (M., Ch.), foi (M., B., Ch.), force (B.), gloire (B., Ch.), gravité (Ch.), heur (M.), jeunesse (Ch.), justice (B.), merci (M.), nature (Ch.), orgueil (Id.), paix (M., B.), patience (M., B., Ch.), prudence (B.), pudeur (Ch.), renommée (M., B.), repos (Ch.), réputation (M.), sagesse (Ch.), santé (M., B.), sort (Ch.), superbe (Id.), temperance (M., B.), valeur (Ch.), vaillance (Id.), vieillesse (Id.), virilité (Id.).

De tous ces mots, il n'en est presque aucun dont on ne pût citer un exemple au pluriel dans un texte du temps: ainsi charités est commun au sens d'aumônes. Comparez: l'abbé Bigorre, Corbinelli ont eu des bontés et des charités pour lui (Sév., IX, 532); colères est banal les astres sévères Ont contre notre amour redoublé leurs colères (Mol., III, 79, Fách., v. 595-596); cf. nos crimes Vous ont causé souvent des courroux legitimes (Rotrou, Vencesl., act. V, sc. 4); enfances a le sens d'enfantillages: Vous connaissez toutes les enfances dont elle s'occupe (Hamilt., Mém. de Gram., 302); espérances se dit dans un sens très général: il (M. des Noyers) avoit donné des espérances à la Reine de disposer le Roi... à l'établir régente (La Rochef., II, 51); forces est partout; jeunesses veut dire ou actes de jeunesse, ou jeunes gens: rendre à jamais éfacées Toutes ses jeunesses passées (Loret, 10 janv. 1654, v. 25-26); justices est plus rare; on le trouve cependant chez Madame de Sévigné, par exemple : si elle ne vous attire pas des justices et des grâces (VIII, 64; cf. VI, 208)2; orgueils a été dit par la même en parlant de deux prélats: ces deux orgueils... s'accommoderont fort bien ensemble (IX, 338); réputations est fréquent toutes les réputations de la terre (Corn., X, 432); sagesses s'oppose à folies: Nous ne saurions oublier, ni vos folies, ni vos sagesses (Sév., VII, 476); santés remplace brindes (La Font., IX, 365, et V, 352); il a aussi son sens ordinaire: comme vous étes..... la cause de toutes les santés (Sév., IX, 255). Il y aurait beaucoup d'autres exemples à citer3.

4. Je n'ai jamais vu tant d'éruditions en si peu d'espace (Menagiana, I, 326).

2. Égards au contraire, qui ne se dit que depuis vingt ans, est fort à la mode (Mén., O.. I. 289, qui renvoie à Bouhours).

3. Toutefois, parmi les exemples qu'on peut apporter d'abstraits au pluriel, un assez

S'il ne s'agissait que de mettre les grammairiens en défaut, ce serait chose facile: Vos admirations ne me conviennent pas (Hauter., Bourg. de qual., act. II, sc. 5); Si je voulois parler de vos legeretés (Th. Corn,, Am. à la mode, act. II, sc. 8); Il a parfois ses promptitudes (Du Verd., Le Flatt., act. I, sc. 1); c'est étre à vide de reconnaissances comme vous l'étiez, il y a un an, de désespoirs (Sév., II, 207). Mais, malgré tout, on était loin à cette époque d'affecter les pluriels des abstraits, ainsi qu'on le faisait autour de 1650. C'est une mode qui s'en allait. Un chercheur qui voudra faire un peu de statistique le prouvera, je crois, aisément.

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NOMS SANS SINGULIER

Certains noms ne s'emploient pas au singulier (cf. t. III, 459): abois (J., Ch.), accordailles (J., B.), agrès (Ch.), aguets (J., B.), aides (J.), aises (A. de B.), Alpes (B., Ch.), annales (B.), ancêtres (M., O., I, 288, et Rem. s. Malh., II, 334; J., B., Ch.), aparaux (Ch.), archives (Id.), armes (B.), arrhes (Bouh., D., 449), assises (B.), biens paraphernaux (Id.), bucoliques (Id.), calendes3 (J., B.), champs, pour campagnes (J.), chausses (Id.), cimbales (Ch.), complies (J., Ch.), confins (§.), débris, délices (Vaug., I, 390; II,

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grand nombre sont sans valeur: c'est la rime ou le besoin du mètre qui a amené l'irrégularité. Ainsi: Et nous fasse abaisser jusques aux complaisances D'applaudir bien souvent à leurs impertinences (Mol., III, 51, Fách., v. 214-212); En Europe souvent, quoi qu'ils solent en estimes, Madame, noble et gueux sont termes synonimes (Montfl., Mari s. f., act. III, sc. 3); Modérez ces désirs. Je me méprends aussi : transporté de plaisirs (Regn., Ménech, act. IV, sc. 9); Mon cœur à ce discours se pâme de plaisirs. Il te faut un époux pour calmer ces soupirs (Id., Fol. amour., act. II, sc. 2); ces sortes de manquements de parole que les rois font à des particuliers leur sont quelquefois rendus avec de grosses usures (Rac., V, 149, Not. hist.).

1. J'ajoute ici à mes auteurs ordinaires les indications de J.-B. Jobard dans ses Exercices (1675), p. 180-181. Je le désignerai par J.

2. Pour aquets, on trouvera des exemples dans L. et Livet, Lex. de Mol.

3. « Ce mot joint au verbe aimer, ou à quelqu'autre à peu prés semblable, ne se met qu'au pluriel, aimer... chercher ses aizes.., on s'en sert quelquefois [au singulier] dans le sens de joye... d'allegresse, comme fait M. d'Ablancourt... Cyrus ne se laissa pas transporter à l'aise de la victoire » (Refl., 42).

4. N'a plus de singulier parmi nous (Chevr., Ms. Niort, 36, dans Boiss.).

3. Calende signifiait assemblée de curés de campagne convoqués par l'évêque : C'étoit jour de Calende (La Font., V, 354, v. 121).

6. Ce pied-plat, qui se plaint habits, souliers et chausse. En un mot, ce bourru gentilhomme de Beauce (Montll., Gent. de Beauce, act. I, sc. 1); Non pas que le messire Eut chausse faite ainsi qu'un amoureux (La Font., V, 419, v. 109-110).

7. Depuis Vespres. jusqu'à Complie. Cette Eglize étoit si remplie. Que je ne pûs entrer dedans (Loret, 5 janv. 1658, v. 91-93); Le deur d'Octobre, aprés Complie, Cette Lettre ful accomplie (Id., 2 oct. 1660, v. 269-270). Exemples de Massillon et de Racine dans

Littré.

8. le grand débris de cette nombreuse armée n'eut pas échapé à sa valeur (Mlle de Scndéry, Math., 421); Voulez-vous sauver quelque chose de ce débris si universel? (Boss., Or. fun Henr. d'Angl, éd. Rébell., 174); nombreux exemples dans Littré.

352; B., J., M.)', deniers, pour somme d'argent (J.), échets (Id.), effets, pour biens (Id.), éloges (Bary, Secrets, 75), émulsions (Ch.), entrailles' (B.), entrefaites3 (B., J.), épinards (Ch.), épousailles (Ch., Rem. s. Malh., 1, 262; J.), errata (B.), erres (Ch.), escroüelles (J.), espèces, étrivières, faisceaux (B.), fers, au sens de chaines (Ch.), fiançailles (Ch., Rem. s. Malh., I, 262), fonds de baptesme (J.), forces (Id.), fumées (en terme de chasse) (Ch.), funérailles (Ch., M., O., I, 263), gens, géorgiques (B.), grotesques, au sens d'ornements d'architecture (M.), gueules (en termes de blason) (M.), hardes (B., J.), ides (B., J.), landes (B., J.), lettres (belles) (B.), limbes (J.), litanies (Id.), mánes (B., J., Ch.), matériaux (Ch.), matines (B., J., Ch.), mœurs (B.), mouchettes (J., Ch.), noces (B.), nones (J.), obsèques (B., J., Ch.), orillons (J.), pardons, pour Indulgences (Id.), parties, pour Mémoire de dépense (Id.), les Pères (Id.), pleurs (M., J., Ch., Rem. s. Malh., 1,362; Th. Corn. et l'A., dans Vaug., II, 147), poissons (signe du zodiaque) (B.), pores (J.), prémices (B., J.), Pyrénées (J., Ch.), rais (J.), rénes* (B.), rogations (J.), semailles (J., B.), suffrages (J.), tablettes (B.), ténèbres (B., J., Ch.), timbales (J.), troupes, pour Armée (Id.), vacations (B.), vepres (J., Ch.)10.

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On pourrait recueillir divers singuliers intéressants: Et mesme, uzans de reprézaille, Ils ont saizi, vaille-que vaille, Agissans en gens généreux (Loret, 13 juin 1654, v. 151-153); On ne vous conseille

1. Je vous retrouve enfin, ô bonheur ! ô délice! (Rotrou, Bélis., II, 5, L.). Cf. p. 801. 2. Quand il déchira son entraille, Ne fit par ma foy rien qui vaille (Scarr., OEuv., I, 365).

3. Sur cette entrefaite, celuy qui l'avoit apelé arrive (d'Ouv., Contes, I, 97); L'ennemi vient sur l'entrefaite (La Font., II, 25, v. 8).

4. Faire dans un errata de longues réponses (Boss., Max. des Saints, LXI, Préf.). 5. Je donne et lègue à Lisette présente... Deux mille écus comptant en espèce (Regn., Lég. univ., act. IV, sc. 6; cf. Id., Ménech., act. IV, sc. 5); cela fait beaucoup de millions, et redonnera de l'espèce, qui manquoit (Sév., IX, 348); recevoir de l'argent. C'est ce qu'on ne voit point ici; l'espèce manque, c'est la vérité (Ead., IV, 171); faire de magnifiques présents de noces qui ne coutent rien, et qui doivent être rendus en espèce (La Bruy., I, 292, De la Ville). Les derniers exemples prouvent que la rime n'est pour rien dans le singulier.

6. Qui dans Thèbe ai reçu mille coups d'étrivière... El jadis en public fus marqué par derrière (Mol., VI, 384, Amph., v. 464-466); Je condamne mon dos à cent coups d'étrivière, Si dans l'an, à coup sûr, il ne vous fait grand-père (Montfl., Crisp. gent., act. II, sc. 5).

7. A quand la Noce (Bours., Com. s. tit, act. III, sc. 3); Je vous prie à mon tour de ma nôce (Id., Ib., act. III, sc. 5); Mme de Lavardin est dans la noce par-dessus les yeux (Sév., VI, 446; cf. 447; La Font., II, 409; Montfl., Crisp. gent., act. V, sc. 7).

8. Là commencera ce pleur éternel, là ce grincement de dents qui n'aura jamais de fin (Boss., Or. fun. de la princ. Palatine, éd. Rébell., 376; cf. La Font., VI, 92).

9. Desja le fier Cheval qui fit naistre Hipocrene S'arreste dessouz moy sans luy tirer la resne (Loret, Poes. burl., 132).

10. On comparera à celle-ci une liste de Duez, copiée ensuite par les grammairiens allemands, et qui est loin de concorder absolument. Elle renferme du reste beaucoup d'erreurs (Vray Guidon, 99).

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