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lui-même de ceux qu'il croit ne le valoir pas (La Bruy., I, 123, Des ouvr. de l'esp.); Il disoit donc comme une chose qu'il prétendoit courir partout (Rou, Mém., II, 130); il portoit le deuil de l'impératrice, que j'ai oublié de dire étre morte il y avoit quelques mois (Me de Montp., Mém., 479); des artifices qu'elles croyent servir à les rendre belles (Sent. crit. s. les Caract., 288); cet honneur qui vous est plus cher que la vie, et que vous croyez étre l'unique objet de mes prétentions (Le Gr. Alc. frustré, 35); ce qui la fáchoit plus que tout, c'est que l'intérêt que le roi témoignoit prendre de la santé de Madame de L. (Ib., 65); un Bachelier qui disputoit contre lui, citast le passage d'un Concile, qu'il nia formellement s'y trouver (Menagiana, II, 366); cent folies, qui sont indignes de la sagesse d'un Dieu qu'il dit avoir en veneration (Mercure reprouvé, 20); une espece de Pyramide sous le nom d'Obelisque d'Arles, qu'il dit avoir fait graver en papier, n'ayat pas le moyen de faire en marbre (Ib., 61).

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Il existe encore,

il n'est même pas combattu: le Pere, le Fils, et le Saint Esprit est un seul Créateur (Boss., Catech. de Meaux, 125); Et deux ans dans son sexe est une grande avance (Mol., VI, 165, Mélic., v. 209); quatre ou cinq mille écus est un denier considérable (Id., VII, 332, Pourc., act. III, sc. 7); M. Le Tellier... seroit très-volontiers caution que ces mouvements ne seroit qu'un feu de paille (Retz, III, 471).

On peut citer surtout un grand nombre d'exemples au pluriel. Son grand mérite étoient ses inepties, qu'on répétoit (S1-Sim., III, 194); le sujet de ces invectives estoient les discours (Boss., Est. d'Or., 136). Mais la presque totalité est formée d'exemples où le sujet est ce que, tout ce que tout ce qu'il dit sont autant d'imposzures (Rac., II, 188, Plaid., v. 535); Ce que je vous dis là ne sont pas des chansons (Mol., III, 214, Ec. des Fem., v. 729); On m'a montré la pièce; et comme tout ce qu'il y a d'agréable sont effectivement les idées qui ont été prises de Molière, la joie... n'aura pas lieu de lui déplaire (Id., III, 425, Impr. de Vers., sc. 5); tout ce qu'il vous dit là sont des brides à veaux (Du Verd., Le Flatt., act. I, sc. 4); les amis de Pascal, s'ils voyoient notre critique, diroient que tout ce que nous avons repris, ce ne sont que des minuties (Cleandre et Eud., 216); tout ce que vous prononces sont des Arrêts (Bours., Lett. nouv., I, 280); tout ce qui n'est pas ce qu'on appeloit autrefois en France, mais non à présent, gens de qualité... vont tous à ces audiences publiques (S'-Sim., Extr., II, 307); Je ne prétens point encore que ce que je vais dire soient des décisions (Grimar., Comm. de Lett., 103)1.

Or, on peut se demander si le pluriel du verbe n'y est pas plutôt amené par l'idée collective que contient le sujet (voir chapitre suivant).

1. Voici un exemple contraire: ce qu'il déplore n'est pas... les erreurs où l'Eglise estoit tombée (Boss., Ilist. des Var., I, 5).

En tout cas, l'usage n'est pas encore arrivé à l'application rigoureuse de la formule: c'est toujours le sujet qui donne la loi au verbe. Il y a pourtant un délicat que gêne cette irrégularité : c'est Chevreau. Sans oser condamner une phrase comme celle de Bossuet, il la retournerait 1.

APRÈS LES IMPERSONNELS.- La locution: il est dix heures, inquiète les puristes; elle triomphe néanmoins de : ils sont dix heures, encore usitée au Palais. Andry de Bois-Regard seul l'accepte franchement, comme il accepte: il est passé par là dix mille hommes (Refl., 420421).

ACCORD AVEC LE SENS. Il y a toujours des cas où l'accord se fait d'instinct, c'est-à-dire avec. l'idée et non avec la forme. Cela se remarque surtout derrière un relatif : Pauvre Eglise, qui destituée du principe de fécondité que Jesus Christ a laissé à ses Apostres,... estoient contraints de se mesler parmi nous pour y venir mendier (Boss., Hist. des Var., II, 299); la quantité de peuple qui vont et viennent dans les rues (Me de Montp., Mém., 331).

Mais on en rencontre des exemples où le sujet est un nom: la vie active et contemplative ont chacune leur merite devant Dieu (Boss., Est. d'Or., 368); La part qu'il eut après au secret et à l'exécution de l'expulsion de toutes les garnisons hollandoises des places des Pays-Bas espagnols, et de là en beaucoup d'autres choses..... avoient ajouté pour lui, dans le Roi, le dernier degré de confiance (S-Sim., XVII, 311).

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On peut dire que l'âge de la réglementation est venu. On impose la régularité extérieure. Le « soufflet à Ronsard » 3 sera de plus en plus sévèrement jugé.

1. Le sujet d'un poëme sont les mœurs. « Quelques grammairiens disent que la regle est que le Verbe convient avec le Nominatif qui le suit et non pas avec celui qui le precede...... La verité est qu'il y a icy une inversion de phrase et que, dans cette transposition, l'on a suivi le Regime de la Phrase naturelle qui est celle ci: ...les mœurs des hommes sont le sujet d'un poëme.... Pour moy, qui ay des scrupules que je ne puis vaincre, je n'ecrirois jamais autrement, parce que notre langue suit toujours l'ordre naturel et que les transpositions sont vicieuses, quand elles ne donnent point plus de force à l'expression de la pensée » (Ms. Niort, 133, dans Boiss.).

2. Bellegarde juge qu'il faudrait dire, pour parler justement: ils sont six heures. Pourtant, ajoute-t-il, l'usage a établi cette locution (Eleg., 199). Chevreau n'ose pas non plus condamner la tournure, que l'usage a autorisée. Mais il prétend que dans : Il est dix heures, il doit être expliqué par cela : cela est dix heures, parce que Quelle heure est-il? est mis pour Quelle heure est cela? (Ms. Niort, 133, dans Boiss.). Cf. avec d'autres verbes force chausses étroites, sur lesquelles il paroissoil quelques rubans (Le Pays, Am., am. et amour.. 78).

3. C'était le nom vulgaire de cette faute, d'après Richesource: « Elle (Fribourg) est la residence du Chapitre de Basle, d'une fameuse Université... d'une Chambre Souveraine... et le combat sanglant et opiniastré durant trois jours, que le Duc d'Enguyen gagna dans les Postes disputez de la Montaigne Noire, à une lieuë de cette Place, ont rendu son nom

INFLUENCE DE L'ORDRE DES MOTS. (Cf. t. III, 535). On ne peut pas affirmer qu'elle se fasse encore fortement sentir. Il y a un cas qui est devenu bien rare, c'est celui d'un verbe au singulier, suivi d'un sujet au pluriel: la providence des Dieux, de qui dépend toutes choses (Rac., VI, 63, Rem. s. l'Od.). Dans le vers de la Fontaine : De tous côtés lui vient des donneurs de recettes (II, 224, v. 7), on peut supposer une ellipse de il: il lui vient; alors nous rentrons dans le cas précédent. Comparez estoit-ce les derniers efforts d'une liberté remuante? (Boss., Rec. Or. fun., Princ. palat., 295; cf. ibid., 29). Ici nous avons affaire à la formule c'est, cas parti

culier.

Au contraire il est encore tout à fait fréquent de trouver le verbe au singulier avec plusieurs sujets singuliers unis par et, ou même avec un sujet singulier suivi d'un autre au pluriel: Des avis que lui avoit donnés M. Arnaud et M. Nicole (Rac., IV, 602, P.-R.); où est la métairie et les beaux jardins? (Id., VI, 119, Rem. s. l'Od.); Quel nouveau trouble excite en mes esprits Le sang du père, ó Ciel! et les larmes du fils ! (Id., III, 96, Mithr., v. 1645-1646); Là croissoit à plaisir l'oseille et la laitue (La Font., I, 277, v. 6) 1.

C'est à dessein que j'ai cité ici un grand nombre d'exemples, auxquels on en ajouterait facilement d'autres. Évidemment l'usage est en faveur du singulier. Mais l'ordre des mots y est pour peu de chose, puisque dans la construction directe la syntaxe est la même, nous le verrons. Les grammairiens n'ont pas osé proscrire formellement une habitude si enracinée; l'usage s'en détache.

fameux (Prise de Fribourg, 117); « le Vulgaire la nomme (la faute du pluriel ont rendu) le soufflet de Ronsard, quand il dit qu'on donne un soufflet à Ronsard, tant il a de peine à soufrir ces irregularitez ou beveues d'expression, dans l'ordre de la construction.... Nous sçavons bien qu'il y a de quoy faire un nominatif plurier que demande ce mal-heureux Verbe, ont rendu, qui sont les deux celebritez ou famositeż de Fribourg (lb., 135).

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1. Que chez toi se prodigue et le rouge et le fard (Boil., Sat., X, v. 192, éd. B. S. P., I, 233); l'appui que vous donneroit auprès de la justice et votre droit, et votre argent, et vos a mis (Mol., VIII, 457, Fourb. de Scap., act. II, sc. 5); Que maudit soit l'heure et le jour où je m'avisai d'aller dire oui! (Id., VI, 36, Méd. m. lui, act. I, sc. 1); Voilà tout ce qu'a pu faire la magnificence et la piété (Boss., Rec. Or. fun., Condé, 557); Tu m'abandonnerois, toi que met hors de mise Ton poil déja grison, et ta nazillardise? (Th. Corn., Am. à la m., act. IV, sc. 7; cf. Id., Feint Astrol., act. II, sc. 7); Je vomirois sur eux pour décharger mon cœur, Ce que m'inspireroit ma rage et ma fureur (Baron, Ec. des Pères, act. III, sc. 1); l'inquiétude où nous a mis l'intrigue et le noeud de la Piece (Perrault, Rec., 287); en cela consistoit toute son existence et sa considération (S-Sim., Extr., II, 249); parmi tout le bruit que lui faisoit sa femme, ses enfans et ses domestiques (Menagiana, 1, 264).

2. Il y a cependant des exemples contraires: Vous verrez... tout ce que peuvent donner de plus lorieux la naissance et la grandeur accumulé sur une teste (Boss., Rec. Or. fun., Reine d'Angl., 3-6).

3. On trouve aussi le singulier avec des sujets non liés par une conjonction: Combien estoit obscurcie la justice, la providence, la bonté divine parmi tant d'erreurs! (Boss., Hist. Univ. 280).

F. BRUNOT.

Histoire de la langue française. IV. 2.

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I. — LE SUJET EST UN COLlectif non sUIVI DE COMPLÉMENT DÉTERMINATIF. Vaugelas avait déjà donné quelques règles (cf. t. III, 531)'. On en ajoute une ou deux, mais visiblement sans aucune doctrine d'ensemble. Pour la plupart, on confirme Vaugelas il faut toujours le faire suivre du pluriel (Bouh., D., 127; Tall., Décis., 8-9). La plus grande partie veut indifféremment le verbe au pluriel ou au singulier; toutefois le singulier est plus ordinaire (Id., Ib., 9-10).

Avec des locutions comme le reste, un grand nombre, l'usage flotte3: Le reste pour son Dieu montre un oubli fatal (Rac., III, 606, Ath., v. 17); Si tout ce qui reçoit des fruits de ta largesse A peindre tes exploits ne doit point s'engager (Boil., Ép., VIII, v. 82-83).

II.

LE SUJET EST UN COLLECTIF SUIVI D'UN COMPLÉMENT. On se souvient de la règle donnée par Vaugelas : c'est elle qui sert de base aux discussions de notre époque. Quand le collectif est suivi d'un «< génitif », ce génitif donne la loi au verbe (cf. t. III, 531). Cette règle n'était pas sans fondement, puisqu'elle tenait compte d'un autre élément que le sujet proprement dit, et que cette influence est très réelle. Où Vaugelas s'était trompé, c'est quand, se guidant sur la seule forme, il avait cru qu'un génitif au singulier fait garder le verbe au singulier. A dire vrai, si sa règle s'est écroulée, ce n'est pas qu'on se soit rendu compte qu'elle allait parfois contre le sens de la phrase.

Plus tard on se posera des questions, et on se demandera s'il ne

4. Il est à noter que, suivant l'Académie, on ne peut employer beaucoup que devant un pronom J'en connoy beaucoup qui soutiennent. Mais en toute autre occasion on ne sauroit dire: Beaucoup en parlent bien à leur aise (Tall., Décis.. 42-43). On avait oublié Corneille: Beaucoup par un long age ont appris (III, 346, Hor., v. 1461). Le Censeur de La Bruyère lui reproche aussi d'avoir employé un grand nombre sans ajouter de gens, ou quelque autre complément (Sent. crit. s. les Caract., 313).

2. La plupart, emportés d'une fougue insensée, Toujours loin du bon sens vont chercher leur pensée (Boil., A. P., ch. 1, v. 39-40); La plupart s'en alloient chercher une autre terre (La Font., I, 209, v. 40); la pluspart... passoient le temps à boire les uns avec les autres (Fontenelle, Hist. Or., 12).

Malgré tout, le singulier se rencontre de cent des ennemis qu'il y avoit dedans, la pluspart fut tué (Bussy-Rab., Mem., I, 195).

3. Il faut remarquer que le verbe peut être au singulier, et que néanmoins le pronom qui, dans une phrase subséquente, représente le collectif, prend la forme du pluriel : Andry trouve de la grâce à ce nombre changé : Aussitost un grand peuple accourant sur le port İls firent de leurs cris rétentir les rivages (Refl., 330); Le peuple cependant, que ce spectacle étonne, Vole de toutes parts... Ils la mènent au temple (Rac., II, 339, Brit., v. 1739-1743).

4. J'ai déjà montré (t. III, 531) comment la présence d'un complément amenait le pluriel. Comparez des phrases comme celle-ci: le fond des caractères qui y sont décrits sont pris de la même source (La Bruy., I, 12, note 4).

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