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NOTES

SUR LA SATIRE I.

1 ARGUMENT. Dans cette premiere Satire, qui sert de prologue aux quinze autres, l'Auteur expose rapidement ce qui le force à se livrer de préférence à ce genre d'écrire. L'importunité des Poëtes, l'insolence des Parvenus, l'inhumanité des Délateurs, la bassesse des Intrigans, la perfidie des Epouses, la fureur des jeux de hasard, l'excès du luxe, et l'avarice des Patrons à l'égard de leurs cliens: la colere que tous ces vices lui inspirent lui tient, dit-il, lieu d'Apollon. Il se propose de n'attaquer que les morts et d'épargner les yivans: mais je doute qu'il ait tenu parole; du moins s'il ne nomme pas il paroît qu'il désigne toujours.

2 Les jardins de Fronton. Ce Fronton étoit probablement un de ces riches Patriciens dont le jardin étoit fastueusement ouvert au public; les Poëtes s'empressoient d'y aller réciter leurs compositions: car ou ne pénétroient-ils point? Martial se plaint qu'ils le poursuivoient jusques dans les bains :

Et stanti legis, et legis sedenti :

In Thermas fugio, sonas ad aures.

3 Nous avons aussi tremblé sous la férule. Cela signific nous avons aussi fréquenté les écoles, nous y avons fait des amplifications, etc.

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4 Par Lucile. Lucilius (Caius) Chevalier Romain, naquit à Sinuessa au pays des Auronces, l'an 147 avant Jesus-Christ. Il composa trente Satires dont les fragmens ont été recueillis par François Douza, et imprimés à Leyde avec des notes en 1597. Quelques Savans l'ont regardé comme l'inventeur de la satire: mais M. Dacier a prouvé qu'il n'a fait que perfectionner ce genre de poësie. Pompée étoit petit neveu de Lucilius du côté maternel.

Quand un échappé des bourbiers d'Egypte, un Crispinus. Ce Crispinus étoit favori de Domitien qui le combla d'honneurs et de richesses. Il paroît que c'est le même que Martial a célébré lâchement dans ses Epigrammes.

6 Rejette nonchalamment sur ses épaules la pourpre Tyrienne. La pourpre se tiroit de deux petits coquillages de mer nommés murex et purpura. Les Tyriens excelloient dans l'art de teindre la pourpre ; de-là vient qu'on lit dans les Poëtes

Tyrioque ardebat murice lana.

VIII

Horace appelle la pourpre par excellence lana tyria; et Juvénal Satire viii, l'appelle sarrana. La beauté et la rareté de cette couleur en avoient rendu l'usage particulier aux Rois de l'Asie, aux Empereurs Romains et aux premiers Magistrats de Rome. Les Dames même n'osoient l'employer dans leurs habits; elle étoit réservée pour les robes prétextes de la premiere magistrature. Delà cette expression vestis purpura, pour signifier une robe éclatante, et au figuré, un Sénateur, un Consul.

7 Rafraichit ses bagues legeres. D'abord on ne porta qu'un seul anneau; puis un à chaque doigt: Martial, liv. x1. Epig. 1x. enfin un à chaque jointure du doigt. Peu-à-peu le luxe s'augmenta au point qu'on eut des anneaux pour chaque semaine. On verra dans la Satire VII qu'il y est question d'anneaux sémestres: on eut aussi des anneaux d'hiver et des anneaux d'été. Lampride remarque, chap. XXXII, que personne ne porta là-dessus le luxe aussi loin qu'Heliogabale', qui ne mit jamais deux fois le même anneau non plus que les mêmes souliers.

Les Romains avoient trois différentes sortes d'anneaux: la premiere servoit à distinguer les conditions; la seconde consistoit en anneaux d'épousailles ou de noces; et la troisiéme étoit destinée à servir de sceaux : ces derniers s'appelloient cerographi. Les Empereurs Romains, et Néron entr'autres, firent plusieurs réglemens à ce sujet : mais on cessa bientôt de les observer.

8 A la rencontre de ce délateur. Il s'agit ici d'un certain Regulus qui vivoit sous Domitien. Les proscriptions de Marius, de Sylla, et le Triumvirat, infecterent Rome de ces perfides, qui, par avarice, ou pour se venger, se rendoient accusateurs déclarés ou secrets de leurs concitoyens. Cette peste, qui fit tant de ravage, ne cessa que sous le regne de quelques bons Princes; car ils n'ont point de délateurs.

9 Ou qu'un Rhéteur prêt à monter sur la tribune de Lyon. Après que Caligula eut reçu dans Lyon l'honneur de son

troisiéme consulat, il y fonda toutes sortes de jeux, et en particulier cette fameuse Académie, Athenaum, qui s'assembloit devant l'autel d'Auguste, Ara Lugdunensis. C'étoit-là qu'on disputoit les prix d'éloquence grecque et latine, en se soumettant à la rigueur des loix que le Fondateur avoit établies. Une des conditions singulieres de ces loix étoit que les vaincus non-seulement fourniroient à leurs dépens les prix aux vainqueurs, mais de plus qu'ils seroient contraints d'effacer leurs propres ouvrages avec une éponge, et en cas de refus, qu'ils seroient battus de verges, et même précipités dans le Rhône. De là le proverbe de Juvénal.

Le temple d'Auguste, son autel, et l'académie de Caligula, dont parle Suetone, étoient dans l'endroit où est aujourd'hui l'Abbaye d'Aisnay, nom corrompu du mot Athenaum.

10 Quand je vois cet autre vainement condamné. Ce Marius, différent de celui qui défit les Cimbres et les Teutons, ayant été Proconsul d'Afrique, fut accusé de concussion la troisième année du regne de Trajan. Le Sénat le condamna, l'exila: mais la Province ne fut point indemnisée; la moitié des dépouilles qui lui avoient été ravies fut portée au fisc, le coupable retint l'autre, et mena une vie plus commode et plus licencieuse que dans son gouvernement. C'est à quoi il faut avoir égard pour entendre le sens de ces mots : et jouit de la colere des Dieux.

11 Commence à boire dès la huitiéme heure. Les heures qui partagent le jour en vingt-quatre parties égales, furent long-tems inconnues aux Romains. Ils ne régloient leurs jours que par le lever et le coucher du soleil. Ils divisoient les douze heures du jour en quatre: prime ou la premiere, qui commençoit à six heures du matin'; tierce ou la troisiéme, à neuf; sexte ou la sixième, à douze ou midi; et none ou la neuvieme, à trois heures après midi. Ils divisoient aussi les heures de la nuit en quatre veilles, dont chacune contenoit trois heures. Ils parvinrent ensuite, à l'aide d'une horloge hydraulique, à distinguer à-peu-près les douze heures du jour et celles de la nuit. La premiere heure du jour commençoit à nos six heures du matin; ainsi des autres. Le tems du souper, leur principal repas, étoit ordinairement entre la neuviéme et la dixiéme heure du jour, suivant leur maniere de compter, et selon la nôtre, entre trois et quatre heures après midi, ensorte qu'il leur restoit assez de tems pour la digestion, les amusemens, les soins domestiques, et même quelquefois pour un régal extraordinaire qu'ils appelloient comessatio. Il étoit indécent et de mauvais exemple de prévenir l'heure fixée pour le souper.

12 Quand un infame feignant de compter les solives. Mecène rendoit souvent visite à la femme d'un certain Sulpicius Galba, qui, pour faciliter ce commerce galant, feignoit de s'endormir en sortant de table. Un jour qu'un esclave vouloit profiter de cette occasion pour goûter

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