Obrázky na stránke
PDF
ePub

immuable fait chair, qui seul peut nous élever à ces objets de notre foi où notre intelligence n'atteint qu'à peine : voilà ce que vous ne voulez pas reconnaître. » (Cité de Dieu, X, 29.)

Il nous reste encore la traduction d'un livre de Porphyre par Victorinus; c'est celle de l'Isagoge (Introduction aux Catégories d'Aristote). Boëce nous a conservé ce travail en l'intercalant dans le commentaire qu'i a composé lui-même pour l'éclaircir, et qui est intitulé: In Porphyrium a Victorino translatum.

2o Quels sont les livres de Plotin et de Porphyre que saint Augustin paraît avoir lus?

Saint Augustin cite, en nommant formellement Plotin, quelquesuns des plus beaux livres des Ennéades, savoir :

Enn. I, liv. vi, Du Beau (Voy. notre t. I, p. 422);

Enn. III, liv. 11, De la Providence (t. II, p. 54);

Enn. IV, liv. III, Questions sur l'âme (t. II, p. 290, 557-558) 1; Enn. V, liv. 1, Des trois hypostases principales (t. I, p. 322). En outre, nous avons prouvé par de nombreux rapprochements que saint Augustin avait dû connaître les livres suivants:

Enn. I, liv. 11, Des Vertus (t. II, p. 544-546, et p. 590-591)2;
Enn. II, liv. 1, Du Ciel (t. I, p. 445);

Enn. III, liv. vi, De l'Impassibilité des choses incorporelles (t. II, p. 125-133);

Enn. III, liv. vII, De l'Eternité et du Temps (t. II, p. 549);

Enn. IV, liv. 11, Comment l'âme tient le milieu entre l'essence indivisible et l'essence divisible (t. II, p. 255, 257)3;

Enn. IV, liv. vII, De l'Immortalité de l'âme (t. II, p. 440-472); Enn. VI, liv. v, L'Être un et identique est partout présent tout entier (t. II, p. 553);

Enn. VI, liv. vi, Des Nombres (t. II, p. 125, note 1, fin).

Quant à Porphyre, saint Augustin cite de lui le livre intitulé Retour de l'âme à Dieu, la Philosophie des oracles et la Lettre à Anébon (Cité de Dieu, X, XI, XIX).

Nous avons en outre indiqué ci-dessus (p. 545) qu'on trouve dans saint Augustin un passage tiré textuellement des Principes de la théorie des intelligibles.

1 S. Augustin cite encore ce livre en désignant Plotin conjointement avec Porphyre par l'expression doctissimi homines. Voy, notre tome 11, p. 305. 2 Même observation pour ce livre, p. 546, note 6. 3 Même observation pour ce livre, p. 588, note 7. 4 Nous reviendrons sur ce rapprochement

dans le volume suivant.

II.

[blocks in formation]

B. Victorinus a développé dans son Traité contre Arius
des idées empruntées à Plotin.

Victorinus ne s'est pas borné à traduire des livres de Plotin et de Porphyre, comme nous venons de le prouver par le témoignage de saint Augustin et par celui de Boëce. Il a encore, dans son Traité contre Arius, développé des idées qui sont évidemment empruntées aux Ennéades, et, le premier en Occident, il paraît avoir donné l'exemple de faire servir la doctrine néoplatonicienne à la défense de la foi. Sous ce rapport, son ouvrage offre une étude curieuse. On y passe continuellement de l'explication de textes de l'Ecriture sainte à des arguments tirés des livres de Plotin et de Porphyre, et dans une foule de passages, hérissés d'ailleurs de termes grecs propres à la langue des Néoplatoniciens, on croit lire une traduction littérale plutôt qu'une œuvre originale. Au reste, Victorinus indique lui-même qu'il a fait des emprunts aux philosophes.

<< Dieu est la cause de toutes les essences; par conséquent, il est toutes choses. Il est donc la vie et l'intelligence considérées comme produisant toujours intérieurement ce qu'on nomme être, c'est-àdire vivre1. Ainsi, pour Dieu, vivre, c'est être. Donc, être un et être tout-puissant, c'est, pour Dieu, être toutes choses. Mais si Dieu se produit intérieurement lui-même, ou plutôt s'il se produit par la vie et l'intelligence, comment ces choses [la vie et l'intelligence] ont-elles pu se manifester au dehors? Qu'est-ce qu'être dedans et qu'être dehors pour le Verbe? Des philosophes et des hommes versés dans la connaissance de l'Écriture sainte ont examiné ce que sont ces choses [la vie et l'intelligence] et où elles sont : ce qu'elles sont, pour que nous expliquions comment elles existent; où elles sont, pour que nous expliquions si elles existent en Dieu ou bien en dehors de lui et dans les autres êtres, ou bien en lui et partout 2. Nous avons exposé ces choses dans d'autres livres d'une manière suivie et complète. Nous allons maintenant les résumer brièvement.

> Avant l'Étre et avant le Verbe est cette puissance d'exister qu'on exprime par esse (être), en grec rò siva, etc.» (Adversus Arium, I, p. 285) 5.

1 Voy. le passage de l'Ennéade VI cité ci-dessus, p. 229, note 1. 2 La fin de cette phrase rappelle le titre des livres iv et ▾ de l'Ennéade VI: L'Ètre un et identique est partout présent tout entier. 3 Hæc quidem nos in

» aliis libris exequenter pleneque tradidimus. » — 4 Plotin a dit ci-dessus (p. 247) que l'Intelligence est inférieure à l'Un, parce que son bien consiste à penser, non à subsister. - 5 Dans l'édition que nous avons entre les mains, le texte

Voici maintenant la traduction du morceau de Victorinus que le P. Thomassin, ainsi qu'on l'a vu ci-dessus (p. 555), cite comme contenant des idées empruntées à la doctrine néoplatonicienne sur l'unité et l'incompréhensibilité de Dieu, et qui se rapporte par conséquent aux livres vIII et Ix de l'Ennéade III.

<< Avant toutes les choses qui existent véritablement a existé l'Un, ou l'Unité, ou l'Un absolu, avant qu'il y eût en lui l'être un. Il faut en effet appeler l'Un, et concevoir comme tel, ce qui n'implique aucune différence, l'Un seul, simple, antérieur à toute essence, à toute entité, et surtout à toutes les choses inférieures, à l'être même, l'Un préexistant à l'être, par conséquent à toute essence, à toute entité, à toute existence, à tout ce qui est supérieur même; l'Un sans essence, sans existence, sans intelligence. Car l'Un est au-dessus de tout: il est infini, invisible, incompréhensible universellement et pour les choses qui sont en lui, et pour celles qui sont après lui, et pour celles qui procèdent de lui. Il n'est compréhensible que pour lui-même; il est défini par son existence même. Il n'est pas un acte, en sorte que l'existence et la connaissance de lui-même ne sont pas en lui autre chose que lui-même. Il est indivisible sous tous les rapports; il est sans figure, sans qualité, sans couleur, sans espèce, sans forme d'aucun genre, quoiqu'il soit la forme par laquelle sont formées toutes les essences universelles et particulières. Il est la cause première de tous les principes, le principe de toutes les intelligences, l'intelligence transcendante de toutes les puissances, la force plus puissante que le mouvement, plus stable que le repos: car il est repos par un mouvement ineffable, et mouvement transcendant par un repos également ineffable. » (Adv. Arium, I, p. 267-268.)

Dans les lignes qui précèdent, Victorinus se borne à développer ce que Plotin avait déjà dit sur ce point:

<< Si vous contemplez l'Unité des choses qui existent véritablement, c'est-à-dire leur principe, leur source, leur puissance productrice, pouvez-vous douter de sa réalité et croire que ce principe n'est rien? Sans doute ce principe n'est aucune des choses dont il est le principe: il est tel qu'on ne saurait en affirmer rien, ni l'être, ni l'essence, ni la vie, parce qu'il est supérieur à tout cela. » (Enn. III, liv. vi, § 9, p. 234.)

Les dernières lignes de Victorinus rappellent ce que Plotin dit sur l'Un supérieur au repos et au mouvement, par conséquent à la pensée:

de Victorinus contient des fautes typographiques assez nombreuses qui ajoutent encore à la barbarie et à l'obscurité du style de l'auteur.

< Le Premier est la puissance du mouvement et du repos; aussi est-il supérieur à ces deux choses. Le second principe se rapporte au Premier par son mouvement et par son repos : il est l'Intelligence, parce que, différant du Premier, il dirige vers lui sa pensée, tandis que le Premier ne pense pas. Le principe pensant est double [parce qu'il comprend la chose pensante et la chose pensée]; il se pense lui-même, et, par cela même, il est défectueux, parce que son bien consiste à penser, non à subsister (ovz iv tỷ ÚKOOTÚCE(). (Enn. III, liv. 1x, no 7, p. 245.)

Citons encore le passage suivant de Victorinus :

>

« Quelques-uns ont dit que Dieu est un et tout, et n'est pas un1. Affirmer que Dieu est un et tout et n'est pas un (car il est le principe de tout), c'est déclarer que Dieu est le père et le principe de toutes choses. Par cela même que Dieu n'est pas un, il est d'autant mieux toutes choses, parce qu'il est la cause et le principe de tout, et qu'il est toutes choses en toutes choses... Quand on dit que toutes choses sont dans l'Un, ou que l'Un est toutes choses 2; quand on dit que l'Un est toutes choses et en même temps n'est pas un, n'est pas toutes choses; alors Dieu devient infini, inconnu, incompréhensible, inconcevable, il devient véritablement dopustiz, c'està-dire infinité, indétermination 3. En effet, il devient l'être de tout, la vie de tout, l'intelligence de tout; il est ainsi un, de telle sorte que sa conception n'admet aucune différence. Mais, d'un autre côté, il n'est pas un, sous ce rapport qu'il est le principe de toutes choses, par conséquent, le principe de l'unité même. Par là nous sommes forcés de dire de Dieu que son être, sa vie, son intelligence, sont incompréhensibles; et non-seulement que son être, sa vie, son intelligence, sont incompréhensibles, mais encore que ces choses paraissent ne pas exister en lui, parce qu'il est supérieur à tout. Il s'ensuit qu'on l'appelle ¿vúñaρxτos, ¿vovσios, üçwv, c'est-àdire sans existence, sans essence, sans vie, non par σTÉρNOIS, c'est-à-dire par privation, mais dans un sens transcendant. Car toutes les choses que le langage peut nommer sont au-dessous de lai. De là vient qu'il n'est pas v (être), mais рò-ôν (antérieur à l'être). » (Adv. Arium, IV, p. 286.)

[ocr errors]

1 Voy. Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, S xD; t. I, P. LXXXI -2 Voy. Plotin, Enn. III, liv. tx, no 4, p. 243. -3 Voy. Enn. II, liv. Iv, § 15; t. I, p. 220-221. Voy. le morceau du P. Thomassin que nous avons cité ci-dessus, p. 249, note 1, et dans lequel ce savant théologien explique le véritable sens de cette doctrine. 5 Voy. le passage d'Euloge que nous avons cité ci-dessus, p. 246, note 2.

QUATRIÈME ENNÉADE.

LIVRE PREMIER.

DE L'ESSENCE DE L'AME.

Ce livre est le quatrième dans l'ordre chronologique.

Ce n'est guère qu'un énoncé sommaire des idées que Plotin développe dans les livres I, II et iv.

LIVRE DEUXIÈME.

COMMENT L'AME TIENT LE MILIEU ENTRE L'ESSENCE INDIVISIBLE ET L'ESSENCe divisible.

Ce livre est le vingt-unième dans l'ordre chronologique. Il a été traduit en anglais par Taylor: Select Works of Plotinus, p. 309-318, sous ce titre : On the essence of the Soul.

Dans la Vie de Plotin, Porphyre donne à ce livre deux titres différents: 1o Comment l'âme tient le milieu entre l'essence indivisible et l'essence divisible (§ 4, p. 6); 2o De l'Essence de l'âme, 11 (§ 24, p. 30). Nous avons préféré le premier titre, parce qu'il indique mieux le contenu de ce livre.

Comme nous en avons déjà averti en note, p. 253, Creuzer a placé, par erreur, à la suite de ce livre un morceau de Plotin sur l'entéléchie. Nous avons reporté ce morceau au livre vii, auquel il appartient, comme nous l'expliquons ci-après, p. 602.

Pour les autres Remarques auxquelles ce livre donne lieu, Voy. les notes qui accompagnent la traduction. Nous avons indiqué (p. 255, 257, 588, note 7) les emprunts que saint Augustin a faits à cet écrit.

« PredošláPokračovať »