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montains et du droit divin. « Ses divers articles ont tous été dictés par cette ardeur de zèle et cette supériorité de talent qui ne souffrent guère de comparaison : mais il nous semble cependant que l'auteur a trop voulu, dans quelques-uns de ses écrits, combattre l'esprit démocratique par l'aristocratie, l'incrédulité par l'intolé

rance, les horribles maximes de la Révolution par les innovations qui ne seraient

a'il s'avisa d'attaquer, dans plusieurs articles insérés au Drapeau blanc, M. Frayssinous, grand-maître de l'Université, sur la plainte de celui-ci, ou du moins à son instigation, les tribunaux s'en mêlèrent. Ce premier procès de l'auteur de l'Essai sur l'indifférence» émut vivement la curiosité publique. On s'évertuait en conjectures sur la manière dont le ministère pourrait s'y prendre pour faire justice au corps universitaire, sans attaquer directement un homme du talent, du caractère et du rang de l'abbé de La Mennais. L'on n'était pas moins inquiet de savoir quelle serait l'atti

pas sans danger, les monstruosités enfin b tude de ce fameux accusé, surtout depuis que, parais

du XVIIe siècle par les paradoxes du xv. Il nous paraît aussi avoir trop confondu l'autorité en elle-même et prise dans sa source, laquelle très-certainement vient de Dieu, créateur et conservateur de toute société humaine, avec l'exercice de cette même autorité, que le Très-Haut a incontestablement laissé à l'arbitrage des peuples, aux différents gouvernements des

sant relever avec fierté le gant que lui jetait son puissant adversaire, il avait écrit ces mots: Eh bien, l'on verra ce que c'est qu'un prêtre! Cependant l'attente publique fut doublement trompée, et M. de La Mennais, profitant du bénéfice de la législation qui admet des éditeurs responsables, laissa tomber l'arrêt du tribunal sur le sieur Pesson de la Maison-Neuve, éditeur du « Drapeau blanc », qui se défendait pourtant d'une manière assez péremptoire en alléguant que l'article incriminé était signé en toutes lettres du nom de l'auteur. A la vérité la peine encourue par cet éditeur se

quels (sauf l'anarchie et le despotisme, e borna à quinze jours de prison et à cent cinquante qui ne sont que la privation de tout ordre politique), la religion catholique applique elle-même son sceau vivifiant et divin des qu'ils sont une fois établis. »>

Ainsi s'exprimait, en 1824, un savant et respectable prêtre, compatriote du fameux abbé de La Mennais, l'abbé F.-G.-B. Manet, auteur de la « Biographie des Malouins célèbres ». M. Manet n'avait point à s'occuper de son compatriote dès 1826, car alors il est à présumer qu'il eût été moins indulgent pour lui.

Il est vrai que M. l'abbé Manet met en note du passage que nous venons de citer une opinion en faveur du droit divin, depuis longtemps repoussé par M. de La Mennais lui-même, mais n'en faisant pas néanmoins la censure du prêtre apostat qui, après s'être fait plus papiste que le Pape, a été plus tard plus sansculotte que le voyou.

« Ce serait une grande erreur de penser que les monarchies absolues reposent essentiellement sur le dogme absurde et impie de la souveraineté du peuple, et sur ce pacte mesquin et imaginaire qu'ont rêvé les philosophes du dix-huitième siècle. Les unes et les autres sont basées sur la loi éternelle de celui qui nous a fait dire par son apôtre (Rom., 13, v. I, etc.) : « Qu'il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu; que c'est lui qui a établi toutes celles qui sont sur terre; qu'ainsi, s'opposer à ces puissances, c'est résister à l'ordre du Très-Haut même », qui les fait toutes parvenir au degré où elles sont, ou par sa volonté expresse lorsque les moyens d'y arriver sont légitimes, ou du moins par sa permission lorsqu'il y a quelque chose d'injuste et de vicieux dans ces moyens ; en un mot, que le prince, dans sa haute magistrature, n'est pas le ministre du peuple, mais le ministre de Dieu, tant pour favoriser dans le bien, que pour exécuter sa vengeance contre ceux qui font mal.

Biogr. des Malouins célèbres, p. 246-47. Dans les quatre journaux que nous avons cités, M. F. de La Mennais avait poursuivi, avec persévérance, la mission réformatrice qu'il s'était imposée, en faveur de l'unité catholique et de l'autorité papale.

Jusque là l'administration, bien que mécontente de la chaleur de sa controverse, avait bien voulu ne la considérer que comme spéculative. Mais lorsque, en 1823,

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francs d'amende. Pour cette amende, quelque légère qu'elle fût, le peu intéressé M. de La Mennais n'en persista pas moins à se soustraire, aux dépens d'un autre, aux conséquences de ses hardies manifestations. Dans l'article qui motiva cette condamnation, on lisait entre autres passages qui semblaient empreints de l'exagération la plus violente, les lignes mensongères que voici: « Il existe en France des maisons soumises, d'une matière plus ou moins directe, à l'Université, et où les enfants sont élevés dans l'athéisme pratique et dans la haine du Christianisme dans un de ces horribles repaires du vice et de l'irréligion, on a vu trente élèves aller ensemble à la table sainte, garder l'hostie consacrée, et en cacheter les lettres qu'ils écrivaient à leurs parents ». On y lisait encore qu'une « race impie, dépravée, révolutionnaire, se forme sous l'influence de l'Université ». Malgré l'issue du procès dont nous venons de parler, M. de La Mennais n'échappa point complétement aux effets du ressentiment qu'il avait provoqué, et il fut frappé dans la personne d'un frère qu'il aime tendrement. Ce dernier, M. J.-M. de La Mennais, alors vicaire de la Grande-Aumônerie, fut destitué à cette 'occasion (1). Quoi qu'il en soit, Rome gardait à l'éloquent défenseur de l'unité catholique et de l'autorité papale de flatteurs dédommagements; en effet, dans un voyage qu'il fit l'année suivante (1824), à la capitale du monde chrétien, il fut accueilli et fêté comme aurait pu l'être un homme de la première distinction dans la hiérarchie. On a été jusqu'à dire que le Pape lui offrit le chapeau de cardinal, qu'il ne put lui faire accepter, et cet exemple d'une grandeur d'âme toute chrétienne

(4) L'abbé de La Mennais n'a jamais accepté ní demandé aucune fonction du Gouvernement. L'indépendance est la compagne du génie » (Biographie de l'abbé de La Mennais, par l'abbé Gerbet). Les apôtres du désintéressement du clergé et de la séparation de l'Eglise et de l'Etat devaient donner, ce semble, une meilleure raison que celle-là. Quoi qu'il en soit, le frère Félix etait parvenu à introduire le frère Jean à la Grande-Aumônerie; et telle fut un moment la puissance de la coterie, que le directeur de la police lui-même venait à bout d'empêcher l'impression d'un ouvrage de l'abbé Baston contre elle.

ne surprit pas ceux qui se souvinrent que sous le mi-atholiques» et dans plusieurs autres petits recueils à

nistère de M. Decazes, M. l'abbé de La Mennais avait déjà refusé un évêché ! Qui connaît l'orgueil, l'ambition démesurée et l'intérêt de ce prêtre, ne croira point à cette assertion. Il est pourtant vrai qu'après la soumission apparente de M. de La Mennais au Saint-Siége, en 1833, le généreux, le confiant archevêque de Paris était allé jusqu'à offrir au prètre renouvelé des lettres de grand-vicaire, qu'il refusa. L'infidèle avait déjà dit dans son cœur Il n'y a point de prêtre ! » On a dit aussi qu'en 1823, il avait été sur le point d'être Dommé député par un arrondissement dans la province de Bretagne; mais nous garantissons d'autant moins l'authenticité du fait, que les conditions du cens et de l'age, qui manquaient à M. de La Mennais, le rendent pa vraisemblable ». Disons pourtant encore pour combattre l'une de ces deux dernières assertions que M. de La Mennais est né en 1782; qu'en 1825 il avait quarante-un ans, et qu'à cette époque il avait largement l'âge d'éligibilité. « M. de La Mennais a successivement écrit dans tous les journaux depuis 1814. Après 1830, le prêtre ultramontain ayant ajouté une seconde qualité à la première, celle de démagogue, non-seulement ne se borna plus à écrire dans les journaux reli.. gieux, mais il écrivit encore dans les journaux profanes et même révolutionnaires. Il fonda, en 1830, le journal l'Avenir» (16 octobre 1830 3 novembre 1831) dont les doctrines subversives furent attaquées par tous les amis de nos libertés gallicanes.

Seize propositions des articles de ce journal ont été ensurées par les autorités ecclésiastiques et confirmées par le Saint-Siége. La plupart des articles où ces prositions sont contenues ont été rassemblés dans les M-langes catholiques » (Paris, 1831, 2 vol. in-8). II fant pourtant observer que certains articles de « l'Avenir que l'autorité ecclésiastique a cru dignes de censure, ou ne se trouvent pas dans ce recueil, ou y ont été essentiellement altérés, quoique son titre annonce des extraits de l'Avenir », et que les éditeurs déclarent dans la préface, que c'est là ce qu'ils ont fait, qu'ils ne le cachent à personne; qu'on n'aura pas de eine de chercher çà et là leurs pensées pour les leur reprocher ». (Censure, page iv.)

En 1833, il écrivit dans la « Revue catholique »; de 1833 à 1838 il fournit à la « Revue des Deux Mondes quelques articles de politique, et surtout les premiers fragments de ses « Paroles d'un croyant »>, detestable et dangereux ouvrage qui lui valut de la part des critiques modérés le nom de Condorcet ecclésiastique. Du 10 février au 4 juin 1837, il fournit des articles au journal le Monde ». Il prit aussi part a la rédaction d'un recueil fondé par l'un des hommes qui a le plus mis la France en péril par ses dangeTeases utopies, M. Louis Blanc, la « Revue du progrès politique, social et littéraire » (1er juin 1839). Enfin, lorsqu'après avoir jeté le froc aux orties, notre abbé eut pris le parti de se faire l'apôtre de la démagogie la mieux prononcée, il fonda ce qu'il a intitulé, satanique. ment, Le Peuple constituant >> (1848).

M. de La Mennais n'est pas homme à laisser une page se perdre dans un recueil soit religieux ou politique. Il sait qu'avec des pages, on fait des feuilles, et avec des feuilles des volumes qu'une classe de lecteurs achète. Or, il faut qu'on le sache, M. de La Mennais est son propre marchand; les libraires ne sont que ses commis, sauf pour << l'Imitation de Jésus-Christ » dont ila aliéné la propriété pour six ans; aussi est-on sûr de trouver reproduit dans l'un ou l'autre des trois volumes de ses « Mélanges », dans les « Mélanges ca

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l'usage de ce bon peuple qu'il aime tant, parce qu'il achète ses anarchiques rêveries, tous les articles qui ont été publiés dans les journaux, depuis et y compris le << Conservateur » jusqu'au « Peuple constituant »>, distance énorme !

Nos lecteurs ne liront pas sans intérêt les adieux qu'à deux époques différentes le prêtre journaliste a adressés à ses abonnés, les premiers, comme ultramontain, renfermant un appel aux catholiques à la révolte, et les derniers, comme démagogue en surplis, un autre appel à l'écume de la société française contre le Gouvernement accepté par les gens honnêtes.

Suspension de « l'Avenir », 15 novembre 1831. No 28.

<< Les catholiques ont commencs, depuis un an, un grand combat, qui finira, s'ils persévèrent, par le plus beau triomphe qui ait jamais été accordé à des efforts humains. Le monde leur devra la liberté, non pas cette liberté menteuse et destructive qu'on suit à la trace du sang, et qui, après d'horribles dévastations, aboutit à planter un sabre sur des ruines; mais une liberté réelle, fondée sur le respect des droits, inséparable de l'ordre, Cpure comme le ciel où elle recevra son dernier développement, sainte comme Dieu, qui en a gravé l'ineffaçable désir dans le cœur de l'Homme. Alors, et alors seulement, le Christianisme, dégagé des nuages qui le voilent, apparaîtra de nouveau à l'horizon de la Société comme l'astre qui l'éclaire, l'échauffe, la vivifie, et les peuples, tournant vers lui leurs regards, accompagneront sa course magnifique de leurs chants de joie et des hymnes sans cesse renaissants de leur amour. Car il ne faut pas s'y méprendre, si la foi languit, si la Religion n'inspire à plusieurs qu'un superbe dédain ou une pitié amère, c'est que là où les gouvernements la tiennent sous leur dépendance, elle a perdu dans la servitude son caractère natif de grandeur et tout ensemble cette fécondité qui, s'épanchant en bienfaits inépuisables, suivait, en quelque sorte, dans leurs plus secrètes voies, nos misères pour les réparer ; c'est qu'impuissante à défendre les droits que Jésus-Christ a rendus aux fils d'Adam dégénérés, au lieu de rétablir sur leur front le sceau divin, elle semble elle-même, sous les fers qui la dégradent, porter l'empreinte de leur faiblesse et de leur caducité. En la voyant telle qu'ils l'ont faite, ou telle qu'ils ont souffert qu'on la fit, les hommes ont Crougi de cette œuvre de l'Homme.

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Mais que les catholiques ne l'oublient point, ce n'est pas en un jour qu'ils briseront ces vieilles chaînes. Partout la puissance humaine les serre convulsivement dans sa main, persuadée qu'elle ne peut vivre, si la pensée, si la conscience est libre. Mais cette main se lassera: déjà ses forces s'épuisent; et c'est pourquoi, le pouvoir pressentant la fin de son insolente domination sur ce qui n'a pas été soumis à son empire, tend, si l'on peut dire, tous ses muscles pour retenir ce qui lui échappe, et perpétuer sa tyrannie par un effort désespéré. De là ce qui se passe en France. Le ministère

travaille à réaliser de fait la Constitution civile du clergé, en s'y substituant à la place du peuple dans la nomination des évêques et des curés. Il cherche à s'emparer de l'admistration temporelle des séminaires, en attendant qu'il envahisse l'administration spirituelle, par le choix qu'il s'attribuera des directeurs et des professeurs. Et il ne s'arrêtera pas là: M. de Montalivet, dans son ivresse de despotisme, ne se croit-il pas autorisé à désigner les livres de religion dont on devra faire usage dans les écoles primaires du monopole ! Il s'est mis dans la tête qu'en France tous les enfants lui

appartenaient, que c'est à lui, à lui seul de régler leur foi, de former leur intelligence, afin de les rendre à la patrie purs de toute superstition, et l'on sait ce que ce mot signifie dans sa bouche. Les mêmes précautions, n'en doutez pas, seront prises pour tous les degrés de l'enseignement. On remontera jusqu'aux évêques; car il faut aller jusqu'à eux pour en finir avec la superstition. Déjà dépouillés du droit de nommer des vicaires-généraux, des chanoines, des curés qui aient leur confiance, on essaiera de leur dicter leurs mandements, leurs circulaires, leurs lettres pastorales. Esclaves jusque dans l'intérieur même de leurs églises, on les forcera, lorsqu'on le trouvera bon, à les déserter pour faire place à des schismatiques ; et puis, après les avoir souillées par mesure de police, on leur dira froidement : Rentrez, nous vous le permettons. Le ministre prescrira jusqu'aux détails du culte; on priera, ou l'on ne priera pas à telle heure ou à telle autre heure, selon qu'il lui plaira de l'ordonner. Que sais-je, enfin? et je ne dis pas ce qui sera; je dis ce qui est, je raconte ce que la France a sous les yeux, ce qui soulève d'indignation quiconque a un cœur d'homme. Non, non, les catholiques n'accepteront pas le joug infâme qu'on tente de leur imposer; ils broieront cette tyrannie, et dans sa poussière ils planteront la liberté qui sera leur salut et le salut du monde. Trop longtemps ils se sont courbés sous la verge de leurs oppresseurs, trop longtemps ils ont dormi du sommeil de l'esclave que leur réveil marque dans l'Histoire une époque aussi glorieuse que le règne de leurs tyrans est exécrable et flétrissant pour l'humanité. Lorsque leur voix hardie, puissante, s'élèvera comme la tempête qui frappe les créneaux d'une antique prison, elle pénétrera là où reposent les vieux héros chrétiens; et dans la tombe où ils descendirent usés de travaux et de combats, leurs ossements s'agiteront.

« Et nous qui disons ceci, nous qui appelons nos frères, de toute la force de notre amour pour la plus sainte des causes, à la défense de ce qui leur est, comme à nous, plus cher mille fois que la vie, est-ce donc que nous délaisserions cette cause sacrée? Que Dieu nous préserve d'une telle honte! Si nous nous retirons un moment, ce n'est point par lassitude, encore moins par découragement; c'est pour aller, comme autrefois les soldats d'Israël, consulter le Seigneur en Silo (1). On a mis en doute notre foi et nos intentions mêmes, car, en ce temps-ci, que n'attaque-t-on point? Nous quittons un instant le champ de bataille, pour remplir un autre devoir également pressant. Le bâton du voyageur à la main, nous nous acheminerons vers la chaire éternelle; et là, prosternés aux pieds du pontife que Jésus-Christ a préposé pour guide et pour maître à ses disciples, nous lui dirons : 0 père, daignez abaisser vos regards sur quelques-uns d'entre les derniers de vos enfants qu'on accuse d'être rebelles à votre infaillible et douce autorité : les voilà devant vous; lisez dans leur âme, il ne s'y trouve rien qu'ils veuillent cacher; si une de leurs pensées, une seule, s'éloigne des vôtres. ils la désavouent, ils l'abjurent. Vous êtes la règle de leurs doctrines; jamais, non, jamais ils n'en connurent d'autre. O père, prononcez sur eux la parole qui donne la vie, parce qu'elle donne la lumière, et que votre main s'étende pour bénir leur obéissance et leur amour. »

(1) En termes moins poétiques et plus vrais, M. de La Mennais se sauvait pour éviter une prise de corps, comme spéculateur malheureux. Voyez la note de la col. 562.

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Quant au « Peuple constituant», no 134, portant la date du 11 juillet 1848, numéro, comme on le sait, qui portait un cadre noir à la première page, vraisemblablement en signe de deuil de la démagogie, voici deux articles qu'on lit à la première colonne :

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Avis. --«Le cautionnement imposé aux journaux ne nous permettant pas de continuer le nôtre, nous prévenons nos abonnés qu'à partir de ce jour ils recevront le journal « la Réforme » à la place du Peuple Constituant», suspendu forcément. Que nos lecteurs reçoivent, avec nos fraternels adieux, l'expression de notre reconnaissance. Leurs sympathies nous ont soutenu, encouragé dans la tâche, souvent difficile et rude, que nous nous étions imposée. Puissent-ils nous rendre ce témoignage, que nous n'avons point failli à nos devoirs! Maintenant nous sommes dans les jours mauvais : i en viendra de meilleurs. Désespérer de la France serait un sacrilége. »

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Paris, 10 juillet. Le « Peuple Constituant a commencé avec la République, il finit avec la République. Car ce que nous voyons, ce n'est pas, certes, la République, ce n'est même rien qui ait un nom : Paris même à une faction qui en a fait son instrument; les est en état de siége, livré au pouvoir militaire, livré luicachots et les forts de Louis-Philippe encombrés de 14,000 prisonniers, à la suite d'une affreuse boucherie organisée par des conspirateurs dynastiques devenus, le lendemain, tout-puissan!s; des transportations sans jugement, des proscriptions telles que 93 n'en fournit pas d'exemple; des lois attentatoires au droit de réunion, détruit de fait; l'esclavage et la ruine de la presse, par l'application monstrueuse de la législstion monarchique remise en vigueur; la garde nationale désarmée en partie; le peuple décimé et refoulé dans sa misère, plus profonde qu'elle ne le fut jamais non, encore une fois, non, certes, ce n'est pas là la République, mais, autour de sa tombe sanglante, les saturnales de la réaction. »

:

« Les hommes qui se sont faits ses ministres, ses serviteurs dévoués, ne tarderont pas à recueillir la récompense qu'elle leur destine et qu'ils n'ont que trop méritée. Chassés avec mépris, courbés sous la honte, maudits dans le présent, maudits dans l'avenir, ils s'en iront rejoindre les traitres de tous les siècles dans le charnier où pourrissent les âmes cadavéreuses, les consciences mortes. »

Mais que les factieux ne se flattent pas non plus d'échapper à la Justice inexorable qui pèse les œuvres et compte les temps. Leur triomphe sera court. Le passé qu'ils veulent rétablir est désormais impossible. A la place de la royauté, qui, à peine debout, retomberait d'elle-même sur un sol qui refuse de la porter, ils ne parviendront à constituer que l'anarchie, un désordre profond, dans lequel aucune nation ne peut vivre, et de peu de durée dès lors. En vain ils essaieraient de le prolonger par la force. Toute force est faible contre le droit, plus faible encore contre le besoin d'être. Cette force, d'ailleurs, où la trouveraient-ils? Dans l'armée? L'armée de la France sera toujours du côté de la France. »

Quant à nous, soldats de la presse, dévoués à la défense des libertés de la patrie, on nous traite comme le peuple, on nous désarme. Depuis quelque temps, notre feuille, enlevée des mains des porteurs, était déchirée, brûlée sur la voie publique. Un de nos vendeurs a mème été emprisonné à Rouen, et le journal saisi sans aucune formalité. L'intention était claire; on voulait à tout prix nous réduire au silence. On y a réussi par le cautionnement. Il faut aujourd'hui de l'or, beau

cap d'or, pour jouir du droit de parler: nous ne' a sommes pas assez riche. Silence au pauvre ! »>

LA MENNAIS.

Tant de fiel entre-t-il dans l'âme des dévots!

Ajoutons, pour en finir avec la carrière de journaliste de M. F. de La Mennais, qu'après avoir semé le desordre et l'anarchie dans le « Peuple Constituant », il est allé mourir ignominieusement dans le plus plat libelle de ces temps, dans la Réforme», dans un nouveau journal intitulé « la Révolution démocratique et

X. ÉDITIONS DUES AUX SOINS DE M. DE LA MENNAIS.

(M. DE LA MENNAIS LIBRAIRE.)

CLXVIII. Bibliothèque des Dames chrétiennes (1). Paris, de l'impr. de P. Didot aîné. — A la librairie grecque-latine-alle

sociale» (novembre 1848) et dans divers Almanachs mande, puis Lesage, rue du Paon, n. 8,

démocratiques et socialistes !!!

IX. OEUVRES.

CLXVII. OEuvres complètes. Paris, Cailleur, 1836-37, 12 vol. in-8, 78 fr.

Composition de cette édition: T. I à IV. Essai sur l'indifference en matière de religion. T. V, Défense de l'avrage précédent. T. VI, Réflexions sur l'état de l'Eguise et Mélanges. T. VII, De la Religion considérée... T. VIII, (Nouveaux) Mélanges religieux et philosophiques. T. IX, Des Progrès de la Révolution. T. X, Jourwinx (Troisièmes Mélanges de l'auteur), T. XI, Paroles d'un croyant. T. XII, Affaires de Rome.

- Les mêmes. Paris, Pagnerre, 1844 et années suivantes, 11 vol. in-18 gr. jésus vél., 38 fr. 50.

Comme toutes les éditions des (Euvres d'un auteur publiées de son vivant, ces deux éditions présentent d-ax inconvénients: d'abord de n'être pas complètes, ensai'e d'être classées dans un mauvais ordre.

L'édition en 11 volumes in-18 est néanmoins plus complete que celle de 1836-37, 12 volumes in-8, qui ne renferme aucun des ouvrages et écrits publiés depuis et y compris le Livre du peuple », c'est-à-dire de 4838 à 1844.

On peut se procurer chaque ouvrage séparément à 3 fr. 50 c. le vol.

Tous les ouvrages de M. La Mennais seront successivement publiés dans le format de cette nouvelle éditen, la seule véritablement complète et qui joint esure à l'avantage d'un extrême bon marché, le méte d'une exécution typographique très-soignée, d'un agn.fique papier vélin superfin et d'un format dont Félégance et la commodité ont depuis longtemps assuré le surces.

L'edition Pagnerre renferme quelques morceaux que nous n'avons pas trouvés imprimés autre part. Ainsi Fon en trouve un intitulé « Liberté d'enseignement » (à la fin du t. V): ceux-ci : « Processions, - Sépulture, Aumônes (au t. VII). Les Morts» (au t. X). Le t. XI contient les « Evangiles ».

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1820-24, 20 vol. in-32, ornés de gravures d'après les dessins de Bouillon, 100 fr.

M. de La Mennais a fourni à cette collection plusieurs des traductions d'opuscules qui en font partie; des préfaces, et quelques morceaux originaux, entre autres: Un dialogue sur le danger du monde dans le premier âge », lequel a été depuis réimprimé à part. La plus grande partie de tout ce qui lui appartient en propre a été reproduite dans l'un ou l'autre volume de ses < Mélanges ».

Voici, du reste, comment est composée cette collection :

1. L'Imitation de Jésus-Christ, traduction nouvelle, par E. de Genoude; augmentée d'une Préface et de Réflexions à la fin de chaque chapitre, par M. F. de La Mennais, 1820, 1 volume avec 6 gravures.

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(4) Un écrivain si haineux, a dit M. Madrolle, ne saurait être auteur ascétique. Il a mis son nom, mais pas son âme, ni même sa plume, à la plus grande partie des ouvrages cités par nous sous les numéros I à VI, à la Bibliothèque des Dames chrétiennes, etc. Pour nous, nous croyons que la publication de ces petits ouvrages avait moins un but pieux, que la création d'un fonds de librairie. On se rappelle qu'à l'exemple de l'abbé Ganilh, éditeur de la « Bibliothèque catholique », et de quelques autres abbés qui s'étaient faits marchands. M. de La Mennais, vers 1820, se fit libraire, en société avec M. B. de Saint-Victor, d'abord sous la raison Lesage, ensuite sous celle de Belin-Mandar et Devaux. « L'abbé de La Mennais est entré en pure perte dans toutes sortes de spéculations, indignes, je ne dirai pas, dit M. Madrolle, du sacerdoce et de la pure philosophie, mais de la noblesse bretonne, à laquelle il prétend appartenir. » M. de La Mennais éprouva peu après un malheur plus grand et une peine plus sensible

- OEuvres choisies politiques et philo-par la rupture de ses liaisons avec l'homme de lettres sophiques. Paris, le même, 1837-41, 10 v. in-32 sur jésus vélin.

Cette petite édition contient les ouvrages suivants, que l'on peut se procurer séparément : Livre du peuple, 1 vol., 1 fr. 25 c.; Paroles d'un croyant, 1 vol,, Politique à l'usage du peuple, 2 vol., 2 fr. Questions politiques et philosophiques, 2 v., = fr. 50 c.; — De l'Esclavage moderne, 1 vol., 75 c., De la Religion, 1 vol., 1 fr. 25 c. - Du passé et de l'avenir du peuple, 1 vol., 1 fr. 25 c. Une voix de prison, 1 vol., 75 c.

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qui, après l'avoir entraîné dans une entreprise littéraire et de librairie, abusa de sa confiance, et compromit sa signature pour une somme qui représentait la valeur de toute la fortune de son généreux associé. La perte fut si énorme, que M. de La Mennais dut souscrire à M. Belin-Mandar des billets de commerce une seule fois pour 60,000 francs, qui ont entraîné sa condamnation, même par corps, à la requête de M. de La Bouillerie, et par contre-coup, la cessation de l'Avenir, et la fuite à Rome. (Voy. «l'Ami de la Religion» du 20 décembre 1831.)

Le morceau inédit de Bourdaloue est l'Instruction pastorale » donnée le 30 octobre 1688 à madame de Maintenon, et dont une première édition a été publiée séparément en 1819.

3. Le Guide spirituel. Voy. le n° I.

4. Nouvelle Journée du chrétien, ou Moyens de se sanctifier au milieu du monde; par M. l'abbé Letourneur, prédicateur ordinaire du roi; avec Préface, par M. l'abbé de La Mennais. Traduction nouvelle des Psaumes, par M. E. de Genoude. Traduction des prières tirées des Pères et des auteurs ascétiques, par MM. Letourneur et de La Mennais. Maximes traduites de sainte Thérèse; litanies et jours tirés des Euvres de Fénelon, etc. 1820, un volume avec 6 grav. Volume réimprimé dès l'année suivante.

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5. Discours de saint Bernard à sa sœur la religieuse, sur la manière de vivre saintement, traduction nouvelle par (de Saint-Victor); suivis d'un Dialogue sur les dangers du monde dans le premier âge, par M. l'abbé F. de La Mennais, et du Discours sur la vie cachée en Dieu, de Bossuet. 1820, un vol. avec 6 grav.

6 et 7. Paroissien complet, contenant l'office des dimanches et fêtes, en latin et en français, selon l'usage de Paris et de Rome; par M. l'abbé F. de La Mennais; traduction nouvelle des Psaumes sur la Vulgate, par E. de Genoude; traduction nouvelle des Hymnes et de toutes les parties des offices, par M. l'abbé Letourneur. Partie d'hiver et partie d'été. 1820-21, 2 vol., avec 12 grav.

8 à 12. Doctrine et morale chrétiennes, ou Choix de morceaux tirés des Pères et auteurs ecclésiastiques modernes, avec des traductions nouvelles des passages extraits des textes grecs et latins. Précédés d'une Préface par M. l'abbé F. de La Mennais. 1821-24, 5 vol.

13 à 16. Opuscules des Pères. L'Enchiridion de saint Augustin, et le Manuel, traduction nouvelle par M. A***, les Soliloques, traduction nouvelle par M. V***, précédée d'un Avertissement. 1821, 1 vol. De l'Oraison dominicale, par saint Cyprien, traduction nouvelle, par M. C***; les Méditations de saint Anselme, traduction nouvelle par M. A***; -De la Componetion, par saint Jean Chrysostôme, traduction nouvelle par M. A***; De la Nécessité de mourir, par saint Cyprien, traduction nouvelle par M. C***; Que la mort est un bien, par saint Ambroise, traduction nouvelle par M. D. B***. 1821, 1 vol.; -De la Providence et de la Virginité, par saint Jean Chrysostome, traduction nouvelle par M. A***. -De la Pénitence, discours ascétiques, et discours sur la vie chrétienne, par saint Ephrem, traduction nouvelle, par M. V***; Lettre de saint Basile, sur la solitude, et Louanges de la solitude, par le même, traduction nouvelle par M***; Lettre de saint Eucher à Valérien, traduction nouvelle, par M. O'M... (O'Mahony). 1823, 1 vol. — Discours de saint Césaire, traduction nouvelle, par M. V***; Lettre de saint Jérôme à Héliodore, traduction nouvelle par M. A***; Institution spirituelle, par le B. Louis de Blois, traduction nouvelle par M. V***; Traité de l'amour de Dieu, par saint Bernard, traduction nouvelle, par M. V***; De la Patience, Eloge du martyre, Exhortation au martyre, Prière pour le martyre, par saint Cyprien, traductions nouvelles par M. C***. 1823, 1 vol. En tout 4 vol., avec 4 grav.

17 et 18. Les Confessions de saint Augustin. Traduction nouvelle, par le traducteur du « Chemin de la perfection, et des Discours de saint Bernard à sa sœur a religieuse» (M. de Saint-Victor), avec Préface, par;

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M. l'abbé F. de La Mennais, et une Notice historique sur les Manichéens. 1821, 2 vol. avec 2 grav.

19 et 20. Lettres choisies des Pères. 1824, 2 vol. avec 2 grav.

CLXIX. Lettres sur les quatre articles dits du clergé de France, par le cardinal Litta. Nouvelle édition avec des notes (de l'abbé F. de La Mennais). Paris, au bureau du Mémorial catholique, 1826, in-12, 250 pages.

Ces lettres, au nombre de vingt-neuf, sont contre la célèbre déclaration du clergé de France de 1682. A leur tête, l'éditeur a mis une Préface, une Notice sur le cardinal Litta, et un Avertissement, le tout formant sept pages.

L'ultramontanisme nous avait déjà fait cadeau de trois éditions de ces Lettres avant que celle-ci parût. II en a été donné une autre en 1828. (Voy. la « France littéraire », article Litta.)

CLXX. Lettres d'Atticus, ou Considérations sur la religion catholique et le protestantisme, par un Anglais protestant (lord Fitz-William). (Nouv. édit., publiée par M. F. de La Mennais, avec un avertis sement et quelques notes de l'éditeur). Paris, au bureau du Mémorial catholique et chez Rusand, 1826, in-12, 194 pag.

Ces Lettres sont au nombre de cinq. L'auteur les dédia à Louis XVIII. La première édition est de Londres, 1802, in-12. L'abbé Vinson en donna une seconde édition dans la même ville, en 1814, in-12. Celle-ci est augmentée des Pensées d'Atticus », du même auteur, Pensées que M. de La Mennais n'a pas reproduites dans la sienne.

L'Avertissement de la réimpression de 1826 est presque entièrement tiré d'un autre écrit de lord FitzWilliam, publié, en 1801, sous le titre : le « Concordat expliqué ».

CLXXI. Mémoire pour servir à l'histoire des Cacouacs (par Jacques-Nic. Moreau, nouv. édit.), suivi d'un petit Supplément à l'histoire des Cacouacs jusqu'à nos jours (par M. l'abbé F. de La Mennais). Paris, Bricon, 1828, in-12, 200 pag.

CLXXII. De la Servitude volontaire, ou le Contr'un. Par Estienne de La Boëtie (1548), avec les notes de M. Coste et une préface de M. de La Mennais (1835). Paris, Daubrée et Cailleux, 1835, in-8, 3 fr. 50 c.

Il y a des exemplaires sur la couverture desquels on lit Deuxième édition, d'autres Troisième édition.

CLXXIII. Cri de l'âme. Par André Imberdis. (Poésies.) Avec une Introduction par l'abbé de La Mennais. Paris, Renduel, 1836, in-8, 5 fr. 50 c.

CLXXIV. Les Confessions de saint Augustin. Traduction nouvelle par M. de Saint-Victor, avec une préface par M. l'abbé de La Mennais, et une Notice historique sur les Manichéens. Paris, Charpentier, 1841-1844, in-12, 3 fr. 50 c.

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