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OLIQUA

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On trouve des passages très-remarquables sur la divinité de Jésus-Christ dans l'écrit de cet auteur célèbre du dix-huitième siècle, ayant pour titre : Considérations sur les progrès de la religion dans les trois premiers siècles. Il commence par rappeler les obstacles insurmontables que la religion avait à traverser. « La manière dont la religion s'est répandue, dit Condillac, est le principal objet qui s'offre dans l'examen des trois premiers siècles. Vous verrez d'un côté les obstacles qu'elle a rencontrés, et de l'autre, les moyens miraculeux qui l'ont rendue victorieuse. Vous serez bientôt convaincu que sa propagation est une nouvelle preuve de sa Divinité...

Après avoir peint l'état des Juifs sous les princes asmonéens et sous Hérode, Condillac ajoute: « Hérode était étranger à la race de Jacob'; c'était une preuve que le temps du Messie n'était pas éloigné. D'ailleurs les septante semaines marquées par Daniel étaient sur le point d'expirer, et les Juifs attendaient l'accomplissement des prophéties. Aussi Jésus-Christ est-il né sur la fin du règne d'Hérode. »

Toutes les prophéties s'accomplirent en Jésus-Christ, et si visiblement, qu'il ne paraissait pas possible de les méconnaître. Cependant les Juifs furent assez aveugles pour ne pas

voir en lui le Messie qu'ils attendaient; ils s'opinâtrèrent pour la plupart dans leur aveuglement, tandis que la vérité, prêchée aux Gentils, fit des progrès rapides.

Condillac trace le tableau de tous les efforts employés par les philosophes éclectiques aux premiers temps de l'Eglise, pour s'opposer à son établissement, en cherchant à égarer l'opinion au sujet de la Divinité de Jésus-Christ : « Ils dirent que Jésus-Christ n'était lui-même qu'un philosophe, qu'il avait reconnu la multitude des dieux, qu'il les avait adorés, que, par sagesse, il s'était élevé jusqu'à eux et qu'il en avait obtenu le pouvoir de faire des miracles. Afin même de donner quelque fondement à cette opinion impie, ils entreprirent d'attribuer d'aussi grands miracles à des philosophes qui n'avaient pas abjuré le paganisme. Ils choisirent parmi les plus anciens, Pythagore, et parmi les plus récents, Apollonius de Thyane, et l'on apprit, pour la première fois, les miracles que ces hommes étaient supposés avoir faits dans des temps où personne n'en avait été témoin. Les éclectiques ne se firent point un scrupule de ces impostures, c'était, selon eux, des fraudes pieuses. Ils avaient pris cette façon de penser des prêtres égyptiens.

Si cependant Jésus-Christ n'eut été qu'un philosophe, tel qu'Apollonius ou Pythagore, il n'aurait pas combattu le polytheisme. Aussi les éclectiques prétendaient-ils que les chrétiens lui attribuaient des choses qu'il n'avait point enseignées, comme si les apôtres et les disciples n'avaient pas prouvé par des miracles qu'ils prêchaient la vraie doctrine de leur maître.

......

Non-seulement le christianisme trouvait des obstacles dans toutes les opinions, il en trouvait encore dans le caractère de ceux qui les avaient embrassées : dans l'orgueil des Pharisiens qui voulaient dominer sur le peuple et sur le roi même; dans l'obstination des Sadducéens qui niaient les plus grandes vérités plutôt que de céder; et dans l'enthou

jasme des Esséniens, qui n'estimant que leur doctrine et urs usages, croyaient se souiller en communiquant avec s autres sectes.

Il fallait d'ailleurs abandonner ( de la part des Juifs), prosire un culte autrefois établi par des miracles, renoncer au re de peuple choisi, se confondre avec les Gentils, et oir désormais avec eux le mème Dieu et la même religion; taient là certainement des nouveautés auxquelles les Juifs pouvaient pas naturellement s'accoutumer....

lls imaginèrent pour la plupart un Messie au gré de leur bition; ils se le représentèrent semblable à ces hommes Dieu leur avait envoyés plusieurs fois pour les tirer l'oppression et de la servitude, et ils le jugèrent seuent plus grand. Ce devait être un héros, un conqué, dont le royaume s'étendrait sur toute la terre, et comblerait les Juifs de toutes sortes de biens tempoCes préjugés flattaient si fort leur amour - propre, s ne voyaient plus les humiliations du Messie ou qu'ils xpliquaient dans un sens figuré. Aussi avait-il été prédit ; verraient sans connaître, qu'ils entendraient sans comdre, qu'ils seraient réprouvés, et qu'un peuple, auparaétranger et infidèle, entrerait dans la nouvelle alliance. cet aveuglement qui leur fit méconnaître le Messie dans -Christ pauvre, inconnu, méprisé, souffrant, sans , sans suite, sans puissance temporelle. Les obstacles ent pas moindres du côté des païens: il fallait leur ader que leurs idoles n'étaient pas des dieux; il fallait r leurs yeux sur cette multitude de fables qu'ils avaient irs ornées et qu'ils aimaient à croire parce qu'elles t ingénieuses.

› Romains surtout étaient difficiles à convaincre : pers que leurs succès étaient l'effet de leur piété, et que les de Rome avaient combattu pour eux, ils ne doutaient ne la ruine de l'empire ne dût suivre de près le change

ment du culte; et ils ont été attachés à leurs superstitions plus qu'aucun autre peuple.....

Les miracles de Jésus-Christ (Considérations sur le premier siècle de l'Eglise) annoncés et prêchés par les apôtres qui en avaient été témoins, et confirmés par les miracles qu'ils faisaient eux-mêmes, voilà les causes de la propagation du christianisme : les boiteux qui marchent, les aveugles qui voient, les morts qui ressuscitent, le don des langues communiqué par l'imposition des mains, sont autant de démonstrations à la portée de tout le monde. Elles n'exigent pas que ceux qui les donnent se soient instruits dans les sciences humaines, ni que ceux qui s'y rendent se soient instruits dans l'art du raisonnement. On vit, on crut; et la foi, scellée du sang des martyrs, parvint, dans les siècles suivants, à ceux qui n'avaient pas vu. »

Dans le dernier chapitre de cet écrit, intitulé Conclusion, Condillac s'exprime ainsi : « Quand la religion chrétienne n'aurait point trouvé d'obstacles, ce serait encore une chose merveilleuse que la rapidité avec laquelle elle s'est répandue. Cette révolution serait unique dans son espèce. Que penserons-nous donc si elle a eu de plus les mœurs, les préjugés, les superstitions des peuples à combattre !..... >>

« Il n'est pas douteux que les Juifs n'attendissent le Messie dans le temps même de l'avénement de Jésus-Christ. Quantité de prophéties l'avaient annoncé, et ce n'est point après coup qu'on les interpréta. L'espérance des Juifs, à cet égard, était si connue, que le bruit s'en était répandu chez les païens Pluribus persuasio inerat, dit Tacite, antiquis sacerdotum litteris contineri, eo ipso tempore fore ut valesceret Oriens, profectique judæá rerum potirentur. Et Suétone: Percrebuerat Oriente toto vetus et constans opinio, esse in fatis, ut eo tempore judœá profecti rerum potirentur. Voilà le Messie, d'après l'idée que la plupart des Juifs s'en formaient.

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