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Tu dors d'un profond somme, et ton cœur sans alarmes 1
Ne sait pas qu'on bâtit l'instrument de tes larmes! 2
Oh! que si quelque bruit, par un heureux réveil,
T'annonçait du lutrin le funeste appareil!
Avant que de souffrir qu'on en posât la masse,
Tu viendrais en apôtre expirer dans ta place,
Et, martyr glorieux d'un point d'honneur nouveau
Offrir ton corps aux clous, et ta tête au marteau.

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Et l'orgue même en pousse un long gémissement; observant que le son de l'orgue paraît se prolonger durant tout l'espace qui sépare ce vers du 160o : Enfin MM. Andrieux ( Cours), Amar et Planche approuvent la remarque de M. Daunou.

1 D'un profond somme prouve la profondeur du sommeil; un sommeil profond eût contrarié le sens et l'harmonie. Le Brun. - Il n'y a là qu'une nuance, mais le génie saisit ces nuances-là. M. Andrieux, Cours.

La chute de cet hémistiche, dit Clément, fait une autre sorte d'harmonie toute différente de celle qu'on a déjà indiquée (notes des vers 154 à 158, p. 346). Par la pesanteur de ces mots, tu dors d'un profond somme, il représente bien la pesanteur du chantre endormi profondément.

Vers 153 à 161. «S'il existe, observe le même auteur ( Nouv. obs., 396 à 398), dans quelque langue, un morceau parfait pour l'harmonie imitative, c'est celui-ci... » Il cite alors ces vers et fait les remarques que nous avons rapportées dans leurs notes, puis il termine ainsi : Je ne crois pas que l'antiquité ait rien que l'on puisse opposer à ce passage pour la variété des images et de l'harmonie qui change, à chaque vers, avec les images.

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2 L'instrument de tes larmes est tout-à-fait ridicule en parlant d'un lutrin. Brienne. Figure d'une heureuse hardiesse, et qui a le double avantage d'ennoblir la cause de ces larmes, et d'annoncer d'avance les contestations dont le pupitre sera la source, en rappelant, dans le mot instrument, un terme usité en style de pratique. M. Amar.

3 En apôtre... impiété punissable. Il ne faut pas ainsi tourner en ridicule la constance des apôtres et des martyrs... Les deux vers qui suivent ne sont pas de meilleur aloi. On a censuré en Sorbonne des propositions moins téméraires et moins scandaleuses. Brienne.

Dans ta... texte de 1674 à 1713, et non pas en ta, comme à 1767 et 1780, traduct., et 1803, P.

P. C., du moins d'après les fragmens de 1673:

Mais déjà sur ton banc la machine enclavée 1 Est, durant ton sommeil, à ta honte élevée : Le sacristain achève en deux coups de rabot; Et le pupitre enfin tourne sur son pivot. 2

Et donnant aux martyrs un successeur nouveau

Offre ton corps aux clous...

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1 Enclaver une machine sur un banc, quelle expression! La construction même n'y est pas gardée. Il fallait dire, enclavée dans le banc. Brienne.

2 Quelle admirable légèreté dans ce vers! la chose reste pour jamais sous les yeux. Le Brun.

Saint-Marc, II, 227 à 230 (et non pas l'éditeur de 1740, c'est-à-dire Souchay, comme le dit M. Viollet le Duc), a fait une longue dissertation pour prouver que l'épisode de la Mollesse, ne produisant rien dans ce poème, doit être considéré comme un épisode postiche. Quant à celui de la Nuit, après l'avoir fortement blâmé, il rapporte l'avis de Desmarets (on l'a donné à la note du vers 16, p. 332) et ajoute que l'invention du hibou n'est qu'une puérilité.

La Harpe (Lyc., VI, 238 et suiv.) prouve que la Nuit est mise en action; que l'épisode de la Mollesse est placé naturellement et lié avec art... « Les détracteurs même de Boileau, ajoute-t-il, ont rendu hommage à la beauté de cet épisode, qui laisse les admirateurs sensibles hésiter entre le mérite de l'invention et celui de l'exécution... » Ensuite, après avoir donné une idée de la marche du poème pendant les trois premiers chants, il s'écrie : « Voilà de la fiction, du mouvement et de l'action, c'est-à-dire, tout ce qui donne la vie à un poème, soit badin, soit héroïque, et ce qui serait encore trop peu de chose sans le style; mais le style est au-dessus de tout le reste... » Quant au hibou, La Harpe observe qu'il figure très convenablement avec le perruquier l'Amour et le sacristain Boirude, qui vont, armés d'une bouteille, à la conquête d'un lutrin. Les évènemens sont dignes des personnages, comme le combat des chantres et des chanoines, etc.

M. Amar est du même sentiment: on peut voir les observations judicieuses qu'il fait dans ses notes sur les vers 35, 69 et 138.

CHANT IV.

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LES cloches dans les airs, de leurs voix argentines,
Appelaient à grand bruit les chantres à matines,
Quand leur chef, 3 agité d'un sommeil effrayant,
Encor tout en sueur,
se réveille en criant. *
Aux élans redoublés de sa voix douloureuse,
Tous ses valets tremblans quittent la plume oiseuse.5

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1 Epithète heureuse et caractéristique. Clément ( il est cité à p. 288, note du v. 19). — Autre remarque sur ce vers à la note suivante.

2 Boileau s'est dit: N'employons ici que des syllabes d'un son clair; que la rime, comme un timbre vibrant, retentisse au bout du vers; que chaque hémistiche divisé en deux temps égaux, produise autant de fois la triple percussion d'un battant bien élancé. Puis il a écrit: Les cloches, etc. Que l'on compare ces deux vers avec le dessin, qui, suivant moi, en a dû précéder la composition, et qu'on dise s'il ne s'y rapportent pas avec la plus entière exactitude. Auger, note 4. M. Amar fait une remarque à-peu-près du

même genre.

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« C'est de l'élégance de la rime que ces deux vers empruntent tout leur prix : mais, à grand bruit est peut-être un peu trop pompeux, après leurs voix argentines... Le Brun. M. de S.-S. désapprouve cette dernière critique, parce que le poète entend par les mots grand bruit, tout celui que ces cloches peuvent faire. M. Daunou, au contraire, la trouve fondée. M. Andrieux (Cours) est du sentiment de M. de S.-S., mais par d'autres raisons. « Il nous semble, dit-il, que la remarque de Le Brun est trop sévère. Les cloches peuvent avoir un son aigu, argentin, et en même temps faire beaucoup de bruit; cela n'est pas du tout incompatible.

5 Le Chantre... Boil., 1713 (on a parlé de sa dignité, à p. 284).

* Je ne connais point de peinture plus vraie et plus énergique; on entend les cris du chantre. Le Brun.

5 Le mot oiseuse a vieilli. Saint-Marc. Il eût été tout aussi bon de mettre la plume oisonneuse, car on la tire des oisons, et l'auteur a voulu marquer que ces valets couchaient sur la plume. Desmarets, 118.

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En

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O CIEL quoi? sur mon banc une honteuse masse désormais me va faire un cachot de ma place? Chant IV. Vers 73-74.

J.J. Blaise Libraire, Quai des Augustins.

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