Obrázky na stránke
PDF
ePub

Cherche en vain son discours sur sa langue égaré;
En vain, pour gagner temps, dans ses transes affreuses,
Traîne d'un dernier mot les syllabes honteuses;1
Il hésite, il bégaie; et le triste orateur
Demeure enfin muet aux yeux du spectateur.'

2

175

[ocr errors]

une épithète heureuse et caractéristique. Clément (ses remarques sont à la note du vers 19, ch. 1, p. 288). — Il regrette ailleurs ( Lett. 11, p. 57) qu'on ne se serve pas assez de ce mot, qui est sonore et élégant.

1 Il faudrait il traîne. Saint-Marc. - Au lieu de réfuter cette critique vé. tilleuse, nous aimons mieux rapporter: 1. La remarque suivante de M. Amar: « La marche du vers, ces lourdes syllabes, honteusement prolongées, peignent à merveille l'embarras de l'orateur tremblant, déconcerté, qui se traîne avec peine sur un mot, parce qu'il cherche, et ne trouve pas celui qui doit le suivre. » 2. L'imitation que Delille (Homme des champs, ch. I ) a faite de ce vers et du précédent :

Voyez pour gagner temps, quelles lenteurs savantes

Prolongent de ses mots les syllabes traînantes!

2 L'orateur demeurant muet, il n'y a plus d'auditeurs : il reste seulement des spectateurs. Boil., 1713.

TOME II.

ODES,
ÉPIGRAMMES

ET AUTRES POÉSIES.

51

AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.

Le faux titre qui précède est celui des éditions de 1701 et 1713. Il semblerait annoncer que Boileau avait fait trois classes de ses poésies diverses, les odes, les épigrammes, et les poésies d'un genre différent de ces deux-là. Mais il n'en est point ainsi. N'attachant sans doute quelque importance qu'à sa première ode, il n'a mis aucun ordre dans la distribution des autres pièces. * Brossette n'a pas remédié à cette confusion en les disposant d'une autre manière parce qu'il manquait de goût et de critique; et Saint-Marc l'à augmentée en consultant, pour le placement des pièces, moins leur genre que leur étendue, ** quoique d'ailleurs il ait eu, le premier, l'idée de faire une classe séparée des épigrammes. M. Daunou a profité de cette idée, mais suivant un principe opposé à celui de Saint-Marc, il en a tiré un bien meilleur parti. Sa classification, quoique susceptible de perfectionnement, nous a paru préférable à toutes les autres (excepté dans un très petit nombre de points); et pour mettre à portée les lecteurs de consulter les remarques des principaux commentateurs, nous donnons en note, les numéros ou les pages de ces diverses pièces, dans leurs différentes éditions.

* Ainsi il a placé la seconde ode parmi les épigrammes (voy. d'autres exemples dans leur première note).

** Il lui fallait, dit-il (II, 366), se procurer du terrain pour des remarques très longues.

[ocr errors][merged small][merged small]

CET ouvrage fut vivement attaqué lorsqu'il parut, en 1693. Parodie, épigrammes, lettres critiques,* rien ne lui fut épargné. On verra dans les notes suivantes et dans la troisième Réflexion critique (tome III), quelques traces de cette guerre littéraire.

Au bout de deux ans, l'attaque se renouvela, mais ne fut pas repoussée. Boileau avait fort exalté Louis XIV et son dernier exploit, la prise de Namur, et parlé d'un ton un peu leste de Guillaume III. Par malheur celui-ci reprit Namur en 1695. Ses partisans ne trouvèrent pas de meilleur moyen de célébrer son triomphe que de parodier l'ode de Boileau, ce qu'ils firent en plusieurs façons. ** Nous nous bornerons à citer deux ou trois fragmens de ces imitations, qui, malgré leur virulence et contre Louis et contre son panégyriste, tombèrent bientôt, à cause de leur style pitoyable, dans un profond oubli.

A l'égard du mérite littéraire de la première ode, Voltaire le caractérisa ainsi dans le Temple du Goût (1731):

Il rit des traits manqués du pinceau faible et dur

Dont il défigura le vainqueur de Namur...

Au bout de plus de trente ans, il reproduisit à-peu-près ce jugement dans son épître à Boileau (1769):

On admire dans toi jusqu'au style un peu dur
Dont tu défiguras le vainqueur de Namur...

Quoique le trait fût moins vif, il excita la colère de Clément et le porta à affirmer que, si l'on excepte trois ou quatre expressions un peu trop simples et trop familières, l'ode de Boileau

* Tome I, Notice bibl., $ 2, n° 34. seaux, p. 177), du duc de Nevers.

-

La parodie était, dit-on (Desmai

** On cite ces parodies au même §. 2, no 42.

est une des plus belles que nous ayons, et brille de la plus haute poésie (Obs. crit., 1771, p. 319; Lett. IV, 1773, p. 91). Mais sur xvii strophes de l'ode, il n'en cita que quatre, et l'éloge qu'il en fit, censuré par La Harpe, on le verra aussi dans les notes, fournit à Lenoir-Dulac (Obs. litt., 1774) l'occasion d'une critique générale à la suite de laquelle il assure (p. 200) qu'il n'est presque aucune strophe de cette ode où l'on ne trouve quelque vers ou quelque expression répréhensible. La Harpe déclare nettement (Lyc., II, 100) qu'elle est très mauvaise; mais peut-être vaudrait-il mieux s'en rapporter à l'opinion suivante de l'auteur le plus compétent en semblable matière.

« Le plan de cette ode est beau. Le sujet est bien senti. Elle renferme des strophes d'une grande vigueur (Palissot, OEuv., III, 427, dit aussi qu'il y a quelques strophes très belles). Il y en a de faibles; il y en a même de mauvaises. Là, étincellent des expressions riches et superbes; ici, l'on en trouve de basses et de ridicules; et là, d'incorrectes et de triviales. En général, la versification en est peu lyrique. » Le Brun. (M. Planche approuve en entier ce jugement.)

Au reste, elle a été supprimée dans le Boileau classique; mais on a été moins sévère dans celui de la jeunesse.

« PredošláPokračovať »