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VII. Sonnet sur une de mes parentes qui mourut toute jeune
entre les mains d'un charlatan. 1

le

lié,

NOURRI dès le berceau près de la jeune Orante,
Et non moins le cœur que par
par
A ses jeux innocens enfant associé,

sang

Je goûtais les douceurs d'une amitié charmante;

Quand un faux Esculape, à cervelle ignorante,
A la fin d'un long mal vainement pallié,
Rompant de ses beaux jours le fil trop délié,
Pour jamais me ravit mon aimable parente.

Oh! qu'un si rude coup me fit verser de pleurs!
Bientôt la plume en main signalant mes douleurs,
Je demandai raison d'un acte si perfide.

Oui, j'en fis dès quinze ans ma plainte à l'univers; Et l'ardeur de venger ce barbare homicide

Fut le premier démon qui m'inspira des vers.

I

2

5.

10

1. Vers 1er. Les doux excès d'une... 2. Vers 2. Mes plus beaux jours... 3. Vers 6. Mes chastes amours... 4. Vers 13. Car, bien qu'un... V. E. Vers 3. Encor... Texte de 1663 à 1666 et de 1713. Les éditeurs modernes mettent encore. Époque de la composition de ce sonnet, et parente pour qui il fut fait, voy. tome III, Explication généal., no 438.

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Boileau était content de ce sonnet (tome IV, lett. du 24 novembre 1707) que l'auteur de la lettre à la marquise de Men., p. 43, a vivement critiqué. «< Boileau, dit-il, y manque aux règles qu'il a tracées (Art poét. 11, 92, p. 200), puisqu'il y répète plusieurs fois le même mot.

1 Voy. même n° 438 (est à Br., I, 435; S.-M., n. 3, P.; S.-S., II; 2 D'Alembert (III, 78, note 17), après avoir dit que ce sonnet est un des ouvrages dont Boileau s'applaudissait le plus (tome IV, lett. du 15 juillet 1702), ajoute : « Nous croyons qu'il sera seul de son avis. »

506).

1

VIII. Stances à M. Molière, 1 sur sa comédie de l'École des femmes,
que plusieurs gens frondaient.

En vain mille jaloux esprits,
Molière, osent avec mépris,
Censurer ton plus bel ouvrage :
Sa charmante naïveté

S'en va pour jamais d'âge en âge
Divertir la postérité.

3

Que tu ris agréablement!
Que tu badines savamment!

Celui qui sut vaincre Numance, 4
Qui mit Carthage sous sa loi,
Jadis sous le nom de Térence

Sut-il mieux badiner que toi?

5

10

* On peut consulter pour l'époque et le but de la composition, et les premières éditions de ces stances, notre tome I, Not. bibl., § 1, nos i et 6, et Essai, n° 59 et 97. · D'Alembert (III, 107) et M. Amar (1821) les trouvent, l'un médiocres, et l'autre peu remarquables dans les ouvrages d'un poète tel que Boileau. Qu'auraient-ils donc dit s'ils avaient connu les premières compositions que nous allons donner d'après les recueils où ces stances furent insérées en 1663 et 1666, si du moins ces recueils, faits sur des copies volantes, et probablement à l'insu de Boileau, méritent une entière confiance ( elles sont à Br., II, 433; S.-M., n. 6, P.; S.-S., II, 523)? 2 Expression prosaïque. Saint-Marc.

3 P. C. (1663 et 1666...) Enjouer.

4 Scipion. Boil., 1713.

5

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Non, sans doute, il y a bien de la différence entre Molière et Térence pour le sel de la plaisanterie, la verve, l'originalité et surtout la variété des caractères. C'est ce que Boileau devait dire: il était beau de devancer le jugement de la postérité. » Le Brun. — Nous croyons avoir justifié Boileau de ce reproche (tome I, Essai, n° 91).

P. C. 1663 et 1666. La seconde stance n'était que la troisième, et il y avait après la première les vers suivans, que Boileau (M. Daunou doute qu'il

Ta muse avec utilité

Dit plaisamment la vérité;1
Chacun profite à ton école;
Tout en est beau, tout en est bon;
Et ta plus burlesque parole

Est souvent un docte sermon.

Laisse gronder tes envieux;
Ils ont beau crier en tous lieux
Qu'en vain tu charmes le vulgaire,
Que tes vers n'ont rien de plaisant : 2
Si tu savais un peu moins plaire,
Tu ne leur déplairais pas tant.

IX. Épitaphe de la mère de l'auteur. 5

ÉPOUSE d'un mari doux, simple, officieux,
Par la même douceur je sus plaire à ses yeux :
Nous ne sûmes jamais ni railler, ni médire.

en fût l'auteur) a supprimés lorsqu'il a publié cette pièce (1701): Tant que l'univers durera,

Avecque plaisir on lira

Que, quoi qu'une femme complote,

Un mari ne doit dire mot,

Et qu'assez souvent la plus sotte

Est habile pour faire un sot.

1 Vers 13 et 14. Phrase peu correcte. Saint-Marc.

un chicane grammaticale. M. de S.-S.

2 Vers 21 et 22. P. C. 1663 et 1666.

Que c'est à tort qu'on te révère,

Que tu n'es rien moins que plaisant.

3 C'est elle qui parle. Boil., 1694 à 1713.

15

20

Cette critique est

- Il est question de sa mère

au tome III, Explicat. généalog., no 165, et Erreurs de Brossette, no 6 (l'épitaphe est à Br., n. 46; S.-M., n. 8, E.; S.-S., II, 499).

Passant, ne t'enquiers point si de cette bonté

Tous mes enfans ont hérité :

Lis1 seulement ces vers, et garde-toi d'écrire.

X. Vers pour mettre au bas du portrait de mon père, greffier de la grand'chambre du parlement de Paris.

CE greffier, doux et pacifique,
De ses enfans au sang critique
N'eut point le talent redouté;
Mais fameux par sa probité,
Reste de l'or du siècle antique,
Sa conduite, dans le Palais
Partout pour exemple citée,
Mieux que leur plume si vantée
Fit la satire des Rolets. 3

5

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XI. M. Le Verrier, mon illustre ami, ayant fait graver mon portrait par Drevet célèbre graveur, fit mettre au bas de ce portrait quatre vers, où l'on me fait ainsi parler :

Au joug de la raison asservissant la rime,
Et, même en imitant, toujours original,

1 V. O. ou E. 1694 à 1701, Ly.

- 1713 ( seulement),

Li.

5

2 Chef-d'œuvre de gravure de Nanteuil. Il en existe des exemplaires, avant et après la lettre, à la bibliothèque du roi. Au bas des derniers on lit ce quatrain, fait, dit Brossette, par l'abbé Boileau :

Desine flere tuum proles numerosa parentem,
Quem rapuit votis sors inimica tuis.

Ecce tibi audaci scalpro magis are perennem,
Emula naturæ reddit amica manus.

3 Ces vers sont à Br., n. 45; S.-M., n. 9, E; S.-S., II, 500 (Voy. quant

à Boileau père, même Explic., no 163; et à Rolet vers 52, sat. 1).

4 P. C. O. D'après le manuscrit, Drevet, le célèbre.

5 P. C. O. Idem. Quatre vers de sa façon, où il me fait.

J'ai su dans mes écrits, docte, enjoué, sublime,
Rassembler en moi Perse, Horace et Juvénal.1

2

XII. A quoi j'ai répondu par ces vers:

Our, Le Verrier, c'est là mon fidèle portrait;
Et le graveur en chaque trait

A su très finement tracer sur mon visage
De tout faux bel esprit l'ennemi redouté.

Mais, dans les vers pompeux qu'au bas de cet ouvrage 5 Tu me fais prononcer avec tant de fierté,

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On voit par là que Boileau ne se les attribuait point comme on pourrait le croire d'après l'intitulé de cette pièce, dans une édition moderne (1781, Did.). Il est certain toutefois, soit d'après l'état du manuscrit, écrit et corrigé de sa main, soit d'après le témoignage de Brossette, qu'il les avait composés. On les a, il est vrai, insérés parmi ceux de La Monnoie, dans l'édition de ses œuvres choisies publiée en 1774 (in-4o, I, 228); mais lorsqu'on a recours à la première édition donnée par Sallengre (in-8°, La Haye, 1716), on reconnaît (p. 85 à 87) que le dernier éditeur de La Monnoie a fait une méprise. Voy. au reste, pour leur critique et leur justification, tome IV, lett. du 6 mars 1705.

Vers 1. P. C. D'après Brossette et le manuscrit : Sans peine à la raison. 1 Il était difficile de mieux peindre Boileau; et l'éloge n'est certainement pas outré. Le Brun.— Ces vers sont les plus beaux du monde. Sallengre (les nos xi et XII sont à Br., n. 52 et 53; S.-M., n. 39 et 40, E; S.-S., 543). 2 P. C. O. D'après le manuscrit, par ces huit vers.

3 Vers 2 à 8. P. C. (Voyez au tome IV, lettre du 13 décembre 1704.)

Et l'on y voit à chaque trait

L'ennemi des Cotins tracé sur mon visage :

Mais dans les vers altiers qu'au bas de cet ouvrage,

Trop enclin à me rehausser,

Sur un ton si pompeux on me fait prononcer,

Qui de l'ami du vrai reconnaîtra l'image?

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