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XIII. Sur le buste de marbre qu'a fait de moi monsieur Girardon, premier sculpteur du roi,

GRACE au Phidias de notre âge,

Me voilà sûr de vivre autant que l'univers;

Et ne connût-t-on plus ni mon nom ni mes vers,
Dans ce marbre fameux taillé sur mon visage,

De Girardon toujours on vantera l'ouvrage.

XIV. Vers pour mettre au bas du portrait de Tavernier, le célèbre voyageur.
DE Paris à Delhi, du couchant à l'aurore,
Ce fameux voyageur courut plus d'une fois;
De l'Inde et de l'Hydaspe 2 il fréquenta les rois,
Et sur les bords du Gange on le révère encore.
En tous lieux sa vertu fut son plus sûr appui;
Et, bien qu'en nos climats de retour aujourd'hui
En foule à nos yeux il présente

Les plus rares trésors que le soleil enfante, 3
Il n'a rien rapporté de si rare que lui. *

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XV. Vers pour mettre au bas d'un portrait de monseigneur le duc du Maine, alors encore enfant, et dont on avait imprimé un petit volume de lettres, au-devant desquelles ce prince était peint en Apollon, avec une couronne de lauriers 5 sur la tête.

QUEL est cet Apollon nouveau,
Qui presque au sortir du berceau

1 P. C. O. Manuscrit... de marbre que M. Girardon, l'illustre sculpteur, a fait de moi (Le n° xIII est à Br., n. 56; S.-M., n. 41, E.; S.-S., II, 544 ).

2 Delhi, ville et royaume des Indes... L'Inde et l'Hydaspe, fleuves du même pays. Boil., 1713. (le n° xiv est à Br., n. 44; S.-M., n. 21, E; S.-S., 517). 3 Il était revenu des Indes avec près de trois millions en pierreries. Id., ib. 4 Rare. Ce mot a deux sens. Tavernier, quoique homme de mérite, était grossier et même un peu original. Bross.

5 V. O. ou E. Les mots de lauriers, omis par tous les éditeurs, sont dans

Vient régner sur notre Parnasse?

Qu'il est brillant! Qu'il a de grâce!

Du plus grand des héros je reconnais le fils.
Il est déjà tout plein de l'esprit de son père; 1
Et le feu des yeux de sa mère

A passé jusqu'en ses écrits.

XVI. Vers pour mettre au bas du portrait
de mademoiselle de Lamoignon.

Aux sublimes vertus nourrie en sa famille,
Cette admirable et sainte fille

2

En tous lieux signala son humble, piété ;
Jusqu'aux climats où naît et finit la clarté,
Fit ressentir l'effet de ses soins secourables;
Et jour et nuit pour Dieu pleine d'activité,
Consuma son repos, ses biens et sa santé,
A soulager les maux de tous les misérables. 3

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le manuscrit. Nous avons cru essentiel de les rétablir... Ajoutons qu'il y a aussi dans ce recueil, des versions et des extraits d'auteurs. Voici le titre du volume (in-4°): OEuvres diverses d'un auteur de sept ans. Il a été publié, non en 1677 comme le dit M. de S.-S., mais le 1er janvier 1679. D'une part, une des lettres est datée de décembre 1678, et de l'autre on lit dans l'exemplaire de la bibliothèque de Sainte-Geneviève une note manuscrite du temps, ainsi conçue: «< En 1679 a esté donné pour estrennes à madame de Montespan par mad. de Maintenon, gouvernante de M. le duc du Mayne. » Le n° xv y est intitulé madrigal (est à Br., n. 41; S.-M., n. 34, E.; S.-S., II, 538 ). 1 Vers 5 et 6. P. C. D'après Brossette.

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Du plus grand des mortels je reconnais le fils.

Il a déjà la fierté de son père.

2 Mademoiselle de Lamoignon, sœur de M. le premier président ( ceci n'est qu'à 1713), faisait tenir de l'argent à beaucoup de missionnaires jusdans les Indes orientales et occidentales. Boil., 1694 à 1713.

que

5 Racine (voy. tome IV, lettre du 4 août 1687) donne à ces vers le titre d'épitaphe ( ils sont à Br., n. 42; S.-M., n. 4, E.; S.-S., II, 493).

TOME II.

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XVII. Vers pour mettre au bas du portrait de défunt M. Hamon,
médecin 1 de Port-Royal.

TOUT brillant de savoir, d'esprit et d'éloquence,
Il courut au désert chercher l'obscurité,
Aux pauvres consacra ses biens et sa science,
Et trente ans dans le jeûne et dans l'austérité,
Fit son unique volupté

Des travaux de la pénitence.

XVIII. Vers pour mettre sous le buste du roi, 2 fait par M. Girardon, l'année que les Allemands prirent Belgrade.

C'EST ce roi si fameux dans la paix, dans la guerre,
Qui seul fait à son gré le destin de la terre.
Tout reconnaît ses lois, ou brigue son appui.
De ses nombreux combats le Rhin frémit encore;
Et l'Europe en cent lieux a vu fuir devant lui
Tous ces héros si fiers, que l'on voit aujourd'hui
Faire fuir l'Ottoman au-delà du Bosphore.

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XIX. Vers pour mettre au bas du portrait de M. Racine.
Du théâtre français l'honneur et la merveille,
Il sut ressusciter Sophocle en ses écrits;

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1 Texte de 1701. V. O. La suppression des mots de Port-Royal, en 1713, annonce combien tout ce qui avait quelque rapport au jansénisme blessait l'autorité. La pièce elle-même a été supprimée au Boileau de la jeunesse ( est à Br., n. 50; S.-M., n. 23, E.; S.-S., II, 521 ).

2 Inexactitude, dit M. Daunou (1809): c'était un médaillon en marbre, et les vers furent faits pour la gravure de ce médaillon. « Mais, observe M. de S.-S., le roi y était représenté en buste, ce qui semble autoriser l'expression de Boileau (le n° xvi est à Br., n. 40; S.-M., 3, E; S.-S., II, 492). 3 Perrault avait dit en 1687 (Siècle de Louis-le-Grand, v, 180):

Mais quel sera le sort de l'illustre Corneille,

Du théâtre français l'honneur et la merveille?

Et dans l'art d'enchanter les coeurs et les esprits,
Surpasser Euripide, et balancer Corneille. 1

XX. Autre manière. 2

Du théâtre français l'honneur et la merveille,
Il sut ressusciter Sophocle dans ses vers,

Et, sans se perdre dans les airs,

Voler aussi haut que Corneille.

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XXI. Vers pour mettre sous le portrait de M. de La Bruyère, au-devant de son livre des Caractères du temps.

TOUT esprit orgueilleux qui s'aime

Par mes leçons se voit guéri;

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Boileau, comme on le voit, se saisit du second vers pour l'appliquer à Racine (le n° xix est à Br., n. 51; S.-M., n. 29, E.; S.-S., II, 532). 1 P. C. Boileau, selon Brossette, avait d'abord mis:

Balancer Euripide et surpasser Corneille,

et disait qu'il ne serait pas fâché que dans la suite quelque critique rétablit son vers tel qu'il l'avait fait (Voy. au reste au tome III, la víro Réflex. critique).

2 Publiée pour la première fois par Souchay, en 1740, sur une copie de Louis Racine... Quoique celui-ci ne soit mort que long-temps après ( (1763), nous avions d'abord douté, comme M. Amar, que cette pièce fût en effet de Boileau; mais toute incertitude a dû cesser à l'aspect du manuscrit, où l'on voit la pièce écrite de sa main. Elle a, il est vrai, été effacée avec soin, mais on peut cependant en lire le deuxième vers et quelques mots de deux autres (elle est à S.-M., n. 3o, E.; S.-S., II, 532).

3 V. E. Souchay, et tous les commentateurs après lui lisent :

Je sus ressusciter Sophocle dans mes vers,

Et sans me perdre dans les airs.

Dans le deuxième vers, qui, on l'a dit, est le plus lisible, on distingue très bien les mots IL sut, ce qui nous a conduit aux autres changemens. Cette leçon d'ailleurs est plus raisonnable, car, selon la remarque de M. Amar, comment concevoir que Boileau ait fait dire à Racine, parlant de lui-même, qu'il était l'honneur et la merveille du théâtre ?

C'est lui qui parle. B., 1701-1713 (à Br., 48; S.-M., 22, E.; S.S., 521).

Et dans mon livre si chéri

Apprend à se haïr soi-même.

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XXII. Épitaphe de M. Arnauld, docteur de Sorbonne. 1
Au pied de cet autel de structure grossière,
Gît sans pompe, enfermé dans une vile bière,
Le plus savant mortel qui jamais ait écrit;
Arnauld, qui, sur la grâce instruit par Jésus-Christ,
Combattant pour l'Église, a, dans l'Eglise même,
Souffert plus d'un outrage et plus d'un anathème.
Plein du feu qu'en son cœur souffla l'esprit divin
Il terrassa Pélage, il foudroya Calvin,

De tous les faux docteurs confondit la morale.
Mais, pour fruit de son zèle, on l'a vu rebuté,
En cent lieux opprimé par leur noire cabale,
Errant, pauvre, banni, proscrit, persécuté;
Et même par sa mort leur fureur mal éteinte
N'aurait jamais laissé ses cendres en repos,

Si Dieu lui-même ici de son ouaille sainte
A ces loups dévorans n'avait caché les os. *

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1 Nous avons remarqué (tome I, Notice bibl., § 1, no3 131 et 134 ) que cette épitaphe fut publiée pour la première fois à Paris, dans l'édition de 1735, et que cette édition fut saisie. Elle avait été imprimée d'abord à l'étranger en 1711, 1712 et 1713 (ib. nos 100 et suiv.) avec l'addition du prénom d'Arnauld ( Antoine ) au titre... De nos jours, ellè a été supprimée dans le Boileau de la jeunesse ( est à Br., n. 49; S.-M., n. 9, P; S.-S., II, 552). 2 P. Č. disent Brossette et les autres éditeurs; mais ce vers est dans les mêmes éditions de 1712 et 1713.

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Cependant pour tout fruit de tant d'habileté.

3 P. C. ( même observation qu'à la note précédente).

Il fut errant, banni, trahi, persécuté.

Brossette s'était borné à dire qu'Arnauld était mort en Flandre, en 1694,

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