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fance une extrême vivacité le rendit ennemi du repos, mais à l'âge de sept ans il tomba d'une échelle et restą bien cinq heures sans connaissance. Il ent la partie droite du crâne fracassée, sans aucune lésion au péricrâne, et perdit beaucoup de sang par les trous nombreux et profonds de la tumeur qu'avait occasionnée la chute. Alarmé de cette fracture et de ce long évanouissement, le chirurgien prédit qu'il mourrait ou qu'il resterait imbécille. Mais la prédiction, Dieu merci, ne se vérifia point; et, guéri de sa blessure, Vico devint mélancolique et ardent, caractère des esprits inventifs et profonds dans lesquels éclate un génie subtil, mais qui, du reste, sont trop réfléchis pour aimer le brillant et le faux.

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Après une convalescence de trois années il rentra dans la classe de grammaire, et comme il expédiait rapidement tous ses devoirs, son père, prenant cette facilité pour de la négligence, s'enquit un jour du maître si son fils travaillait en bon écolier. Sur sa réponse affirmative il le pria de lui doubler sa tâche; mais celui-ci s'excusa sur ce qu'il n'avait qu'une mesure, qu'un seul écolier ne pouvait réclamer tous les soins et que la classe supérieure était trop forte. Vico, présent à l'entretien, ne consultant que son courage, pria le maître de lui accorder la permission

d'y passer, prêt à suppléer à sa faiblesse par un redoublement d'ardeur. Il céda, plutôt pour éprouver ce que pouvait une jeune intelligence, que dans l'espoir d'un succès réel; mais, à son grand étonnement, il trouva son maître dans son écolier.

Ce premier guide venant à lui manquer, il fut confié à un second; mais il resta peu de temps avec lui, son père ayant été conseillé de l'envoyer chez les jésuites, qui l'admirent dans leur seconde classe. Charmé de ses dispositions, son maître l'opposa successivement à trois de ses plus forts élèves. Par ses diligences, comme disent ces pères, ou si l'on aime mieux par un surcroît de travail, il fit perdre courage au premier; le second, pour avoir voulu rivaliser de zèle, tomba malade; le troisième, qui était bien vu de la compagnie, passa à la première classe, en récompense de ses succès, sans cependant que les pères eussent lu ni liste ni rapport, pour me servir de leurs expressions. Sensible à cette injustice, et apprenant que le second semestre n'était qu'une répétition du premier, il quitta le collége, s'enferma chez lui, et apprit dans Alvarez ce que les jésuites enseignaient dans la première classe et dans le cours des humanités. Le mois d'octobre suivant il étudia la logique. C'était la belle saison, et il ne se mettait que vers le soir à sa petite

table; mais il arrivait que sa bonne mère, sortie de son premier sommeil, le priait affectueusement de se coucher, et s'apercevait plus d'une fois qu'il avait travaillé jusqu'au jour, preuve certaine que, croissant à la fois en âge et en science, il soutiendrait avec honneur sa réputation de savant.

Le sort lui donna pour maître le jésuite Antonio del Balzo, de la secte des nominaux. Déjà il avait appris dans les écoles, qu'un bon sommoliste est un profond philosophe, et que le meilleur traité de la Somme était de Pietro Ispano; il en fit donc une étude approfondie. Balzo venant ensuite à lui désigner Paolo Veneto comme le plus subtil commentateur de la Somme, il voulut aussi profiter de cet auteur, Mais trop faible encore pour saisir les développement de cette logique stoïcienne, il faillit s'y égarer, et ne l'abandonna cependant qu'à son grand regret. Découragé (tant il est dangereux d'appliquer les jeunes gens à des sciences audessus de leur âge ), il déserta l'étude et fut dixhuit mois sans s'y livrer. Je n'adopterai pas ici, la fiction que Descartes n'a si adroitement insinuée dans sa Méthode, au sujet de ses études, que pour élever sa philosophie et ses mathématiques sur les ruines de toute autre science divine et humaine; mais avec l'ingénuité et la franchise

qui sied à l'historien, j'exposerai l'ordre et la succession de toutes les études de Vico, pour mieux indiquer comment sa destinée littéraire fut telle, et non pas autre.

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Grâce à cette heureuse direction imprimée d'abord à sa jeunesse, il était comme un coursier généreux qu'on laisserait, après l'avoir dressé pour le combat, paître librement dans les prairies. S'il entend le son de la trompette guerrière, sa belliqueuse ardeur se réveille, il appelle le cavalier prêt à s'élancer vers le champ de bataille; ainsi, à l'occasion d'une célèbre académie degli infuriati rétablie après plusieurs années à Saint-Lorenzo, et où plusieurs savans distingués vivaient dans une communauté scientifique avec les premiers avocats, les sénateurs et les nobles de la ville, Vico, cédant à son génie, reprit une carrière interrompue et rentra dans l'arène. Tel est le précieux avantage que procurent aux états ces sociétés. Les jeunes gens, dont l'âge n'est qu'ardeur et confiance, se passionnent ainsi pour l'étude, avides des éloges et de la gloire qui, dans un âge où l'esprit plus mûr recherche le solide et l'utile, sera la digne récompense de leur mérite réel. Vico reprit ensuite, avec plus de zèle que jamais, l'étude de la philosophie sous le père Giuseppe Ricci, autre jésuite, homme d'un esprit pé

nétrant, scotiste, mais au fond zénoniste. Il aimait à lui entendre dire que les substances abstraites ont plus de réalité que les modes de Balzo le nominal, laissant ainsi prévoir qu'il aurait à son tour une prédilection marquée pour la philosophie de Platon, dont Scot a le plus approché parmi les scolastiques, et qu'il traiterait des points de Zénon d'après une toute autre doctrine que celle des interprètes infidèles d'Aristote; c'est ce qu'a prouvé sa métaphysique. Il trouvait cependant que Ricci expliquait trop minutieusement la différence de l'être et de la substance dans l'ordre de leur gradation métaphysique. Aussi, toujours avide de nouvelles connaissances, apprenant que le père Suarez traitait avec la supériorité d'un vrai métaphysicien, de tout ce qu'on peut savoir en philosophie; qu'en outre son exposition était claire et facile, il quitta de nouveau l'école et s'enferma chez lui une année entière pour étudier cet auteur.

Une seule fois il se permit d'aller à l'université royale, et par une heureuse inspiration, il entra dans la classe de D. Felice Aquadies, premier lecteur en droit, au moment où ce professeur distingué portait sur Vulteius le jugement suivant qu'il était le meilleur commentateur des institutes. Ces paroles que Vico grava dans sa mémoire, déterminèrent dans

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