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Quand la reine des nuits brille entre les rameaux,

Du rantz accoutumé les notes languissantes
Rappellent au bercail les vaches mugissantes.

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ESSAI

SUR LA SATIRE.

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ON

N peut laisser en paix des rimeurs innocens Dont la muse inconnue outrage le bon sens :

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Qu'un Ferlus, qui végète aux marais du Parnasse,

<< Pense atteindre le vol de Lucrèce et d'Horace;

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Qu'en écrivant aux sots Despaze, dans l'accès, Braille ses vers gascons qu'il croit des vers français;

Qu'un Balourd-Lormian, ridicule Pygmée,

<«< Travestisse le Tasse en prose mal rimée;

<«< Tous ces fils de Cotin, plus décriés que lui,
<< Des mépris du public se vengent par l'ennui. >>
Mais, des mœurs et du goût s'ils se disent arbitres,
Du tribunal burlesque on veut savoir les titres.
Qui ne rirait de voir un Zoïle, irrité,

Nous demander raison de son obscurité,
Et, ne prévoyant pas les dégoûts qu'il s'attire,
Armer sa faible main du fouet de la satire?
Quelques censeurs, bravant d'orageuses rumeurs,
Contre le vice altier défendirent les mœurs;

1. Ce passage a été écrit lorsque M. Baour Lormian publia sa première traduction de la Jérusalem délivrée.

Mais l'austère vertu recommandait leur vie.
En des vers généreux s'ils attaquaient l'envie,
Ils savaient rendre hommage au mérite envié;
Et, s'ils vengeaient le goût trop souvent oublié,
Chacun de leurs écrits au goût toujours fidèle,
En donnant la leçon présentait le modèle.
Dans la Grèce autrefois, sur la scène étalés,
Socrate et Périclès, en public immolés,
Étaient livrés aux ris d'une foule profane.
Si l'envie inspirait les vers d'Aristophane,
La vengeance dicta, dans ses fougueux élans,
D'Archiloque en fureur les ïambes sanglans.
Chez les Romains bientôt, sous la plume d'Horace,
La satire, unissant la vigueur et la grâce,
Sans préparer l'exil, sans verser le poison,
D'un utile enjoûment vint orner la raison.
Fort, mais avec douceur, précis quoique facile,
Ce poète élégant, le vainqueur de Lucile,
Animant un vers pur du feu de ses bons mots,
Fut chéri des talens et redouté des sots.
Aux stoïques leçons quand sa muse exercée
Prouve que la sottise est toujours insensée,
Que l'homme n'est jamais content de ses destins;
Quand de Nasidiénus il décrit les festins,

1. Ou bien,

De Nasidiénus s'il décrit les festins,

D'avides héritiers s'il nous peint la bassesse.

D'avides héritiers quand il peint la bassesse,
Ou qu'aux sifflets de Rome il présente sans cesse
Le jargon pédantesque et les tons importans
De ce lourd Crispinus, le Roederer du tems,
Il sait, de la satire ennoblissant l'usage,
Railler en honnête homme, et badiner en sage;
Et ses charmans écrits, retenus du lecteur,
Sont toujours d'un poète et jamais d'un rhéteur.

Plus concis, plus obscur, et moins parfait sans doute,
De son grand devancier Perse suivit la route.
D'une austère candeur il connut tout le prix:
C'est la vertu qui parle en ses chastes écrits.
Eh! qui n'applaudirait lorsque ses traits caustiques
Du palais des Césars franchissent les portiques,
Et même, au despotisme inspirant la terreur,
Vont, au bruit des sifflets, réveiller l'empereur.

D'un siècle corrompu la publique impudence
De l'ardent Juvénal souleva l'éloquence;
De mouvemens heureux tous ses vers animés
D'un cœur vraiment ému jaillissent enflammés.
Dans ses hideux tableaux Rome entière respire:
Le juge vend la loi, le sénat vend l'empire;
Tout fier d'un testament par le crime dicté,
Un adultère insulte au fils déshérité;
Les affranchis par l'or achètent la naissance;
Les nobles par la honte achètent la puissance;

Et d'un manteau sacré le vice revêtu Trafique impudemment du nom de la vertu. Voyez des corrupteurs la horde enchanteresse, Reste vil et flétri du beau sang de la Grèce; Adolescens, vieillards, de débauches perdus; Par un mélange affreux les sexes confondus; Les épouses souillant la couche nuptiale, Affichant leur opprobre et luttant de scandale. Messaline en délire, outrageant son époux, Rit de ses attentats, et les surpasse tous. Tandis que l'empereur stupidement sommeille, L'œil ardent, près de lui, l'impératrice veille; Par de faux cheveux blonds son front est ombragé; Et, quand dans le repos tout l'empire est plongé, Elle court de Vénus célébrer les mystères, Porte en des lieux impurs ses fureurs adultères. Là, de honteux plaisirs s'enivrant à son gré, Du nom de Lycisca voilant son nom sacré, Lasse de voluptés, mais jamais assouvie, Celle, ô Britannicus, qui t'a donné la vie, Seule, et de crime en crime errant en liberté, Prostitue aux Romains les flancs qui t'ont porté.

Après un long repos la moderne Italie
Aux jours des Médicis renaquit embellie;
Et, parmi les beaux-arts en foule renaissans,
La Muse satirique éleva ses accens.

Celui qui de nos preux a chanté les merveilles,

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