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Le fier taureau, pour suivre une amante chérie,
Des fleuves débordés affronte la furie;

Tes feux embrasent tout les plaines, les déserts,
Les bois harmonieux, les fleuves et les mers.
Tout respire à la fois ta divine tendresse;
Tout brûle; et l'univers se repeuple sans cesse.

Ah! puisque la nature est toute sous ta loi,
Puisque rien, ô Vénus, ne peut être sans toi,
Puisqu'enfin de toi seule un coup d'œil favorable
Dispense l'art de plaire et ce qui rend aimable,
Viens; de tes feux chéris viens consumer mon cœur,
Et répands sur ces vers ton charme séducteur;
Sur ces vers, où, guidé du flambeau d'Épicure,
Je tâche de m'ouvrir le sein de la nature.

Si l'heureux Memmius te doit tout, c'est pour lui, Déesse, pour lui seul que je chante aujourd'hui.

En tous lieux cependant que Bellone endormie
N'élève plus sa voix, des muses ennemie.
Tu peux calmer sans doute et la terre et les mers,
Si le dieu de la Thrace, esclave dans tes fers,
Te laissant désarmer ses regards homicides,
Souvent couvre ton sein de ses baisers avides.
En ces momens, Déesse, où, l'attrait des plaisirs
Te cédant toute entière à ses fougueux désirs,
Les transports mutuels de la plus vive flamme

A vos deux corps unis ne laisseront qu'une âme,
De ce ton si puissant que toi seule connais
Au nom de tes Romains demande-lui la paix.
Pourrions-nous, en des tems où gémit la patrie,
Nous livrer sans réserve à la philosophie?
Memmius de son nom doit soutenir l'éclat,
Et donner tous ses soins au salut de l'État.

Je

veux, o Memmius, qu'attentif et docile Tu puisses me prêter une oreille tranquille : Autrement, vains efforts; et mes discours perdus Se verraient dédaignés, faute d'être entendus : Suis-moi donc pas à pas. L'origine des choses, Et l'essence des Dieux, et les premières causes; Par quels soins merveilleux la nature produit; Et comment chaque chose augmente et se détruit : Voilà ce qu'en mes vers je veux, d'une main sûre, Graver pour Memmius et la race future. Surtout laissons les Dieux, en pleine oisiveté, Savourer à longs traits leur immortalité.

Sans douleurs, sans périls, riches de leur richesse, Ont-ils quelque commerce avec notre faiblesse? Songent-ils aux mortels? et nous flatterions-nous D'attirer leurs bienfaits, d'appeler leur courroux?

De mensonge enivrés sous un joug imbécile, Autrefois les humains courbaient un front servile; Et la religion, ce fantôme odieux,

Cachant insolemment sa tête dans les cieux,

De son horrible aspect épouvantait la terre:
Un homme, un Grec1 osa lui déclarer la guerre.
Sur elle, le premier, fixant des yeux mortels,

Les dieux, leur vain renom, leur culte, leurs autels,
De leur foudre impuissant l'éclatante menace:
Tout ne fit qu'irriter sa généreuse audace.
Des mains de la nature il fit tomber les fers,
Franchit les murs brûlans qui ceignent l'univers,
Au sein de l'infini courut chercher les causes,
L'action, le pouvoir, les limites des choses.
De l'Olympe jaloux par lui victorieux,
Les humains désormais égalèrent les Dieux;
L'erreur s'évanouit; et l'absurde fantôme
Tomba sans se défendre aux pieds de ce grand homme.

Ne va pas t'y tromper toutefois: mon dessein
N'est pas, cher Memmius, d'empoisonner ton sein;
Et, t'ouvrant les chemins qui conduisent au crime,
D'entraîner ta raison en un funeste abîme :
Mes leçons n'auront point ces sinistres effets.
C'est la Religion qui commet des forfaits:
C'est elle qui jadis, aux rivages d'Aulide,
Exigea pour victime une vierge timide,
Et par qui tous les Grecs, également cruels,
Offrirent un sang pur à des Dieux criminels.

1. Pythagore.

En des tems plus heureux celle qui la première
Nomma le roi des rois de ce doux nom de père,
A pas lents aujourd'hui s'approchant de l'autel,
Sur son front vertueux sent le bandeau mortel,
Voit aux mains de Calchas le poignard inflexible,
Et son père présent à cette scène horrible,
Son père au désespoir, toute la Grèce en pleurs.
Stérile désespoir! inutiles douleurs!

D'un œil qui ne voit plus, la triste Iphigénie,
Redemandant au ciel le reste de sa vie,

Déja toute à la mort, contre un si rude coup
En vain se préparant, chancelle tout à coup.
L'innocente princesse à l'autel est traînée,

Non pour former les nœuds d'un illustre hyménée.
Lorsqu'à peine elle touche à l'âge où ces beaux nœuds
D'un époux, d'un héros, auraient comblé les vœux,
Pour apaiser Diane, et les vents en colère,
Elle tombe; et son sang rejaillit sur un père.
Tant la Religion sait endurcir les cœurs!
Tant sa coupable voix inspire de fureurs!

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N'ALLEZ pas du soleil négliger les présages :
Que de fois il annonce, et les sanglans orages,
Et les calamités, et les jours odieux,

Que le sombre avenir cache à nos faibles yeux!

D'un farouche assassin lorsque le bras impie
Trancha du grand César la glorieuse vie,
L'astre du jour pâlit; et l'univers tremblant
Se crut à cette fois plongé dans le néant.
De signes menaçans quelle suite effrayante!
Tout dans ces jours cruels nous glaçait d'épouvante;
Tout disait nos malheurs: et la terre, et les eaux,
Et les cris importuns des sinistres oiscaux.
Bientôt avec fureur Etna rompant ses chaînes,
Armé de tous ses feux, vint fondre sur nos plaines.

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