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Le Germain vit les cieux chargés de combattans;
L'Apennin s'agita par de longs tremblemens;
De lamentables voix durant les nuits gémirent;
Et de spectres hideux nos forêts se remplirent.
Que dis-je? des Romains partageant les douleurs,
Dans nos temples sacrés l'airain versa des pleurs.
La terre ouvrit son sein; les animaux parlèrent!...
Au milieu de leurs cours les fleuves s'arrêtèrent;
L'Eridan furieux, couvrant tout de ses eaux,
Engloutit les forêts, les plaines, les troupeaux;
Le prêtre, consterné, dans le sein des victimes
Ne lit que des malheurs, des combats et des crimes;
Le Tibre avec effroi roule des flots sanglans;
Les loups dans nos cités poussent des hurlemens.
Jamais en un ciel pur, en des jours sans orages,
La foudre ne causa de plus fréquens ravages;
Et jamais la comète, ardente au haut des cieux,
N'effraya les humains de regards plus affreux.

Pour la seconde fois les plaines d'Émathie
Virent des ennemis ayant même patrie;

Deux fois le ciel voulut que ces champs inhumains
S'abreuvassent du sang des malheureux Romains.

Loin de ces tems marqués par nos guerres civiles, Un jour, le laboureur, dans ces champs trop fertiles, Courbé sur la charrue, ardent à ses travaux, Entendra se heurter les armes des héros.

A ses pieds rouleront les cuirasses immenses,
Et les casques pesans, et les dards, et les lances.
Il se retracera nos barbares aïeux;

Et leurs grands ossemens étonneront ses yeux.
Généreux fils de Mars, toi que Rome révère,
Et que ses citoyens reconnaissent pour père;
Et toi surtout, Vesta, dont les puissans regards
Veillent au Capitole, et gardent nos remparts,
Conservez-nous César, ô Dieux de la patrie!
Rome, pour vivre encor, a besoin de sa vie.
Pour laver d'Ilion les parjures sermens,
Notre sang et nos pleurs ont coulé trop long-tems.
Et cependant, hélas! le ciel impitoyable
Semble envier César à notre âge coupable!

Le ciel avec douleur voit ce jeune héros
Méditant chaque jour des triomphes nouveaux,

Dans un tems où la flamme, et le fer, et les crimes,
Aux barbares humains ont paru légitimes!

Déja plus d'abondance au milieu des guérets;
Le travail ne fait plus germer l'or de Cérès.
La guerre a tout détruit: nos plaines délaissées
De ronces, de chardons, sont au loin hérissées.
A ses champs arraché, le triste laboureur
Change sa faux paisible en glaive destructeur.
De rivaux, animés d'une égale furie,
Le Danube et l'Euphrate inondent l'Italie.
Voisins contre voisins, cités contre cités:

Tout combat; tout est sourd à la voix des traités.

Ainsi, lorsque, des yeux dévorant la carrière, De généreux coursiers franchissent la barrière, Déjà, pour retenir leur vol impétueux,

Le guide, en s'agitant, roidit son bras nerveux; Et cependant le char, dans sa fougue rebelle, N'écoute plus le frein, ni la voix qui l'appelle.

IMITATION

DU

QUATRIÈME LIVRE DE L'ÉNÉIDE.

Dissimulare etiam sperasti, perfide, tantum
Posse nefas! etc.

(ÉNÉIDE, ch. IV.)

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CRUEL! tu prétendais jusqu'au dernier moment

Me cacher ton forfait et mon aveuglement;

Et les nœuds de l'amour, la voix de l'hyménée,
Didon, qui pour jamais à toi s'était donnée,

Ses sanglots, sa douleur, et son prochain trépas:
Rien n'aura le pouvoir de retenir tes pas!
Quand il s'agit de fuir cet odieux rivage,

Des saisons et des vents tu ne crains point la rage!
Et c'est toi qui me fuis! et c'est toi qui me hais!
Tu me hais! tu le peux! Si tu m'aimas jamais,
Si mes bienfaits jadis ont fait cesser ta peine,
Je t'en conjure ici par ma main, par la tienne,
Par ces pleurs (aujourd'hui je n'ai plus d'autre bien),
Par nos feux mutuels, par le plus doux lien:
Dépouille en ce moment une âme injuste et dure,
Et songe que les Dieux abhorrent le parjure.
Numides, Libyens, irrités contre moi:

J'ai tout bravé, cruel, et tout bravé pour toi.
De Carthage, pour toi, j'ai fait mon ennemie.
La gloire dont j'avais environné ma vie;
La pudeur (que je crus devoir toujours chérir);
Imprudent! pour toi seul quand j'ai pu les trahir,
Tu pars; et loin de toi, ta malheureuse amante,
Loin de toi, sur ces bords, tu la laisses mourante!
Hote barbare! hélas! où prendre un nom plus doux,
Lorsque tu ne veux point du nom sacré d'époux?
Je vais donc être en butte à mon perfide frère:
Peut-être en Gétulie irai-je, prisonnière,
A la face des Dieux, y recevoir la foi

D'un roi sauvage, encor moins sauvage que toi!
Mais, en m'abandonnant, en quittant ce rivage,
Si de tes feux du moins tu me laissais un gage,
Ses caresses, ses jeux innocens, enfantins,
Rallumeraient mes jours par la douleur éteints;
Ses traits, ses traits chéris me tromperaient sans cesse;
A chaque instant du jour ma crédule tendresse
Te verrait, t'aimerait, t'adorerait en lui;
Peut-être quelque jour il serait mon appui!»>

Il est nuit: l'univers s'abandonne au repos;

La campagne se tait; les forêts et les flots

Se taisent; tous les cœurs ont oublié leurs peines.

Les troupeaux qui couvraient les monts, les bois, les plaines;

Les nations des mers, de la terre et des cieux;

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