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de fes membres eft en droit de venger fa réputation. Il femble que vous n'ayez pris la plume que pour outrager le Chriftianifme le Gouvernement Clergé de fi puiffants intérêts ne peuvent être abandonnés fans crime. Lors même que vous feignez de vouloir feulement vous défendre vous attaquez tout le genre-humain: fe pourroit-il faire que perfonne ne fe crût affez fort pour repouffer des traits lancés au hazard: Perfuadé que vous êtes fait pour dire au Public des vérités dures Vous ne devriez pas être furpris, fi quelqu'un par reconnoiffance, prenoit enfin la liberté de vous dire les vôtres.

Quelle prife ne donnez-vous pas à la fatyre, par le récit burlefque de vos avantures & de ce que vous appellez la bizarrerie de votre deftinée (4) ? Cette bizarrerie, Monfieur, n'eft une énigme que pour vous; & vous pourriez en trouver l'application en vous-même, pour peu que vous vouluffiez vous examiner avec impartialité. Dans vos divers Ouvrages il y a ordinairement un peu de bien & beaucoup de mal, quelques vérités & beaucoup d'erreurs, tout cela revêtu des plus brillantes couleurs; il n'eft donc pas étonnant que vous ayez eu

(a) Lettre à M. l'Archevêque de Paris, p. 1.

des admirateurs & des ennemis, des partiíans & des cenfeurs, des profpérités & des revers. Depuis environ vingt fiecles que la place de Diogène étoit vacante vous vous êtes préfenté pour lui fuccéder; qui eût ofé vous difputer ce privilege? Comme lui, vous affichez le mépris pour les hommes, la haine-contre feurs loix, leurs fentimens leurs ufages; comme lui, fous un extérieur de modeftie vous laiffez appercevoir un fond d'orgueil & de malignité; comme lui, vous affectez une pauvreté faftueuse. Ne pouffons pas plus loin le parallele. Eft-ce donc une merveille que vous ayez été recherché à la Cour? L'homme que vous copiez, amufa quelques momens le loifir d'Alexandre. La curiofité, il eft vrai, eft un mouvement auffi peu durable qu'il eft vif quelquefois ; c'est auffi à le bien prendre, tout ce que mérite la fingularité.

Mais, Monfieur, fupprimons les per fonalités. Si je commence par des reproches qui peuvent vous paroître offenfans, c'eft contre mon inclinations & unique. ment pour vous montrer qu'il ne feroit pas difficile de vous répondre fur le ton indécent que vous avez pris. A Dieu ne plaife que j'imite votre exemple ; je voudrois, pour l'honneur des Lettres, pour votre propre gloire, que vous ne l'euffiez jamaisdonné. Un ftyle aigre, mordant,

paffionné, peut convenir à ceux qui attaquent la Religion; ils ne font pas fcru puleux fur le choix des armes on ne le pardonneroit point à ceux que la défendent. Nous fommes également redevables aux plus fages & à ceux qui le font le moins (a). C'eft en fouffrant & en plaignant ceux-ci qu'il faut effayer de les guérir. Je rends juftice à vos talens, je refpecte les vertus morales dont vous faites profeffion j'applaudis au zele que vous faites paroître pour les grandes vérités de la Religion naturelle, je vous paffe les faillies de votre humeur; mais je ne dois aucun ménagement à vos opinions. Vous me permettez d'en démontrer la fauffeté & les pernicieufes conféquences, avec toute la force dont je puis être capable.

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Malheureufement, vous n'avez pas en moi un adverfaire fort redoutable, c'eft pour la premiere fois que j'ofe entrer en lice. Je fuis peut-être un de ces Cuiftres en petit collet, un de ces chetifs habitués de Paroiffe que vous traitez fi mal. Mais les qualités font étrangeres au fujet qui va nous occuper. Fuffiez-vous cent fois plus grand, & moi cent fois plus petit, vous pourriez par hazard avoir tort, tandis que j'aurois raison. Sans avoir autant d'efprit que vous, on en peut avoir affez

(a) Sapientibus & infipientibus debitor fum. Rom. 1. 14.

nerveux

pour vous faire voir que vous vous trompez. Non, Monfieur, je ne poffede point le talent dangereux d'éblouir les Lecteurs, de déguifer le faux fous les apparences du vrai je n'ai point ce ftyle brillant, tranchant qui vous diftingue, ni cette intrépidité qui vous fait envifager de fang froid les conféquences abfurdes de vos principes; je n'ai pour moi que la raifon & la vérité; fi elles triomphent par une plume auffi peu aguerrie que la mienne, elles en auront tout l'honneur.

Pour entrer en matiere, commençons par nous tracer un plan fuivi des queftions que nous avons à traiter, & qui feront l'objet d'autant des Lettres. Nous examinerons dans la premiere ce que Dieu peut ou ne peut pas révéler, ou fi vous voulez, la poffibilité d'une révélation furnaturelle; dans la feconde fa néceffité; dans la troifieme, nous en verrons l'existence & les preuves dans la quatrieme, nous chercherons qu'elle eft la voie par laquelle Dieu veut nous la faire connoître, c'eft l'autorité de l'E glife; dans la cinquieme, jufqu'où s'étend cette autorité, & qu'elle doit être la tolérance en matiere de Religion; nous parlerons dans la fixieme des abus réels ou fuppofés que l'on impute à la révélation; nous difcuterons dans la feptieme, deux dogmes particuliers que

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vous avez révoqués en doute, la création & la chute de l'homme; dans la huitieme nous ferons quelques réflexions fur la maniere d'inftruire & fur le plan d'éducation que vous propofés; dans la neuvieme, fur l'accord du Chriftianifme avec la faine politique; dans la dixieme, fur votre apologie & fur les accufations formées contre vous; enfin vos Lettres écrites de la Montagne feront le fujet de la onzieme & douzieme.

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Je me propofe de ne laiffer aucunedifficulté fans réponse, mais vous me difpenferez, s'il vous plaît, de vous fuivre exactement dans vos écarts; ils font ordinaires aux grands génies; en marchant ils regardent à droite & à gauche, & cela eft quelquefois caufe qu'ils ne voyent plus devant eux; pour moi qui crains de in'égarer, je m'affujettis à une route certaine, & je tâche de rétablir l'ordre dans une matiere où vous avez mis beaucoup de confufion.

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Examinons d'abord le principe fur lequel porte tout votre fyftême de Religion, qui eft la bafe de tous vos raisonnemens qui fuppofent toujours les incrédules, & qu'ils n'ont jamais prouvé. Ce principe eft, que Dieu ne peut nous prefcrire d'autre Religion que celle dont notre raifon nous démontre les dogmes, qu'il ne peut nous enfeigner une doctrine qui nous paroît abfurde & contradictoire,

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