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Corps en divers lienx (1)? Mais si Dieu peut d'un corps en former deux identiques, il peut en former trois, quatre, un nombre quelconque, la matière étant divisible à l'infini. La présence multipliée est donc possible. Certes nous sommes loin de prétendre que ce soit l'explication véritable de celle de J. C. dans l'Eucharistie; mais notre hypothèse prouve la possibilité de cette présence. Or si nous pouvons lier les connaissances que nous avons de la nature avec ce dogme, qui peut douter que Dieu n'ait, dans la partie immense de la physique et de la métaphysique qu'il lui a plu de nous laisser cachée, bien d'autres moyens d'effectuer cette même présence?

Dira-t-on enfin qu'il répugne qu'un Dieu s'abandonne à la merci des pervers, et s'expose aux dernières indignités? Mais ce que Jésus-Christ livre aux outrages insensés des c'est seulement son pervers, voile, c'est l'enveloppe qu'il a mise entre eux et lui : leurs profanations ne vont pas jusqu'à toucher et affecter son divin corps sur lequel il ne leur laisse aucune prise. Inaccessible à tous leurs sens, il est à l'abri de toutes leurs atteintes ; et non moins impalpable qu'invisible, sa présence reste impassible et inviolable. Or il ne répugne pas plus que Dieu supporte ces atteintes impuissantes, qu'il ne ré

( 1 ) « S'il plaisait à Dieu, dit le savant Euler, d'accorder à mon ame in pouvoir sur un corps organisé dans la lune, je serais également ici et dans la lune, et il n'y aurait en cela aucune contradiction ». (Lettre XXXIX à une Princesse d'Allemagne:)

pugne que son œil pur et immortel soit ouvert å toutes les scènes d'horreur et de débauche; pas plus qu'il ne répugne que des images dégoûtantes et infâmes trouvent place dans les conceptions divines et aillent se réfléchir dans l'intelligence incréée. Dieu voit tous les forfaits, et son regard n'en est point souillé; il les connaît et la pureté de son essence n'en est point altérée, comme le soleil touche les ordures par ses rayons, sans en être souillé lui-même.

Concluons qu'il n'y a dans le dogme de l'Eucha ristie aucune contradiction. C'est ce dont était convaincu le savant Léibnitz, lorsqu'il écrivait ces paroles remarquables: « La seule chose qui pourrait nous dispenser de nous attacher à la lettre du testament de Jésus-Christ, serait s'il y avait une absurdité ou impossibilité dans le sens littéral; mais on ne prouvera jamais qu'il y en ait.» (1) Pour le prouver, en effet, ne craignons pas de le redire, il faudrait connaître en quoi consiste l'essence d'un corps, et quel est l'état du corps de J. C. dans son sacrement. L'ignorance complète où nous som mes sur ces deux points, fait lors même que tout ce que nous venons de répondre aux incrédules ne contenterait pas l'esprit, ils n'auraient aucnu droit de dire que l'Eucharistie renferme quelque répugnance, et que nous aurions toujours celui de les défier d'en montrer aucune dans ce mystère.

(1) Tome 1, page 30

que,

Le dogme de l'enfer n'en offre pas non plus. L'Ecriture sainte ne dit nulle part, et l'Eglise n'a point décidé si le feu de l'enfer est proprement un fen matériel, ou non, ni quelle en est précisément la nature. Mais, en l'entendant même d'un feu matériel, suivant le sentiment commun, 'quelle répugnance peut-on y trouver ?... L'incrédule demandera-t-il comment des ames spirituelles peuvent subir l'impression d'un feu matériel. Nous lui demanderons, à notre tour, comment nos ames peuvent être, en cette vie, soumises à l'action des organes; et si un esprit sujet à l'impression du feu dans le corps qu'il habite, est plus compréhensible qu'un esprit sujet à la même impression hors de ce même corps. Dieu peut tout ce qui n'implique pas contradiction. Or il n'y en a pas plus à soumettre un esprit à l'impression du feu, qu'à le soumettre à l'impression des sens. Si l'incrédule demande comment l'éternité de l'enfer s'accorde avec la justice et la bonté divines, nous lui demanderons, à notre tour, s'il a bien réfléchi sur la nature du péché, sur la volonté du pécheur, et sur la justice et la sagesse infinies de Dieu ?

D'abord, ce n'est ni sur la durée du péché, ni sur la bassesse de l'homme qu'il faut mesurer la durée de la peine que le péché mérite. Quand quelqu'un a été insulté, blessé dans ses biens, ou dans son autorité, est-ce que l'on mesure la durée de la peine uniquement sur le temps que le crime

a

exigé? Ce serait une règle absurde. Il ne serait

pas moins inconséquent de mesurer la durée de la peine sur la bassesse du coupable: tous les hommes reconnaissent qu'une faute est d'autant plus grave que la personne offensée est plus digne ; d'où il suit que la durée de la peine, loin de décroître à proportion de la bassesse du coupable, devrait naturellement croître en raison directe de cette bassesse. Mais si la bassesse du pécheur ne peut pas être la mesure de la durée de sa peine, la grandeur de celui qu'il a offensé ne peut-elle pas l'être? Du serviteur qui offense son égal à celui qui outrage un magistrat, à celui qui outrage le Souverain, l'offense croît toujours, et la gravité de l'offense croissant, la peine doit croître. Quelle mesure peut-on fixer, lorsque l'offense viole les droits de Dieu dont la majesté est infinie? Sur quel fondement prétendrait-on assigner à sa justice la borne où voudrait s'arrêter notre imagination, effrayée d'une peine éternelle?

En second lieu, la volonté de l'homme qui, jusqu'à la mort, persiste dans le péché, est une volonté éternelle dans son essor, dans sa disposition, dans ses desirs. Le pécheur frappé par la mort quitte le monde, quitté les instrumens de son péché, mais il ne quitte pas l'attache au péché : c'est un navigateur qui côtoie un rivage séduisant, et qui veut s'y fixer; le courant de l'eau l'emporte, malgré lui, dans le vaste océan, où la terre de ses délices disparaît à ses yeux, en ne lui laissant que des desirs et des regrets. Si le pécheur impénitent

ne mourait pas, il continuerait de pécher. Or celui qui veut ne vivre jamais sans péché, pourquoi ne mériterait-il pas de ne vivre jamais sans souffrance?

En troisième lieu, la bonté divine ne doit pas pardonner au pécheur, et sa justice, au contraire, doit le punir, tant que sa volonté, après le terme de son épreuve qui est la vie, reste attachée au mal, à sa révolte contre l'ordre. Si donc la volonté du pécheur, après la mort, reste toujours attachée au mal, Dieu ne doit jamais lui pardonner, il doit le punir toujours. Or, que la volonté du pécheur ne soit pas constamment telle, dans l'éternité, c'est ce que l'incrédule ne prouvera jamais. Il sera done à jamais dans l'impuissance de montrer que l'éternité de l'enfer soit incompatible avec la bonté et la justice de Dieu. « La durée de la coulpe, dit à ce

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sujet Leibnitz, est cause de la durée de la peine: >> les damnés demeurant méchans, ne peuvent être » tirés de leur misère: ils sont eux-mêmes la cause » de la continuation de leurs tourmens. (Théodi» cée, tome 2, §. 266. ) ».

Remarquons enfin, que la détermination du degré de la peine ne se règle pas toujours, ni uniquement sur la qualité et le degré du crime, mais sur des raisons tirées du but du législateur; or, ce but demande qu'il décerne des peines capables de procurer, autant qu'il se peut, l'observation des lois et d'empêcher que les hommes ne les violent. Ainsi, la proportion entre le crime et la peine

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