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n'appartient pas tant à la justice qu'à la prudence et à la sagesse, qui doivent déterminer des peines telles qu'il les faut pour que les lois soient observées; d'où il suit que toute punition proportionnée à cette fin n'est point injuste. Or l'éternité de l'enfer est une peine telle qu'il la faut pour que la loi de Dieu soit observée. En effet, nous voyons tous les jours que la croyance d'un enfer éternel n'est pas capable d'empêcher le mal, d'arrêter la perversité des scélérats que serait-ce de ce monde si les méchans en tout genre n'avaient à craindre qu'un supplice passager? Oui, sans ce frein, le désordre serait au comble, et la loi divine, à peu près nulle pour la plupart des hommes.

Le dogme de la grâce, loin de rien avoir de choquant, donne à la faiblesse originelle de la liberté de l'homme, déchu d'un état meilleur, le secours divin dont elle a besoin. L'homme est libre, et cependant il est si souvent le jouet de ses passions et des choses mondaines! La grâce de Dieu intervient dans ses déterminations, sans lui ôter le libre arbitre qui pent refuser son consentement. L'homme se sent impuissant au bien; mais il sait qu'il a pour aide la puissance infinie. La nécessité de la grâce, en lui faisant sentir sa faiblesse, le ramène continuellement à Dieu; la promesse de la grâce, en lui montrant Dieu toujours disposé à favoriser son salut, l'encourage à y coopérer: le besoin d'un appui l'oblige à le demander; la certitude qu'il a de le trouver l'excite à en faire usage.

Il nous reste à parler de deux maximes que l'Eglise catholique professe, et qui ont donné lieu à beaucoup de déclamations mensongères: Sans le baptême nul n'entrera dans le royaume des Cieux. -- Hors de l'Eglise il n'est point de salut. Pour montrer que ces dogmes n'ont rien de barbare, il suffit d'en présenter le sens tel que l'Eglise l'entend, et non tel que se plaisent à le forger ses ennemis. Il est vrai que, sans le baptême, nul ne joui ra de la béatitude céleste; mais il est permis de croire que les enfans morts sans ce sacrement ne' sont pas condamnés aux flammes de l'enfer, et que leur destinée est préférable au néant. Ce monde n'est pas le séjour du bonheur; et cependant il peu d'hommes qui préfèrent la mort à la vie :' le sort de ces enfans peut être tel, que, tout imparfait qu'il est, ils l'aiment mieux que l'anéantissement, et qu'ils desirent de le conserver. Or, l'on ne prouvera jamais que Dieu, par justice, ait dû destiner tous les hommes à la béatitude surnaturelle.

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Hors de l'Eglise point de salut, cela est vrai encore. Mais les enfans baptisés de toutes les Communions appartiennent à l'Eglise; mais les adultes baptisés qui se trompent de bonne foi n'ont pas cessé d'appartenir à l'Eglise, et s'ils ne sont responsables que de leur mauvaise foi et de leurs mauvaises actions, où est l'injustice? où est la barbarie?

Quant au sort de ceux qui meurent sans avoir connu la révélation, et qu'on appelle infidèles, il

est reconnu que la moitié de l'espèce humaine meurt dans la première enfance avant l'âge de raison; donc la moitié des infidèles sont dans le cas des enfans morts sans baptême, pour qui l'existence est un bien dont ils desirent la conservation : la foi permet de le penser. Pour les infidèles adultes, s'ils n'ont pas pu connaître l'Evangile, ils ne seront jugés que d'après la loi de la conscience, ils ne seront punis que des fautes qu'ils pouvaient éviter et non de n'avoir pas eu la foi; et Dieu mesurera leur peine sur le degré de leur connaissance et de leur malice: ils pourront être, suivant leur conduite, plus ou moins rapprochés des enfans morts sans baptême. En cela qu'y a-t-il donc de si révoltant? Mais, dira le déiste, pourquoi les lumières de la révélation ne sont-elles pas égales pour tous? Pourquoi, lui répondrons-nous, en est-il ainsi des lumières de la raison et de la loi naturelle? Dieu est le maître de ses bienfaits: ce qu'il donne à l'un, il ne l'ôte pas à l'autre. Oseriez-vous lui reprocher de vous avoir distingué des autres hommes par les qualités de l'esprit et du cœur? Ne pas voir pourquoi Dieu agit ainsi plutôt qu'autrement, assurément ce n'est pas voir qu'il le fait par défaut de bonté ou de justice. Sachez donc ignorer, et ne prenez pas les bornes de votre intelligence pour une raison claire d'accuser la Providence divine. Si vous connaissiez, ( c'est la pensée de Leibnitz), si vous connaissiez avec certitude la sagesse et la prabité d'un ami, et que, sans voir aucune raison

claire d'accuser sa conduite relativement à l'une et à l'autre, vous ne pussiez pas néanmoins vous en expliquer les motifs, le condamneriez-vous avec précipitation? Ou plutôt, ce que vous sauriez de sa probité et de sa sagesse ne vous suffirait-il pas pour croire qu'en cela même où vous ne voyez pas la raison de sa conduite, il est néanmoins irréproz chable? Hé bien! faites à l'égard de Dieu ce que vous feriez à l'égard d'un homme: connaissant avec évidence sa justice et sa bonté, reposez-vous sur elles, et respectez le voile dont il lui a plu de couvrir ce que vous ne voyez pas. (1)

(1) Le plan de la révélation est parfaitement analogue à celui de la création, et le Dieu du Christianisme est le Dieu de la nature. Dans toutes les dispensations de la Providence que nous connaissons, les avantages sont distribués inégalement la santé et la force, le bon sens et la science, la richesse et le pouvoir sont départis aux individus et aux nations à différentes mesures et à différens temps. Le système du Christianisme n'est donc pas plus inconciliable avec la sagesse et la bonté divines, que le système de la nature,

Au reste, la question de la vérité du Christianisme n'est pas là. Cette vérité une fois démontrée, tout homme raisonnable doit se dire: « Pourquoi Dieu donne-t-il aux uns ce que d'autres n'ont pas? Je n'en sais rien: mais que m'importe ? Je m'en repose sur celui qui ne peut étre injuste : le salut des autres n'est pas mon affaire; j'en ai une terrible sur les bras, c'est le mien. (De Maistre, De l'Eglise gallicane, p. 99. )

Mr. Delauro ne parle pas du dogme de la résurrection des corps, parce qu'il est évident que la puissance infinie de Dieu, qui a créé l'univers, est suffisante pour rassembler les élémens épars de nos corps, qui ne cesseront jamais, quelque transformation qu'ils éprouvent, d'ètre sous J'œil de son intelligence et sous l'action de sa volonté. D'ailleurs, l'identité personnelle d'un homme consiste principalement dans le sentiment intérieur qui lui atteste qu'il est toujours le même individu: son corps a beau se renouveler vingt fois, il sent à 60 ans qu'il est la même personne

Je suis convaincu de la solidité des observations que je viens d'exposer sur les dogmes chrétiens. Mais je suppose qu'elles n'aient pas fait sur le lecteur l'impression désirée, et qu'elles lui aient laissé des nuages dans l'esprit, je le prie de vouloir bien considérer que ce n'est pas seulement la Religion qui nous offre des mystères, et qu'il est déraisonnable de nier les choses sous prétexte qu'on ne les comprend pas. C'est ce que les incrédules affectent de méconnaître. Nous ne sommes obligés de croire, disent-ils, que ce que nous pouvons comprendre, la raison ne nous ayant été donnée que pour être en tout le motif de notre assentiment; or nous ne pouvons comprendre les dogmes chrétiens; donc.....

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La plus grande erreur, en logique, est celle du principe. Or, ici, pour que le principe fût vrai, faudrait qu'il n'existât pas d'intelligence supérieure à la vôtre première absurdité; il faudrait qu'il n'y eût rien dans la nature au-delà de votre compréhension: seconde absurdité; il faudrait que la certitude objective d'une vérité quelconque dépendît de la mesure relative de vos facultés: troisième absurdité. Il s'ensuivrait que vous ne seriez pas obligés de croire l'existence de Dieu car assurément vous

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qu'il était à 15. Or c'est précisément la personne qui est le sujet des récompenses et des punitions ; il suffit donc que nous ressuscitions avec un corps tel que nous puissions conserver avec lui le souvenir et la conscienee de nos actions, pour sentir si nous sommes dignes d'être récompensés ou punis dans ce corps.

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