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ne comprenez pas Dieu dans son essence; et son existence n'est certaine pour votre raison que parce que, sans elle, vous ne comprenez rien de possible. Il s'ensuivrait que vous ne seriez pas obligés de croire une foule de faits qui vous entourent, qui sont de tous les momens, et que vous ne pouvez nullement comprendre.

Vous croyez que votre volonté détermine le mouvement de votre main. Avez-vous, cependant, je ne dis pas une idée claire, maisune conjecture, un soupçon de cette inexplicable action de l'ame sur le corps, et du commerce mutuel de ces deux substances tellement hétérogènes qu'elles sont contradictoires dans leur essence? Le bon sens n'a d'autre réponse que celle du psalmiste: Dieu l'a voulu ainsi, et il peut tout ce qu'il veut. Nous sommes un mystère à nous-mêmes: bien plus cette curiosité, qui voudrait tout comprendre, nous ne saurions dire ce qu'elle est, ni comment elle est dans notre ame.

Hors de nous, encore des énigmes. Voyez ces grands corps de lumière, qui, suspendus sur nos têtes, nagent daus l'immensité où notre raison sé perd. Quelles en sont la nature, la situation la distance? Quelles en sont les propriétés? Quel en est le mouvement? Les siècles modernes ont dé-* couvert quelqu'un de ces secrets. Mais que nous ont-ils appris, en comparaison de ce que nous ignorons encore?

La raison peut-elle expliquer comment l'orbe

le

lumineux du soleil remplit un cercle dont le dia: mêtre contient environ onze millions de lieues 2 avec une constante inondation de rayons qui se succèdent, depuis des milliers d'années, sans que corps du soleil en éprouve aucune diminution, et sans que les corps sur lesquels ils tombent et qui les absorbent continuellement, en éprouvent aucune augmentation? La raison expliquera-t-elle pourquoi ces rayons, d'une vélocité plus grande que celle du boulet de canon, frappent les parties les plus délicates du corps humain, sans qu'elles en reçoivent le moindre dommage; ou par quels moyens cette percussion seule peut apporter à une ame immatérielle les formes des objets éloignés?

Descendons sur la terre: dites-nous qui tient les vents aux lieux où ils sont enfermés? qui règle le cours des foudres et des tempêtes? quel est le point fatal qui met des bornes à l'impétuosité de la mer? Expliquez-nous les effets étonnans des plantes, des métaux, des élémens; démêlez l'art infini qui entre dans la formation des insectes; rendez raison de l'instinct si varié des animaux; tournez-vous de tous côtés: la nature ne vous présente que des phénomènes énigmatiques.

Livré à l'impuissance de ses recherches, l'homne n'aperçoit que quelques effets, sans deviner un rincipe. Prenons pour exemple ce qui nous est le lus familier, le sommeil. Rien ne nous paraît plus simple: mais qui nous dira ce que c'est que dormir? Proposez-vous ce problême: Trouver un état qui

soit celui de l'homme pendant le tiers de sa vie ; qui en soit la réparation indispensable; et qui ne puisse l'étre qu'en le réduisant à une espèce d'anéantissement moral, tel qu'il n'ait pas même la conscience raisonnée de son existence et de ses pensées, ni la perception des objets extérieurs ; en un mot, qui ressemble à la mort au point de n'en différer que par le mouvement vital. Pourquoi cet anéantissement passager est-il rigoureusement nécessaire au philosophe comme au quadrupède? Quel est donc le rapport essentiel entre le renouvellement de nos forces et cette inertie

absolue, invincible et périodique, qui suspend la pensée dans l'être raisonnable, comme l'action dans l'animal? Qui nous dira comment l'homme qui ne vit que pea d'instans, ne peut veiller durant ce peu d'instans, et soutenir sans interruption le mouvement de son être? Quoi! il faut qu'il le perde chaque jour pour le garder! Il faut qu'il s'en prive tous les soirs pour le retrouver au matin !....

Il n'est pas jusqu'aux sciences exactes qui n'aient des mystères.

La géométrie démontre la divisibilité de la matière à l'infini; et cependant quel moyen de comprendre que le plus petit grain de blé soit divisible à l'infini, et qu'on ne puisse jamais arriver à une partie si petite que non seulement elle n'en enferme plusieurs autres, mais qu'elle n'en enferme une quantité infinie; que le plus petit grain de sable renferme en soi autant de pat ties, quoiqu'à pro

portion plus petites, que le monde entier, et qu'il n'y ait aucune partie de ce grain qui ne contienne encore autant de parties proportionnelles que tout le monde !

On démontre aussi dans cette science qu'il est impossible qu'un nombre quarré soit double d'un autre nombre quarré, et que cependant il est trèspossible qu'un quarré d'étendue soit double d'un autre quarré d'étendue.

On y prouve, par la diminution infinie de l'étendue qui naît de sa divisibilité, des problêmes qui semblent impossibles dans les termes : trouver un espace infini égal à un espace fini, ou qui ne soit que la moitié, le tiers, etc., d'un espace fini (1),

On y prouve enfin mathématiquement qu'une ligne courbe peut approcher continuellement à

a

( 1 ) « On peut résoudre ces problèmes en diverses manières, dit Arnaud : en voici une assez grossière mais très-facile. Si l'on prend la moitié d'un quarré, et la moitié de cette moitié, et ainsi à l'infini, et que l'on joigne toutes ces moitiés par leurs plus longues lignes, on en fera un espace d'une figure irregulière et qui diminuera toujours à l'infini par un des bouts, mais qui sera égale à tout le quarré. Car la moitié plus la moitié de la moitié de la seconde moitié, et ainsi à l'infini font le tout. Le tiers et le tiers du tiers, et le tiers du second tiers, et ainsi à l'infini, font la moitié. Les quarts pris de la mème sorte font le tiers. Joignant ces tiers et ces quarts on en fera une figure qui contiendra la moitié ou le tiers de l'aire du total, et qui sera infinie d'un côté en longueur, en diminuant continuellement en largeur.

L'utilité qu'on peut retirer de ces spéculations n'est pas seulement d'acquérir ces connaissances qui sont d'elles-mêmes assez stériles; mais c'est d'apprendre à connaître les bornes de notre esprit, et à lui faire avouer, malgré qu'il en ait, qu'il y a des choses qui sont, quoiqu'il ne soit pas capable de les comprendre. »

Finfini d'une ligne droite, sans pouvoir jamais la rencontrer; de manière que l'espace compris entre la branche de l'hyperbole et son asymptote infiniment prolongées, est infini en longueur, fini en largeur, et infiniment décroissant dans son cours infiui: ainsi voilà un espace non seulement divisible à l'infini, mais actuellement divisé sans avoir épuisé toute sa divisibilité, qui demeure inépuisable comme son étendue. Peut-on placer ces vérités au rang des choses compréhensibles?

«Humilions-nous donc, dit un grand géomètre: >> reconnaissons qu'il n'appartient pas à une créa» ture, quelque exccllente qu'elle puisse être, de >> vouloir concilier des vérités dont le créateur a » voulu cacher la compatibilité. Ces dispositions » nous rendront plus soumis aux mystères, et nous » accouțumeront à respecter des vérités qui sont, » par leur nature, impénétrables à notre esprit, >> alors qu'il est borné au point de ne pouvoir pas >> même concilier des démonstrations mathémati» ques. » ( Malezieu. )

Ce que Dieu a mis sous notre main et à notre usage dans la nature est incompréhensible, et néanmoins nous le croyons en admirant les secrets de la science divine: pourquoi refuserions-nous d'adorer les secrets de Dieu dans la Religion?

La révélation des mystères est un fait. Si ce fait dont nous mettrons les preuves sous les yeux du Jecteur, après l'examen le plus sévère et le plus approfondi lui est démontré; et si, d'autre part,

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