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Elle se place au milieu de la société pour en rapprocher et en lier toutes les parties: tout ce que divisent les passions et les vices, tout ce que séparent les préjugés et les institutions humaines, la loi évangélique l'embrasse et l'unit de la manière la plus intime. Jésus veut que tous les membres de la grande famille s'aiment les uns les autres comme il les a aimés lui-même: or, il n'y a pas de plus grand amour, dit-il, que celui qui donne lii vie pour ses frères (Joan. XV. 13. ). Un tel amour renferme nécessairement cette bienveillante disposition qui s'exerce à chaque instant par des actes de patience, de bonté, de complaisanee, d'indulgence, de commisération, de conseil, par toute espèce de services, et qui, en toute occasion, fait qu'on traite les autres comme on veut en étre traité soi-même ( Maith. VII. 12. )

Pour encourager la classe la plus nombreuse et la moins avantagée des biens de la fortune à entrer en participation dans l'exercice de cette charité, Jésus déclare que la pauvre veuve qui donne son obole donne plus que le riche qui répand dans le sein de l'indigence son abondant superflu; même un verre d'eau donné en son nom ne

et que

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restera pas sans récompense. Et pour nous exciter tous par le motif le plus puissant à secourir nos semblables, il s'identifie lui-même avec tous ceux qui peuvent avoir besoin de notre assistance. Où trouver dans les écrits des Sages de l'antiquité une exhortation plus pathétique, plus pressante que

ces paroles du Fils de Dieu jugeant tous les hommes, et disant aux élus: Venez les bien-aimés de mon Père; venez posséder le royaume qui vous est préparé: car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire ; j'ai été prisonnier, et vous m'avez visité. Mais, s'écrieront-ils, quand avons-nous fait toutes ces choses pour vous? Le Juge leur répondra: En vérité je vous dis que toutes les fois que vous avez fait ces choses pour le moindre de ceux-ci. qui sont mes frères, vous les avez faites pour moi-même. ( Matth. XXV. 34. )

Dans la vue de cimenter étroitement l'union fraternelle, base de sa législation, Jésus-Christ l'a étendue jusqu'à nos ennemis déclarés: nous devous bénir ceux qui nous maudissent, faire du bien à ceux qui nous détestent, prier pour ceux qui nous maltraitent ou qui nous persécutènt. Jadis chez les nations les plus sages le desir de se venger était considéré comme la marque d'un cœur noble ; et la vengeance elle-même, quand on pouvait la satisfaire, comme un heureux privilége de l'homme puissant. Mais combien n'est-il pas plus magnanime et plus salutaire de pardonner! plus magnanime, parce que l'accomplissement de ce précepte suppose les sentimens les plus généreux; plus salutaire, parce que c'est le seul moyen de tarir la source de ces haines, souvent atroces, qui se per-.. pétuent de race en race, et plongent les familles dans le deuil et la désolation.

A un précepte d'une si haute importance, il fallait une sanction efficace. Aussi, toute offrande toute prière sera rejetée, si la réconciliation la plus sincère avec un ennemi ne l'a précédée; il ne sera rien pardonné à ceux qui n'auront pas voulu pardonner, et on usera envers eux de la mesure dont ils auront usé envers les autres.

Il n'est qas ordonné toutefois d'avoir pour ses ennemis, ni pour les hommes en général, les sentimens tendres et affectueux que nous avons pour un bienfaiteur ou pour un ami : il suffit de faire du bien, lorsque l'occasion s'en présente, à ceux qui nous veulent ou qui nous ont fait du mal, de prier pour eux, de nous abstenir de toute vengeance ou de tout mauvais procédé à leur égard, ou de tout desir analogue; car l'Evangile n'exige rien d'impossible.

Les lois émanées des divers gouvernemens ont condamné le crime: elles n'ont pas su le prévenir; elles n'ont, d'ailleurs, ni recommandé ni récompensé la vertu. Et que de crimes échappent à la justice humaine! Combien d'autres n'est-elle pas contrainte de tolérer! Nulle répression des vices qui minent sourdement la societé, qui en troublent l'harmonie, tels que l'orgueil, l'avarice, l'égoïsme, la dureté du cœur, l'ingratitude, le libertinage..... Au Christianisme était réservée cette partie sublime de législation constitutive des bonnes moeurs, qui sont le plus solide fondement des empires, et la plus sûre garantie du bonheur de la

société; car il y a de mauvais exemples, dit Montesquieu, qui sont pires que des crimes; et plus d'états ont péri parce qu'on a violé les mœurs, que parce qu'on a violé les lois.

Les deux principales sources de la dépravation des mœurs sont l'ambition, fille de l'orgueil, et l'avarice, fille de la cupidité.

De quels crimes l'ambition n'est-elle pas venue souiller la terre! Brigues, partis, inimitiés, querelles violentes, vengeances cruelles, guerres sanglantes, renversement des familles, bouleversement des états: voilà ses oeuvres. Et tout en accablant de maux l'humanité, elle a pu lui faire admirer ses fureurs elle s'est fait adorer par ses victimes. Le seul vrai moyen de réprimer cette passion, nous le devons à Jésus-Christ: c'est l'humilité, vertu inconnue jusqu'à lui, et dont il a enrichi le monde; l'humilité qui empêche l'ambition de naître en l'étouffant dans son germe. Cette vertu a, d'ailleurs, l'avantage de rapprocher les rangs de la société, et de remplir les intervalles désespérants qui en sont inséparables. Elle seule peut engager à des sacrifices pénibles pour lesquels la modestie ne suffirait pas par elle la charité embrasse et ennoblit les fonctions les plus abjectes, nécessaires au soulagement de l'humanité souffrante.

:

Mais, en commandant l'humilité, l'Evangile n'interdit pas à l'homme l'estime publique, puisqu'il lui impose l'obligation d'édifier son prochain : seulement l'humilité l'empêche de s'en applaudir;

elle lui fait reconnaître et bénir la main divine. d'où découlent tous les biens, et à laquelle il faut les rapporter comme à leur source. Elle est la perfection et non l'excès de la modestie celle-ci est opposée à l'orgueil, l'autre combat l'orgueil et même l'amour-propre. L'homme est modeste, parce qu'il reconnaît la justice de ne pas troubler la société par ses prétentions, et l'utilité pour lui-même de ne pas heurter celles d'autrui; le chrétien est humble, parce qu'il croit tout ce qu'il pos

que

sède de biens, Dieu le lui donne; et ce sentiment profond exclut tous les retours de l'amour-propre, sans nuire ni à la vérité, ni à la magnanimité. L'humilité, en effet, n'exige pas que le savant se eroie un ignorant, ou le brave, un lâche: elle les oblige seulement à faire hommage, l'un de sa science, l'autre de sa bravoure, à celui duquel ils ont tout reçu. D'autre part, l'humilité, loin d'abattre le cœur, lui fait mettre toute sa confiance en Dieu, et lui inspire le courage de tout vaincre, en son nom, quand il s'agit de l'accomplissement d'un devoir. Et tandisque l'orgueil, pour s'élever, est forcé de de se nourrir d'affronts, tandis que, pour cacher sa bassesse, il est forcé de se déguiser, n'osant paraîtie ce qu'il est, qu'il est, l'humilité, en abaissant le coeur devant Dieu, l'élève d'autant au-dessus des choses humaines. Voyez les héros du Christianisme avec l'humilité la plus profonde, de quelle sorte de courage ont-ils manqué?

ramper,

L'avarice et la cupidité ne sont pas moins hau

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