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yeux

ce dont était convaincu Pauteur de l'Esprit des leis, quand il écrivait ces paroles remarquables: « Que » l'on se mette devant les les massacres con»tinuels des rois et des chefs grecs et romains, la » destruction des peuples et des villes par ces mè» mes chefs, les ravages de Thimur et de Gengis>> kan qui ont dévasté l'Asie; et l'on trouvera que » nous devons au Christianisme, dans le gouver>>nement un certain droit politique, et dans la » guerre un certain droit des gens que la natu: e >> humaine ne saurait assez reconnaître. >>

Et combien la Religion a heureusement employé son pouvoir, à certaines époques, dans l'intérêt de l'humanité! Voyez, au moyen âge, les différens royaumes de l'Europe en proie, durant plusieurs siècles, à des guerres intestines, allumées par des animosités particulières, et soutenues avec toute la fureur naturelle à des hommes dont les moeurs étaient grossières et les passions violentes. Les calamités qu'entraînaient ces hostilités perpétuelles rendant le mal aussi général que pressant, le clergé interposa son autorité. On introduisit d'abord la paix de Dieu, en slatuant que désormais les hommes libres ainsi que les esclaves marcheraient sans armes; que personne ne répéterait par la force ce qu'on lui aurait pris, et ne vengerait ni son sang ni celui de ses proches; que les églises seraient des asiles inviolables pour tout le monde, à l'exception de ceux qui auraient enfreint la paix. Mais cette digue fut élevée trop précipitamment pour

avoir une force capable de résister au torrent de la longue habitude; on craignit de ne pas assez obtenir en exigeant trop, et l'on réduisit cette paix au terme d'une trève appelée trève de Dieu.

Les anathèmes et les malédictions prononcées par les Conciles contre les violateurs de la paix commandée firent, en certains lieux, une telle impression, que le peuple leva soudainement les yeux au ciel, en criant: la paix, la paix, la paix. Ailleurs les Evêques et les Prêtres, tenant dans leurs mains des cierges allumés, exprimèrent solennels kment le vœu que comme ces cierges allaient étre éteints il n'y eût plus de bonheur pour ceux qui refuseraient d'obéir. A ces mots, jetant les cierges à terre, ils les éteignirent; et l'assemblée, saisie d'une religieuse frayeur, s'écria: Puisse Dieu éteindre le bonheur de ceux qui refusent la paix et la justice! Les diverses proclamations de la paix et de la trève de Dieu, faites par les Evêques dans leurs diocèses, contribuèrent puissamment à réprimer la violence; et la suspension des hostilités, en modérant la colère, facilita les moyens de conciliation.

Un autre bienfait de la Religion chrétienne, digne de la reconnaissance de tous les siècles, c'est l'abolition des sacrifices humains, dont l'usage bar bare, établi chez les Egyptiens, chez les Perses et les Phéniciens, s'était répandu dans toute l'Asie, l'Afrique et l'Europe. Les Grecs et les Romains, quoique les moins adonnés à cet horrible désordre,

ne s'en préservèrent jamais entièrement : on y recourait dans les grandes occasions, pour recouvrer la santé, pour repousser la famine, pour rendre la fertilité aux terres, pour détourner les tempêtes, pour obtenir des succès dans la guerre, et pour la ratification des traités. L'effusion du sang humain était regardée comme le sacrifice le plus précieux et le plus méritoire qu'on pût offrir aux Dieux.

Lorsqu'on découvrit l'Amérique, on la trouva déshonorée par ce grand crime, surtout dans l'hémisphère méridional. Au sein de l'opulence, du luxe, du faste et du perfectionnement d'une partie des arts, Montézuma immolait tous les ans au Soleil vingt mille victimes humaines. Encore, de nos jours, les navigateurs ont trouvé infectées de la même superstition, toutes les îles qu'ils ont déconvertes dans l'Océan pacifique. Telle est la nature humaine abandonnée au seul secours de cette raison dont elle est si fière. Quelle reconnaissance ne doit-elle pas à l'Evangile! Partout où il a répandu sa lumière, l'affreuse superstition a disparu : les sacrifices humains sont inconnus dans le monde chrétien.

A l'inhumanité les Païens ajoutaient, dans leur culte, des obscénités abominables. Ces impudicités étaient publiques; on n'y attachait point de honte; elles étaient même célébrées par les poëtes. Le Christianisme a chassé toutes ces infâmies, et y a substitué l'honnêteté, la décence, la vertu.

L'histoire atteste qu'il a toujours possédé une in

comparable puissance de civilisation. Qu'étaient, avant de l'embrasser, les Francs, les Bourguignons, les Gaulois, les Bretons, les Ecossais, les Irlandais, les Bulgares, les Moraves, les Bohémiens, les Lombards, les Hongrois, les Prussiens, les Allemands, les Suédois, les Norwégiens, les Danois, les Russes, les Saxons, les Huns, les Gelons, les Hérules, tes Abasges, et généralement les divers peuples qui, après avoir envahi et détruit l'empire romain, s'en partagèrent les débris?... Que furent-ils après? Plongés dans la superstition la plus révoltante, cruels, vindicatifs, adonnés au vol, ils regardaient le pillage et le brigandage comme de nobles actions. Ceux du Nord, d'un caractère dur et féroce, joignaient à la soif du sang l'ivrognerie et la débauche. L'Evangile éclaira leur ignorance bar bare, disposa leurs coeurs à la pitié, à la bienveillance; en corrigeant les abus d'une liberté licencieuse, en bannissant les sanglantes dissensions, en réprimant le larcin et les dévastations, il leur inspira le goût d'une vie paisible, et leur fit connaître un bonheur indépendant des plaisirs des

sens.

On a vu des effets semblables en Amérique, dans le Groënland, chez diverses tribus des Tartares, dans plusieurs îles des Indes occidentales, dans celles qui ont été découvertes pendant les derniers siècles; et on en voit encore dans tous les lieux où la force brutale n'empêche pas les travaux des Missionnaires. Partout l'abolition des coutumes barba

res,

la correction des vices, un progrès marqué vers un état plus heureux, des habitudes d'ordre et de vertu, sont le fruit de leur zèle apostolique. Ils comptent présentement plus de deux cents cinquante établissemens dans les diverses parties du monde, et ce nombre va croissant de jour en jour.

Mais l'Evangile n'a pas seulement civilisé les nations: il a exercé la plus salutaire influence sur les gouvernemens et sur l'existence politique des peuples. N'est-il pas évident, en effet, que les divers gouvernemens qui se partagent aujourd'hui l'Europe, sont, dans leur base et dans leur adminis tration, infiniment supérieurs aux gouvernemens de même espèce dans l'ancien monde païen ; et que, par conséquent, ils font jouir ceux qui vivent sous leur empire d'une beaucoup plus grande somme de bonheur? « Les gouvernemens modernes, dit Rousseau, doivent incontestablement au Christianisme leur plus solide autorité et leurs révolutions moins fréquentes; il les a rendus eux-mêmes moins sanguinaires: cela se prouve par le fait, en les comparant aux gouvernemens anciens. Ce changement n'est point l'ouvrage des lettres : les cruautés des Athéniens, des Dictateurs, des Empereurs romains en font foi. » Le témoignage de Montesquieu n'est pas moins formel: « Pendant que les princes mahométans, dit-il, donnent sans cesse la mort ou la reçoivent, la Religion, chez les Chrétiens, rend les princes moins timides, et par conséquent moins cruels: le prince compte sur les sujets et les sujets

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