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tion de la jeunesse, dans les cités et dans les campagnes, et qui, en éclairant son intelligence de toutes les lumières que demandent les divers besoins de la société, forment son coeur à l'heureuse habitude de l'obéissance, de l'ordre et du travail, et y déposent et développent les vérités religienses les plus importantes, germe précieux de toutes les vertus domestiques et sociales.

Vous croyez peut-être que du moins certaines Congrégations n'offrent aucun titre glorieux à la Religion qui leur a donné naissance. Les Pères de l'Ordre de Saint-François, par exemple, ont été si fréquemment la risée des beaux-esprits du XVIIIe. siècle, que vous ne sauriez voir en eux que des mendians onéreux pour un Etat. Mais savez-vous que, lorsqu'il s'agissait d'une de ces commissions dont les hommes ennemis des larmes n'osent se charger, de peur de compromettre leurs plai. sirs, c'était principalement aux Franciscains qu'elle était dévolue? On supposait, avec raison, que ceux qui s'étaient voués à la misère, devaient être naturellement les hérauts du malheur. L'un était obligé d'aller annoncer à une famille la perte de sa fortune; l'autre, celle d'un fils unique; l'autre, celle de la sentence à un criminel, pour l'écouter ensuite, le consoler et l'accompagner au supplice: fonction sublime que la Religion seule a pu inspirer et pour laquelle elle a pu seule donner assez de force et de courage.

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Ce n'est pas non plus un bienfait peu digne de

reconnaissance, que ces maisons silencieuses our certaines ames se livrent à la contemplation des vérités surnaturelles, et à des méditations divines. Après que les maux des siècles barbares ont en leur terme, les passions, si habiles à tourmenter les hommes, si ingénieuses en douleurs, ont bien su faire naître mille raisons d'adversité qui nous appellent à la solitude. Que de penchans trompés, que de sentimens trahis, que de dégoûts amers nous entraînent chaque jour loin du monde! N'estce donc pas une précieuse ressource que ces asiles où l'on trouve un refuge contre les coups de la fortune et les orages de son propre cœur? Non ce n'est pas une philosophie amie de l'humanité que celle qui veut forcer l'infortune à vivre dans le tumulte des joies du siècle. On a vu des hommes. assez peu délicats pour mettre en commun leurs voluptés; l'adversité a un plus noble égoïsme : elle se cache pour jouir de ses plaisirs qui sont ses larmes. S'il faut des refraites la santé du corps, ne doit-on pas louer la Religion d'en avoir pour santé de l'ame, dont les maux sont bien plus douloureux, bien plus longs, bien plus difficiles à guérir? N'y a-t-il pas,d'ailleurs,des hommes qui sont formés pour le labeur de la pensée, comme d'autres pour le travail des mains, et qui ont besoin de solitude? Les uns y sont entraînés par une intelligence tournée à la méditation ; d'autres, par une certaine puleur craintive qui fait qu'ils aiment à habiter en eux-mêmes; eux-mêmes; d'autres d'autres, par l'ex

pour

la

cellence de leur ame qui cherche envain dans le monde d'autres ames faites pour elle, et qui semble condamnée à une sorte de virginité morale, où de veuvage perpétuel. (1)

Nous pourrions ajouter avec l'historien Velly, que c'est aux moines que la France doit une grande partie de sa fécondité. « Elle était désolée, dit» il, par la fréquente incursion des barbares : on » ne voyait partout que campagnes arides, que » vastes forêts, que bruyères, que marécages. On » crut donner très-peu aux moines en leur cédant >> des propriétés qui n'étaient d'aucun rapport; on >> leur abandonna autant de terres qu'ils en pou» vaient cultiver. Ils défrichaient, desséchaient

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semaient, plantaient, bâtissaient. Le Ciel bénit » un travail où l'intérêt n'avait aucune part : la >> plus grande partie de ce qu'ils recueillaient était

employé au soulagement des pauvres. Bientôt ces » solitudes incultes et désertes devinrent des lieux » agréables et fertiles (Hist. de France, t. 1.) ». Telle est la source de ces richesses dont on a fait la matière de tant de reproches.

Les moines déployèrent la même activité en Espagne, dans la Pologne, en Allemagne, et surtout en Angleterre dont les historiens attestent unanimement qu'ils ont défriché près des deux

tiers.

Aux services rendus par le Christianisme à l'a

(1) Voyez la note de la page 142 précédente.

griculture il faut joindre ceux qu'il a rendus aux sciences et aux beaux-arts: la conservation des précieux restes de l'histoire et de la littérature an cienne par les soins de ces mêmes moines, objet d'un si ingrat dédain; la fondation des Universités, des Académies, des Colleges ou par des Papes, ou par des Evêques, ou par des Prêtres ou par des Princes religieux; l'influence particulière des Chefs de l'Eglise sur les lettres et les arts jusqu'à nos jours (1). L'origine de la fameuse Université de Paris dont les lumières se sont répandues sur l'Europe moderne, remonte à ce temps où, luttant seul contre la barbarie, le moine Alcuin voulait faire de la France une Athènes chrétienne. Après lui, la barbarie continuant de s'étendre, et l'ignorance devenant plus profonde parmi les hommes du monde,

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( 1 ) Voyez, dans le N°, 28, tome V. des Annales de philosophie chrétienne, le tableau de l'influence du Christianisme sur les beaux-arts, les belles-lettres et les sciences; et dans les Nos. 59, tome X, et 64, tome XI, celui de l'influence des Papes sur les beaux-arts.

Il est continuellement parlé, dans les lettres de Gerbert, des sommes d'argent qu'il employait, étant Pape, à faire rechercher des ouvrages perdus dans l'Italie, l'Allemagne et la Belgique. Ænéas Sylvius attribue à Nicolas V l'acquisition de trois mille manuscrits. Léon X acheta, cinq cents ducats, un manuscrit de Tacite. Et quelle protection les arts et les sciences ne trouvèrent-ils pas auprès d'un Nicolas V, d'un Sixte IV, des Médicis, d'un Bessarion, des Visconti, d'un François Sforce; des ducs de Gonzague à Mantoue; des ducs d'Urbin ; d'un Alphonse d'Arragon à Naples; d'un Mathias Corvin en Hongrie ; d'un Jacques IV en Ecosse ; d'un Henri VII en Angleterre; des Charles VII, des Louis XII, des Francois 1er, en France! En ce seul royaume « trente-quatre villes ou Lourgs prirent part à l'imprimerie dans le cours du quinzième siècle, » (Recherches sur les bibliothèques p. 207.)

les clercs, c'est-à-dire les ecclésiastiques furent les seuls qui firent profession d'étudier les belles-lettres, en sorte qu'on appela grand clerc l'homme savant, et que la science s'appela clergie (1). On sait assez quels hommes éminens présentent les fastes de l'Eglise, depuis cette époque, dans la haute philosophie, dans la profonde érudition, dans la connaissance des langues anciennes, dans l'histoire, et dans l'éloquence ( 2 ). On sait aussi ce que doit au clergé l'instruction publique ( 3 )

Mais s'il y a de l'ingratitude à méconnaître ce que lui doivent toutes les sciences humaines, il y a injustice à ne pas lui rendre hommage pour les lumières infiniment plus précieuses qu'il a toujours répandues, et qu'il répand encore sur les peuples. Dans quelles ténèbres ceux-ci n'étaient-ils pas plongés, avant de recevoir les divins enseignemens des pasteurs que la Religion leur a donnés? Et maintenant, le simple laboureur chrétien n'est-il pas in. comparablement plus éclairé que ne l'étaient les génies de la Grèce et de Rome, sur Dieu et la Provi

(1) Pasquier, cité par Hénault, Hist de France, an. 992.

Henri 1., roi d'Angleterre, au douzième siècle, dut à son instruction et à son éloquence d'être surnommé Beau-Clerc.

(2) Gassendi, Mallebranche, Mersenne, Lacaille, Mabillon, Petau, Amyot, Huet, Jouvency; Saint-Réal, Vertot; Massillon, Bourdaloue, Fénélon, Bossuet, etc.

(3) La fondation des Frères des écoles chrétiennes par l'abbé de Lasalle, est peut-être un des plus précieux bienfaits pour les enfans du peuple. Le mérite de ces pieux instituteurs reçoit aujourd'hui l'hommage de ceux-là même que,naguères, certains préjugés leur avaient rendus hostiles.

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