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ractère de grandeur dans la majesté, la sublimité des objets qu'ils présentent; caractère de sainteté, dans l'encouragement de l'homme à la plus haute vertu; caractère d'utilité, dans les lumières qu'ils répandent sur ses devoirs, et dans le fondement qu'ils donnent à son bonheur. L'obscurité des mystères a, d'ailleurs, l'avantage, en élevant une partie de la Religion au-dessus des pensées humaines, de réprimer l'essor téméraire de notre esprit toujours prêt à sonder l'infini, de le réduire par l'aveu de sa faiblesse, à une obéissance raisonnable, et de lui faire sentir la nécessité d'une autorité qui le guide. Ainsi, l'incompréhensibilité des dogmes engendre la soumission; la soumission fixe la doctrine, établit l'unité de foi, qui est tout ensemble un besoin et une consolation pour le chré tien, tandis que, égarés sur la mer des opinions, les disciples de la raison seule flottent emportés par tout vent de doctrine; et cette foi devient même une vertu, car elle n'a pas les motifs de crédibilité pour objet, mais les dogmes que présentent ces motifs de crédibilité. Admirable disposition de la bonté divine, qui en plaçant la clarté dans les preuves de la vérité de la Religion, et l'obscurité dans la nature des dogmes qu'elle enseigne, laisse au fidèle le mérite de la libre soumission de son entendement, et lui donne le droit de dire à l'incrédule: Pourquoi vous agiter contre ces mystères que la raison ne saurait percer? Attachez-vous à l'examen de ces vérités qu'on peut, en quelque

sorte, toucher et manier, et qui répondent de totttes les autres, à ces vérités de fait dont la Religion s'est comme enveloppée toute entière pour frapper également tous les esprits. Elle livre ce fondement à votre curiosité. Creusez donc autour; essayez de l'ébranler; descendez avec le flambeau de la philosophie jusqu'à cette pierre antique posée par une main divine. Mais lorsque, arrivés à une certaine profondeur, vous aurez trouvé la main du ToutPuissant qui soutient depuis dix-huit siècles ce grand et majestueux édifice, toujours affermi par les orages mêmes et le torrent des années, arrêtezvous enfin et ne creusez pas jusqu'aux enfers. Vouloir pénétrer plus avant, c'est vouloir s'égarer, c'est youloir entrer dans les abymes de l'infini, c'est vouloir comprendre l'incompréhensible; devant Dieu, une fois qu'elle a reconnu sa présence, la philosophie doit se voiler les yeux comme le peuple, adorer sans voir et remettre l'homme avec confiance entre les mains de la foi. Pourquoi, d'ailleurs, feriez-vous de l'obscnrité des mystères un motif suffisant de n'y pas croire, vous dont la raison se heurte partout à des mystères, dans la nature, dans les sciences exactes, et dans tous les systèmes d'incrédulité opposés au Christianisme?.. Dieu a-t-il parlé aux hommes dans la personne de Jésus-Christ? C'est tout ce qu'il importe de savoir, Cette question une fois résolue affirmativement. il ne reste qu'à adorer et à se taire : car le bon sens le plus commun nous 'dit que Dieu est l'infaillible

vérité, et qu'il ne peut ni se tromper ni nous tromper ( 1 ).

( 1 ) Les incrédules conviennent qu'un aveugle de naissance doit croi ́re, sur la parole de ceux qui ont des yeux, les phénomènes de la réflexion des objets dans un miroir, parce que, disent-ils, tous les motifs d'iucrédulité que la raison peut suggérer à l'homme qui ne voit pas, tombent devant les assertions positives et unanimes de tant d'hommes qui voient. Mais s'il est vrai que dans ce cas c'est une nécessité pour l'hoinine, malgré les impoɛsibilités apparentes qui le choquent, de soumettre son intelligence à celle de ses semblables, n'est-il pas également vrai qu'il doit, en matière de religion, lá même déférence et la mème docilité à l'intelligence souveraine et infaillible de Dieu? Qu'y a-t-il, dans le Christianisme, qui soit plus mystérieux pour notre raison que les effets de la réflexion des objets dans un miroir pour celle d'un aveugle-né? « Menezle devant une glace, et dites-lui : Voilà devant nous votre image et la mienne ; images parfaites et pour ainsi dire vivantes, qui ne retracent pas seulement, avec la plus grande fidélité, la taille, les traits et toute la personne de chacun de nous, mais qui marchent, avancent, reculent, et font tous les mêmes mouvemens que nous faisons l'un et l'autre. Il vous demandera de lui faire toucher ces images. Vous porterez ses mains sur la glace, il en parcourra toute la superficie, et en mesurera exacte ment toutes les dimensions. Puis il vous dira: Vous me trompez : il n'y a rien ici de ce que vous prétendez; et toutes vos paroles sont autant de contradictions manifestes. J'ai touché des images faites par des statuaires, j'y ai retrouvé toutes les formes du corps humain ; j'ai donc cru qu'elles en étaient la représentation fidèle. Mais lorsqu'en me présentant une surface plane et unie, sans la moindre inégalité, ni aucune forme qui ait un rapport quelconque avec celle de nos corps, vous me dites: Voilà votre image et la mieune; lorsque vous me parlez de figures qui se meuvent, là où je sens une entière immobilité ; de figures qui s'avancent vers nous, ou s'enfoncent dans l'éloignement, là où il ne peut y avoir ni éloignement, puisque tout est près et dans mes mains, ni enfoncement, puisque tout consiste en une simple surface, sans épaisseur ni profondeur; lorsque vous ajoutez enfin, pour surcroît d'impossibilité, que, dans les étroites limites de cette glace, se trouvent, avec nos deux images, celles de tous les objets qui nous entourent, et de l'appartement entier ou nous sommes, avec sa hauteur et ses autres dimensions, dans toute leur

étendue, permettez-moi de regarder tous ces discours comme des abstirdités évidentes, qui ne pourront devenir croyables, que quand il sera vrai que la partie est plus grande que le tout, que superficie et profondeur sont une même chose, que le mouvement et l'immobilité vont ensemble, en un mot, que tout ce qu'il y a de plus opposé et de plus contradictoire, peut se concilier et se réunir dans un même sujet. Telle sera l'objection de l'aveugle, et je l'appelle insolable, parce qu'on peut vous défier de la résoudre d'une manière qui lui paraisse intelligible; ou de lui répondre autre chose, sinon que toutes ces contradictions si frappan tes pour lui, et qu'il nomme palpables, parce qu'il croit les toucher au doigt, ne sont néanmoins qu'apparentes ; et qu'il les regarderait bientôt avec vous comme chimériques, s'il pouvait avoir une idée de la nature des images dont il s'agit ; images, lui direz-vous, réelles, sans étre solides; étendués, sans occuper de place; dont l'existence, les mouvemens, la grandeur, les formes, sont manifestes à l'œil, et nuls au tact; sensibles à la vue et imperceptibles à tous les autres sens. Que sera toute cette explication pour l'aveugle, sinon un langage mystérieux et énigmatique qui ajoutera de nouvelles difficultés à celles qui déjà le confondaient, et lui rendra encore plus incroyable ce que déjà il refusait de croire? Ainsi la privation d'un organe transforme pour lui en absurdités des faits incontestables; et parce qu'il se permet de juger, avec les connaissances imparfaites dont il est capable, il rejette comme des faussetés et des contradictions les vérités les plus certaines. Mais ne sommesnous pas tóns aveugles pour les choses qui passent notre intelligence? Et si nous voulons juger par nous-mêmes en ces matières, où notre esprit ne peut atteindre, ne prendrons-nous pas aisément pour faux et contradic toire, ce qui n'est qu'incompréhensible et vrai? (Discours sur la divinité de la Religion par l'auteur déjà cité, p. 76. ). »

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CHAPITRE VI.

DIEU A RÉVÉLÉ LE CHRISTIANISME, ET A MANIFESTÉ

LA VÉRITÉ DE CETTE RÉVÉLATION

PAR DES FAITS INCONTESTABLES.

Dans l'état présent de l'homme, la parole étant l'unique moyen de communication entre les esprits, il est naturel, ainsi que nous l'avons déjà dit dans le Chapitre quatrième, que, si Dieu a révélé le Christianisme, il ait employé ce moyen. Nous avons à examiner maintenant cette question de fait: Dieu a-t-il révélé le Christianisme par le moyen de la parole? question dont la solution se trouve nécessairement dans la démonstration de la divinité de la mission de Jésus-Christ, fondateur de cette religion. Or, pour démontrer la divinité de la mission de Jésus-Christ, il suffit de constater les faits divins qui en sont les titres.

Par faits divins nous entendons ici des faits contraires aux lois constantes de la nature, opérés, au nom de Dieu, en faveur d'une religion.

Ces faits prennent le nom de prophéties, quand ils sont contraires à la loi constante de l'intelligence humaine, d'après laquelle, naturellement, elle ne peut découvrir avec certitude l'avenir qui dépend des volontés inconnues de Dieu ou des volontés libres des créatures; ils prennent le nom de

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