Obrázky na stránke
PDF
ePub

il est évident que ces êtres intermédiaires entre Dieu et l'homme sont des créatures, dépendantes de l'Être-Suprême; que par conséquent ils ne peuvent changer l'effet des lois constantes de la nature, qu'avec la permission du Créateur. Or il est impossible que Dieu, Suprême Vérité, permette qu'en invoquant son nom ils chaugent cet effet en faveur d'une fausse religion et pour tromper les hommes, à moins qu'il ne donne en même temps aux hommes un moyen sûr de ne pas se laisser tromper autrement l'erreur retomberait sur Dieu mème. Quel serait ce moyen, dans cette hypothèse? Seraient-ce, en faveur de la vérité, des faits plus éclatans, que l'erreur ne pourrait imiter?... Peu nous importe de le savoir. Il est certain que Dieu ne manquerait pas de moyens; et il est certain aussi qu'il nous en donnerait un cela ne doit-il pas nous suffire? ( 1 )

(1) Rousseau prétend : 1o. que, d'après l'Ecriture et les Théologiens, le seul moyen de discerner les vrais miracles des faux prodiges, c'est l'examen de la doctrine en faveur de laquelle ils sont opérés, en sorte que le miracle prouve la doctrine, et la doctrine, le miracle, ce qui est un cercle vicieux ; et il invoque, à ce sujet, les paroles de Moïse, au chapitre XIII du Deutéronome ; -- 2o. que quand il n'y aurait pas, en cela, cercle vicieux, les simples ou pauvres d'esprit, que Jésus-Christ a déclarés bienheureux, seraient incapables de cet examen, (Emile, liv. IV, tome III, p. 15.)

1o. Nous pourrions, d'abord, nier le sens qu'il suppose aux paroles de Moïse, dans lesquelles il s'agit, au lieu d'un faiseur de miracles, d'un forgeur de songes, qui veut faire servir ses réves à rendre les Hébreux idolátres. Mais, en lui accordant sa fausse supposition, il est facile de le convaincre de sophisme. L'absurdité évidente d'une doctrine, ou l'oppo

Mais enfin, comment peut-on s'assurer de l'exis tence des faits divins , quand on ne peut les voir soi-même?.. Par le témoignage humain, moyennant certaines conditions que nous allons indiquer et expliquer.

Observons, d'abord, qu'à l'aide de la réflexion nous découvrons en nous deux espèces de certitu de appropriées à nos besoins: la certitude métaphysique, par laquelle nous possédons la vérité des objets purement intellectuels, et la certitude physique, par laquelle nous possédons celle des faits qui tombent sous nos sens. Mais il y a une infinité de choses qu'il nous importe de connaître, et dont nous ne pouvons nous assurer ni par nos

sition d'une doctrine à une autre déjà démontrée divine par des miracles incontestables, seraient une raison suffisante d'attribuer au démon des prodiges opérés en faveur de cette même doctrine ; et dans ce cas Dieu ne devrait pas aux hommes d'autre moyen d'éviter l'erreur, parce qu'il suffit d'être raisonnable pour voir que Dieu ne favorise pas l'absurdité, et qu'il ne se contredit pas lui-même. Voilà pourquoi, si Moïse avait tenu aux Hébreux le langage que lui prête Rousseau, il aurait pu très-sensément leur dire que l'absurdité de l'idolatrie et l'opposition de ce culte à sa doctrine déjà démontrée divine à leurs yeux par d'éclatans miracles, devraient leur faire rejeter comme des prestiges les faits extraordinaires que pourrait opérer un apôtre du paganisme. Et voilà aussi dans quel sens les Théologiens enseignent que la qualité d'une doctrine pourrait, en certains cas, être le moyen que Dieu donnerait aux hommes pour éviter l'erreur. Mais où est, en cela, le cercle vicieux? Rousseau ignorait-il qu'il n'y a cercle vicieux, que lorsque deux propositions servent réciproquement l'une à l'autre de preuve sous le même rapport ?....... On voit, d'après cette explication, que l'histoire des Magiciens de Pharaon, qu'il appelle à son secours, ne présenté aucune difficulté même en admettant qu'ils avaient pour objet de confirmer une doctrine, ce qui n'épas assurément. Et d'ailleurs, dans cette hypothèse, Dieu doņna

tait

[ocr errors]

sens, ni par notre seule raison: nous les apprenons par le témoignage des autres hommes, et nous les apprenons avec certitude, quand ce témoignage réunit les qualités qui la produisent.

En jetant les yeux sur le monde, je vois la société entière réglée par cette certitude appelée morale. C'est elle qui dicte les lois : les législateurs en règlent les dispositions d'après la connaissance des inclinations, des passions, des intérêts, des vices, des vertus des homines, et des moyens les plus propres à les éloigner du mal et à les porter au bien. C'est par elle que le juge se détermine à prononcer les arrêts qui décident de l'honneur, de la fortune, de la vie des citoyens: il n'est pas lui-même témoin

un moyen sûr de reconnaitre la vérité, puisqu'il mit dans la main de Moïse, son envoyé, des miracles que les Magiciens ne purent imiter, et qui les forcèrent à avouer que la puissance de Dieu n'était pour rien dans ce qu'ils avaient fait : Digitus Dei est hic.

2o. En passant à Jean-Jacques le contre-sens des paroles de Jésus-Christ, dans lesquelles il s'agit de ceux qui ont l'esprit détaché des bieus de ce monde, et non pas de ceux qui ont peu d'esprit, nous lui répondrons que les simples peuvent en avoir assez pour connaitre l'évidente absurdité d'une doctrine, ou l'opposition d'une doctrine à une autre déjà démontrée divine par d'éclatans miracles, et que, par conséquent, ils seraient capables de discerner l'œuvre du démon, supposé que Dieu ne leur laissåt pas d'autre moyen d'en juger. Il y a plus: ce discernement serait bien moins difficile aux simples, même que la connaissance certaine de l'existence de Dieu, selon Rousseau: car pour croire en Dieu, selon sa méthode, quel appareil, quelle étude ne faut-il pas apporter! Quel appareil et quelle étude, pour connaître les différens devoirs de la Religion naturelle dont il se fait l'apôtre, et de laquelle il affirme positivement que tous les hommes, ( et par conséquent les simples), sont rigoureusement obligés de la connaître et de l'observer!

des faits; il faut donc que les sens d'autrui suppléent aux siens. C'est sur elle que reposent les droits civils: ils sont établis dans des actes rédigés d'après le témoignage humain, et dont l'authenticité

n'a

pas d'autre Ease. C'est elle encore qui fait fleurir les sciences: il y en a qui portent tout entières sur ce fondement; et dans celles qui portent sur la certitude, soit métaphysique, soit physique, quel homme est assez instruit pour n'avoir pas besoin de s'aider des connaissances des autres? Quel savant a fait tous les raisonnemens et toutes les expériences? Enfin, la certitude morale dirige tou4 tes les actions de la vie privée : c'est la connaissance des esprits et des caractères, souvent acquise par les relations d'autrui, qui unit ou sépare, qui forme ou dissout les liens de société.

Dans les plus importantes affaires, et en géné ral dans leur conduite, les hommes agissent sur la supposition de la vérité de faits dont ils n'ont pas été eux-mêmes les témoins. Je les vois remonter à des siècles antérieurs; je les vois comparer des évènemens de nos jours à d'autres évènemens de l'antiquité; je les entends dire, ( sans hésiter et sans craindre que l'histoire les trompe par ses portraits), des Tibère, des Caligula, des Néron, des Domitien, qu'ils étaient des monstres indignes de régner; des Tite, des Trajan, des Antonin, qu'ils qu'ils ont fait la gloire du trône et le bonheur des peuples. C'est que pour tout homme de bonne foi la certitude morale équivaut à la certitude physique.

que j'aurais vues, entendues et touchées,

les

Les choses si je m'étais trouvé sur les lieux, l'ont été par hommes présens; ceux-ci en ont eu la certitude physique, et ils peuvent, par leur relation, me la transmettre telle qu'elle est en eux, sans qu'elle perde de son poids en passant, pour moi, de l'ordre physique à l'ordre moral. La certitude physique a pour base ce principe: Il est impossible que tous mes sens réunis et bien disposés s'accordent pour me tromper. La certitude morale est, en grande partie, fondée sur cet autre principe: Il est impossible qu'une multitude d'hommes qui ne sont ni des fourbes ni des fous, se réunissent pour me tromper sur un fait qu'ils ont vu. Les deux impossibilités sont d'une espèce différente, mais elles. sont égales entre elles, puisque l'accord de cette multitude pour me tromper est aussi moralement impossible que l'accord de tous mes sens, pour m'induire en erreur. Par exemple, je suis certain que Louis XVI a existé, parce que je l'ai vu ; et je suis également certain que Louis XIV, mort longtemps avant ma naissance, a existé, parce que plusieurs témoins oculaires m'ont transmis, sur son existence, leur certitude physique : je ne puis pas plus douter du second fait que du premier. ( 1 )

Il est vrai que je suis plus vivement frappé d'un

( 1 ) On peut même dire que la certitude que le témoignage nous donne d'un fait est plus grande, que celle qu'en pourrait acquérir un seul individu par ses propres yeux. Je me suis persuadé, par exemple, sur le rapport de mes yeux, qu'un homme est aveugle; mais ensuite deux ou

« PredošláPokračovať »