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naisons intellectuelles, nous conduisent à une pleine certitude. par leur exactitude, par leur justesse, les témoignages de la tradition orale, de l'histoire, et des monumens, nous y conduisent par leur qualité, par leur nombre, par leur accord. Les moyens diffèrent parce qu'ils se rapportent à des vérités qui ne se ressemblent pas, mais le but est également atteinț ; et comme nous arrivons aux vérités géométriques en comblant l'espace qui nous en sépare par des démonstrations abstraites, ainsi nous arrivons aux vérités de fait en comblant l'espace par des témoignages.

Prouvons maintenant que l'autorité du témoignage humain, et celle de la tradition orale, de l'histoire et des monumens qui nous transmettent ce témoignage, suffisent pour constater des faits

divins.

Un fait divin n'est pas tellement au-dessus de l'ordre établi qu'il ne puisse être rendu sensible et certain par des moyens naturels, c'est à-dire, par des moyens ou par des preuves adaptés à notre nature. Le spectacle d'un être à figure humaine qui, avec une seule parole, rendrait la vie à un mort de quatre jours, serait sans doute un fait divin; mais n'est-il pas clair que de nombreux témoins pourraient, avec leurs sens, vérifier l'existence de ce phénomène aussi facilement et aussi sûrement que s'il était naturel? N'est-il pas clair que si ces témoins réunissaient les qualités que nous avons requises pour les faits naturels, leur

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témoignage serait également irrécusable? L'illusion des sens, dans des témoins nombreux d'un fait divin comme dans ceux d'un fait ordinaire " serait un prodige contre nature; leur imposture le serait aussi. « Un fait, pour être contraire aux lois >> constantes de la nature, n'en est que plus frap» pant, plus remarquable, et par conséquent plus » examiné. Qu'un homme ait été frappé de mort » devant un certain nombre de témoins, qui, sans » avoir aucun intérêt à me tromper, viennent me » raconter ce fait uniformément; je ne doute pas » un instant de leur rapport. Mais qu'un thauma» turge, au milieu de la pompe funèbre, vienne » rendre à la vie le mort déjà en état de putréfac» tion, l'étonnement proclamera partout cette mer>> veille : chacun voudra la contempler de ses yeux, » elle excitera la curiosité, et fixera l'attention gé»nérale. Pourquoi donc la résurrection de cet » homme serait-elle moins incontestable que sa >> mort? Les témoins sont les mêmes et en plus grand nombre; les mêmes causes, et de plus » fortes encore s'opposent à toute surprise comme » à toute collusion de leur part; ils ne peuvent » pas plus se tromper ni me tromper sur ce fait » que sur le premier, puisque, d'un côté, l'exa» men a été plus grand, plus universel, et et que >> l'autre, l'imposture étant plus hardie, devrait » aussi être plus facilement découverte: n'y au>> rait-il pas de la folie à me défier ici de leur té» moignage, quand j'ai dû précédemment le croire

>>

de

» au-dessus de tout soupçon (Accord de la foi avec la raison, chapitre VIII, des miracles, p. 301. )? » Enfin, n'est-il pas clair que si l'autorité de la tradition orale, de l'histoire et des monumens nous garantissait, en faveur d'un fait divin, l'existence d'un témoignage revêtu des qualités requises pour donner certitude, la raison nous défendrait le doute sur l'existence de ce témoignage, aussi bien que sur tout autre fait naturel? C'est pour échapper au poids accablant des témoignages sur lesquels reposent les preuves du Christianisme, et dont l'existence est plus certaine que celle des faits dont personne ne doute, que Diderot a dit dans ses Pensées philosophiques : « Tout Paris m'attesterait qu'on vient de voir un >>> mort ressuscité, je ne le croirais pas». Le Sceptique avoue que tout Paris a pu s'assurer de la mort de cet homme, et qu'il peut y ajouter foi sur le témoignage unanime de cette grande ville, parce que ce fait n'est pas impossible physiquement. Qu'un homme soit mort, semble-t-il nous dire, il n'y a rien qui m'étonne; mais qu'un homme ait été ressuscité, c'est ce qui effarouche et révolte ma raison. Voilà pourquoi la possibilité que tout Paris se soit trompé ou ait voulu m'en imposer sur la résurrection de cet homme, me fait une impression d'incrédulité dont je ne saurais me défendre.

Examinons le merveilleux qui effarouche et révolte sa raison, et faisons-le disparaître à ses yeux. Ce n'est, au fond, qu'un fait naturel que tout Pa

A

ris lui

que

propose à croire, savoir que cet homme est plein de vie. Il est vrai que sa mort étant déjà certaine, sa vie présente supposé une résurrection ; mais s'il ne peut douter de la vie de cet homme sur le témoignage de tout Paris, puisque c'est un fait naturel, il ne saurait donc douter de sa résurrection: l'une est liée nécessairement avec l'autre. Le miracle se trouve renfermé entre deux faits naturels, la mort de cet homme et sa vie présente; ainsi, nous pouvons dire le miracle n'est que la conclusion de deux faits naturels. On peut s'assurer de ces deux faits naturels, le Sceptique l'avoue; le miracle est donc la conséquence de deux faits dont on est sûr. Il suit de là que ce que le Sceptique me conteste est, pour ainsi dire, composé de trois choses qu'il ne prétend pas me disputer: de deux faits naturels, qui sont la mort de cet homme et sa vie présente, et d'une conclusion métaphysique qu'il ne conteste pas, et qui établit l'intervention de la puissance divine; car lorsqu'il s'agit d'un fait surnaturel, ce n'est pas dans la nature qu'il faut en chercher la possibilité. Joignez donc à la résurrection d'un mort la puissance divine qui en est la cause, et alors l'impossibilité naturelle ne s'opposera nullement aux raisons que vous aurez de croire ce fait. Je suppose que plusieurs témoins dignes de foi vous affirment qu'ils ont vu un chronomètre de cuivre, d'un mécanisme vraiment admirable: deuteriez-vous de ce fait parce que tous les artisans qui travaillent en bois, sont dans une es

pèce d'impossibilité physique de faire un tel ouvrage? Cette question vous surprend, et avec raison; pourquoi donc, quand un suffisant témoignage vous affirme un fait surnaturel, prétendriezvous avoir le droit d'en douter, parce qu'une cause naturelle n'a pu le produire? L'impossibilité naturelle d'un fait surnaturel doit-elle faire sur vous plus d'impression, que l'impossibilité physique où sont les artisans qui travaillent en bois d'exécuter cette admirable machine de cuivre?

Non, il n'y a que des raisons tirées d'une impossibilité métaphysique, qui puissent être opposées à la preuve solide d'un fait ; et toujours ce raisonnement sera invincible: Lefuit que je vous propose à croire ne présente rien d'absurde, rien de contradictoire; cessez de parler de sa possibilité ou de son impossibilité, et venons à la preuve du fait.

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Il est aisé de voir, par ce qui précède, qu'il n'est pas « plus possible que tout Paris se trompe ou » veuille tromper sur la résurrection d'un mort >> qu'il ne l'est qu'un mort ressuscite»,(Pensées philos.): il y a au contraire possibilité d'un côté, et de l'autre absolue impossibilité. En effet, l'erreur de tout Paris sur deux faits naturels, la mort d'un homme et sa vie présente, serait contraire aux lois constantes de l'ordre physique; et le complot d'une si grande ville serait contraire aux lois constantes de l'ordre moral: cette erreur serait done un miracle; ce complot serait également un miracle.

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