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une vicissitude continuelle, les pères et les mères laissant une postérité nombreuse dans la formation de laquelle éclate un art admirable, dont ils sont les instrumens aveugles (1). Je vois enfin, dans les animaux, une industrie étonnante pour leur conservation et pour celle de leurs petits, sans qu'ils aient aucune méthode, aucune science, aucune culture. Leur habileté merveilleuse est donc nécessairement ou dans eux, ou dans un ouvrier qui les a faits. Est-elle dans eux? Quelle apparence y a t-il que de leur propre fonds ils soient si savans, faillibles en certaines choses qu'ils exécutent tout

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(1) « Quand on examine un œuf, (dit Lord Brougham, l'une des plus vives et des plus puissantes intelligences de notre époque, dans sa Théologie naturelle,) on voit qu'il consiste en trois parties : le poussin, le jaune dans lequel le poussin est placé, et le blanc dans lequel le jaune flotte. Le jaune est plus léger que le blanc ; il y est attaché par une ligne ou plan au-dessous du centre de gravité du jaune. D'après cet arrangement, il s'ensuit que le poussin est toujours à la surface, de quelque mapière que l'on tourne et retourne l'œuf, et que conséquemment le pousşin est toujours le plus proche du sein ou du ventre de la mère, lorsqu'elle couve.

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Supposé donc qu'une personne instruite des lois du mouvement eût à disposer les choses de manière à assurer au poussin en question, une position qui lui fit recevoir la chaleur nécessaire de la poule, pourrait-elle y parvenir autrement qu'en'le plaçant dans le fluide le plus léger et qu'en suspendant ce fluide dans un autre plus pesant, de manière que le centre de gravité fùt toujours au-dessus de la ligne et du plan de suspension? Il est certain que non, car son but ne pourrait s'accomplir d'aucune autre manière. Nous arrivons à cette position par une stricte induction : elle s'appuie sur la même espèce d'évidence que celle qui sert de base à toutes les vérités physiques.

» Mais elle conduit aussi d'un seul pas à une autre vérité de la Théologie naturelle, que l'œuf doit être l'ouvrage d'une main habile dans l'art de la mécanique, dirigé par la connaissance de la dynamique.

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d'un coup, quoiqu'elles demandent le plus de choix et de justesse? Si elle n'est pas dans eux, il faut qu'elle soit dans une puissance intelligente dont ils sont l'ouvrage, comme tout l'art d'une montre, dit Fénélon, est dans la tête de l'horloger. ( 1 )

Et remarquez comme la prévoyance divine se décèle d'une manière irrésistible dans les organes de certains animaux, par exemple dans les yeux des oiseaux et des poissons. L'oeil des oiseaux con tient de l'humenr aqueuse, afin que la lumière soit autant réfrangée que cela est nécessaire. Mais les poissons, vivant dans un milieu plus dense, n'en avaient pas besoin, l'eau qui les environne devant leur en tenir lieu, Aussi n'en ont-ils point; et leur cristallin est renflé en sphère presque ronde, pour corriger la trop grande réfraction des rayons lumineux qui passent au travers d'un milieu dense comme l'eau.

Les yeux de l'homme n'offrent pas moins de tra

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(1) Organiser, dans une matière informe, toutes les merveilles d'un corps vivant, disposer les muscles, les nerfs, les viscères, les organes des sens, avec une sagesse profonde, une prévoyance admirable, donner la vie, le mouvement, l'instinct à cette chair inanimée, voilà, dit M. Virey, le témoignage irrécusable d'un Dieu; il faut que le dessein précède l'ouvrage, il faut de l'intelligence pour créer l'instinct. - Il combat ail leurs victorieusement l'erreur des productions fortuites parmi les plus petits êtres naturels: « A l'aide des verres lenticulaires qui grossissent les objets, dit-il, d'excellens naturalistes ont si clairement fait voir que les plus petits insectes se reproduisent constamment à la manière des autres animaux, qu'il serait ridicule aujourd'hui d'avancer en histoire naturelle, que les vers se créent dans du fromage passé. L'on a découvert jusqu'aux semences des champignons et des mousses. »

ces d'une intelligence divine. N'ayons point égard à la sagesse qui éclate dans les paupières destinées à protéger la délicatesse de l'œil en le couvrant si exactement que les plus petits atômes ne peuvent passer; dans les cils dont les paupières sont comme fraisées pour le défendre contre les insectes volati les; dans la promptitude avec laquelle elles se ferment, sans même que nous le voulions, pour le préserver de tout accident; dans l'emboîture où l'oeil est enchassé comme dans un moule, où néanmoins il se meut avec une facilité et une vitesse prodigieuses, au moyen de la synovie qui lubrifie cette emboîture, et se porte sur les différens objets sans donner trop d'agitation à la têtę: ne nous arrêtons qu'aux miniatures merveilleuses qui se peignent sur la rétine. Je me place sur un point de vue culminant, (1) d'où je contemple une immense étendue, depuis la mer jusqu'aux montagnes des Pyrénées et à celles des Alpes qui bornent mon horizon vers le couchant et le levant. Quelle multiplicité d'objets se présente à mes yeux! quelle variété de couleurs et de formes! Le plus habile peintre succomberait, s'il entreprenait d'exprimer sur la toile tout ce qu'embrasse mon premier coup d'œil; et s'il osait l'essayer, combien ce tableau serait au-dessous de la netteté, de la perfection que le tableau naturel acquiert dans un instant! Ce paysage si vaste est tout entier au fond de mon oeil,

(4) Promenade du Peyrou, à Montpellier.

qui n'a que sept à huit lignes de diamêtre. De quelle inconcevable petitesse est donc chacune des images qui le composent! Et cependant, je les vois ensemble et chacune en particulier des millions de fois plus grandes que celles qui se peignent dans. mon organe: Eminet in minimis maximus ipse Deus.

La langue, le plus simple des instrumens du corps humain, est aussi admirable. L'air, en sortant de la poitrine, et passant par un conduit qui s'élargit et se resserre à propos pour grossir la voix ou pour la rendre plus claire, forme des sons qui en font le plus parfait des instrumens de musique. Mais, sans la langue, ces sons seraient inarticulés; cet organe, par ses mouvemens divers, et avec le secours des dents et des lèvres, produit cette multitude d'idiomes qu'on parle dans les différentes parties du monde, cette innombrable quantité de mots par lesquels les hommes se communiquent si aisément leurs pensées, et une variété infinié d'accents et de prononciations. Peut-on dire qu'il n'y a là ni intention pi intelligence?

Et quelle haute sagesse, quel art éclatent dans l'intérieur de notre corps! La disposition des artères et des veines, dont les unes reçoivent le sang du coeur et les autres l'y reportent; celle des valvules, ou soupapes, placées à l'ouverture des artères et à l'embouchure des veinos du côté du coeur, qui ne s'ouvrent qu'en un sens, et qui, selon le sens dans lequel elles sont tournées, donnent le passage ou empêchent le retour; celle des autres valvules qui

se trouvent, par intervalles, le long des artères et des veines, et qui ne permettent pas au sang, vné fois passé, de remonter au lieu d'où il est venu; tellement qu'il est forcé par le nouveau sang qui survient sans cesse d'aller toujours en avant, et de rouler sans fin dans tout le corps; le battement régulier du cœur ; le battement régulier des artères semblable à celui du cœur et qui le suit ; le changement merveilleux et constant des alimens divers en chyle, et du chyle en sang; les effets de la respiration; la délicatesse des parties du cerveau et la variété de ses mouvemens; les muscles si forts et si tendres, si unis pour agir en concours, si dégagés pour ne se point embarrasser mutuellement, avec des filets si artistement tissus et si bien tors pour faire leur jeu, si bien tendus, si bien soutenus, si proprement placés, si bien insérés où il faut : tout est d'une économie et d'un mécanisme parfaits, tout est la preuve évidente d'une intelligence supérieure qui en a établi les règles. Et dans les organes même des fonctions les plus abjectes, on remarque un ordre, une proportion, une industrie qui charment plus l'esprit attentif que la beauté extérieure ne saurait plaire aux yeux du corps. Il le fallait ainsi pour montrer une boue travaillée de main divine, suivant l'expression de l'Hippocrate moderne, du célèbre Boerhaave. Aussi, Galien, après avoir terminé le fameux ouvrage où il a décrit toutes les parties du corps de l'homme et la destination des fonctions propres à chacune, s'écriait: J'ai chanté

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