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de précaution qui vont au-devant des objections; point de cette réserve qui ne manque jamais d'arguer de faux le témoignage de ceux qui sont coupables d'imposture; point d'efforts pour capter jugement du lecteur et le réconcilier

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› pour ainsi dire avec ce qu'il y a d'extraordinaire dans la narration. Sans prétention, comme sans zèle intéressé, ils n'essaient ni l'éloge ni l'apologie de leur maître; ils ne cherchent jamais à lui attirer l'admiration, ni à le garantir du blâme; ils racontent aussi unîment ses humiliations que ses vertus, ses œuvres ou ses sentimens d'homme, que ses plus éclatans miracles; ils n'expriment aucune reconnaissance pour ses bienfaits; ils racontent l'histoire de sa passion et celle de sa résurrection, comme en auraient parlé les hommes les plus indifférens, sans témoigner nulle compassion pour ses souffrances, nulle indignation contre ses persécuteurs et ses bourreaux, nul enthousiasme pour son triomphe sur la mort.

On sent partout qu'ils n'ont pas plus l'intention de tromper que la crainte d'être démentis ; qu'ils laissent parler leur sujet, et que c'est bien plutôt la vérité qui les presse, que la manière de la dire qui les occupe. C'est la marche d'hommes tellement familiarisés avec la grandeur des évènemens dont ils sont les historiens, qu'ils en ont perdu jusqu'à l'étonnement : ils écrivent sans réflexions ce qu'ils ont vu et entendu, comme ils le croient sans aucun doute; ils ne soupçonnent seulement pas que

d'autres puissent en douter; ils ne se chargent que des faits, ils laissent le lecteur en tirer les conséquences.

Il n'y a pas jusqu'à leurs apparentes contradic tions (1) qui ne déposent en leur faveur ; elles nous prouvent qu'ils ne se sont pas concertés ni copiés, quoiqu'ils s'accordent néanmoins si bien sur les enseignemens et sur les faits, que, quand nous n'aurions qu'un seul Evangile, nous n'y trouverions pas mieux un même système de religion et de morale, et une même histoire que dans les qua

tre réunis.

Et voyez comme le caractère moral des Evangélistes nous garantit leur véracité! Ce sont des hommes dont l'innocence est sans nuage et sans ombre les plus grands ennemis du Christianisme n'ont eu rien à dire contre eux. Quelle n'a pas être la vertu de ceux que la calomnie n'a pas entreprendre de noircir ?... Ils étaient si peu ambitieux qu'ils abandonnèrent tout, pour se dévouer à l'indigence et aux travaux de l'apostolat,

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D'ailleurs, s'ils avaient voulu tromper, auraientils choisi pour le héros de leur imposture, un homme crucifié à Jérusalem? Auraient-ils débuté dans

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(1) Voyez la Bible vengée, par Duclot; les Réponses critiques etc., par Bullet ; la Bible de Vence, édition revue par M. Drach, rabbin converti, t. 19, harmonie des saints Evangiles; et dans le Dictiontionnaire de théologie par Bergier, l'article Contradictions, et les autres articles relatifs aux diverses difficultés que les incrédules ont prope gées à cet égard.

les lieux mêmes où devaient s'être passés les faits dont ils s'appuyaient? Seraient-ils entrés dans les détails les plus circonstanciés sur ces mêmes faits?

Comment, d'autre part, ces hommes si simples, si ignorans, auroient-ils pu inventer, trouver en

teurs,

eux-mêmes une morale si élevée au-dessus de leurs faibles lumières, et rendre avec tant de justesse une doctrine qu'ils avouent ne pas entendre? Comment auraient-ils pu imaginer ce grand caractère de Jésus-Christ, que nous avons déjà reconnu pour manifestement surhumain ( 1 )? Non, un portrait si achevé, si sublime, d'une si parfaite unité dans toutes ses parties, et dépouillé de tout art, de toute déclamation, de tout ce qui peut sentir le panégyrique, n'existerait pas dans les pages de tels ausi le divin original n'eût existé! C'est un chef-d'oeuvre dont les Evangélistes n'eussent jamais été capables, s'ils n'eussent travaillé sur le vrai et d'après nature; et l'histoire de Jésus-Christ doit être reléguée parmi les choses impossibles, dès l'instant où l'on ose la travestir en légende apocryphe. Sur quel document historique peut-on compter si celui-là peut être légitimement suspect? Quelle règle avons-nous pour connaître la vérité, si c'est ainsi qu'on peut écrire le mensonge? Comment la bonne foi est-elle faite, si ce n'en est pas là le caractère et l'accent? Et que peut-il manquer à notre certitude, lorsque ces hommes qui ont

(1) Chapitre V., p. 81, 82 et suiv.

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écrit ce qu'ils ont vu et entendu, affrontent les supplices et la mort pour defendre la vérité de ce qu'ils ont écrit? (1)

3. Les faits rapportés par les Evangélistes se sont passés dans des lieux ouverts à tous les regards, sur les places publiques, dans les synagogues, en présence des Juifs prévenus contre Jésus-Christ, en présence des Scribes et des Pharisiens, ses implacables ennemis. Ces faits sont circonstanciés soit par rapport aux personnes, soit par rapport aux lieux; ils sont de différente espèce, et ont été répétés souvent, et continués durant plusieurs années; les suites n'en étaient point passagères : elles laissaient, au contraire, tout le temps dési

( 1 ) Le premier salaire de la mission des Apôtres fut une flagellation publique ; et traités ainsi dès le premier pas, ils persévérèrent à courir le monde, ne trouvant partout que des cachots, des chaînes, des verges, des bourreaux, et enfin une mort cruelle.

Si douze hommes racontaient unanimement un fait, auquel ils n'auraient aucun intérêt humain; si le gouverneur du pays où l'évènement aurait eu lieu, faisait prendre ces hommes et leur proposait, pour toute alternative, de confesser leur imposture ou de subir immédiatement la mort;

Si alors ces douze hommes s'écriaient d'une seule voix que leur récit est fidèle;

Si interrogé et menacé ensuite séparément, chacun d'eux réitérait les memes assurances que tous avaient données en commun;

Si enfin ces douze hommes étaient traînés l'un après l'autre au supplice, et le souffraient plutôt que de se rétracter sur la moindre circonstance de leur récit; pourrions-nous ne pas croire à la vérité d'un pareil témoignage?... Ou il faut abjurer la connaissance que nous avons de notre nature, ou il faut avouer qu'on ne se fait pas égorger, sans aucun intérêt humain, pour soutenir qu'on a vu ce qu'on n'a pas vu.... Cette preuve sera développée dans le chapitre IX®. )

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pour s'assurer de leur réalité.

Ces faits intéressaient ce qu'il y a de plus sensible, de plus cher au cœur humain; ils entraînaie ot la nécessité d'un autre culte; ils introduisaient de nouveaux préceptes, et devenaient le fondement d'une réforme universelle dans les croyances et dans les moeurs. D'une part, le Judaïsme, cette eligion si ancienne, et si enracinée dans le coeur du peuple qui la professait, se voyait près d'être aboli sans retour; de l'autre, le Paganisme, cette religion si étendue, et si chère aux passions, voyait ses dieux méprisés et détruits, ses temples, ses autels, ses oracles proches d'une chûte sans espoir : jamais il n'exista de cause si importante, jamais de raisons si multipliées, si pressantes d'approfondir ces nouveaux faits, jamais tant de graves motifs contre la surprise, tant de sujets de précaution

contre l'erreur.

Dans de telles circonstances, ceux qui embrassèrent la foi chrétienne durent examiner si les faits évangéliques étaient ou n'étaient pas vrais. Il est évident que surtout les Juifs instruits qui se convertirent à l'Evangile, après la mort de JésusChrist, durent examiner ces faits avec le plus grand soin. Or sans parler de St. Paul,qui était un des Juifs les plus éclairés de son siècle, et dont la conversion fournit seule une preuve de la divinité de la religion, comme nous le verrons dans le chapitre IX., on sait que, sous l'épiscopat de saint Jacques le Mineur , presque toute la ville de Jérusalem et

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