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pres, en un mot, à empêcher la fraude qu'ils craignaient; on peut juger s'ils leur avaient donné les ordres les plus positifs, la consigne la plus sévère. La mission de ces soldats était fort courte : ils n'avaient à garder le torabeau que jusqu'au troisième jour. C'était surtout la nuit qu'ils devaient veiller, puisque c'était le temps où l'enlèvement était le moins difficile, le seul temps où il fût possible. Veiller la nuit n'était pas choșe pénible à des hommes robustes: il aurait même, à la rigueur, suffi qu'un d'eux restât éveillé. Espoir de la récompense, crainte du châtiment, tout les engageait à être fidèles ; et cependant ils prétendent qu'ils se sont endormis, qu'ils se sont tous endormis, qu'ils se sont endormis si profondément que le grand bruit qu'on a dû faire si près d'eux n'a pu les réveiller.

Leur fonction était d'être constamment sur leurs gardes, surtout la nuit, et ils conviennent qu'ils y ont manqué; leur consigne, de garder soigneusement le corps de Jésus-Christ, et ils conviennent qu'ils l'ont violée : ils sont donc, de leur aveu, très-coupables. On sait combien étaient sévères les peines des militaires qui manquaient à leur devoir; et néanmoins ils ne sont pas punis, ils ne sont pas même réprimandés par le Sanhedrin. Nous voyons, très-peu de temps après, Hérode envoyer au supplice des soldats à qui il avait confié la garde de St. Pierre, parce que cet apôtre avait été tiré miraculeusement de sa prison, ( Act. XII. ). L'enlèvement du corps de Jésus-Christ était d'une toute

autre conséquance; le délit des gardes, bien autrement grave; l'intérêt du Sanhedrin à les punir, infiniment plus grand: sa confiance trahie; l'enlèvement qu'il avait voulu prévenir, effectué; les précautions qu'il avait prises, rendues inutiles, et tout cela par la faute de ses propres satellites, de-. vaient le pénétrer d'indignation contre eux, et le porter à leur infliger un châtiment si bien mérité, qui aurait été, d'ailleurs, comme une protestation authentique et solennelle contre l'usage qu'auraient pa faire les Apôtres de la réussite de leur tentative. Cependant, le Sauhédrin n'en fait rien; son indulgence, ou son inaction dans une affaire de si haute importance, est évidemment incompatible avec la réalité de l'enlèvement.

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Et les Apôtres, qui ont commis ce grand crime, on ne les recherche point; on ne les cite point; on ne les juge point; on ne les punit point. La haine contre eux, déjà violente, puisque les prêtres juifs étaient ennemis de tous ceux qui croyaient en Jésus, devait être portée au comble par ce trait de scélératesse. On s'était, d'ailleurs donné tant de peine, on avait pris tant de précautions pour le prévenir, que naturellement on devait punir ce forfait du châtiment le plus sévère; et non seulement on n'en châtie point les auteurs, mais on ne leur dit rien. Il est impossible d'indiquer une autre cause d'une telle conduite, que la connaissance qu'avait le Conseil des Juifs de la fausseté du bruit qu'il avait fait répandre, et la persuasion où il était qu'une

enquête, au lieu d'inculper les Apôtres, tournerait, à sa honte, contre les soldats et contre lui-même.

Voici qui est plus fort encore. Quelques semaines après, les Apôtres annoncent hautement, dans Jérusalem, la résurrection de leur maître: dès leurs premières prédications, trois mille, cinq mille auditeurs y croient; de nombreuses conversions amènent chaque jour à la religion naissante de nouveaux prosélytes. Le grand Conseil des chefs de la nation s'effraie d'un si étonnant succès, et se détermine enfin à mander les Apôtres. Il va donc s'ouvrir ce procès si important, si décisif entre les denx relations contradictoires, l'une de la résurrection de Jésus-Christ, l'autre de l'enlèvement furtif de son corps; les Apôtres vont être interrogés sur leur crime; l'honneur des membres du Conseil, publiquement accusés de déïcide, l'intérêt de la religion ébranlée, rendent indispensable une information juridique; en convaincant les Apôtres du crime de l'enlèvement, on fera tomber d'un seul coup leur prédication, on anéantira leur parti, on ramènera tous ceux qu'ils ont pu séduire. Mais non, il ne sera pas dit un seul mot de ce prétendu attentat. Le seul reproche qu'on fait aux Apôtres, c'est de prêcher la résurrection, et d'enseigner au nom de Jésus, ( Act. IV. . ). Il n'est nullement question de ce qui aurait été infiniment plus grave, de l'enlèvement du corps pour supposer la résurrection.

Admirons ici le contraste entre la manière dont

les Apôtres soutiennent le tetignage de la résit rection, et celle dont les chefs des Juifs répandeut leur récit de Tenlèvement. Les Apôtres prêchent hantement, en tout lieu, que leur maître est ressuscité; on le leur défend, ils le prêchent encore; on les en punit, ils continuent toujours de le prêcher. Rien ne les arrête: devant le tribunal, dans la prison, sous les coups, ils font constamment retentir leur prédication. Le Conseil des Juifs, qui a le droit, les moyens de constater l'enlèvement, et qui s'y trouve grandement intéressé, n'en fait pas la plus légère mention. I le fait répéter de bouche en bouche comme un bruit populaire et vague; il n'ose pas lui donner la consistance d'une enquête, ni même celle de sa propre assertion. A cette fermeté, à cette confiance des faibles, à cette mollesse, à cette timidité des puissants, qui peut s'empêcher de reconnaître, d'un côté la certitude du fait annoncé, de l'autre la conviction que celui qu'on répand ne saurait soutenir l'examen?

Résumons-nous. Les Apôtres n'étaient ni visionnaires et insensés, ni fourbes et scélérats: n'ayant pu se tromper sur la résurrection de Jésus-Christ, ils n'ont pas voulu tromper; l'eussent-ils voulu ils ne l'auraient point osé; l'eussent-ils ose, ils ne l'auraient pas pu: tout cela vient d'être solidement prouvé; enfin le crime dont on les accuse pour détruire leur témoignage, est incompatible avec leur caractère moral, il n'a pu être inspiré par aucun motif raisonnable, et il n'a eu d'autres témoins que

des hommes qui conviennent qu'ils étaient endors mis; jamais les Apôtres n'auraient osé le tenter, et quand ils en auraient eu l'absurde témérité, ils n'auraient pas pu l'effectuer ; et leurs ennemis, qui étaient en même temps leurs juges, ont tenu envers eux, relativement à ce prétendu crime, une conduite qui ne peut s'expliquer que par la conviction qu'ils avaient de leur innocence. Quel fait a jamais réuni autant de preuves? Y en a-t-il un seul, même des plus indubitables, dont on puisse comparer la certitude à celle de la résurrection de Jésus-Christ?.... Et, par conséquent, y a-t-il rien de mieux établi que la divinité de sa mission, puisqu'il est visiblement impossible qu'un si grand miracle se soit opéré en faveur du mensonge?

Mais pourquoi, demandent les incrédules, pourquoi Jésus-Christ ressuscité ne s'est-il manifesté qu'à ses disciples? Pourquoi n'a-t-il pas donné à sa résurrection autant de publicité qu'à sa mort, n'a-t-il pas ainsi imposé silence à tous les contradicteurs?

et

Pourquoi, répondrons-nous d'abord, les incrédules nous font-ils cette question avec tant de confiance? Est-ce que l'impossibilité d'y répondre détruirait les preuves que nous avons données du fait de la résurrection? Est-ce que, lorsqu'un fait est certain, les pourquoi et les comment peuvent en ébranler la certitude? On l'a dit souvent, et toujours avec raison: Il n'est pas permis d'argumenter contre les faits, quand ils sont victorieuse

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