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comprend qu'il put triompher de tous ces obstacles; mais en ce cas, il n'était point un imposteur. S'il ne l'avait pas, il est aisé de montrer que par de prétendus miracles il n'aurait pu surmonter toutes ces difficultés et réussir dans son entreprise.

Pour donner cours à de faux miracles, deux circonstances doivent nécessairement concourir : une disposition à se laisser tromper dans ceux à qui il s'agit de faire illusion, et une faction puissante qui favorise et soutienne l'imposture. Ces deux circonstances, ou du moins l'une des deux, ont toujours accompagné les faux miracles qui ont fait des dupes. C'est à leur concours qu'est due la créance que le monde païen a ene aux oracles, aux auspices, aux augures, et aux autres supercheries par lesquelles les prêtres, de concert avec les magistrats, soutenaient la religion du pays, et trompaient un peuple prévenu en leur faveur, et qui voulait être séduit. Or, saint Paul n'avait pour lui ni l'une ni l'autre. Les Gentils assurément n'étaient pas prévenus en sa faveur, ni en faveur des dogmes qu'il enseignait il serait même difficile d'imaginer des préjugés plus forts que ceux dont ils étaient préoccupés contre lui et contre sa doctrine; par conséquent il ne pui les déterminer à adopter la religion qu'il prêchait que par de vrais miracles. D'autre part, en prêchant la foi aux Gentils, il était presque toujours seul, ou il n'était secondé que par deux compagnons, tout au plus. Etait-ce là une cabale capable de faire réussir une

telle imposture, dans tant de pays différens, contre l'opposition universelle des magistrats, des prêtres et du peuple, ligués pour découvrir et dévoiler leurs intrigues?

D'ailleurs, ceux contre qui il aurait eu recours à ces artifices, n'étaient pas des peuples grossiers ou ignorans, capables de prendre des opérations extraordinaires de la nature, ou des tours de charlatan pour des œuvres miraculeuses. C'était parmi les Grecs de l'Asie et de l'Europe, parmi les Romains, au milieu des sciences, de la philosophie; et ce n'était pas le bas peuple qu'il convertissait : Sergius-Paulus, proconsul de Paphos, Eraste trésorier de Corinthe, Denis l'aréopagite furent ses prosélytes.

Nous venons d'établir que saint Paul n'avait d'autre motif raisonnable de se faire apôtre de Jé-, sus-Christ, qu'une conviction intime de la vérité de l'Evangile; que, s'il était entré dans une pareille imposture sans motif raisonnable, il lui aurait été impossible d'avoir le succès étonnant qu'il a eu; et que ce succès n'a pu être que l'effet du pouvoir divin qui le secondait ; d'où il suit évidemment que saint Paul n'a point été un imposteur.

2o. Il n'a point été un visionnaire. Un tempérament ardent et mélancolique, la crédulité, la vanité ou une haute idée de soi-même: voilà les qualités qui forment ordinairement les enthousiastes.

Saint Paul, au lieu de se laisser emporter à son tempérament, en était tellement le maître, que

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dans les matières indifférentes il se faisait tout à tous, accommodant autant que ce qu'il devait à Dieu le lui permettait, ses idées et sa manière de vivre aux leurs condescendance qui n'est guères compatible avec la raideur inflexible des dévots enthousiastes, ou avec les mouvemens et les saillies violentes d'une imagination fanatique. Son zèle quoique ardent, était réglé par la prudence et tempéré par la politesse et les bienséances, comme le prouve sa conduite à l'égard d'Agrippa, de Festus et de Félix: zèle par conséquent bien différent du zèle imprudent et aveugle des enthousiastes qui ne savent garder ni mesure ni décence.

Il ne paraît pas, d'ailleurs, ni par ses écrits, ni par ce qui est dit de lui dans les Actes, ni par aucun autre témoignage, qu'il fût plus porté à la mélancolie qu'aucun autre homme : on ne voit ni dans ses actions, ni dans les instructions qu'il donnait à ceux dont il était chargé, aucun trait d'humeur atrabilaire : il est vrai qu'il souhaitait de mourir et d'être avec Jésus-Christ; mais ce desir prouve seulement qu'il était pleinement convaincu des vérités divines qu'il prêchait.

On ne peut non plus accuser saint Paul de crédulité. Il semble plutôt avoir donné dans l'excès contraire, puisqu'il ne se rendit ni aux miracles de Jésus-Christ, dont il avait sans doute ouï parler à Jérusalem, ni à celui que les apôtres Pierre et Jean opérércut sur le boiteux qui demandait l'aumêtie à la porte du temple, ni à l'argument que

St. Pierre tirait de cet évènement en faveur de la résurrection de Jésus-Christ, devant le Prince des prêtres, les magistrats, les anciens et les Scribes ; ni à la délivrance miraculeuse des Apôtres mis en prison, ni à ce discours mémorable prononcé par saint Pierre devant tout le Sénat des enfans d'Israël : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hom» mes. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que >> vous avez fait mourir sur la croix. Le bras de » Dieu l'a élevé et établi Prince et Sauveur pour » accorder à Israël la pénitence et le pardon des >> péchés; et nous sommes témoins de ces choses >> ainsi que le Saint-Esprit que Dieu a répandu sur >> ceux qui lui obéissaint, (Act. IV.). » Saint Paul résista à toutes ces preuves; il consentit et eut part à la mort de saint Etienne, qui prêchait les mêmes choses et les confirmait par des miracles. Ainsi, loin qu'on le puisse regarder comme un homine crédule, il est certain qu'il n'a fallu rien moins que des preuves irrésistibles, fondées sur ses propres sens, supérieures à tous les doutes possibles, pour triompher de son incrédulité.

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Pour peu qu'on ait lu ses écrits et sa vie, on voit encore combien son caractère était éloigné de la vanité. Dans son épître aux Ephésiens, il se nomme lui-même le moindre des fidèles (Cor. III.), et dans sa première aux Corinthiens, il dit, qu'il est le dernier des apôtres, et qu'il ne mérite pas d'étre appelé apôtre, puisqu'il a persécuté l'Eglise de Jésus-Christ, ( C. XV. ). Sil parle ailleurs

d'une faveur signalée qu'il

a reçue de Dieu ce n'est que pour répondre à un faux docteur qui em; ployait contre lui l'intrigue et la calomnie ; il renferme en trois phrases ce qu'il eu dit, et s'excuse souvent d'être obligé d'en parler. Il ne se fait pas même un mérite des succès de ses travaux apostoliques : « J'ai planté, dit-il, Apollon a arrosé; » mais c'est Dieu qui a donné l'accroissement: or >> celui qui plante n'est rien, celui qui arrose n'est » rien, mais Dieu seul qui donne l'accroissement (C. III.) »

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que

On ne trouve donc dans le caractère de saint Paul aucun des défauts qui semblent nécessaires pour former un enthousiaste ; d'où l'on doit conclure qu'il ne l'était pas. Mais en supposant que tons ces défauts se trouvaient en lui, et même la vivacité seule de son tempérament pourrait se:vir de fondement à un pareil soupçon, nous allons prouver qu'il n'a pu se tromper sur le miracle qui causa sa conversion, ni sur les suites de ce miracle.

L'imagination a sans doute beaucoup de pouvoir sur l'esprit des enthousiastes; mais elle agit sur eux conformément aux opinions dont ils sont préoccupés, et il est aussi rare qu'elle agisse contre ces opinions, qu'il est rare qu'un fleuve rapide fasse remonter une barque contre son courant. Or, quand Paul alla à Damas avec pouvoir, de la part du Prince des prêtres, d'en emmener les chrétiens à Jérusalem, pouvoir qu'il avait sollicité lui-mê

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