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de l'Orient, de l'Egypte et de la Lybie.

Tertullien, qui vivait au commencement du troisième siècle, prouve contre les Juifs, par Té numération des peuples qui croyaient à l'Evangile, que royaume de Jésus-Christ était plus étendo que les empires de Nabuchodonosor, d'Alexandre

le

et des Romains.

Saint Athanase, dans une épître synodique, nomme les églises d'Espagne, de la Grande-Bretagne, 'des Gaules, de l'Italie, de la Dalmatie, de la Mysie, de la Macédoine, de la Grèce, de l'Afrique, de la Sardaigne etc. Enfin, tous les conciles qui ont précédé le concile de Nicée, sont des monumens irrécusables des vastes conquêtes que la foi chrétienne avait faites avant le règne et la conversion de Constantin.

L'histoire profane est sur ce sujet, d'accord avec l'histoire ecclésiastique. Tacite nous apprend que, sous le règne de Néron, trente ans après la mort de Jésus-Christ, il y avait à Rome une gran de multitude de chrétiens, ingentem multitudinem. Dans le même temps, Sénèque, cité par saint Augustin, s'indigne des progrès que font, dans tout l'univers, les coutumes des Juifs: c'est ainsi qu'il désigne les chrétiens sortis de la Judée : « Les vain» queurs, dit-il, ont reçu la loi des vaincus. »

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Nous avons déjà vn déjà vu qu'avant la fin du premier siècle Pline le jeune, proconsul de Bythinie, écrivait à l'empereur Trajan que les villes et les campagnes de cette province étaient remplies de

chrétiens de tout rang, de tout âge et de tout sexe; et l'on ne peut douter qu'il n'en fût de même des autres provinces de l'empire. Lucien nous apprend que, sous le règne de Commode, la, province de Pent, sa patrie, était pleine d'épicuriens et de chrétiens. Dion Cassius, au commencement du troisième siècle, avoue que cette superstition souvent réprimée, était plus forte que les lois, et faisait tous les jours de nouveaux progrès. Plutarque, Strabon, Lucain, Juvénal, déplorent le silence des oracles, que l'on ne peut attribuer qu'au discrédit où ils tombaient à mesure que s'étendait le Christianisme. Porphyre dit expressément qu'Esculape et les autres dieux ne font plus sentir leur protection, depuis que Jésus est adoré.

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Mais qu'est-il besoin de citer les écrivains des premiers siècles? C'est un fait notoire, qu'avant le règne de Constantin, l'Evangile avait pénét: é dans toutes les régions du monde connu et bien audelà des limites de l'empire romain. Loin de le contester, les incrédules s'en prévalent souvent pour soutenir la conviction n'eut point de part à la conversion de ce prince, et qu'indifférent au fond sur toutes les religions, il ne se déclara en faveur du Christianisme, que pour se mettre à la tête du parti le plus puissant. (1)

que

Ainsi, de leur aveu, la nouvelle religion avait

(1) Voyez la Défense du Christianisme par Mgr. Frayssinous, t. II; ·les Dissertations sur la Religion, par M. de La Luzernc; --- l'Histoire de l'établ. du Christ. par Bullet.

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pris le dessus dans l'empire sans le secours de la puissance publique, ajoutons, et malgré toust les efforts de cette puissance.

de

En effet, depuis sa naissance jusqu'au temps Constantin, le Christianisme n'a presque jamais cessé d'être en butte aux plus violentes persécutions. A Jérusalem, les apôtres sont emprisonnés, battus ou mis à mort. Partout où ils portent

de verges,

leurs pas, les Juifs les poursuivent, les accusent devant les tribunaux, ou soulèvent le peuple contre eux. Néron rejette sur les chrétiens l'incendie de Rome, et les fait expirer dans des supplices af freux. Domitien, Trajan, Sévère, Décius, Valérien, Aurélien, Dioclétien et ses collégues publient des édits sanguinaires contre le Christianisme. Les gouverneurs des provinces ajoutent à la cruauté des lois impériales. Dans toute l'étendue de l'empire, une populace superstitieuse et féroce demande à grands cris le sang des chrétiens. Leurs tourmens font partie des spectacles et des jeux publics. L'histoire ecclésiastique compte dix persécutions générales ordonnées par des édits; mais lors même que les empereurs semblaient accorder quelque répit aux chrétiens, il s'élevait des persécutions locales, autorisées en quelque sorte par les anciennes lois qui défendaient d'introduire de nouvelles religions.

Que dans les légendes apocryphes du moyen âge, on ait exagéré le nombre des martyrs, je le veux bien; mais à s'en tenir aux monumens originaux, aux écrits contemporains d'un Tertullien, d'un St.

Cyprien, d'un Lactance, d'un Eusèbe de Césarée, aux actes authentiques qui sont parvenus jusqu'à nous, aux témoignages mêmes des auteurs profanes, de Tacite, de Pline, de Dion, du jurisconsulte Ulpien, de l'empereur Marc-Aurèle; on ne peut calculer combien de milliers de victimes ont péri dans cette guerre de trois cents ans, où les chrétiens ne montraient de courage que pour aller au-devant de la mort, ou pour la recevoir. Tel était le danger qui menaçait continuellement les sectateurs de la nouvelle religion, que les païens, par une dérision barbare, les appelaient hommes de roue, hommes de bûcher, semaxi, sarmentitü.

C'est donc un fait incontestable que la foi s'est étendue et affermie au milieu des persécutions, et que la puissance publique, loin d'y avoir aucune part, a vainement combattu pour en empêcher l'établissement. ( 1 )

A quoi donc peut-on l'attribuer ?... Un principe incontestable, démontré par l'expérience, c'est que tout changement de religion trouve une grande opposition de la part des peuples, et qu'il n'y rien à quoi les hommes tiennent autant qu'à la religion dans laquelle ils sont nés et ont été élevés : aussi, la politique a-t-elle eu toujours pour maxi

(1) On a dit que la persécution est un vent qui nourrit la flamme du fanatisme. Mais il est évident que, si la persécution peut rendre les esprits plus obstinés dans leurs opinions, elle n'attire pas des proselytes à ces opinions, surtout quand celles-ci sont diamétralement contraires aux passions les plus chères, à l'orgueil et aux plaisirs des sens, et que, pour le cimbrasser, il faut s'exposer à tout perdre. (Voyez le §. V. suiv).

me fondamentale de ne pas y toucher.

Qu'un changement de religion ait lieu cependant, moyennant certaines circonstances, on le conçoit : par exemple, si la nouvelle religion n'est pas absolument contraire aux anciens préjugés; si elle laisse subsister, du moins en partie, les dehors de l'ancien culte ; si elle favorise les inclinations naturelles et les passions de l'homme; si ceux qui travaillent à l'établir sont des hommes savans, éloquens, de grande réputation, d'habiles intrigans, et s'ils n'ont affaire qu'à des hommes ignorans et grossiers. Et tous ces moyens, après tout, seraientils encore de peu d'effet, s'ils n'étaient appuyés et fortifiés par la puissance temporelle.

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Mais quand aux moyens naturels de persuasion joignent la force des armes, la perte des biens, l'exil, les tourmens alors on comprend que les hommes se laissent entraîner: c'est d'abord, par crainte, par intérêt; à la fin, ils se familiarisent avec les nouvelles idées, et les anciennes se dissipent. Voilà ce qui explique les succès de Mahomet. 1! était sans science, mais adroit et entrep enant. Les peuples qu'il a séduits étaient fort ignoraus; sa religion était toute charnelle: c'était un mélange de Judaïsme et de Christianisme, qui n'avait par conséquent rien de si nouveau pour des peuples autant juifs que chrétiens. Enfin, Mahomet et ses successeurs ont toujours employé la force des armes, et les peuples vaincus étaient contraints d'embrasser la religion des vainqueurs.

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