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pas vous suffire de savoir que, puisqu'il l'a permis ou fait, il a pu le permettre ou le faire sans blesser aucun de ses attributs? Tenant, avec une inébranlable certitude, les deux bouts de la chaîne, il ne vous est pas nécessaire de voir comment ils sont liés l'un à l'autre. Souvenez-vous, d'ailleurs, que ne pas voir à quoi sert tel ou tel accident, tel ou tel objet, ce n'est pas voir qu'ils ne servent à rien ; que ne pas voir quel motif a un homme sage d'agir de telle ou telle manière, ce n'est pas voir qu'il en a d'injustes; et enfin, que ce qui vous semble mal sous tel rapport, peut être bien sous des rapports qui vous sont cachés. « La permission du péché, et les suites du péché, dit Bayle à ce sujet ( tome 3. p. 997 ), sont des mystères au-des» sus de la raison; de sorte que nos idées naturel» les ne peuvent pas être la mesure commune de >> la bonté et de la sainteté divine et de la bonté » et de la sainteté humaine. N'y ayant point de» proportion entre le fini et l'infini, il ne faut point » se permettre de mesurer à la même aune la con» duite de Dieu et la conduite des hommes; et ainsi qui serait incompatible avec la bonté et la » sainteté de l'homme, est compatible avec la bon» té et la sainteté de Dieu, quoique nos faibles lu»mières ne puissent pas apercevoir cette compa» tibilité. »

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Dieu est Celui qui est: nous avons donné la raide ces sublimes paroles. Nous allons maintenant

en développer le sens profond avec un éloquent écrivain. (1)

« Il est celui qui est ; car en lui tout est substance, par lui tout est vie, en lui et par lui tout est être. Il est celui qui est ; car la puissance, c'est Jui; la fécondité, c'est lui; l'activité, c'est encore lui. Il est celui qui est ; car il pense, pense, et c'est parce qu'il pense que les réalités sont ; il parle, et c'est parce qu'il parle que les réalités existent; il veut, et c'est parce qu'il veut que les réalités agissent. Leur être est dans sa pensée; leur vie est dans sa parole; leur action est dans sa volonté. Il est celui qui est; car les causes et les effets sont à lui les causes qui ne sont que ses pouvoirs distribués dans la nature, les effets qui n'en sont que les résultats. Il est celui qui est; car c'est encore à lui qu'appartiennent les propriétés des causes et les qualités des effets. L'ordre, c'est sa sagesse qui assemble, qui pèse, qui nombre, qui mesure; la variété, c'est son infinité qui se joue dans les formes de l'univers; l'attrait, c'est la vapeur douce de sa puissance qui se distribue dans les réalités pour les unir; la beauté, c'est une ombre qu'il empreint de sa divinité; la grâce, c'est son amour qui donne du mouvement à la beauté; le charme, c'est l'effet de son amour; c'est l'amour avec sa joie, son silence; c'est l'amour avec ses perspectives immortelles; c'est le sentiment, c'est le plaisir d'aimer, c'est l'espérance d'aimer tou

(1) Bergasse, fragments.

jours. Il est celui qui est ; car ce n'est qu'en lui seul aussi que se développent les propriétés des causes, et les qualités des effets; l'espace et le lieu, l'éternité et le temps, l'immensité et la voie ne sont que lui-même. Il a regardé, il a vu l'espace en lui, et il a limité le lieu des mondes dans l'espace; il a regardé, et il a vu l'éternité en lui, et il a détaché le temps de son éternité pour fixer aux mondes leurs époques mobiles, leurs destinées passagères; et, pleins de leurs causes vivantes, et de leurs effets animés, les mondes ont trouvé dans sa substance le lieu de leur être, la voie de leur mouvement, le commencement, le cours et le terme de leur durée.

Il est celui qui est. Oh! qui peut expliquer le secret de son action, et en mesurer l'étendue? c'est de lui que l'astre du jour emprunte les feux dont il étincelle; c'est de lui que l'astre des nuits demande la clarté silencieuse qui l'environne; les cieux brillent de son éclat, et leur étendue lumineuse n'est que le voile qui le dérobe à nos yeux. Il est celui qui est. Sa vertu descend dans les airs, et les mers, échauffées dans leurs profonds abîmes, se couvrent de vapeurs bienfaisantes; et, ministres de sa puissance, les vents assemblent les vapeurs; et, vêtues de leurs formes pompeuses, et reflétant en tout sens ses couleurs immortelles, les vapeurs au loin dispersées portent, selon ses desseins, tantôt dans des réservoirs d'or, de pourpre et d'azur, tantôt dans les flancs caverneux de la nuée qui ca

che la tempête, aux lacs, aux fleuves, aux ruisseaux, aux fontaines, leurs eaux accoutumées. It est celui qui cst. Son influence pénètre la terre, et les routes mystérieuses de la végétation s'entr'ouvrent devant lui; il envoie la vie dans les routes de la végétation, et s'échappant de leurs froides enveJoppes, et pressés d'éclore, et caractérisés suivant leurs espèces et leurs genres, arbres, arbrisseaux, arbustes, herbes, mousses, lichens, les germes éployés paraissent et sous toutes les nuances et à toutes les hauteurs; la terre, par elle-même infer tile, se couvre d'une riche et féconde verdure. Il est celui qui est. Sa prévoyance pourvoit à tous les développements. Il commande, et la séve obéit; et, diversement filtrée dans les tubes capillaires qui la reçoivent, elle donne au printemps ses fleurs, à l'été ses moissons, à l'automne ses fruits; et il est, lui, le parfum des fleurs, la substance des moissons, la saveur tempérante des fruits; et depuis l'insecte caché sous l'herbe, jusqu'à l'aigle au vol audacieux,depuis le reptile jusqu'à l'homme, tout ce qui se meut, tout ce qui respire ne trouve qu'en lui seul, sous une prodigieuse multitude de préparations et de formes, cette énergie alimentaire sans laquelle aucune existence animée ne peut se maintenir. Il est celui qui est. La modération des développements lui appartient comme leur activité; et quand, lasse de produire, la nature épuisée s'arrête, c'est encore lui qui est le repos utile, le calme bienfaisant de la nature. Il visite les pôles

du monde, domaines du silence et de l'antique nuitj et, au sein de ces solitudes désolées, où la création se tait, où nul son vivant ne se fait entendre, où les éléments eux-mêmes sont sans mouvement et sans voix, l'hiver étonné sent sa présence: Les ténèbres épaisses, les froids brouillards, les úoirs et mélancoliques frimas, se détachent çà et là des glaciers sourcilleux qui bornent son empire. Lui même il s'avance; dépositaire des vertus du TrèsHaut, et déployant comme un linceul, sur les zones fatiguées, ses neiges étincelantes, il rend à la nature sa première vigueur, et lui prépare pour le temps de la reproduction, toute cette abondance, tout ce luxe d'effets qui attestent, avec tant de magnificence et d'éclat, la providence du Dieu qui la soutient et qui la répare.

Il est celui qui est. Oh! qui peut s'occuper de ce qu'il est, et demeurer sans amour? Père du sentiment et de la pensée, lumière des esprits, mouvement des cœurs, source féconde et jamais épuisée des plaisirs purs et des affections célestes; ineffable et douce harmonie de tout ce qui participe à l'existence, y a-t-il dans les êtres une qualité, un acte; dans le temps une révolution, une destinée; dans la nature un lieu, un site, qui ne le révèle à la méditation attentive, qui n'emprunte de lui son effet moral, son expansive et douce expression? Cette vérité qui se montre par intervalles dans les productions du génie ; cette raison qui se développe dans la conduite du sage; cette justice qui se ma

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