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qu'on brûlât leurs livres, qu'on saisât les revenus des églises, et qu'on n'ouvrit aucune école pour. les chrétiens? Il me semble qu'il n'y a qu'une philosophie très-intolérante qui puisse appeler cela de la tolérance.

Gloire donc à Dieu qui a donné à la terre, pendant trois cents ans, des témoins innombrables et irréprochables de la vérité du Christianisme.

Prétendrait-on, en effet, que c'était en enx emporteinent, délire, fanatisme? Mais a-t-on jainais vu des exemples d'emportement, de délire, de fanatisme pareils, pendant trois siècles et dans toutes les provinces du monde ?

Voudrait-on soutenir que les martyrs n'étaient que des séducteurs qui cherchaient à tromper la postérité?.... Mais l'imposture a-t-elle assez de chances pour balancer celle de la vie? On fait des crimes dont le profit précède la peine : on n'en fait pas dont l'unique fruit soit de ne rien espérer.

Leur prêterait-on l'appât secret d'un fol orgueil, l'espoir d'une grandeur qui flattait ces ames superbes?... Mais comment l'amour si fort et si général de la vie aurait-il cédé dans un si grand nombre d'hommes de tout âge, de tout sexe, de toute condition, de tout pays, à des sentimens naturellement rares? S'il arrive qu'un enthousiaste qui enfante de nouveaux dogmes consente à mourir pour mieux les accréditer, ceux qui n'y ont d'autre part que celle d'en être instruits, portent ils l'orgueil jusqu'aux mêmes excès? Où sont les martyrs de

Socrate? Platon et aucun des disciples qu'il avait enseignés, voulurent-ils s'associer à sa peine?.... D'ailleurs, quel éclat si grand, quelle renommée si flatteuse, si éblouissante suivait le petiple des martyrs?...

Il serait bien plus raisonnable de leur prêter Tamour des ignominies: car on sait qu'ils en étaient abreuvés, saturés; mais cet amour n'est pas natu rel, et il faudrait en chercher plus haut la cause. Voyez ce chrétien, comparaissant devant le Juge, ou conduit à la mort au milieu des exécrations publiques: il se regarde comme un faible roseau dont Dieu seul est le soutien; il s'estime heureux de ressembler à Jésus-Christ rassasié d'opprobres et mort innocent pour nos péchés; s'il souffre avec courage, il souffre avec douceur et modestie rien en lui ne sent ni le fanatisme, ni l'ambition insensée de se faire un nom; il ne cherche ni les applaudissemens, ni les acclamations; il ne veut que Dieu pour témoin de ses combats, et il le bénit, et il lui rend grâces au milieu des plus cruelles to: tures. « Où est l'homme, demande J. J. Rousseau, » où est le sage qui sâche souffrir et mourir sans » faiblesse et sans ostentation? » Ces deux admirables caractères se trouvent dans les martyrs chrétiens, dans de tendres enfans, dans des vieillards caducs, dans des vierges délicates; et ils seront à jamais la pierre de touche qui convaincra de faux les martyrs de l'orgueil et du fanatisme.

Dira-t-on que nos martyrs étaient des esprits

simples et crédules ?... Mais l'histoire des trois premiers siècles ne nous montre-t-elle pas des personnages illustres, et même des philosophes, autrefois la gloire du paganisme, embrassant généreusement les humiliations de la croix, et versant avec le plus tendre amour leur sang pour Jésus crucifié? Tels ont été les Polycarpe, les Iguace, les Irénée, les Justin, les Clément soit de Rome, soit d'Alexandrie. Étaient-ce des hommes ignorans et crédules? Dans les ouvrages qu'ils nons ont laissés, ne trouve-t-on pas les richesses de l'esprit, et tout ce que le savoir avait alors de plus profond?

Ce n'était pas, d'ailleurs, pour des opinions que

les martyrs souffraient et mouraient avec une tranquille constance; et c'est là une observation des plus importantes. Mais ils souffraient et mouraient pour des faits éclatans et publics, dont la certitu de était à la portée de tous les esprits. On peut s'entêter pour des opinions; mais un homme sensé ne s'entèle pas ju qu'à sacrifier sa vie pour attester qu'il a vu ce qu'il n'a pas vu: il faudrait pour cela étre enragé, suivant l'expression de fauteur luimème des Pensées philosophiques; et cette fureur, put-elle s'emparer d'un homme, de quelques hom-mes, ne peut évidemment devenir la manie universelle d'hommes innombrables, de tout âge, de toute condition, et de tout pays. Or, les premiers martyrs chrétiens sont morts pour des faits qu'ils avaient vus et touchés de leurs mains: ainsi sont

rots les Apôtres (1), et les autres premiers dis ciples de Jésus-Christ ; et une foule de chrétiens 4 immolés dès le commencement de l'Eglise, avaient été aussi témoins oculaires des miracles de JésusChrist cu de ceux des Apôtres. Ceux qui sont morts immédiatement après, attestaient qu'ils avaient appris ces mêmes faits de témoins oculaires qui avaient scellé de leur sang leur témoignage. Les martyrs suivans ont transmis ce même témoignage, de sorte que leurs diverses générations perpétuent la chaîne de dépositions irrécusables en faveur des faits qui étaient le fondement de leur religion. Peut-on trouver ailleurs rien de semblable?... Les prétendus martyrs des autres religions, qu'avaientils vu? Qu'avaient-ils entendu? Que pouvaient-ils attester?... Différence décisive entre eux et ceux

(1) Le martyre de saint Pierre et de saint Paul est attesté par leurs disciples et par leur tombeau ; celui de saint Jacques le Majeur et de saint Etienne est rapporté dans les Actes ; celui de saint Jacques le Mineur est rapporté par Josèphe, (Antiq. Jud. l. XX. c. 8. ); celui de saint Siméon et de plusieurs autres parens de J. C. est attesté par Hégésippe, auteur presque contemporain (Eusèb. Hist. l. III. c. 32. ). Quant aux autres, saint Polycarpe, ( Epist. ad Philipp.), saint Clément d'Alexandrie, (Strom. 1. IV. c. 9. ), affirment qu'ils ont souffert et qu'ils sont morts pour la foi ; et d'ailleurs, la tradition constante et immémoriale des chrétiens sur ce point supplée abondamment à des monumens historiques plus détaillés.

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Aucun auteur ancieu n'a élevé de doute sur le martyre des Apôtres, excepté un certain Héracléon sur celui de quelques-uns d'entre eux. Mais Héracléon était un hérétique Valentinien, qui soutenait l'inutilité du martyre, et par conséquent était intéressé à contester celui des premiers disciples de J. C. ; et son doute, suspect en lui-même, est formellement réfuté Far saint Clément d'Alexandrie', ( Stron. l. IV, e. 9 . p. 597. J.

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iu Christianisme, et d'autant plus que nos martyrs étaient des hommes de tous les âges, de tous les caractères, de tous les états; qu'ils souffraient, non dans les accès d'un enthousiasme furieux mais avec tout le sang-froid de la réflexion et une inaltérable patience; qu'ils se soumettaient librement, non à une mort prompte et facile, mais aux plus effroyables douleurs au milieu des tortures les plus lentes et les plus recherchées ( 1 ); et qu'ils les enduraient non avec un certain " courage mais avec une sérénité si merveilleuse, qu'elle touchait les païens et les bourreaux, et les attirait à la Religion plus efficacement qu'ils n'en étaient détournés par la crainte des supplices. En vérité, Dieu ponvait-il se choisir des témoins plus dignes de lui, et donner à leurs souffrances et à leur mort des traits plus manifestement surhumains?

S. VI. PERPETUité de l'église.

« Allez, dit Jésus-Christ à ses Apôtres, avant de » les quitter; enseignez toutes les nations, les bap>>tisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint

Esprit; leur enseignant à garder tout ce que je » vous ai confié; et voilà que je suis avec vous, « tous les jours, jusqu'à la consommation des siè» cles, ( Matth. XXVIII, 19, 20. ). »

Que cette promesse de Jésus-Christ est grande et humainement incroyable! Qu'une société d'hom

(1) Exquisitissimis pænis, dit Tacite, (Annal. lib. XV. c. 44. )

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