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cet organe étant composé d'autant d'unités distinc tes qu'il renfermerait de parties, comment ces parties multiples, distinctes, pourraient-elles constituer le moi simple et un qui compare et juge? L'indivisible peut-il être composé du divisible? --Si chaque particule a les deux sensations ou les deux idées, il y aura deux comparaisons: or, il est évident que lorsque l'homme juge, il n'y en a qu'une. Si les deux idées ou les deux sensations sont séparées, l'une dans la particule A, l'autre dans la particule B, où se fera la comparaison? La comparaison exige un comparateur, le jugement suppose un juge unique prononçant sur deux idées ou sur deux sensations qu'il a, Aucune de ces deux particules n'ayant ni les deux idées ni les deux sensations, la comparaison et le jugement deviennent impossibles. L'homme cependant compare et juge; il y a donc en lui une ame simple et immatérielle.

Cette conséquence est tellement irrécusable que Bayle, au sujet de ce raisonnement, s'exprime ainsi : « On peut dire que cette preuve est une dé>>monstration aussi assurée que celles des géomètres; »et si tout le monde n'en sent pas l'évidence, c'est >> à cause que l'on n'a pu ou que l'on n'a point voulu » s'élever au-delà des notions d'une imagination » grossière. (T. I. P. 111. ) » ( 1 )

(1) II importe de faire observer ici, que, conclure du rapport intime rt de la réciproque influence de l'ame et du corps, que l'homme est tout matière, c'est le vieux sophisme de l'école, si souvent employé par les

i

La preuve

liberté.

S. II. LIBERTÉ.

la plus simple est décisive pour notre

Je suppose que je veuille remuer le bras. Je puis le porter à droite ou à gauche si je le porte à droi te, et que je considère sérieusement pourquoi je commence à le porter dans cette direction, je sens invinciblement que ma volonté seule m'y détermine. Je suis tellement maître de mes mouvemens que je puis les annoncer d'avance, et m'engager à

mauvais logiciens Deux choses ont un intime rapport, sont étroites ment liées, donc ces deux choses sont de même nature; deux choses se précèdent, se suivent ou s'accompagnent, donc elles sont unies par le lien de cause ou d'immédiate production. Et que devient une conclusion si contraire en elle-même à la saine logique, que devient-elle en présence des preuves directes de l'impossibilité qu'une substance matérielle pense, compare et juge?

Comment, d'ailleurs, peut-on affirmer dogmatiquement que la pensée n'est qu'un phénomène d'innervation intrà-cranienne, M. Broussais, De l'irritation et de la folie), tandis qu'il est fort douteux que le cerveau soit inėme nne condition nécessaire pour l'exercice de nos facultés ? L'expérience physiologique prouve que cet organe est altéré en certains cas, quelques-uns même disent détruit, sans que, pour cela, l'homme cesse de jouir de ses facultés, surtout si l'altération ou la destruction se sont faites peu-à-pen et lentement. « Toutes les hypothèses, toutes les subtilités, dit le savant médecin Bérard, (Doctrine des rapports du physique et du moral etc.), viendront se briser contre cette vérité qui doit être désormais le fondement de la doctrine des fonctions nerveuses.... Le cerveau n'est qu'une simple condition de la sensation : encore méme faut-il reconnaître que cette condition n'est pas aussi étroitement liée a son exercice qu'on pourrait le croire. » Parmi les preuves qu'il apporte de cette asser tion, l'on remarque celle-ci : c'est que le cerveau est loin d'étre l'organe le plus sensible du corps animal, et que les parties où il y a le plus de nerfs ne sont pas celles où la sensation est la plus vive.

faire trouver vraie ou fausse toute conjecture qu'on se permettrait à cet égard. Si l'on conjecture, par exemple, que dans un moment je lèverai le bras, je m'engagerai hardiment à le tenir immobile, et il suffira même qu'on me demande tel mouvement que j'allais faire, ou même que j'avais déjà commencé, pour que j'exécute aussitôt le mouvement contraire. Je suis donc libre, et je n'obéis dans ces actes qu'à mon bon plaisir.

Sans doute, je suis passif, quand j'éprouve des sensations; mais sur les objets de ces mêmes sensations je suis le maître d'agir ou de ne pas agir. La comparaison de deux sensations diverses, par exemple, ne peut être que l'action libre de mon ame. En effet, la comparaison d'un objet avec un autre objet n'est ni la perception de l'un, ni la perception de l'autre, ni la perception des deux : je puis avoir deux sensations sans en faire le rapprochement, sans considérer la relation qui existe entre leurs objets; tous les jours j'éprouve des sensations différentes sans les comparer; l'impression qu'elles me font n'entraîne donc pas nécessairement cette comparaison; si je la fais, c'est donc ma volonté qui s'y porte d'elle-même ; si elle s'y porte d'ellemême, elle agit; si elle est active, elle n'est donc pas sous la loi de la fatalité. Mais si l'ame humaine est active sur les idées qu'elle a reçues passivement par les sens, elle l'est à bien plus forte raison sur celles qui sont les purs effets de sa volonté.

Et remarquez que la certitude de la liberté de

l'homme repose sur le même fondement, que celle de son existence et de sa pensée. Pourquoi, dirai

je au fataliste, ne puis-je pas douter que j'existe et que je pense? parce que je sens invinciblement l'un et l'autre. Or je sens d'une manière aussi invincible que je suis libre; si je ne suis pas certain de ma liberté, je ne le suis ni de ma pensée ni de mon existence.

Aussi, personne ne peut-il nier sérieusement la liberté. Elle est tellement inhérente à l'homme qu'il lui est impossible de la combattre sans mettre sa conduite en contradiction avec ses discours: ce

sentiment naturel est plus fort que tous les sophismes, dont les conséquences, d'ailleurs, font voir clairement l'absurdité. ( 1 )

En effet, si l'homme est courbé sous le joug

(1) « Donnez-moi, dit Fénélon, un homme qui fait le profond philosophe, qui nie le libre arbitre, je ne disputerai point contre lui, mais je le mettrai à l'épreuve dans les plus communes occasions de la vie pour le confondre par lui-même. Je suppose que le fils de cet homme lui désobéit et le méprise, que son ami le trahit, que son domestique le vole; je lui dirai, quand il se plaindra d'eux: « Ne savez-vous pas qu'aucun d'eux n'a tort, et qu'ils ne sont pas libres de faire autrement? Ils sont, de votre propre aveu, aussi invinciblement nécessités à vouloir ce qu'ils veulent, qu'une pierre l'est à tomber quand on ne la soutient pas. » Croyezvous que cet homme prenne une telle raison en payement? Croyez-vous qu'il excusera l'insolence, l'ingratitude de son fils, la trahison de son ami, et le vol de son domestique? N'est-il pas certain que ce bizarre philosophe, qui ose nier le libre arbitre dans l'école, le supposera comme indubitable dans sa maison, et qu'il ne sera pas moins implacable contre ces personnes que s'il avait soutenu toute sa vie le dogme de la plus grande liberté? Il est donc visible que cette philosophie n'en est pas une, et qu'elle se démcat elle-même sans aucune pudeur.

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d'une nécessité impérieuse, il ne pent faire que ce qu'il fait et ne peut vouloir que ce qu'il veut; ce que, depuis l'origine du genre humain, humain, l'on ap

pelle délits ou crimes, ne mérite ni blâme ni pu- . nition; l'homme qui en assassine un autre n'est pas plus coupable que l'arme dont il se sert. Bien plus, Dieu lui-même, dans cette hypothèse, serait l'auteur du mal, puisqu'il y pousserait l'homme. Mais la première idée qu'éveille dans notre ame la pensée de Dieu, est celle de la Sainteté même, qui ne peut ni faire ri approuver le crime; et dépouiller Dicu de sa sainteté pour le rendre auteur du mal qui souille la terre, c'est l'anéantir. Nier notre liberté, c'est donc nier Dieu. D'autre part, quel homme de bon sens osera dire que le père qui disgrâcie son fils rebelle, que le juge qui flétrit le parricide ne sont que des tyrans de la nature humaine, et que l'accord évident et universel de toutes les nations à distinguer l'innocent du coupable est contraire à la vérité? Qui ne voit que cette unanimité est le fruit de la conscience et de la raison du genre humain, et que si nous avons une idée claire et invincible, un irrésistible sentiment de notre intelligence, nous ne l'avons pas moins de la distinction du bien et du mal moral, comme du mérite de celui qui fait le bien, et du démérite de celui qui commet le mal?)

( 1 ) « On demande, comment est-ce que l'Être infiniment parfait, qui tend toujours, selon sa nature, à la plus haute perfection de son ouvrage, a pu créer des volontés libres, c'est-à-dire, laissées à leur choix

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