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§. III. IMMORTALITÉ.

Je suppose denx corps unis, absolument de mê me nature. En les séparant je ne détruis ni l'un ni

entre le bien et le mal, entre l'ordre et le renversement de l'ordre, prévoyant que l'usage qu'elles en feraient serait celui de se perdre et de dérégler tout l'ouvrage divin? -- Je réponds que ce qu'on veut nier est incontestable. L’Être infiniment parfait nous a créés avec des volontés libres : le fait, clair comme le jour, est décisif. On a beau subtiliser pour prouver que l'Être infiniment parfait n'a pas pu mettre cette imperfec tion et cette source de désordres dans son ouvrage. La réponse est courte et tranchante. L'Être infiniment parfait sait beaucoup mieux que nous ce qui convient à sa perfection infinie. Or il est évident que l'homme qui est son ouvrage est libre, et on ne peut le nier sans contredire sa propre raison. Donc, l'Être infiniment parfait a trouvé que la liberté de l'homme pouvait s'accorder avec l'infinie perfection du créateur; il faut donc que l'intelligence finie se taise et s'humilie, quand l'Être infiniment parfait décide dans la pratique toute la question.» (Lettres de Fénélon sur la Religion.) (Voyez la p. 44 précédente.)

tence,

« Dieu, dit un auteur moderne sur le même sujet ; existe par lui-même; il a voulu créer l'homme semblable à lui. Or, quel attribut nous élève plus haut que ce don de la liberté qui met notre sort entre nos mains, et qui fait que ne pouvant nous donner nous-mêmes notre exisnous nous créons, par notre liberté; heureux ou malheureux dans un autre monde? La liberté une fois donnée, il a bien fallu que l'homme méritåt ou déméritât. De là tout le plan de Dieu : son amour a dû s'arrêter devant le décret de la liberté de l'hommé. Et qui croirait en effet à sa liberté s'il ne pouvait en abuser; et si toutes les créatures étaient éternellement heureuses, qui penserait qu'elles eussent eu jamais la possibi lité de faillir? La prescience de Dieu ne détermine point les actes de l'homme. Dieu voit l'avenir comme l'homme voit le passé. Ce que nous savons de Brutus n'a pas plus influé sur sa détermination que ce que Dieu en savait de toute éternité. » Dieu prévoyant que tel homme péchera, c'est Dieu voyant que tel homme usera de sa liberté d'une manière contraire à sa loi. Cela posé, il est infaillible que cet homme usera de sa liberté d'une manière contraire à la loi divine, c'est-à-dire, qu'il est infaillible que cet homme pèchera librement.

l'autre ; et quand même l'un des deux se détruirait par cette séparation, la destruction de l'un te prouverait nullement la destruction de l'autre quoiqu'ils soient semblables en tout, leur distinction réelle suffit pour démontrer qu'ils ne sont pas l'uu à l'autre une cause nécessaire d'existence ou de destruction. Si cela est vrai de deux substances de même nature, à plus forte raison cela est-il vrai d'un esprit et d'un corps, dont la nature est si dissemblable; d'où résulte la preuve évidente que la désunion du corps et de l'ame n'opère point par elle-même la mort de l'ame. Le concert n'étant pas naturel entre deux êtres si opposés l'un à l'autre, il doit arriver au contraire, par l'effet de leur désunion, que l'ame, loin de périr, soit remise en son état naturel, et devienne libre de penser indépendamment du corps, de même que je deviendrais libre de marcher tout seul dès qu'on m'aurait détaché d'un autre homme avec lequel une puissance supérieure me tiendrait enchaîné. La fin de cette union, causée par la mort, n'est donc qu'un dégagement et qu'une liberté, comme l'union n'était qu'une gêne et qu'un pur assujétissement ; et le moi-pensant doit naturellement subsister après la mort, comme le captif sorti de sa prison. Il est vrai que Dieu, qui est tout-puissant, peut l'anéantir; mais il n'y a aucune raison de croire que Dieu le veuille. Voyez le monde matériel et corruptible: il n'y a pas le moindre atome qui s'anéantisse : tous les philosophes sont d'accord sur ce point. Com

ment se persuader, que Dieu veuille l'anéantisse ment de l'ame, incomparablement plus parfaite que la matière, de cette ame créée à son image, lorsqu'il est sans exemple qu'il ait opéré l'anéantissement du moindre atome depuis la créa tion de l'univers? Il suffit donc de supposer que l'ame humaine est autant aux yeux de Dieu que le moindre atome pour la croire hors de tout danger d'être anéantie par la mort. Qu'on appelle cette croyance un préjugé tant qu'on voudra : c'est, il fant l'avouer, le plus raisonnable; le plus constant, le plus décisif, à moins que les matérialistes ne nous en dépossèdent par des preuves claires et positives. Qu'ils nous prouvent donc, s'ils le peuvent, par quelque déclaration de Dieu même, qu'il a fait contre l'ame de l'homme, une exception toute particulière à sa loi générale de n'anéantir aucun être et de conserver l'existence du moindre atome ; qu'ils nous prouvent que celui qui n'a pas voulu anéantir par la mort nos organes, lesquels n'éprou vent qu'un dérangement, une division une décomposition de parties, a voulu anéantir notre ame une et indivisible, laquelle ne peut être sujette à aucun dérangement de parties, et par conséquent n'a en elle-même aucun principe de destruction; qu'ils nous prouvent enfin que ce qu'il y a de plus vil dans l'homme jouit d'une faveur d'indestructibilité refusée à ce qu'il y a en lui de plus précieux, à ce qui fait sa noblesse et sa grandeur.

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Quant à nous, nous produisons de nombreux

témoignages de la volonté que Dieu a de conserver l'ame humaine après cette vie.

Quelle sage économie que celle de l'univers ! Combien est admirable cette chaîne dont les anneaux sont si bien liés, depuis les astres qui roulent dans l'immensité des cieux, jusqu'au brin d'herbe qui pompe l'air et les sucs de la terre, jusqu'au grain de sable contre lequel la mer vient briser ses flots, et qui est loin d'être inutile dans le plan de la création. La providence du Créateur s'étend à tout; elle nourrit les petits oiseaux, les insectes; elle revêt ces fleurs qu'un seul jour voit naître, se faner et périr. Elle nous montre dans le monde physique une symétrie de rapports, un ordre admirable, un but qui révèlent le plus haut degré d'intelligence et de sagesse. Peut-on admettre que dans le monde moral, qui est d'une toute autre importance, puisqu'il s'agit des hommes faits à la ressemblance de Dieu, doués de la noble faculté de le connaître, de le louer et de l'aimer, ce même Dieu souffre, avec indifférence, qu'il règne partout un trouble, un désordre, une confusion irrémédiables? Spectacle affreux!.... Un Dieu insensible à la conduite des hommes; un Dieu regardant, du même oeil, le vice et la vertu, la raison suivie et la raison violée par ses créatures intelligentes et libres; un Dieu, en les abandonnant au gré de leurs passions insensées, les rendant les plus misérables des êtres. Est-ce là le Dieu infiniment parfait, dont nous avons démontré l'existence?

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Cependant, si tout finit pour l'homme avec ses jours terrestres, s'il n'y a pas au-delà de la tombe d'autres biens pour les bons, et d'autres maux pour les méchans; voilà le Dieu qu'il nous faut croire... Dès lors, toutes les notions du vice et de la vertu sont renversées, les droits les plus inviolables de la société s'évanouissent, la discipline des moeurs périt, le genre humain ne sera plus qu'un assemblaincohérent de barbares, d'impudiques, de fourbes, de scélérats qui n'auront d'autres lois que la force, d'autre frein que leurs appétits brutaux d'autre divinité qu'eux-mêmes. Ah! rejetons avec horreur uue hypothèse si outrageante pour FÊtre Suprême. Il est pour lui un spectacle plus confor me à ses incomparables attributs, celui de voir sa créature de choix s'embellissant continuellement à ses yeux, toujours se rapprochant du souverain bien, toujours plus ressemblante au divin modèle qu'elle contemple.

Croira-t-on que cet être qui aspire, qui parvient sans cesse à un nouveau degré de perfection, ne fera que quelques pas dans la carrière immense que Dieu lui ouvre; qu'après un coup-d'oeil jeté sur les merveilles de l'univers, après avoir entrevu la bonté, la puissance, la sagesse infinie du Créateur, une si noble créature ne sera plus rien Dieu lui-même finira pour elle?

et que

Croira-t-on que Dieu se plaise ainsi à tromper l'attente de l'homme; qu'il ne lui donne une soif de bien, ici-bas insatiable, que pour qu'il y tende

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