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péniblement et toujours, sans jamais l'atteindre?

Et pourquoi, d'ailleurs, pourquoi ces idées invincibles de juste et d'injuste, gravées en nous par un instinct universel, qui ne cesse de nous dire que le bien commun doit l'emporter sur le bien particulier; que c'est un devoir d'endurer les tourmens et la mort plutôt que d'être injuste; que le juste qui s'immole à la vertu ne doit pas subir un sort pareil à celui de l'égoïste qui n'obéit qu'à sou intérêt ; que l'homme vertueux qui expire après les cuisantes douleurs d'une agonie prolongée, ou d'un supplice dont un féroce tyran a calculé, sur sa fureur, la mesure et la durée, ne peut pas recevoir pour salaire le néant qu'ambitionne le scélérat, victime heureuse d'une mort prompte ou même şubite?

Pourquoi, encore, ces invocations, ces supplications de l'homme assailli par l'infortune, à la puissance suprême, comme juge de ses actions et dispensatrice de sa destinée? Merveilleux mouvement, que ne déterminent ni la disposition des organes, ni aucune impulsion physique, mais les lois de l'espérance et la naturelle gravitation vers un Dieu rémunérateur et vengeur.

Si nous n'avons rien à attendre après la mort, si çe monde est notre patrie, si nous ne naissons que pour les plaisirs des sens, pourquoi ne peuvent-ils pous contenter? D'où vient que les richesses nous inquiètent, que les honneurs nous fatiguent, que les voluptés nous lassent, que les siences nous con

fondent et irritent notre curiosité, loin de la satis faire? D'où vient que tout ce qui est de ce monde ne peut remplir l'immensité de notre coeur, qui est plus grand que l'univers, dit St. Augustin, et au-delà duquel est Dieu seul? Oui, pour trouver dans l'homme cette sagesse infinie qui éclate dans toutes les œuvres divines, il faut nécessairement admettre qu'il ne paraît ici-bas qu'afin d'y subir un cours d'épreuves qui doivent le préparer à une meilleure vie.

Pour moi, pénétré que je suis de la ́certitude de cette vie à venir, j'attends, sans la craindre, la fin de mon pélérinage; et si jamais le doute venait ébranler le fondement de mes espérances, je me dirais: O néant! quand mon être tout entier devrait s'engloutir dans les profondeurs de tes abimes, certes je n'aurais perdu ni ces larmes délicieuses si souvent versées dans le sein d'un père infiniment miséricordieux ; ni ce calme, ni cette tranquillité d'ame, cette sérénité qui ont répandu le bonheur sur les restes d'une vie, le rebut du monde; ni quelques vertus acquises, quelques bonnes œuvres pratiquées, avec l'aide du Dieu de toute bonté, fleurs répandues sur mes vieux jours, et dont la suave odeur dissipera, sur mon lit de mort, les horreurs du trépas; ni cette jouissance anticipée de voir ce grand Dieu face à face, de me plonger dans l'océan de ses perfections, de le bénir, de le louer, de lui rendre des actions de grâces durant le cours d'une béatitude éternelle, Mais il n'en sera

pas ainsi : non, la bonté, la sagesse, la justice de ce Dieu m'en assurent, je ne serai point ta victime, Je vous en atteste manes augustes des François de Sales, des Vincent de Paul, et vous aussi forfaits épouvantables des Néron et des Cromwel, je vous en atteste..... Non, un Dieu infiniment sage n'a pas manqué de prendre, pour assurer l'observation de la loi qu'il a écrite au fond de nos coeurs, les moyens que suggère aux législateurs humains la plus vulgaire sagesse; non, un Dieu infiniment juste et bon n'a pas pu consulter, pour fixer la destinée de l'homme, le vœu des pervers plutôt que celui des justes; rejeter le desir d'immortalité qu'il donne lui-même aux uns, et satisfaire le desir du néant qu'inspirent aux autres de honteuses et criminelles passions,

CHAPITRE IV.

DIEU EXIGe de nouS DES HOMMAGES.

Un premier être, nécessaire, créateur de tous les êtres, par qui l'homme a commencé d'exister; la bonté, la providence de ce premier être envers lui; l'ame immortelle qu'il lui a donnée, et qui lui assure une vie future avec des récompenses ou des châtimens, sont des vérités qui constituent des liais sons, des relations entre Dieu et l'homme. L'enfant a des rapports naturels avec le père, les sujets ont des rapports naturels avec le souverain; et ces rapports constituent la famille et la société. Ce qu'on nomme culte, religion, est la société de Dieu et de l'homme, société qui s'établit par les hommages que nous rendons à Dieu, et que Dieu exige de

nous.

N'est-il pas dans l'ordre, en effet, que des êtres qui doivent tout à un autre, tout jusqu'à la vie et à la conservation de la vie, lui rendent hommage par la soumission, par la gratitude, par l'amour,

par

la confiance? Or, Dieu veut nécessairement ce qui est dans l'ordre. Il exige donc de nous les hommages de la religion, quoiqu'il n'en ait aucun besoin. De plus, Dieu, infiniment parfait, ne peut agir que pour une fin digne de lui; rien n'est digne de lui que lui-même; c'est donc pour lui-même

qu'il a créé l'homme, et qu'il lui a donné les nobles facultés qui le caractérisent. Ces facultés, l'homme doit donc les rapporter à Dieu, lui en faire hommage; et Dieu ne peut pas l'en dispenser car s'il le dispensait de remplir la fin de sa création, Dieu şerait-il infiniment sage?

Mais l'homme est esprit et corps, et il doit à son créateur tout son être; les hommages que Dieu exige de lui doivent donc revêtir des formes exté, rieures. Nous sommes, d'ailleurs, tellement faits que nous manifestons involontairement les sentimens dont nous sommes affectés, et que nous avons besoin de signes pour entretenir, dans notre cœur, le respect et l'amour de la Majesté invisible: l'expérience prouve que les sentimens religieux s'affaiblissent et s'éteignent enfin chez ceux qui demeurent entièrement étrangers aux formes extérieures du culte..

De plus, Dieu a fait les hommes pour vivre en société : il a voulu qu'ils s'aimassent, qu'ils vécussent ensemble comme membres d'une nombreuse famille, et comme enfans d'un même père. Il faut donc qu'ils puissent s'édifier, s'encourager les uns les autres à leurs devoirs envers Dieu, louer ensemble ce père commun, le remercier ensemble des biens qu'il répand sur leur société. Ces choses demandent des assemblées, des prières communes, des sigues communs pour exprimer les mêmes sentimens. Il faut donc que la société humaine ait un culte public qui soit comme la communication ré

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