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» vous-même ; vous y trouverez, n'en doutez pas, >>> celui qui vous a fait. Où courez-vous à travers » ces lieux âpres et désolés? Pourquoi passer et re» passer sans cesse dans ces voies rudes et laborieu>>ses? Vous cherchez la vie heureuse; elle n'est pas >> là: comment la vie heureuse serait-elle où il » n'existe pas même de vie? Je m'abusai comme » vous: je parcourus long-temps. avec une fatigue incroyable, les sombres labyrinthes d'une philosophie trompeuse; je mangeai le pain amer de » l'erreur, à la sueur de mon front. Mais las d'er» rer tristement loin de la vérité, loin de Dieu, je » revins à lui, et je goûtai la paix. C'est après avoir >> connu les biens de la terre et ceux du ciel, que >> je me suis écrié, dans l'effusion de mon coeur : » C'est vous, c'est vous seul que je veux, ô justice! ô innocence! qu'environne une pure et brillante » lumière, et qui rassasiez complètement nos in» satiables désirs: en vous on trouve un repos pro» fond, une vie pleine d'un calme immense celiu qui entre en vous, entre dans la plénitude de la joie, et se désaltère délicieusement à la source » du souverain bien. Hélas! dans les jours de ma » jeunesse, glissant sur la pente des plaisirs, je » m'éloignai de vous rapidement, ô vérité immua» ble! et aussitôt, errant au hasard, je me de» vins à moi même une région d'indigence et de » douleur. Quel autre sort devais-je attendre ? » Vous nous avez faits pour vous ó mon Dieu » et notre cœur est sans cesse agité jusqu'à ce

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» qu'il se repose en vous. »

Ces lectures réfléchies dissipèrent tous mes doutes et toutes mes erreurs. De retour à Montpellier, je m'adressai à un prêtre recommandable par son âge, ses vertus et ses lumières : il m'aida avec une bonté paternelle et un zèle apostolique à débrouiller le cahos de ma vieille conscience; et, après avoir subi l'épreuve qu'il jugea convenable, j'eus le bonheur de remplir mon devoir pascal.

Que de larmes j'ai versées alors, et depuis ce beau jour, sur mes trop longs égaremens! Mais elles n'ont fait qu'accroître la paix, le calme et le bonheur dont je m'étais si long-temps privé. Durant les longues maladies que j'ai essuyées, la religion est venue calmer mes douleurs, soulager mes maux, et me prodiguer les plus douces consolations. J'aimais alors à me pénétrer des paroles mémorables de Domat. Ce célèbre jurisconsulte, étendu sur son lit de mort, en proie aux souffrances aiguës de la plus douloureuse agonie, au milieu de ses noinbreux amis émerveillés de la sérénité de son visage, leur disait : « Ce n'est pas assez pour un vrai chré» tien de souffrir avec résignation: il doit encore » le faire avec joie, en expiation de ses nombreu>> ses infidélités. »

Depuis ma conversion, j'ai lu un grand nombre d'ouvrages sur les preuves de la religion, et j'ai fait mes délices de cette lecture, qui m'a donné la certitude la plus complète de la vérité du Christianisme. Plus j'ai médité ces preuves, plus je les ai

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profondies, plus ma conviction intime s'est fortifiée : les lumières que j'y ai puisées sont bien supérieures à tout ce que pouvait désirer ma raison.

Mon retour à la foi exerça d'abord quelque influence sur celui d'un des membres de la Cour, M.B**., distingué par ses lumières, et surtout par une rectitude d'esprit et par une concision analytique vraiment admirables dans ses opinions. Il avait acquis ces qualités précieuses par l'étude des mathématiques transcendantes et par ses progrès dans la science du calcul des probabilités, qu'il possédait parfaitement. J'ai eu depuis la douce satisfaction d'être agrégé au nombre de ses amis les plus inti

mes.

Un autre Magistrat de la même Cour, qui avait été à portée d'apprécier le solide jugement et la rare sagacité de M. B**., surtout dans des rapports qui présentaient des questions très-difficiles, étonné du changement extraordinaire qui s'était opéré en lui relativement à la religion, ne douta point qu'il n'y eût été ramené par les motifs les plus puissans: il se décida à lire quelques ouvrages en faveur du Christianisme. Revenu de ses erreurs, ce Magistrat pratique avec zèle et édification tous les devoirs religieux.

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Enfin, l'un de mes parens, imbu des malheureuses idées de la philosophie, tomba dangereusement malade, il y a quelque temps. J'entrai en correspondance avec lui à propos du triste état de sa santé,' et je lui adressai le récit de ma conver

sion. Il le lut, le relut, et ce fut toujours avec larmes. Il finit par prier un de nos amis communs de m'écrire qu'il me remerciait mille fois, et qu'une certaine page de mon récit lui avait fait plus d'impression que la Démonstration évangélique de Du-· voisin. J'offris de faire pour lui une analyse des principales preuves de la religion chrétienne, et, sur sa réponse qu'elle lui ferait grand plaisir, je la commençai. Cet opuscule produisit les plus heureux effets, grâce au maître des esprits et des cœurs, Je fus pressé par le même ami de le publier: je lui résistai d'abord. Il montra successivement mon manuscrit à quelques personnes éclaírées: elles furent de son avis, et dirent que ma qualité de ci devant incrédule inspirerait un degré de plus de confiance; à la fin, je me suis rendu à leur opinion. Après avoir changé le plan de mon premier travail, après l'avoir revu et remanié, je le livre à l'impression. Puisse-t-il être utile à ceux de mes lecteurs, qui, faute d'un mûr examen, sont éloignés de la religion, ou travaillés d'un doute pénible! Déjà près du terme où tout disparaît pour l'homme, hors la vérité, dans un âge où la fascination des sens se dissipe et le tumulte des passions se calme, j'ai peut-être quelque droit d'être écouté de ceux à qui je désire montrer le chemin de la vraie philosophie et du vrai bonheur.

Mais pour le faire avec succès, il importe d'indiquer ici les dispositions avec lesquelles on doit chercher la vérité, quand il s'agit du Christianisme.

La Religion, a dit un homme célèbre, re::ferme assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir, et assez d'obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire. Elle a assez de preuves pour éclairer ceux qui veulent sincèrement connaître la vérité; elle n'en a pas assez pour gagner ceux qui la fuient. Ainsi, par son côté obscur laissant à la foi tout son mérite, par son côté lumineux elle console la raison du chrétien, et rend l'incrédule inexcusable.

Ceux qui cherchent la vérité de la religion chrétienne doivent donc commencer par souhaiter since rement,franchement et uniquement de la découvrir; et, pour faire cette recherche avec impartialité, il faut qu'ils écartent toutes les passions, parce qu'el les ont intérêt à ne pas reconnaître la vérité d'une religion qui les gêne. Formant, dans leur esprit, un parti puissant en faveur de l'incrédulité, elles pourraient surprende leur jugement et les jeter dans l'erreur.

Il est encore une préparation de la plus haute importance, pour ceux qui croient à un Être Suprême ils savent qu'il a le pouvoir d'augmenter les lumières de leur esprit; qu'il est le maître de faire descendre sur eux la science avec la sagesse; qu'étant lui-même le principe de toute vérité, il peut leur montrer clairement la vérité du Christianisme. Qu'ils conjurent donc, avec une humble confiance, ce Dieu infiniment puissant et bon, ce Dieu qu'ils adorent, sans reconnaître la divinité du culte qu'il

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