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l'homme! Il protège la faiblesse de l'âge, et accueille les enfans avec une bonté particulière; la faiblesse du sexe, et il égale à l'adultère le simple desir de le corrompre; la faiblesse de la condition, et il témoigne la plus tendre sollicitude sur les misères du peuple, et il déploie sa puissance pour le nourrir; la faiblesse de l'esprit et du coeur, et il souffre avec patience la grossièreté de ses disciples, et quand le premier d'entre eux l'a renié jusqu'à trois fois, ses yeux se tournent encore vers lui pleins de douceur et d'indulgence. Mais il est inflexible pour l'avarice, pour l'hypocrisie, pour l'amour déréglé de soi ou la passion de dominer, principe de tous les crimes de l'homme et de tous les désordres de la société; et ce même Jésus, qui ne brise pas le roseau à demi-cassé, qui n'éteint pas la mèche qui fume encore, chasse avec violence les profanateurs qui faisaient du Temple saint une maison de trafic, et tonne contre l'orgueil des Pharisiens et l'hypocrisie des Docteurs. Il se tait si l'on déchire sa personne; mais il repousse avec force les calomnies dirigées contre son ministère. Tout est grand en lui, tout est saint. S'il se retire à l'écart pour prier, c'est lorsqu'il a rempli tous ses dévoirs extérieurs; s'il observe la lettre de la loi, c'est lorsqu'elle n'en contredit pas l'esprit.

Populaire, sans familiarité comme sans bassesse, il ne recherche pas les suffrages des riches et des grands; on ne le voit pas ambitionner les distinctions et les préséances. Dans un transport d'admi

ration et de reconnaissance, le peuple veut l'élire roi; il se dérobe à son empressement. Il paie le tribut, ordonne de rendre à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César. Modèle de perfection, lui seul peut, vivant au milieu des hommes, et à la vue de tout le monde, dire sans craindre d'être démenti: Qui de vous me reprendra de péché ? (Joan. VIII, 46.)

Il aime, il connaît l'amitié: Lazare qu'il tire du tombeau était son ami; il verse des larmes, et c'est pour le plus grand sentiment de la vie qu'il fait son plus grand miracle. Il voit la cité, et il pleure. Jérusalem! Jérusalem! s'écrie-t-il, j'ai voulu ras sembler tes enfans comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes; mais tu ne las pas voulu!

Admirable surtout dans sa passion (1), c'est là

( 1 ) Les incrédules ont osé reprocher de la faiblesse à Jésus, au jardin des Olives. Ils se seraient épargné ce blaspheme, s'ils avaient considéré qu'il y a un extrême courage à marcher volontairement à la mort en la redoutant; et que le Fils de Dieu voulut, par son exemple, nous apprendre que la répugnance naturelle à souffrir et à mourir n'est pas un crime, lorsqu'elle est jointe à une parfaite soumission à la Providence. Si le Sauveur sen Ile craindre la mort, si l'agonie qu'il ressent est si extrême qu'il en sue une sueur mêlée de sang, ce qui est le symptôme le plus violent et le plus rare, c'est qu'il daigne s'abaisser à toute la faiblesse du corps humain qu'il a revêtu; son corps tremble, et son ame est inébranlable, pour nous montrer que la vraie force, la vraie grandeur consistent à suppor ter les faux sous lesquels notre nature succombe. S'il eût été accessible à la faiblesse de la peur, certes il lui était bien facile d'échapper à ses ennemis, puisqu'il avait prévu et prédit le moment où ils devaient se saisir de sa personne. Mais loin de fuir ou de se cacher, il les attend çt dès qu'il voit paraitre Judas avec ses satellites, il reprend toute să dis guité, et ne la quitte qu'en quittant la vie.

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qu'il fait briller, dans tout leur jour, sa bonté, sa fermeté, sa patience, sa charité, après avoir, dans la dernière cène, épanché tous les sentimens d'un cœur divin.

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Le caractère de Socrate près de la mort est beau ; il plaide sa cause devant ses juges avec la dignité d'un sage; mais il y rappelle sa vie, ses moeurs, sa doctrine et les services qu'il a rendus à sa patrie, et le bien qu'ont fait ses leçons. Il méprise la mort, mais à cause de sa vieillesse, et parce qu'elle lui procure une fin douce au lieu d'une fin douloureuse qu'il trouverait incessamment, et qu'il ne saurait éviter. Et lorsqu'un de ses amis lui demande pourquoi il a négligé de prolonger ses jours, écoutez sa réponse: Il m'aurait fallu mourir tourmenté par les maladies ou par la vieillesse sur laquelle s'accumulent tous les maux, ou au moins la privation de tous les plaisirs ( 1 ). Assurément tout cela est d'un homme. Rien de semblable dans Jésus: il prédit sa mort à ses disciples; il leur annonce que l'un d'eux le livrera; il le nomme, et il l'admet à sa table; et dans le moment même que ce disciple le livre, il reçoit son baiser, et il l'appelle son ami; et à ceux qui viennent l'arrêter: Vous venez comme pour saisir un voleur; que ne m'avez-vous pris, leur dit-il, lorsque, tous les jours, dans le temple, j'enseignais au milieu de vous?... De faux témoins l'accusent, il garde le silence. Ce n'est qu'au

(1) Vie de Socrate par Xénophon.

moment où le Pontise l'adjure, au nom du Dieu vivant, de rendre témoignage à la vérité, de dire s'il est le Christ, le fils de Dien, qu'il répond: Je le suis; et en disant: Je le suis, il sait bien qu'il prononce lui même l'arrêt qui va le frapper. Il est insulté, moqué, accablé d'ignominies; il est traité comme un fou par Hérode; il est livré par Pilate aux mains des soldats qui le déchirent brutalement; un voleur, un assassin lui est comparé, préféré; les cris du peuple en fureur demandent son sang, et il est abandonné par un juge qui reconnaît son innocence, à la douloureuse et honteuse mort de la croix; mais pas une plainte, pas une parole ne sort de sa bouche. Conduit entre deux scélérats au lieu du supplice, il s'oublie luiinême pour déplorer les malheurs prochains de Jérusalem. Cloué au bois, élevé entre le ciel et la terre, il voit Marie et son disciple bien-aimé ; et sa tendresse filiale lègue sa mère à Jean, et son amitié, Jean à sa mère. Injurié, raillé, maudit, au milieu de douleurs affreuses, il prie pour ses bourreaux acharnés; annonçant enfin le salut du monde : Tout est consommé, dit-il; il incline la tête, et il expire. Cependant la nature entière s'émeut; le centurion qui le gardait s'écrie qu'il est vraiment le Fils de Dieu; et les spectateurs s'en retournent frappant leur poitrine. ( 1 )

( 1 ). On a prétendu que Jésus-Christ sur la croix se plaignit d'être abandonné de son Père. Le sens des paroles qu'il prononça, traduites à la lettre, démontre que ce n'était ni une plainte, ni un reproche, mais

que

Le plus illustre sage de la Grèce, dans le second Alcibiade, introduit Socrate pour faire comprendre à son disciple le besoin extrême où ils étaient la Divinité même leur envoyât quelqu'un qui les instruisît, de sa part, de la manière de se conduire envers elle et envers les hommes, observant qu'il fallait qu'avant toutes choses cet envoyé leur dounât les remèdes nécessaires pour discerner les biens et les maux.

Platon fait pressentir, en quelque manière, quelle devait être la nature de ces remèdes, en peignant, dans un autre endroit de ses ouvrages, le plus méchant des hommes jouissant de tout le crédit que peut donner la vertu, et le plus vertueux victime de sa perfection; et faisant voir, pour parallèle, que le juste a une autre gloire, un autre repos, un autre bonheur que celui qu'on peut avoir sur la terre. Établir cette vérité, la montrer visiblement accomplie en soi-même, aux dépens de sa propre vie, réaliser en un mot ce juste imagiDaire, c'était le plus grand ouvrage que pût faire

un homme. Hé bien! Jésus l'a fait : il a montré la vertu dans toute sa pureté, et le bonheur éternel

une exclamation sur ses tourmens : Mon Dieu, mon Dieu, à quoi vous m'avez délaissé ! à quels tourmens vous m'avez livré! Par cette exclamation, il voulait nous apprendre qu'il n'est pas défendu de pousser le cri de la douleur, pourvu qu'on soit résigné à la disposition du Père céleste; et se faire l'application du psaume XXI, pour montrer que ses douleurs étaient l'accomplissement de cette prophétie. Aussi, lorsquetoutes les circonstances prédites furent vérifiées, Jésus s'écria: Tout est consommé. Voyez, sur les prodiges arrivés à la mort de J. C., le chap. VIIIe. sui

vant.

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