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un acte auquel nous avons pu contribuer, consen tir ou ne pas consentir: c'est, dit Feller, (Catéch. philos.) une disgrâce dans laquelle nous naissons, disgrâce qui n'adhère ni à l'ame séparément, ni au corps séparément, mais qui adhère à l'ame unie au corps, parce que l'ame et le corps réunis constituent la nature de l'homme. Or, il n'est pas contraire à la raison qu'un père criminel soit puni même dans ses enfans comme étant une portion de son être. «En effet, Dieu l'auteur de l'être dit Bossuet, ayant voulu le donner aux enfans dépendamment de leurs parens, les a mis par ce moyen sous leur puissance, et a voulu qu'ils fussent, et par leur naissance, et par leur éducation, le premier bien qui leur appartient. Sur ce fondement il paraît que punir les pères dans leurs enfans, c'est les punir dans une partie d'eux-mêmes,

me le symbole de l'éloquence et de la prudence, qu'on l'ait recherché, qu'on lui ait demandé la science du bien et du mal, que ce soient des femmes qui aient été chargées plus particulièrement de l'honorer et de traiter avec lui; et que les traditions et les croyances antiques des peuples nous le montrent comme ayant fait la guerre à la Divinité, comme ayant gáté son ouvrage, comme étant l'auteur des maux que souffrent les hommes. ( Voyez les Annales de philosophie chrétienne, t. IV. No. 19. p. 56.)

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- Une remarque non moins intéressante, c'est qu'il existe un monument plus ancien que Moïse, que Jacob, Isaac et Abraham, qui conserve des traces de la chûte de l'homme, de son orgueil et de sa punition. Dans la langue hébraïque, langue des enfans de Sem, voisins d'Adam, la racine qui désigne l'orgueil, indique chute, tromperie, séduction et pomme; une autre qui signifie tromper, séduire, et qui a le sens général d'élévation, désigne aussi démon et mort; un mot qui désigne l'homme, signifie, dans sa racine, faiblesse, maladie et punition. ( Ibid. t. X. No. 56, p. 110.)

que la nature leur a rendue plus chère que leur propre vie en sorte qu'il n'est pas moins juste de punir un homme dans ses enfans que de le punir dans ses membres et dans sa personne. Et il faut chercher le fondement de cette justice dans la loi primitive de la nature, qui veut que le fils tienne l'être de son père, et que le père revive dans son fils, comme dans un autre lui-même. Les lois civiles ont imité cette loi primordiale, puisque, selon leurs dispositions, celui qui perd la liberté, ou le droit de citoyen, ou celui de la noblesse, les perd pour toute sa race: tant les hommes ont trouvé juste que ces droits se transmissent avec le sang, et se perdissent de même. Et cela, qu'est-ce autre chose qu'une suite de la loi naturelle, qui fait regarder les familles comme un même corps, dont le père est le chef, qui peut être justement puni aussi bien que récompensé dans ses membres?... -- Le premier père contenant en lui tout le genre humain, avait reçu la grâce pour tous ses enfans, et devait être puni aussi bien que récompensé en eux tous. Car s'il eût été fidèle à Dieu, il eût vu sa fidélité honorée dans ses enfans, qui seraient nés aussi saints et aussi heureux que lui. Mais aussi, dès-là que ce premier homme, aussi indignement que volontairement rebelle, a perdu la grâce de Dieu, il l'a perdue pour lui-même et pour toute sa postéri té, c'est-à-dire, pour tout le genre humain, qui, avec ce premier homme d'où il est sorti, n'est plus que comme un seul homme justement maudit de

Dieu, et chargé de toute la haine que mérite le crime de son premier père. » (Connaissance de Dieu et de soi-même. Chap. IV. §. XI.)

Sans doute, Dieu prévoyait la chute d'Adam représentant de toute sa postérité, quand il mit son obéissance à l'épreuve. Mais il n'était pas plus tenu de l'empêcher qu'il n'est tenu d'empêcher l'abus que nous faisons encore de notre libre arbitre, pas plus qu'il n'est tenu d'empêcher la naissance d'un père inhumain qui laissera périr ses enfans, ou qui par sa mauvaise conduite les réduira à l'indigence, ou par un crime les déshonorera et les couvrira d'opprobre pour jamais, ou qui contractera volontairement des maladies dont heritera sa postérité. N'oublions pas, d'ailleurs, que Dieu, en prévoyant le péché d'Adam et les suites de ce péché, résolut de les reparer abondamment par la rédemption de Jésus-Christ: dans l'étude de la religion, il ne faut jamais séparer ces deux dogmes, intimement liés l'un à l'autre. N'oublions pas non plus que si la nition de ce péché paraît sévère, elle n'est pas pour cela injuste. Ce péché en renfermait une infinité d'autres: c'était un péché d'orgueil et de l'orgueil le plus insolent, par lequel l'homme, non content du degré d'honneur où Dieu l'avait élevé, voulut s'égaler à Dieu même; c'était un péché de révolte, par lequel la créature voulut usurper Findépendance divine; c'était un péché de curiosité criminelle, de sensualité basse, de noire ingratitude envers un souverain bienfaiteur; c'était un sacri

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Jége impie, par lequel l'homme porta la main sur ce que la défense expresse du Créateur avait rendu sacré; c'était un homicide, et le plus grand des homicides , parce que le premier homme par ce péché, en se tuant lui-même, étendit ce meurtre à la multitude innombrable de ses descendans. « Combien énorme, dit encore Bossuet, a été le crime d'être tombé, en sortant tout récemment des mains de Dieu dans une si grande félicité, dans une si grande facilité de ne pécher pas ! A ces deux causes de l'énormité du péché d'Adam, ajoutons l'étendue d'un si grand crime qui comprend en soi tous les crimes, en répandant dans le genre humain la concupiscence qui les produit tous, et par lequel il donne la mort à tous ses enfans qui sont tous les hommes. Adam a été le parricide de soimême et de tous ses enfans qu'il a égorgés, non dans le berceau, mais dans le sein de leur mère, et même avant la naissance; il a encore égorgé sa propre femme, puisqu'au lieu de la porter à la pénitence qui l'aurait sauvée, il achève de la tuer par sa complaisance. » ( VIIo. Élév. sur les myst. )

Au reste, il ne faut pas perdre de vue que, puisqu'il s'agit d'un mystère, nous n'avons pas la prétention de le faire comprendre; mais que c'est assez d'avoir établi qu'il ne répugne pas. Tout lecteur de bonne foi en sera de plus en plus convaincu, s'il réfléchit sur ces deux vérités incontestables: la première, qu'il ne faut pas juger de la justice divine par la nôtre, qui est une justice

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d'égal à égal, tandisque la justice divine est une justiz ce de l'infini au fini, du Créateur à la créature; conde, que le dogme du péché originel semble voir seul expliquer l'état de la nature humaine. Comment concilier, en effet, dans l'hoinme tant de grandeur avec tant de bassesse; son ardeur pour les vrais biens, son amour pour la vérité, l'estime qu'il fait de la vertu, avec tant d'attachement aux faux biens, avec tant de frivoles et surtout tant de honteux desirs? Comment se fait-il que l'homme soit toujours ainsi en contradiction avec lui-même, s'il n'est pas survenu dans sa nature quelque dérangement considérable? D'une part, nous voulons le bien; de l'autre, un penchant violent nous entraîne vers le mal. Je ne sais quel noble sentiment nous élève quelquefois au-dessus de la nature entière ; je ne sais quelle force invisible, mais puissante,nous rabaisse soudainement vers ce qu'il y a de plus indigne et de plus vil. Nous avons soif de la vérité; nous la cherchons; et nous n'embrassons le plus souvent qu'illusion, erreur et mensonge. Nous avons une idée claire du devoir, une voix secrète nous y rappelle malgré nous; et les passions plus impérieuses encore nous en éloignent au mépris de la loi connue. Nous sentons notre faiblesse, nos misères; nous voulons cependant être le centre de tout, et notre orgueil ne connaît point de barrière. Et à cet égard, ce que nous sommes, nos pères le furent, nos descendans le seront ; qui peut en dous ter? Il y a donc ici un esprit de race.

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