Obrázky na stránke
PDF
ePub

Mais enfin le dernier moment arrive. Il va partir pour se mettre entre les mains de son ennemi, du Prince de ce monde, c'est-à-dire du démon, à qui le monde s'est soumis par ses vices, et qui exerce sur lui sa domination.

Ce n'est pas que ce tyran du monde ait aueun droit sur Jésus-Christ; son pouvoir ne s'étend que sur ceux qui se sont livrés à lui. Depuis notre baptême, le démon n'a de pouvoir surnous que celui que nous lui donnons. Ainsi, il ne pouvoit par lui-même en avoir aucun sur le divin Sauveur, que l'union intime de la divinité avec l'humanité rendoit impeccable. Mais JésusChrist va lui en donner, en se chargeant des péchés de tout le genre humain. C'est dans cet état, c'est revêtu de toutes les iniquités qui ont été et qui seront à jamais commises, qu'il va se présenter à toute la rage de son ennemi. Et quel est donc le motif qui l'engage, étant affranchi de sa puissance, à s'y soumettre? et pouvant se soustraire à ses fureurs, à s'y livrer? C'est l'amour de son Père, c'est l'obéissance à sa volonté, qui le conduisent. Il va consommer le grand ouvrage pour lequel son Père l'a envoyé. Pour être commandé, son sacrifice n'en est pas moins volontaire. S'il nous est enseigné qu'il a été obéissant jusqu'à la mort de la croix (1), il nous est également révélé qu'il a été offert parce

7

(1) Humiliavit semetipsum, factus obediens usqué ad mortem, mortem autem crucis, Philipp. 11. 8,

qu'il l'a voulu (1). Telle est la soumission du Fils de Dieu à son Père. Tout ce que veut le Père, le Fils le veut pareillement. Sa volonté a le mérite de l'obéissance, et son obéissance le caractère de la volonté. Telle doit être aussi notre soumission au Père que nous avons dans les cieux : aussi universelle que celle dont nous voyons l'exemple, elle doit obéir à ses ordres, quelque rigoureux qu'ils paroissent; également volontaire, elle doit y plier notre volonté, l'unir à la sienne, et nous faire recevoir tout ce qu'il nous envoie, non seulement avec résignation, mais avec joic; persuadés qu'il connoît mieux que nous notre bien, et qu'il le désire autant que nous.

ÉVANGILE

་་་་་་་་་་

DU PREMIER DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE.

Précepte de la miséricorde. Parabole de l'aveugle conduisant un autre aveugle, et de la poutre et de la paille dans l'œil.

JESUS dit à ses disciples: Soyez miséricordieux, comme votre Père est plein de miséricorde. Ne jugez point, et vous ne serez point jugés; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés; remeltez, et on vous remettra; don

(1) Oblatus est quia ipse voluit. Isa. LIII. 7.

nez, et on vous donnera : on versera dans votre sein une mesure bonne, pressée, entassée et qui se répandra par-dessus; car la mesure dont vous vous serez servis, sera celle que l'on emploiera pour vous. Il leur proposoit aussi cette comparaison: Un aveugle peut-il conduire un autre aveugle? Ne tombent-ils pas tous deux dans le fossé? Le disciple n'est pas au-dessus du maître; mais tout disciple sera parfait, s'il est comme son maître. Pourquoi apercevezvous un fétu dans l'œil de votre frère, et ne voyez-vous pas la poutre qui est dans le vôtre ? Ou comment pouvez-vous dire à votre frère ; Mon frère, laissez-moi tirer de votre œil le fétu, ne voyant pas la poutre dans le vôtre? Hypocrite, commencez par ôter la poutre de votre œil, et vous verrez ensuite à tirer le fétu de l'œil de votre frère. (Luc. vi. 36—42.)

EXPLICATION.

Jésus dit à ses disciples: Soyez miséricordieux, comme votre Père est plein de miséricorde. Entre les préceptes de l'évangile, un de ceux qui sont le plus fréquemment répétés, le plus fortement intimés, inculqués de plus de manières, est celui de la miséricorde envers le prochain. Comme de toutes les vertus, c'est celle que le divin Sauveur a le plus continuellement pratiquée, c'est aussi celle qu'il s'est le plus attaché à nous inspirer. Il semblerait quel

[ocr errors]
[ocr errors]

*

quefois, à la manière dont il en parle, que dans toute sa religion, il n'y ait pas d'autre devoir. Nous le voyons se transportant d'avance au jour où, assis sur le trône de sa Majesté, il jugera les vivans et les morts, annoncer, pour règle de ses arrêts, la manière dont on aura exercé les œuvres de miséricorde envers lui, dans la personne de ses frères; appeler à partager son royaume éternel ceux qui auront soulagé leur misère; repousser dans les flammes éternelles, préparées au démon, ceux qui s'y seront toujours montrés insensibles. Dans cet évangile, il nous présente le modèle de cette vertu. Et quel grand, quel admirable modèle il propose à notre imitation ! C'est la miséricorde de Dieu qui doit être la règle de la nôtre. Immense devoir ! qui, pris à la lettre, seroit impraticable, dont nous ne pouvons pas même mesurer l'étendue; car il ne nous est pas donné de comprendre l'infini. Mais dans l'impuissance d'atteindre ce modèle, il faut l'avoir devant les yeux pour lui ressembler autant que le permet la foiblesse de notre nature. Nous trouvons dans la miséricorde divine deux caractères principaux, que nous devons nous efforcer de donner à la nôtre; elle embrasse tout, elle s'étend à tous les genres de bienfaits. A son exemple, la nôtre doit avoir cette double universalité.

En premier lieu, elle doit comprendre tous

les hommes sans exception, grands et petits,

connus et inconnus, amis et ennemis. Les païens avoient connu ce sentiment précieux que l'Auteur de la nature a mis dans nos âmes pour nos semblables, et qui fait qu'aucun homme n'est étranger à un autre homme. Mais combien, dans la loi chrétienne, il est encore étendu, fortifié, perfectionné! Combien la charité, prescrite par la religion, est supérieure à l'humanité qu'inspire la nature, et dans son motif, et dans ses règles et dans ses vues, et dans ses effets! Elle ne nous défend pas, sans doute, de distinguer dans notre attachement et dans nos services, ceux avec qui nous lient des relations plus particulières de parenté, d'amitié, de société, de patrie. Ce qu'elle défend, c'est d'excepter qui que ce soit de son affection ou de sa bienfaisance. Elle permet les préférences, elle condamne les exclusions. Tous nos frères ont des droits sur nous; quelques-uns en ont de plus. spéciaux. Nous ne péchons pas en aimant, en obligeant les uns plus que les autres; nous péchons, s'il y en a un scul que nous n'aimions. pas, ou que nous ne soyons pas disposés à servir.

En second lieu, notre charité fraternelle, telle que la bonté paternelle de Dieu, doit embrasser tous les genres de bien. Dieu nous a donné tout ce que nous avons, et de l'ordre spirituel et de l'ordre temporel. Pour lui ressembler, nous devons à nos frères les secours de

« PredošláPokračovať »