houneur, si tu ne veux pas cesser après avoir pas ce qui est dans notre besace de derrière, passé par mes mains. Furius, tu n'as ni esclave, ni coffre-fort, m lit pour les punaises, ni toit pour les araignées, ni foyer pour te chauffer; mais tu as un père et une mère dont les dents mangeraient des pierres; et tu vis heureux avec ce vieillard et son épouse desséchée. C'est tout simple: vous vous portez tous bien; vous digérez à mer Varrus, ce Suffénus que tu connais est un homme élégant, spirituel et poli; il fait énormément de vers: il en a je crois dix mille et plus d'écrits; et non pas, comme c'est l'usage, sur l'humble palimpseste, mais sur papier royal, avec couvertures neuves, charnières neuves, aiguillettes rouges, texte soigneuse-veille; vous ne craignez ni incendies, ni dément aligné, et le tout poncé à ravir. Lisezvous dans ces jolis livres, vous prendrez ce beau et élégant Suffénus pour un bouvier ou un manœuvre, tant il est différent de luimême. Qu'est-ce donc ? tout à l'heure vous cherchiez pour le définir la plus gracieuse épithète; le voilà, dès qu'il se mêle de vers, plus grossier que le plus grossier des rustres; et cependant jamais il n'est aussi heureux que lorsqu'il fait des vers; jamais aussi content, aussi charmé de lui. Bons dieux ! nous avons tous un tort semblable; personne qui ne soit Suffénus en quelque chose; chacun a reçu son erreur en partage; mais nous ne voyons Quare desine, dum licet pudico; CARMEN XXII. AD VARRUM. Suffenus iste, Varre, quem probe nosti, Puto esse ego illi millia aut decem, aut plura, Simul poemata attigit : neque idem unquam Eque est beatus, ac poema quum scribit; Tam gaudet in se, tamque se ipse miratur. Nimirum idem omnes fallimur; neque est quisquam, Quem non in aliqua re videre Suffenum Sed non videmus menticæ quod in tergo est. vastations, ni crimes, ni poisons, ni péril enfin d'aucune sorte; et puis vos corps durcis par le soleil, le froid et la faim, sont plus secs que la corne, plus arides qu'on ne peut le dire. Comment ne serais-tu pas heureux ? tu n'as point de sueur, point de salive, ni de morve et de fâcheuse pituite au nez. A cette propreté ajoutes-en une qui vaut mieux encore, celle de ton derrière, plus pur qu'une salière, car tu ne comptes pas dix selles par an, et ce que tu fais n'est que fèves et roches, et ne salirait pas tes doigts, si tu le tenais et le frottais dans tes mains. Tant d'heureux avantages, Furius, ne doivent pas être méprisés ni comptés pour peu de chose; CARMEN XXIII. AD FURIUM. habetis Furi, quoi neque servus est, neque arca XXVIII. A VERANNIUS ET A FABULLUS. Compagnons de Pison, couple indigent, au bagage léger et commode à porter, bon Verannius, et toi mon Fabullus, que faites-vous? n'avez-vous pas assez enduré la faim et la soif avec cette pourriture? Est-ce que sur vos tablettes la colonne des profits se remplit avec les dépenses, comme il m'arrivait aussi lorsque, dans mon voyage à la suite de mon préteur, j'inscrivais aux bénéfices tous mes déboursés. O Memmius! tu as bien à loisir prolongé lignoble abus que tu as fait de ma personne. Mais, à ce que je vois, votre sort a été pareil, mes amis ; vous avez été les victimes d'un personnage tout aussi dégoûtant. Cherchez donc de nobles amis! Que tous les dieux vous é rasent, opprobres de la nation de Romulus et de Rémus! XXIX. CONTRE CÉSAR. Qui pourra voir, qui pourrait souffrir, s'il n'a perdu toute pudeur, toute retenue, tout honneur, qu'un Mamurra possède les plus précieuses richesses de la Gaule chevelue et de la Bretagne lointaine? Romain débauché, le ver CARMEN XXVIII. AD VERANNIUM ET FABULLUM. Pisonis comites, colors inanis, CARMEN XXIX. IN CÆSAREM. Quis hoc potest videre, quis potest pati, Nisi impudicus, et vorax, et aleo, Mamurram habere, quod Comata Gallia Ilabebat uncti et ultima Britannia? ras-tu et le supporteras-tu? Tu as perdu toure pudeur, toute retenue, tout honneur, et mainte nant superbe et radieux, comme une blanche colombe ou un Adonis, cet homme se promè nera de couche en couche? Romain débauché, le verras-tu et le supporteras-tu? tu as perdu toute pudeur, toute retenue, tout honneur. Est-ce donc pour cela, capitaine unique, est-ce donc pour que ce corps, instrument de tes débauches, dévorât deux ou trois cents milliers de sersterces, que tu es allé dans la dernière île de l'Occident? Qu'est-ce? répond ta malheureuse libéralité, il a consumé peu de chose en plaisirs. A-t-il englouti si peu de chose? Pour début, il a dilapidé les biens de son père; les trésors du Pont doivent être sa seconde proie; quant à la troisième, ceux des Ibères; le Tage aux flots d'or le sait. Tremblez devant lui, Gaules et Bretagnes? Comment donc gardiezvous ce pervers dans votre sein? à quoi peut-il être bon, sinon à dévorer de riches patrimoi nes? Est-ce donc pour cela, capitaine unique, qu'avec ton beau-père tu as tout bouleversé. XXX. A ALPIÉNUS. Ingrat Alphenus, parjure, toi qui brises les Cinæde Romule, hæc videbis et feres ? Ut albulus columbus, aut Adoneus? Secunda præda Pontica: inde tertia Hibera, quam scit amnis aurifer Tagus. Hunc, Galliæ, timetis, et Britanniæ ! Quid hunc, malum, fovetis? aut quid hic potest, Nisi uncta devorare patrimonia? Eone nomine, Imperator unice, CARMEN XXX. AD ALPHENUM. Alphene immemor atque unanimis false sodalibus, lens de la plus étroite amitié, tu es déjà sans pitié, cruel, pour le plus tendre des amis. Déjà tu n'hésites plus à me tromper, à me trahir, perfide! Penses-tu que les dieux voient d'un eil satisfait la trahison des impies, toi qui négliges, qui délais es un ami malheureux. Helas! que faire désormais et à qui se fier? C'est toi cependant, toi qui m'ordonnas d'abandonner mon cœur à de fatales séductions, barbare; qui m'entraînas dans cet amour qui semblait ne m'offrir que le bonheur. Et c'est toi maintenant qui retires ta foi, toi dont les caresses, dont les serments, plus légers que les nuages, se dissipent emportés par les vents. Mais si tu oublies tes promesses, les dieux s'en souviendront. Ils se souviendront de la foi violée, et tes remords trop tardifs me vengeront de ta perfidie. XXXI. A LA PRESQU'ILE DE SIRMIO. Avec quelle joie je te revois, Sirmio, avec quel bonheur, toi la perle des îles et des presqu'iles qu'enveloppent dans leur liquide empire Fun et l'autre Océan. J'ose à peine croire que j'aie quitté les champs de la Thrace et de la Bithynie, et que je puisse te contempler sans crainte. Quel plus grand bonheur, alors que Jam te nil miseret, dure, tui dulcis amiculi ; Si tu oblitus es, at Dii meminerunt, meminit Fides; CARMEN XXXI. AD SIRMIONEM PENINSULAM. Peninsularum, Sirmio, insularumque libres de soins et rejetant le fardeau de l'ambition, nous revoyons nos foyers, que de trouver enfin après la fatigue de lointains voyages, le repos sur ce lit si longtemps désiré. Ce bonheur suffit à mes voeux ; il est l'unique fruit de tant de travaux. Salut, belle Sirmio! salut! réjouis-toi du retour de ton maître; et vous aussi réjouissez-vous, eaux limpides du lac de Côme. Que dans ma demeure retentissent les cris de l'allégresse! XXXII. A IPSITHILLA. Au nom de l'amour, douce Ipsithilla, mes delices, charme de ma vie, accorde moi le rendez-vous que j'implore pour le milieu du jour. Et si tu me l'accordes, ajoutes-y cette faveur que la porte soit interdite à tout le monde. Surtout ne va pas sortir; reste à la maison et prépare-toi à voir se renouveler neuf fois mes exploits amoureux. Mais si tu dis oui, dis-le de diner, je foule, dans mon ardeur, et ma tunique suite, car, étendu sur mon lit, après un bon et ma couverture. XXXIII. CONTRE LES VIBENNIUS. O le plus habile des voleurs de bains! Volum Hoc est, quod unum est pro laboribus tantis. CARMEN XXXII. AD IPSITHILLAM Amabo, mea dulcis Ipsithilla, Verum, si quid ages, statim jubeto, CARMEN XXXIII. IN VIBENNIOS. O furum optime balneariorum, nius le père, et toi son fils, le débauché; l'un dont la main est plus souillée; l'autre dont le derrière est plus vorace, que ne vous exilez-vous dans quelque plage désolée? puisque les rapines du père sont connues de tous, et que les fesses poilues du fils ne trouvent plus de chalands. XXXIV. HYMNE EN L'HONNEUR DE DIANE. Nous qui sommes voués au culte de Diane, jeunes filles et jeunes garçons au cœur chaste, jeunes filles et jeunes garçons, célébrons ses louanges. O puissante fille de Latone et du grand Jupiter, toi que ta mère enfanta sous les oliviers de Délos; Toi, destinée en naissant à régner sur les monts, sur les forêts verdoyantes, sur les mystérieux bocages et les fleuves aux flots retentissants; Toi que les femmes invoquent comme une autre Lucine, dans les douleurs de l'enfantement; puissante Hécate, toi à qui le soleil prête sa lumière. Vibenni pater, et cinæde fili; Cur non exsilium malasque in oras CARMEN XXXIV. AD DIANAM. Dianæ sumus in fide O Latonia, maximi Montium domina ut fores, Silvarumque virentium, Saltuumque reconditorum, Amniumque sonantum. Tu Lucina dolentibus Juno dicta puerperis; Tu cursu, Dea, menstruo Toi, qui mesures le cercle de l'année dans ton cours mensuel, et remplis d'abondantes moissons la grange du laboureur; Sous quelque nom qu'il te plaise d'être adorée, reçois nos hommages, et accorde, comme toujours, ton appui tutélaire à l'antique race de Romulus. XXXV. INVITATION A CÉCILIUS. Partez, mes tablettes, allez dire à Cécilius, le tendre poëte, à Cécilius, mon ami, qu'il laisse la Nouvelle-Côme et les rives de Larius pour venir à Véronne; car je veux déposer dans son sein quelques confidences d'un de nos amis communs. Qu'il parte donc s'il est sage; qu'il vole, quand bien même sa maîtresse le rappellerait mille fois; quand bien même, suspendue à son cou, elle le supplierait de différer, elle qui brûle pour lui du plus ardent amour, si l'on m'a dit vrai. L'infortunée! un feu secret la consume depuis le jour où elle lut les premiers vers du poëme de Cécilius en l'honneur de Dindymène. J'excuse ton délire, jeune fille, plus savante que la muse de Lesbos. C'est en effet un bel ouvrage que le poëme entre |