ne veux pas, s'il plaît à une maîtresse volage | clave, allons; que le vin coule à flots plus presde quitter notre table pour le lit d'un rival in-sés ; il y a longtemps que j'aurais dû arroser ma connu, je ne veux pas, rongé d'inquiétude, tête des parfums de la Syrie, et ceindre mon pousser toute la nuit des soupirs. Allons, es- front de guirlandes de fleurs. Non ego, si fugiat nostræ convivia mensæ I puer, et liquidum fortius adde merum. 52 LIVRE QUATRIÈME. I. PANEGYRIQUE DE MESSALA. C'est toi, Messala, que je vais chanter. Quoique l'éclat de ta gloire me fasse craindre que mes forces n'y puissent suffire, je commencerai cependant. Si mes vers ne répondent pas à ton mérite, si je n'élève à tes exploits qu'un humble monument, et que personne, excepté toi, ne puisse retracer tes actions dans un style | qui soit digne d'elles, ce sera assez pour moi de l'avoir essayé; et tu ne rejetteras pas une offrande modeste. Apollon lui-même agréa les dons du Crétois; Bacchus trouva préférable à toute autre l'hospitalité d'Icare, ainsi que l'attestent Érigone et son chien, astres qui brillent dans la sérénité du ciel, pour que les ages suivants ne puissent refuser d'y croire. On vit même Alcide, près de s'élever dans l'Olympe pour y devenir un dieu, entrer, d'un pas joyeux, dans la demeure de Molorchus. Un grain d'encens suffit pour apaiser les hôtes du ciel, et la victime qui tombe au pied de leurs autels n'est pas toujours un taureau aux cornes dorées. Accueille aussi ce faible essai, et ma reconnaissance pourra te consacrer bien des vers encore. Qu'un autre dise les merveilles du monde ; dise comment la terre prit place dans l'immensité des airs; comment la mer enveloppa les contours du globe; comment, pour se répandre, l'air tend sans cesse à s'échapper de la terre; comment s'y melent en tout sens les feux fluides de l'éther; comment enfin le ciel, suspendu au-dessus de nous, renferme tout ce qui est. Mais tous les efforts dont ma muse sera capable, soit qu'elle puisse s'élever jusqu'à toi, espérance que je n'ose concevoir, soit qu'elle reste au-dessous, et elle y restera certainement, je t'en voue l'hommage; puisséje suffire à cette grande tâche! En effet, quoique tu descendes d'une antique et illustre famille, dans ton amour pour la Læta Molorcheis posuit vestigia tectis; 28 gloire, tu n'as pas assez de celle de tes ancêtres; tu n'interroges pas les inscriptions qui désignent leurs images; tu aspires à surpasser ta race dans les honneurs qu'elle a obtenus, et à jeter sur tes descendants plus d'éclat que tu n'en dois à tes pères. Mais tes titres, au lieu d'être inscrits sous tes portraits, le seront longuement dans des poemes immortels. De partout s'élèveront à l'envi des voix pour célébrer tes louanges, pour les célébrer soit en vers, soit en prose. On se disputera l'honneur de te chanter le plus dignement. Puissé-je ètre vainqueur dans cette lutte, et attacher mon nom au récit de tes exploits! En tout ta gloire est égale; ainsi, quand deux poids pareils tien nent la balance en équilibre, l'un des bassins ne descend ni ne monte plus que l'autre; mais qu'on la charge de poids inégaux, on la voit flotter incertaine, et les bassins s'abaisser alternativement. Personne ne t'efface dans les camps ou au barreau. Si des voix opposées sortent du sein de la foule volage et frémissante, nul autre que toi ne peut la calmer; s'il faut apaiser la colère du juge, tes paroles savent l'adoucir. Moins grands furent ces enfants de Pylos et d'lthaque, Nestor et Ulysse, la gloire d'une humble ville; et cependant l'un vécut de longs jours, et vit le soleil, dans le cours de trois siècles, fertiliser les heures qu'il mesure à la Non tua majorum contenta est gloria tama, Nec quæris, quid quaque index sub imagine dicat; terre; l'autre porta ses pas aventureux dans des villes inconnues, jusqu'aux lieux où la terre a les ondes pour limites. Il repoussa, les armes à la main, les attaques des Ciconiens, et Lotos ne put arrêter sa course. Devant lui recula aussi le hideux habitant des roches de l'Etna, dont il creva l'œil appesanti par le vin de Maronée. A travers les flots restés paisibles, il emporta les vents d'Éolie. Il visita les farouches Lestrygons et Antiphate, dont la demeure est arrosée des eaux toujours fraîches de la fameuse Artacie. Lui seul trouva sans vertu les breuvages de l'enchanteresse Circé, quoiqu'elle cût pour père le Soleil, et qu'elle sût, avec des herbes, avec des chants magiques, dépouiller les êtres de leur ancienne forme. Il pénétra jusqu'à l'obscure retraite des Cimmériens, qui n'ont jamais vu le jour à son lever brillant, ni Phébus abandonnant la terre ou s'élevant au-dessus d'elle. !! put voir les augustes enfants des dieux, soumis à Pluton, errer, dans l'empire souterrain, au milieu des ombres légères; son rapide vaisseau côtoya les rivages habités par les Sirènes. Il navigua entre les périls d'une double mort, sans se laisser effrayer par l'horrible gucu'e de la furieuse Scylla, quand il chercha un étroit passage dans cette mer où retentit la rage d'une meute; sans avoir succombé à la violence accoutumée de Charybde, qui tantôt, du fond Ille per ignotas audax erraverit urbes, 74 660 des abîmes, vient en dominer la surface, et tantôt, entr'ouvant les gouffres de la mer, en montre le sable à nu. Il ne faut oublier ni les pâturages du Soleil, dont il força l'entrée, ni ses amours, ni son séjour dans les fertiles campagnes de Calypso, fille d'Atlas, ni le terme de ses courses malheureuses, la terre de Phéacie. Que ces choses se soient en effet passées dans nos contrées, ou que la fable ait ouvert un nouveau monde à ses pas errants, tels sont ses travaux ; mais ton éloquence est au-dessus de la sienne. Nul ne possède mieux que toi les ressources de l'art militaire, ne sait mieux où doivent être ouverts les fossés qui protégeront le camp, et plantés les pieux qui arrêteront l'ennemi; où il faut de préférence élever l'enceinte d'un retranchement, afin de faire jaillir des sources de la terre une eau rafraîchissante, d'en rendre l'accès facile à tes troupes, difficile à l'ennemi, et de permettre aux soldats d'entretenir leur vigueur dans des luttes où la palme sera sans cesse disputée. Là, ils s'exerceront à qui saura le mieux lancer le pieu pesant ou la fleche légère, et atteindre le but avec le lourd javelot, ou bien comprimer, à l'aide du frein solide, la fougue d'un cheval, et laisser les rênes libres au coursier plus lent, ou diriger sa course en ligne droite, ou lui faire décrire un cercle dans un espace étroit; à qui enfin saura le mieux parer avec le bouclier, soit à droite, soit à gauche, les coups multipliés de la lourde javeline, et toucher le but marqué avec la fronde rapide. Bientôt viennent les luttes périlleuses de Mars; les armées s'apprêtent à se heurter; tu sais alors disposer la tienne pour le combat, qu'il faille la former en bataillon carré, pour que les fronts égaux s'étendent en ligne droite; ou la partager en deux corps, afin d'opposer la droite à la gauche de l'ennemi, et la gauche à sa droite, et de s'assurer avec les deux ailes une double victoire. Mais ma muse ne doit pas errer ainsi au milieu du récit de tes exploits; je chante les hauts faits qui ont signalé tes armes : témoin la défaite des valeureux soldats de l'Iapydie; témoin la déroute des l'annoniens rusés, disséminés sur la glace des Alpes; témoin encore celle des pauvres habitants d'Arpinum, nés au milieu des combats. En voyant comme l'âge les a laissés vigoureux, on s'étonne moins des trois siècles de vie donnés par la renommée au roi de Pylos; en effet, après avoir atteint une grande vieillesse, et vu le soleil parcourir et féconder cent années, ils ne craignent pas, toujours agiles, de s'élancer sur un coursier fougueux, qu'ils gouvernent d'une main ferme. Grâce à toi, ces robustes cavaliers, qui n'avaient jamais tourné le dos, présentèrent leur tête libre au joug des Romains. Vel si interrupto nudaret gurgite pontum. Aut quis equum celerem arctato compescere frano Amplior, aut signata cita loca tangere funda. 448 Mais ces exploits ne te suffiront pas ; de plus glorieux encore te sont réservés; je l'ai reconnu à des signes véritables et plus certains que les oracles de Mélampe, fils d'Amythaon. Tu avais naguère, au lever de l'aurore, revêtu la pourpre éclatante; ce jour ouvrait la fertile année; le soleil avait, plus brillant que de coutume, élevé sa tête au-dessus des ondes; les vents ennemis retinrent leur souffle furieux; les fleuves suspendirent leur cours accoutumé; la mer ellemême réprima le rapide mouvement de ses flots apaisés. Nul oiseau ne traversa les plaines de l'air; nul animal terrible ne chercha sa pâture dans l'épaisseur des bois; tout faisait silence, en faveur de tes voeux aux immortels. Jupiter lui-même, traversant le vide des airs sur un char léger, les vint écouter; il quitta l'Olympe voisin des cieux, pour prêter à tes prières une oreille attentive; sa tête véridique te fit un signe d'assentiment. Le feu, sur l'autel, s'éleva bientôt plus propice que jamais à travers les entrailles amoncelées des victimes. Encouragé par un dieu, poursuis le cours de tes grandes actions; que tes triomphes effacent ceux des autres héros. Tu ne seras arrêté dans ta marche ni par les guerriers de la Gaule, qui nous avoisine, ni par la fière Espagne aux vastes contrées, ni par la terre sauvage où vint s'asseoir une colonie de Théra, ni par les plaines où coule le Nil, ni par celles où coule le | Choaspe, boisson du grand roi, ni par les campagnes d'Arecta, que traverse le Gyndes rapide, dont la démence de Cyrus divisa les eaux en branches nombreuses; ni par les royaumes auxquels Tomyris donna pour bornes le cours sinueux de l'Araxe, ni par les terres lointaines où le Padéen, voisin du soleil, célèbre, assis à ses tables ensanglantées, ses horribles festins; ni par l'Ebre et le Tanaïs, qui arrosent le territoire des Gètes et des Mo syns. Pourquoi m'arrêter? Aux lieux où l'Océan forme la limite du globe, nul peuple ennemi n'opposera ses armes aux tiennes. A toi est réservée la gloire de triompher du Breton, que le soldat romain n'avait pu vaincre, et de franchir l'espace par lequel le soleil nous sépare d'une autre partie du monde; car la terre, de toutes parts entourée par l'air où elle est fixée, se partage tout entière en cinq parties. Deux d'entre elles sont désolées sans interruption par un froid glacial, et ensevelies dans d'épaisses ténèbres; l'eau qui commence à couler s'y condense et se durcit en neige et en épais glaçons, parce que le soleil ne se lève jamais sur elle. Celle du milieu, au contraire, est pénétrée en tout temps de la chaleur de Phébus, soit que, pendant l'été, il se rapproche de la terre, soit qu'il précipite et accélère sa course pendant les jours d'hiver. Aussi jamais le sol ne Nec tamen his contentus eris; majora peractis Nec qua vel Nilus, vel, regia lympha, Choaspes 162 |