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Tombeau d'Achmet Pacha dans le cimetière du Tekké de Péra (vue d'ensemble).

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IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE LIMOUSINE
VH. DUCOURTIEUX

Libraire de la Société archéologique et historique du Limousin
7, RUE DES ARÈNES, 7

1893

HARVARD COLLEGE LIBRARY

F. C. LOWELL FUND

Aug. 14, 1924

UNE VISITE

AU TOMBEAU D'ACHMET-PACHA

(CLAUDE-ALEXANDRE DE BONNEVAL) (1)

15 juin 1888

Dans la partie de la ville de Constantinople qui s'étend à l'Est de la Corne d'Or, et qui constitue le quartier de Péra, on remarque, vers l'extrémité de la rue dite de Péra, un groupe de constructions en bois, d'apparence assez modeste, au milieu desquelles se distingue une mosquée octogonale. C'est le Tekké (couvent) des derviches tourneurs, auquel plusieurs relations de voyage accordent une mention particulière. Ce Tekké ne doit l'attention des voyageurs ni à l'importance de ses bâtiments, ni aux exercices, curieux pourtant, des derviches qui les occupent; outre son site magnifique, il possède un curieux monument qui le signale à l'intérêt des Européens le tombeau du comte Claude-Alexandre de Bonneval, né au château de ce nom en Limousin, le 14 juillet 1675, mort pacha et chef des bombardiers à Constantinople, le 23 mars 1747.

Bizarre destinée que celle de cet homme d'esprit qui passa toute sa vie à commettre des sottises et les paya cruellement ! Il entre dans la marine à douze ans, se bat en duel à vingt, passe dans l'armée de terre, sert à la tête d'un régiment sous Catinat, Villeroy et le duc de Vendôme, sauve à Luzzara l'armée française tombée dans une embuscade, se distingue en plusieurs rencontres, puis, à la suite d'une discussion avec Chamillart, quitte l'armée, se réfugie à Venise, et en 1706 accepte du service dans l'armée autrichienne. avec le grade de général-major. Il combat en cette qualité les

(1) Nous devons à une obligeante communication de la famille du très regretté Joseph Brunet, les pages qui suivent. Les membres de la Société archéologique du Limousin liront avec un intérêt tout particulier ces notes, prises spécialement à leur intention par un confrère qui s'est toujours montré zélé pour l'histoire de sa province natale et qui a pris, à l'époque de son séjour à Limoges, une part active et distinguée aux travaux de la Société.

T. XXXIX.

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armées françaises, et se concilie la haute faveur du prince Eugène, qui sait apprécier ses talents militaires. Après sa désertion, le Parlement de Paris lui avait fait son procès et l'avait condamné à être pendu en effigie réussit à obtenir des lettres d'abolition, revint en France et épousa une parente, Mlle de Biron ; mais quelques jours après ce mariage il repartait pour Vienne. A la suite de mille folics, il encourut la disgrâce de l'Empereur, envoya un cartel au prince Eugène, entama des correspondances avec divers diplomates et finalement se réfugia en Turquie où il prit le turban. Il fut chargé de discipliner et d'instruire à l'européenne les troupes ottomanes. Très influent, puis disgracié, il fut relégué dans une province lointaine, reconquit plus tard son crédit et revint à Constantinople. Il ne garda d'autre dignité que celle de topigi bachi, chef de l'artillerie. Une attaque de goutte l'emporta au moment même où il projetait de quitter Constantinople et où il négociait secrètement avec la Cour de Rome et la Cour de France en vue de son absolution et de son rapatriement (1).

La mosquée des derviches de Péra mérite d'être visitée; l'édifice ne manque pas d'élégance et son plafond est peint avec goût. Des tribunes, dont deux sont spécialement réservées aux femmes, ont été ménagées dans les bas-côtés. Dans ces tribunes se placent les personnes désireuses d'assister au curieux spectacle de la danse des derviches.

Bien que ce spectacle ne fût pas le principal attrait de notre visite au Tekké de Péra et qu'un autre but nous y eût conduit, nous n'eûmes garde de ne pas profiter d'une telle occasion. On nous plaça dans la tribune faisant face au cheik Ata-Effendi, supérieur de la maison. Celui-ci présidait aux exercices, assisté de deux vieux derviches ayant comme lui, autour de leur fez gris, le turban vert, insigne distinctif des pèlerins de la Mecque.

Les exercices des derviches s'exécutent au son d'une musique à la fois criarde et monotone. L'orchestre est composé de tambours et de flûtes. Après quelques prières psalmodiées par toute l'assistance, la danse commença vingt-neuf derviches y prirent part. Ils étaient vêtus d'une robe blanche, coiffés d'un fez très élevé, couleur marron clair, sans turban (2), et éparpillés pour ainsi dire

(1) On trouvera, dans le tome VII du Bull. de la Soc. arch. et hist. du Limousin, une remarquable notice biographique consacrée à Achmet-Pacha par M. le baron Gay de Vernon.-Z nkeisen, dans son Histoire de l'Empire ottoman, I. V, doune d'intéressants détails sur rôle de Bonneval en Turquie. (2) Les derviches hurleurs de Scutari, portent le fez avec le turban blanc

ou vert.

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